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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« le Solail. Dans ce seul mot roulaient tout le feu de l'été et la passion des hommes pour le sang de la terre. […] une véritable mer de vignes, comme on disait depuis que les ceps avaient remplacé les blés, depuis que les hommes avaient préféré le vin à la farine. » (page 14)
Je tombe sur cet ouvrage dans la boîte aux livres du Parc Rothschild de Boulogne-Billancourt. Quelle couverture, verdoyante et apaisante, qui reproduit le tableau « Coin de vigne » d'Édouard Debat-Ponsan (1847-1913) ! Cependant ce livre s'est emparé de mon regard surtout par l'intermédiaire de la musique. Parce que j'ai immédiatement imaginé l'oeuvre de Pascal Quignard « Tous les matins du monde » ainsi que le film du même nom, qui présente Marin Marais, à sa viole de gambe, et son apprentissage auprès du grand Sainte-Colombe, compositeur baroque !
Quand je l'ai ouvert, j'ai vu mon erreur, mais les descriptions de la nature languedocienne y étaient si somptueuses, dès la première page, qu'il m'était impossible de lâcher le roman. Parfois les malentendus font bien les choses ! Que de moments divins de la communion avec l'univers, que j'ai connus dans cette région pyrénéenne, ce livre m'a permis de revivre ! Encore une fois, c'est la musique qui, dans le passé, m'avait conduite là-bas et plus précisément le festival de Prades, créé par Pablo Casals, qui porte son nom et qui organise des rencontres, devenues légendaires, entre les plus éminents instrumentistes du monde. Les chemins de la musique sont vraiment imprévisibles ! Et il fallait que je déniche ce bouquin dans les dépendances de l'ancien château de Madame de Rothschild où on pouvait croiser jadis son invité de choix, Frédéric Chopin, ce visionnaire mélancolique…

Quelle écriture poétique que celle de Christian Signol : des paysages languedociens y sont si palpables qu'on croit mâchonner des graines du fenouil, enlevées au passage lors d'une randonnée qui laisse apercevoir le pic du Canigou à l'horizon ! Néanmoins il n'y a pas que ces paysages, l'écrivain dépeint en profondeur les caractères et les destins humains attachés à la Mère-Terre, il suit ses personnages dans leur longue évolution où les relations se compliquent, les sentiments se dénudent. Des jalousies, méchancetés, malédictions entrent en jeu, et surtout la soif du pouvoir sur les vignes. Des mots régionaux foisonnent pour nous conter les fêtes des vendanges mais aussi des misères des plus démunis. Christian Signol nous montre non seulement la passion de ses héros pour la terre mais également pour les animaux qui travaillent aux côtés des hommes. Je ne suis pas près d'oublier l'amour infini du ramonet* Firmin pour son cheval qu'il soigne comme un enfant.

L'action débute en 1870 tandis que les idées républicaines se propagent dans les campagnes. Charlotte, âgée de quinze ans, est fille du propriétaire du domaine viticole, Charles Barthélémie. Elle admire son frère aîné Léonce, trop audacieux, trop beau, trop fort, trop rieur, et très instruit aussi. C'est pour cela qu'on compte sur lui pour combattre le phylloxéra qui menace les vignes du château. Mais Léonce est ferme et secret. Charlotte est jalouse d'Amélie, l'amoureuse clandestine de ce dernier, et va jusqu'à les épier sur leur lit de dorines. L'autorité, presque l'omnipotence de leur père, propre à toute la lignée des Barthélémie, plane sur son esprit. Cet homme est inflexible, il est le maître. Seul Léonce ne cille pas devant le regard de son père. Charlotte veut se venger d'Amélie qu'elle croit lui voler son frère. le « marin », ce vent soufflant de la mer, met en danger la qualité des vendanges. En plus, certains travailleurs sont malheureusement appelés à la guerre tout juste annoncée avec la Prusse. Calixte, précieux ami d'enfance de Léonce, doit partir aussi. Mais ce n'est que l'ultime commencement de l'histoire, belle et incertaine, qui m'a enchantée. Très bientôt ces tourments de Charlotte sonnent déjà comme des enfantillages.

Ici, la vigne semble le lieu absolu, celui du travail religieux et créatif, de la prospérité, des joies, des amours, l'endroit béni et rêvé pour donner le jour à un enfant. Cette oeuvre nous donne envie de réapprendre la longue patience de la terre. Dans un silence épais, les tailleurs examinent des ceps avec inquiétude. Songeons au privilège (ou au malheur?!) que nous avons de parler de nos problèmes existentiels : nous ne faisons que ça, alors qu'à cette époque-là, les hommes, « au regard comme tourné vers l'intérieur d'eux-mêmes », dans la difficulté d'un travail, ne discutaient guère pour économiser leurs forces !
Et quand les ceps sont malades, on leur chuchote des mots doux, on les supplie de guérir, on les entend gémir. Dans cette lutte pour la vigne, les générations se succèdent, les soulèvements politiques pulsent, et c'est déjà la guerre de 14 qui rôde autour du château. Les lettres des tranchées se font attendre. Mais il y a une foi puissante, incroyable, dans la vision de Christian Signol, qui nous dit à la dernière page que les meilleures vendanges sont encore à venir parce que la terre nous aime, au moins un peu ! Les nuages, Les orages, La tempête, le tonnerre, sont les quatre parties de ce roman monumental, et j'y vois quelque chose des coups beethovéniens. J'ignore si l'écrivain s'est réellement inspiré de Beethoven, mais on sent que son oeuvre, à l'instar du génie musical au coeur si large, ambitionne de bâtir un monde meilleur, libre et fraternel.
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Christian Signol demeurera toujours l'un de mes auteurs préférés car dans ce livre que je viens de terminer, une nouvelle fois, il nous offre par le biais d'une très belle région, celle du Languedoc-Roussillon, une fresque de 1870 à 1918.

Dans cette histoire se succèdent plusieurs générations qui se battent pour faire survivre le domaine du Solail. On découvre les vignes de Sainte-Colombe avec beaucoup de précision dans les descriptions qu'il nous offre. On ressent l'angoisse des personnages lorsque celles-ci se trouvent touchées par le phylloxéra et à mesure qu'on avance dans l'histoire, on rentre aussi dans l'horreur de la Première Guerre Mondiale.

Au-travers de cette fresque historique, on y découvre une région, des métiers, l'histoire d'une famille, d'un domaine viticole, d'une terre pour laquelle hommes et femmes se donnent sans compter les heures et se trouvent fiers de leur métier, peu importe leur situation.

Contrairement à notre époque, on voit aussi que la France comme aujourd'hui, n'étaient pas préparé à la Première Guerre Mondiale puisque les soldats en première ligne, portaient des pantalons rouges et que l'artillerie française ne valait rien face à celle des Allemands ! Heureusement que les Américains sont intervenus même s'il a fallu plus d'un an pour qu'elle puisse se terminer.

En tout cas, c'est un livre que j'ai adoré et que je conseille fortement de lire car à mes yeux, l'auteur nous offre de belles leçons de vie.
Lien : http://kerzicbooks.eklablog...
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Une magnifique fresque historique (1870-1918) au pays des vignes du Languedoc où trois générations se battent pour la survie d'un domaine. Mais les différentes guerres, le phylloxéra puis le mildiou, l'affrontement entre fraudeurs et partisans du vin naturel, éprouvent les nerfs et font ressortir les secrets de la terre et du temps.
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très belle histoire
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Livre dévoré en quelques heures, j'avais adoré !
L'histoire d'une famille, d'un domaine, d'un métier, rude comme la terre qui porte ces hommes et ces femmes sur le chemin de la vie.
Une belle écriture, vive et enlevée, qui nous entraîne sur les chemins de terre entre deux rangs de vigne. A découvrir d'urgence !
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