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EAN : 9782909688633
87 pages
La Bibliotheque (22/05/2013)
4/5   3 notes
Résumé :
Alice, Lolita, une chrysalide de papillon, l'entrecuisse d'une poupée, Diane, l'incision d'un corps... On a vite faite de passer d'un homme (ou d'une femme) à un cerf en entrant dans l'étrange cabinet du docteur Siebauer. Un de ces métamorphoses qui survient à la lecture de cette rêverie, de ce rare traité des nymphes.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce court essai de Jean-Roch Siebauer – moins d'une centaine de pages ponctuées par quelques illustrations – est une singularité, un objet littéraire difficilement identifiable, l'un de ces bijoux d'étrangeté sur lesquels on ne tombe que trop rarement et de ceux qu'on relit. le texte est morcelé et progresse par associations d'idées, comme on complète, un objet après l'autre, un cabinet de curiosités ; le titre en est à lui seul annonciateur.


L'auteur présente dans la préface son texte comme « [u]n chaos d'objets, d'images, de textes, de mots – des fragments de lectures, de regards de trucs et de machins – (bric-à-brac, érudition ? – cabinet d'amateur, plutôt« . le livre constitue en effet un étonnant, et parfois déroutant, travail de compilation. Mythologie, anatomie, entomologie, art, littérature… les domaines correspondant aux objets, oeuvres et anecdotes évoqués sont nombreux.


Si l'accumulation de ces fragments suffit à rappeler le travail patient du collectionneur constituant son cabinet de curiosités, la thématique est également présente à travers les objets dont il est question et qui auraient physiquement leur place dans une vitrine : insectes, poupées, préparations anatomiques, modèles en cire…


Pêle-mêle sont confrontés ici notamment le mythe de Diane et Actéon, les sirènes, la petite Alice Liddell mise en scène par Lewis Carroll, la Lolita de Vladimir Nabokov, Mélusine, Barbie, ainsi que les poupées d'Oskar Kokoschka et Hans Bellmer. L'auteur, à travers ces évocations, explore, décortique, dissèque l'obsession pour la jeune fille, la vierge, l'image féminine idéalisée, fantasmée, fabriquée, source de danger… Il tourne autour d'un vide, celui de la chrysalide, de l'incision réalisée par l'anatomiste, de l'intérieur creux de la poupée, du sexe féminin et, en se jouant des acceptions et étymologies, du stade de transition que constitue la nymphe, entre chenille et papillon.


Jean-Roch Siebauer prend un malin plaisir dans ce texte à pointer, souligner et exacerber les ambiguïtés. le propos est noir, ironique, non dénué d'un certain humour et sait piquer à propos : l'auteur met fréquemment le doigt où ça dérange. Entre les fragments juxtaposés, dont l'association à première vue improbable ne manque jamais d'être significative, il trace en pointillés des liens lourds de sous-entendus. L'essai s'achève par un glossaire qui n'en est pas exactement un, où l'auteur prolonge ses thématiques, continue de distiller des images et du sens dans des définitions partielles et biaisées. Là encore, il montre, suggère et laisse le lecteur à sa réflexion, le propos de ce bref essai se déployant autant, si ce n'est moins, sur la page qu'entre ses lignes.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Une jeune fille apprête des petits vêtements pour des poupées ; elle leur tricote de petits bonnets. Puis elle donne tous ces délicats objets, mièvres un peu, à son père.
Celui-ci habille de fragiles squelettes de fœtus qu'il installe, dans une mise en scène végétale de coraux - ce sont, en fait, des arbres vasculaires -, sous des cloches de verre, allégorie tout à la fois de la perfection de l'oeuvre divine du vanitas vanitatis de la vie humaine, bizarre objet de Wunderkammer qui pourrait rejoindre la classique corne de narval, le crocodile empaillé, le nautile fossile, le bézoard enchâssé d'or ou le fétiche nègre dans quelque cabinet d'amateur.

Cet homme est Frederik Ruysch, docteur de la faculté de médecine de Leyde - Jan van Neck le peignit, tel Rembrandt Tulp, en une Leçon d'anatomie, mais incisant, lui, un cadavre d'enfant. La fillette se prénomme Rachel. Nous sommes en 1666 en Hollande...
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Madeleine, une enfant, était fort occupée,
Tout en riant à belles dents,
À plonger les ciseaux au cœur de sa poupée,
Pour voir ce qu'il y avait dedans.

Or elle n'avait rien. Dans le joujou stupide
Le marchand n'avait mis que du son et du crin.
Alors l'enfant rieuse incline un front chagrin
Et se met à pleurer : la poupée était vide !

Il ne faut pas aller trop au fond du plaisir,
Où l'on devient triste à mourir.
Petites, prenez garde, ou vous seriez trompées :
Il ne faut pas ouvrir le ventre des poupées.

["La Poupée ouverte", extraite du recueil La Comédie enfantine de Louis Ratisbonne]
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Julia-Margaret Cameron met en scène et photographie, vers 1864, un tableau vivant inspiré du Roi Lear : un vieillard chenu et fier occupe le centre de l'image, entouré de trois vaporeuses créatures, les trois sœurs Liddell. Alice est à gauche de l'image, présentant à l'objectif le beau et doux profil d'une de ces innombrables princesses médiévales qui hantent de leur langueur hiératique les œuvres des préraphaélites.
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La marionnette, il faut que quelqu'un l'enfile, littéralement, la petite Marie, que quelqu'un plonge sa main dans le vide de ses entrailles pour lui donner un semblant de vie.
Les paroles qu'elle articule, c'est l'autre qui les parle.
Abandonnée à elle-même, elle gît molle, muette, désarticulée, chrysalide vide.
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Certaine petite fille, ainsi, arrache les yeux de sa poupée, hors l'orbite, pour voir ce qu'il y a 'derrière'.
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