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EAN : 9782875574145
169 pages
La Boîte à Pandore (31/10/2019)
4.51/5   41 notes
Résumé :
Si la France compte 1,2 million de personnes âgées dépendantes aujourd’hui, elles devraient être 1,8 million en 2050. Cette augmentation inquiète les professionnels de la santé car le manque d’effectifs n’est pas près d’être pallié.
Éva Silvio, infirmière ayant exercé dans divers secteurs, nous immerge dans le monde des EHPAD – Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes – et nous invite à réfléchir sur la considération des seniors, sur les v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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Elle court, elle court l'infirmière - Eva Silvio - Éditions La boîte à Pandore - lu en février 2020 -

Hello Eva,
J'ai lu ton livre, un fameux boulot que tu as accompli durant de longues années dans plusieurs EHPAD, c'est même plus qu'un travail, c'est un sacerdoce.
Chez nous en Belgique on dit Maison de repos ou Home ou Séniorie, Séniorie, ça fait plus chic.
Il faut sacrément aimer son prochain pour s'investir comme tu l'as fait, et puis, tu racontes si bien ton quotidien, tes doutes, tes joies, ta fatigue tes collègues et... les patients. Certains drôles, d'autres agressifs, d'autres encore perdus dans un ailleurs qui leur appartient, mais tous ces aînés ont tellement besoin d'écoute et de patience, et malgré votre envie, à vous les soignants, de leur apporter un peu de réconfort, le temps vous manquait pour vous arrêter plus de quelques minutes auprès d'eux. Entre la paperasserie, les soins, les médicaments, c'était la course et à l'heure d'aujourd'hui, cela n'a pas changé, et même empiré je crois.
Entre tes enfants, ton mari, tes horaires infernaux, tes gardes, difficile de te réserver du temps pour toi.
Et après avoir donné tant de ta personne, après avoir pesé le pour et le contre, après avoir réfléchi, tu as décidé de mettre fin à ta carrière et de te mettre à l'écriture et tu t'es lancée. Elle court, elle court l'infirmière est le constat que les choses doivent changer, qu'il faut plus de personnel, du matériel adéquat, afin que ces personnes âgées bénéficient de plus de douceurs dans leur fin de vie, elles y ont droit, elles aussi ont travaillé, eu des enfants, ont souffert, ont été utiles.
Et malgré le sujet plutôt grave et triste, tout au long de ma lecture, j'ai remarqué que l'humour était toujours de la partie. Les pensionnaires dont tu t'es occupée ont eu de la chance de croiser ta route.
Alors je termine par une ovation pour les infirmier-es, les aide-soignants-tes, les cuisinier-es, le personnel de surface, tous ceux et celles qui de près ou de loin contribuent à essayer de rendre un peu plus jolie la dernière route de nos aînés.
Bonne chance et beaucoup de satisfactions dans ta nouvelle vie Eva (jmlyr),
c'est ce que je te souhaite.

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Éva Silvio c'est le pseudonyme de…, d'une très chère amie babéliote. Pas une raison pour faire du copinage mais bien sûr que j'ai voulu lire son premier livre, je me suis même jetée dessus !

C'est un témoignage édifiant, un morceau de vie d'une femme pleine de bonne volonté et désireuse de se mettre au service des autres. de l'empathie et de l'énergie à revendre, elle décide de devenir infirmière. Sur le papier, c'est un beau métier, l'un des plus beau peut-être. Mais dans la pratique, c'est devenu une toute autre histoire, un vrai sacerdoce, il faut y croire pour le pratiquer.

C'est un constat, jamais amer et bourré d'autodérision, sur ce métier et sur ceux qui le pratiquent. le constat d'une profession soumise aux règles du marché, où les patients deviennent des numéros, où les horaires s'étendent bien plus que le salaire, où l'on doit produire du soin à la chaîne et savoir être multitâche pour pallier au manque de personnel et aux absences. L'absence qui survient quand les soignants à bout de forces, à force de lutter, cassent la corde sur laquelle ils tirent depuis trop longtemps.

Éva Silvio nous dit tout, nous montre tout avec une grande sincérité et beaucoup d'anecdotes rigolotes qui aident à faire passer la pilule que doit avaler chaque jour le personnel de santé. Il en faut du courage pour résister à ce rythme, quand on aime ses patients et qu'on n'a pas de temps à leur consacrer, quand on aime son métier mais qu'on a pas les moyens de l'exercer correctement, quand les contraintes deviennent tellement grandes que la seule issue pour ne pas se perdre soi-même est de raccrocher la blouse.

Je comprends mieux à présent pourquoi cette amie me paraît toujours être branchée sur secteur, pourquoi elle cavale encore et toujours comme le petit lapin aux piles Varta – cherchez pas les jeunes, il n'existe plus ;-). Elle court, elle court l'infirmière, elle court tellement vite pour moi, que j'avoue m'être un peu perdue parfois entre les noms des collègues, celui des patients, les spécialités exercées, les tensions, les transmissions, les démissions et les rémissions. Mais je ne suis pas infirmière moi, jamais je n'ai eu à exercer un métier aussi exigeant, qui demande d'être toujours à cent pour cent, toujours à cent à l'heure. Déformation professionnelle oblige comme le dit Éva, quand on est infirmière, quoiqu'il arrive, on le reste pour toujours.

Bon et ben donc, même si c'est ma copine qui l'a écrit, j'ai beaucoup apprécié ce livre et c'est avec plaisir que j'ai lu ce témoignage bourré de tendresse et d'humour ; j'en admire d'autant plus son auteure. Ceux qui la connaissent retrouveront son style inimitable, jamais à cours de bonne humeur et de jeux de mots, elle qui après avoir soigné tant de maux retrouve enfin sa sérénité dans l'amour des mots. J'espère que beaucoup d'autres la découvriront et sauront l'apprécier. En tout cas après cette lecture, plus question d'oublier de dire merci à tous les soignants avant de quitter sa chambre d'hôpital.

Merci Jmlyr, merci "la fermière", merci l'infirmière !
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Après avoir appris qu'une amie babeliote avait écrit ce livre , après avoir pris connaissance du résumé du contenu , après m'être souvenu que j'avais 70 ans ( à quelques mois près ) , que notre petite - fille de 15 ans caressait le projet de devenir infirmière pour " aider les autres " ...je n'ai pas résisté et je me suis procuré le volume en question . La lecture n'est pas difficile , même si , contrairement à ce que dit l'autrice, il ne s'agit pas d'une " écriture si naïve " que ça. Mon point de vue est que lorsqu'une personne est capable , par son talent , de dissimuler la difficulté du sujet par le biais de l'humour , alors on est forcément séduit et ...embarqué. Via les situations , les anecdotes , la sincérité du propos nous fait tourner les pages à toute vapeur .Ce roman n'est pas une fiction , c'est le témoignage d'une personne enthousiaste qui voit peu à peu se " craqueler" l'amour du métier, cédant peu à peu sous les coups de boutoir de l'inhumaine pression budgétaire , de l'égoïste pression d'une hiérarchie avide de " profits et promotions " , du poids moral de la " marchandisation de la vieillesse " , de l'exigence de plus en plus marquée de patients devenus " consommateurs " et , à ce titre , plus exigeants et véhéments à l'égard du personnel de " la ligne de front " .
La pression est telle que les échines se courbent , ploient , s'adaptent ou ...craquent .
Vous me direz, ce n'est pas un " scoop " . Oui , d'accord , mais pourquoi rien ne change ? le scandale des EHPAD récemment dénoncé prouve bien que l'omerta a encore de beaux jours devant elle .
Alors , des livres comme ça , pour moi , c'est de " l'or en barre ", des témoignages irréfutables portés à notre connaissance , non pas pour salir une profession mais lui rendre toutes ses lettres de noblesse et le respect qui lui est dû. Ne nous trompons pas , il y a beaucoup d'amertume , certes , mais jamais de haine .Eva Silvio ne peut pas " exercer " d'autre profession que celle d'infirmière. Non par incompétence mais par amour et vocation . Elle est bien présente mais la " plus belle fleur " s'étiole , lutte mais finit par dépérir puisque personne ou presque ne songe à l'arroser ....
Eva Silvio ne parle jamais de salaire , rarement de sa famille mais , par des phrases bien assenées , nous exprime toute cette douleur de tout donner au monde ingrat du " plus , plus , plus " au détriment du micocosme familial qui finit par " l'exclure " peu à peu ....
Il y a de l'humain , rien que de l'humain en elle .Hélas, autour d'elle ne gravitent que des satellites terriblement agressifs , sorte de cancers sournois mais impitoyables et ravageurs .
La partie consacrée à son expérience face aux malades atteints de cancers du sein est un hymne à l'amour du métier, un métier de soins , bien entendu , mais qu'il serait bien injuste de concentrer sur cette seule activité .Un beau métier avec , aussi , des interrogations permanentes ...
Il faudra se souvenir de toutes ces alertes , ces cris d'amour si nous voulons conserver l'excellence de nos services de soin portés à bout de bras par la vocation de personnels excédés parce qu'épuisés.
La réussite passera par eux mais , aussi et surtout par nous tous .Aidons les à nous aider .
J'ai vraiment été touché par ce livre " sincère, plaisant , drôle comme un " clown triste " . Je remercie vraiment Eva Silvio , et je passe , je prête, je fais circuler ce livre .
Pour toutes les raisons évoquées, je lui attribue 5 étoiles .
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Nous recevons chaque jour un tel flot d'informations. L'une n'est pas sitôt transmise que déjà on nous en assène une autre, et toutes vont se perdre dans les méandres de notre mémoire.
Quoi de mieux que le silence de sa chambre, et un aparté de quelques heures avec un auteur, pour entendre la souffrance ; l'entendre, et surtout disposer du temps nécessaire pour "entrer en empathie".
Dans ce roman, "Elle court, elle court l'infirmière", Eva Silvio, Jmlyr sur babelio, évoque les souffrances qu'elle a ressenties en tant qu'infirmière en EHPAD. La souffrance physique, mais pire encore, la souffrance morale. Elle évoque cet état d'épuisement qui ne peut que s'installer lorsqu'un métier devient un chemin de croix. Lorsque chaque tâche, toilette, prise de tension, médication, transmission et j'en passe, doit être exécutée au pas de charge...Et que dire de la souffrance morale, celle qui insidieusement la ronge, et à juste titre, car comment composer avec un sentiment d'inutilité, lorsque l'on est déjà allé bien au-delà de ses forces... douze minutes et pas une de plus lui sont imparties pour la toilette d'une personne âgée. Douze minutes pour un corps déjà meurtri par les années. On voudrait ne pas y croire. Et puis, pas le temps de parler, de réconforter, de briser un instant le mur de solitude, la faute au personnel en sous effectif, Il faut faire au plus vite, ainsi en a décidé l'ARS. Alors Eva l'infirmière, pétrie de conscience et d'humanité, a mal à l'âme, et le lecteur aussi... Mais Eva l'écrivaine n'ignore pas qu'elle soumet à son lecteur une lecture difficile. Alors elle l'allège, évoque les souvenirs du passé, et d'une plume infiniment tendre, nous parle de son grand-père, de ses deux grand-mères, "ces deux petites grand-mères au bidou gélatineux", et aussi de son amie Dorothéa, "cette autre moi d'un autre pays". Comme c'est joliment dit...
Mais les choses doivent être dites. Alors l'auteure revient sur toutes ces personnes âgées qui ne sont plus que des numéros, elle revient sur le manque d'égard dont elles font l'objet, sur leur fin de vie si triste et tellement déshumanisée... Et comme nul ne peut ni ne doit supporter l'insupportable, l'infirmière s'en ira. Non, elle ne changera pas les conditions de vie de nos ainés. Elle a compris que le combat est perdu. Elle a compris qu'elle s'escrimait à lutter contre des moulins à vent. Alors, que faire. Leur dire adieu, bien malgré elle :

"Au revoir, les résidents, ou plutôt adieu ! Demain vous aurez sûrement oublié qui je suis, et c'est tant mieux. Bonne année à tous, et gardez la santé, gardez-la bien serrée dans vos petits bras fatigués, et tant pis si vos pensées ont foutu le camp. Moi aussi, je fous le camp, même si, comme votre mémoire, j'aurais bien aimé rester"

Mon Dieu quelle impuissance ! Quelle impuissance face à l'indifférence et à l'inertie de nos dirigeants ! N'aies aucun regret. Eva. Tu as fais tout ce qui était en ton pouvoir...
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Je ne me permettrais pas de faire la critique de mon livre, mais je rapporte un billet trouvé sur le site de Rakuten ( Priceminister) ainsi que les étoiles !

La réalité d'une vocation
par avenio1 (Voir ses avis) le 26/01/2020
Avec talent, sincérité et humour, Eva Silvio revient sur ces années d'exercice en tant qu'infirmière, elle nous expose simplement ce qu'est le quotidien harassant d'une personne qui exerce ce métier avec une certaine conscience. Mener de front métier et vie de famille, faire preuve de psychologie et d'un certain esprit d'organisation, c'est beaucoup ! Autant le métier est difficile et exigeant, autant il peut aussi être vecteur de rencontres intéressantes. le manque de moyen, la motivation qu'il faut sans cesse régénérer, quel mérite faut-il avoir ! Et ce mérite n'est pas forcément toujours reconnu à sa juste valeur. Il y a beaucoup d'humanité dans ce livre, car derrière la dureté du métier, il y a la relation et l'abnégation, la compréhension dont il faut faire preuve parfois, sans être forcément compétent(e) pour agir au mieux, mais le coeur agit. Un témoignage très fort que je recommande vivement !
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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Mais c'est avec tendresse que j'évoque ces souvenirs - sans doute certaines relations me manquent-elles. Je n'omettrai pas de revenir sur la résurrection de la dame du bout du couloir (*) ; pourtant, nulle Sainte Vierge dans les parages n'a œuvré, juste deux infirmières qui faisaient leur boulot à tour de rôle, sans jamais se rencontrer. Les bonnes sœurs bénévoles, ce n'est sûrement pas nous ! Nulle religion ne me guide sinon celle de mon cœur.

(*) NDL : Une dame cataloguée en "fin de vie" mais en réalité... il faut le lire ;-)
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Quelques petites astuces au quotidien, pas grand chose parfois, une découverte due au hasard de ce qui pourrait faire du bien : un peu de parfum à respirer les yeux fermés ; une crème que l’on applique sur les joues en insistant une fraction de seconde supplémentaire, comme un massage relaxant ; les cheveux qu’on lave en pressant sur les tempes ou bien la nuque ; la peau que l’on touche ; les jambes que l’on masse... Une intention donnée qui se ressent bien au-delà des pores. Je n’ai pas le temps, mais je le prends parfois, comme des minutes volées que je dispenserais à quelqu’un d’autre, celui qui aujourd’hui en a besoin, qui va moins bien que le voisin. Tous les soignants essaient d’en faire autant, à l’abri des regards, en face à face avec l’instant présent.
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Le 24 décembre au soir, j'ai travaillé avec un chapeau pointu rouge et blanc, petite tradition dans certains services. Ridicule Mère Noël courant dans tous les sens, œuvrant devant des résidents quasi indifférents, qui finalement se demandaient qui était ce pantin qui leur distribuait les pilules du bonheur, sirops astringents et poudres de perlimpinpin.
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Finalement, en discutant avec une jeune femme qui avait commencé l'école d'infirmière - cela s'appelait encore comme ça -, j'ai regardé ses cours de première année, et en deux mots elle m'a tout résumé :

- On étudie les maladies et un peu de psychologie, et puis en stage, on lave les gens et on vide les bassins.

Je n'avais retenu que la première partie de sa phrase !
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J'ouvre les yeux. Le réveil a sonné, nouveau son de cloche ; je vous l'avais dit, il faut y retourner, sinon qui va s'occuper des résidents ? Les rues restent désertes un 25 décembre dans le petit matin. Des papiers cadeaux et du bolduc dépassent déjà de quelques poubelles. J'arrive en bâillant et les yeux tout bouffis.
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