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Critique de OnIstanbulRooftop


Déception est le premier mot qui me vient lorsque je songe à ce livre, dont je viens d'achever la lecture à l'instant. Et quelle déception ! de bout en bout, je me suis ennuyée. Pire : je me suis sentie agacée par la facilité avec laquelle Gilbert SInoué traite de son sujet, le Moyen-Orient, à travers le destin de quatre familles, dit-il tout du moins, une irakienne, une égyptienne, une palestinienne et une juive, qui deviendra en 1948 israélienne.

Les quatre familles, dont on espère découvrir le quotidien de 1920 à 1956 environ, ne sont en fait que le prétexte à un cours d'histoire de cette région du monde, au point que l'auteur impose dans leur entourage toujours très proche des personnages clés du Moyen-Orient de l'époque : de Ben Gourion à Nasser, en passant par d'autres personnalités britanniques, américaines, françaises ou arabes, les personnages flirtent avec les dessous du pouvoir et de l'Histoire, comme si la banale vie d'une famille, à elle seule, ne pouvait pas suffire à raconter L Histoire et ses tourments, ses évènements et les traumatismes qu'elle a engendré, dans cette partie du monde, au cours de ces années mouvementées.

Quel ennui devant les paragraphes qui s'enchainent et qui content, dans un style banal, ce que la lecture d'un livre d'Histoire de la région pourrait nous apprendre ! Quelle déception devant ces personnages caricaturaux, visionnaires, capables de prédire en 1920 l'occupation de la Palestine ou dans les années 1940, ce qu'il en sera du destin exceptionnel de Nasser ! Qu'il est agaçant de lire dans leurs propos le recul que seule une soixantaine d'années a permis à l'auteur d'avoir sur les évènements ! Quelle déception devant leur psychologie creuse, les dialogues banals, le style plat, les clichés par centaines, l'absence totale de description, qui empêche de s'ancrer dans l'environnement et de s'y sentir bien. Et que c'est énervant de relire, toutes les dix pages, une phrase que l'un des personnages aura prononcé plus tôt et que Sinoué copie-colle, telle quelle, pour la rappeler à notre bon souvenir. Ne sommes-nous pas capables de retenir, seuls, ce que nous venons à peine de lire ?

Une énorme déception donc, pour moi qui adore lire sur cette région du monde, ses tourments et l'incroyable bourbier dans laquelle elle se débat encore. Sur des sujets proches, mais qui n'englobe évidemment pas tous les évènements relatés dans ces pages, je ne peux que conseiller avec enthousiasme les trois livres de Naguib Mahfouz (Impasse des deux palais, le Palais du désir et le jardin du passé), qui raconte, de Saad Zaghloul à Nasser, les tourments de la société égyptienne à travers le destin d'une famille ; et d'elle seule ! de même, La Porte du Soleil, d'Elias Khoury, offre une épopée de l'exode palestinien, sans tomber dans les clichés qui, si souvent, déforment cette partie du monde.

J'aurais pu attribuer à ce bouquin une unique étoile mais les deux lui accordent le bénéfice du doute, pour les lecteurs qui ignorent tout de cette région du monde et qui espèrent en comprendre quelque chose ; pour les adolescents, également, peut-être. A condition, évidemment, de ne pas y voir un roman exceptionnel, mais une pédagogique leçon d'Histoire.

(3/52, challenge Variétés - dans la catégorie "Un livre recommandé par un ami")
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