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C'est la guerre du Cambodge vécue par un enfant de onze ans.
Saravouth vit à Phnom Pennh dans un milieu privilégié avec ses parents et sa petite soeur Dara. Sa mère est professeur de français, sa soeur et lui baignent dans la littérature française depuis leur plus jeune âge, leur mère leur lit beaucoup de livres, Saravouth, doté d'une imagination sans bornes, s'est construit un monde intérieur "le royaume intérieur" qu 'il enrichit de nouveaux détails au fur et à mesure que Phusati leur lit des nouveaux livres. Ce monde est un refuge pour l' enfant, il essaie d'y entraîner sa petite soeur.
Au dehors, la guerre fait rage. Un jour, les soldats emmènent la famille de Saravouth dans la forêt, les balles pleuvent, Saravouth est blessé à la tête, quand il revient à lui, il est seul. Une drôle de paysanne, à moitié sorcière , va le soigner. Dès qu'il se sent mieux, il repart, il veut retourner à Phnonn Pennh, il croit que ses parents y sont revenu, sains et saufs. Il traverse forêt, lac, marécages, sables mouvants d'où il est sauvé de justesse par un paysan. Il va braver mille dangers, sera à nouveau blessé et évacuer dans un hôpital. Quand plus tard, placé dans un orphelinat, il revient à son ancien domicile, il réalise que sa famille n'est plus là, ses espoirs s'effondrent .
Le recit de son épopée est situé entre le rêve et le cauchemar. L'auteur nous enchante avec une écriture poétique qui sert admirablement les descriptions exotiques, oniriques et cauchemardesques. C'est un roman très riche et très documenté, très visuel aussi, grâce aux descriptions très précises, on peut suivre le petit garçon quand il fuit dans la jungle exotique au milieu des cadavres pourissants. le beau y côtoie l'horrible.
La fin du roman est très émouvante quand on réalise que Saravouth existe , qu'il a vraiment vécu tout ce cauchemar. Un lien donné par l'auteur à la fin du roman nous permet de voir un court métrage sur Saravouth qui vit aujourd'hui aux États-Unis et joue aux échecs dans la rue.
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Quand le lecteur arrive à l'épilogue de ce roman, il apprend avec stupeur que ce récit est vrai, que Saravouth existe bien, Guillaume Sire l'a rencontré en 2004 il vivait dans les rues de Montréal en jouant de la guitare. Aujourd'hui il est à New York, il joue aux échecs dans un square.

Ce roman est donc l'histoire de Saravouth un petit Cambodgien de onze ans. Saravouth pioche des mots, des personnages, des décors dans chaque leçon apprise à l'école, dans chaque histoire que sa mère lui raconte. Il compose ainsi un Royaume Intérieur, différent de l'Empire Extérieur où vivent ses parents, Dara sa petite soeur et les autres êtres humains. Un royaume construit à l'intérieur de sa tête, seule sa soeur comprend ce monde où elle se rend de temps en temps. On y trouve une banane-girafe, des trompettes à groseilles, des radiateurs à mitaines, la forêt des ventouses, des arbres à brumes.

Ce roman est aussi l'histoire d'une terrible guerre civile. Norodom Sihanouk, un prince excessif, mégalomane, mais pacifiste a fui à paris avec une maîtresse. Il est destitué par le général Lon Nol soutenu par les Américains et proclame la république. Mais le général est fou à lier, il ne prend aucune décision sans avoir auparavant consulté les diseuses de bonne aventure, obligeant ses soldats à porter des colliers de foetus humains séchés, censés les préserver des balles. Les vieilles rancunes se sont transformées en guerres nouvelles. Régulièrement des escouades de républicains exécutent des hommes, des femmes et des enfants sous prétexte qu'ils ont soutenu le prince. La plupart des Européens ainsi que les Cambodgiens les plus riches sont partis.

Ce roman est l'histoire d'une ville, Phnom Penh. Les réfugiés affluent, la ville passe de six cent mille à près de deux millions d'habitants, la ville entière est devenue un camp de réfugiés. Les gens fuient les combats et les règlements de comptes. Il n'y a pas si longtemps la ville avançait vers la modernité, maintenant c'est à nouveau une cité moyenâgeuse qui chlingue la bouse de vache et le pus.

Ce roman raconte aussi la quête sans fin de Saravouth pour retrouver ses parents et sa soeur. Il a suffi d'une dénonciation malveillante et voilà toute la famille arrêtée. Saravouth n'a pas senti la balle qui lui a percuté la tête. Iaï, une sorcière obsédée, l'a trouvé étouffant dans son sang, entouré de rats, elle le recueille dans sa case et le soigne pendant des semaines. le jeune cambodgien va parcourir des kilomètres et des kilomètres pour retourner à Phnom Penh. Il se réfugie dans un orphelinat. Aidé par Vanak un orphelin, Saravouth n'a qu'une idée en tête retrouver ses parents et sa soeur. Il parcourt inlassablement les rues de Phnom Penh à la recherche d'un visage connu.

Ce roman raconte aussi l'horreur, les corps découpés, les charniers, les viols les tortures, les pillages Plus d'eau courante, ni de téléphone ni d'électricité, les F 11 américains qui larguent leurs bombes. La débrouille pour gagner quelques sous en cirant les chaussures des soldats américains qui dépensent leur solde dans des maisons où les attendent « les épouses de Dieu »
Le Royaume Intérieur de Saravouth existe toujours, mais il n'y a plus rien. On dirait la surface de la lune, sans les étoiles.

Ce récit poignant d'un petit garçon qui essaye de survivre dans un pays en plein chaos sans jamais perdre l'espoir de retrouver ses parents ne peut qu'émouvoir. Les premières pages où Guillaume Sire nous raconte ce Royaume Intérieur construit par Saravouth, nourri par toutes ses découvertes littéraires sont sublimes. Ce roman nous raconte le pouvoir de l'imaginaire face à l'horreur. de cette guerre aux images insoutenables émerge le portrait inoubliable de Saravouth. Tout simplement magnifique !

« Les mots, leur dit-elle, sont des hameçons envoyés par les poètes pour creuser des sillons sous le soleil, la mer, les cimes de l'Himalaya, les jardins multicolores, les horloges mécaniques. Les mots dansent partout, ils travaillent. Ils organisent des batailles. La vie, les étoiles, la peau, le silence, ce sont des mots. Ce sont des hameçons. Il suffit d'écouter. »

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Et bien voilà un roman inspiré par une histoire vraie qui ne peut laisser indifférent..... C'était il n'y a pas si longtemps, 1971, le Cambodge est en pleine guerre et au milieu de celle-ci il y a des familles. Guillaume Sire retrace l'incroyable épopée d'un garçon de 11 ans, Saravouth, fils d'une mère française, professeur, qui lui donnera le goût des livres, de la littérature, à lui et sa soeur, Dara, de deux ans sa cadette, sa complice de jeux et d'histoires. Elle lui montrera tout ce que peut lui apporter les livres, un trésor dans lequel il va pouvoir puiser sans cesse. Son père travaille au Ministère de l'Agriculture et règle les litiges des paysans.... Mais il y a des litiges qui se règlent autrement que dans des formulaires, ils se règlent dans le sang et les larmes et Saravouth va en connaître le prix.

Il va se trouver séparer de ses parents et sa soeur et se lancer dans une quête sur plusieurs années à leur recherche à travers un pays dévasté. Jamais il n'abandonnera, jamais il renoncera car il possède une force : son Royaume Intérieur, qui le pousse malgré les blessures, les traumatismes, les faux espoirs, a toujours avancer, a toujours espérer. Et dans son royaume il pêche, il lance des ficelles comme on lance des bouteilles à la mer, pour attraper les mots, les personnages qui l'aideront à surmonter les épreuves.

C'est un récit poignant parce que le reflet de tant de vies oubliées, anéanties, torturées et que l'auteur se fait simplement le porte-parole de Saravouth qui lui-même est le témoin d'un génocide. Il se glisse dans son corps, dans sa tête et parcourt avec lui le pays ravagé. Sa plume se fond dans la voix du garçon  et dans le décor pour restituer à la fois la beauté de la nature mais aussi toute l'horreur quand celle-ci se fait le théâtre des combats :

"Sur les rives, la forêt se déboucle, ensanglantée, calcinée. Cette forêt qui l'a nourri à la tétine de ses arbres, il la reconnaît à peine. Palmiers en feu. Vastes étendues de terre brûlée. Les rares troncs à tenir debout semblent montrer leurs plaies à Dieu en répétant : "Pourquoi ? Pourquoi ?" (p173)"

Guillaume Sire découpe le roman en trois parties que l'on pourrait résumer en : Avant : le bonheur, l'Errance et la fin des espoirs. La famille Inn, celle de Saravouth, vivait heureuse à Phnom Penh, était unie malgré parfois les regards et les mots sans complaisance envers leur métissage et leur religion. Mais il y avait tant d'amour au sein du foyer, que tout le reste était balayé. Et puis il y avait le refuge dans l'Illiade, l'Odyssée, Peter Pan, ses aventures héroïques, ses sources inépuisables dans lesquelles il viendra s'abreuver.

Comme dans toute guerre, il y a des bourreaux et pour Savarouth le sien porte un costume bleu, il y a ceux qui en tirent bénéfice, il y a ceux qui porteront aide et qui iront jusqu'au sacrifice de leurs vies au nom des enfants recueillis, des règlements de compte mais aussi des petits bouts d'hommes, comme Saravouth, doté d'une volonté farouche de vie et d'espoir..

"Ils vivent là, comme de si rien n'était, dans les canapés, ventripotents, à fumer des cigares cubains et à boire des whiskys au goût de terre d'Ecosse pendant que le pays s'effondre, comme un mendiant à leur porte, et que des chiens lèchent ses ulcères.(p230)"

Guillaume Sire arrive à en faire un récit à la fois sombre et lumineux, tendre et violent, un chant d'amour, de courage, d''espoir et comme il nous l'enjoint à la fin de son livre, je suis allée voir Saravouth joué aux échecs, sa tête pleine de sombres images mais aussi d'éclats de fer comme les traces d'un passé qui ne peut s'effacer.

J'avais découvert Guillaume Sire avec Réelle sur le thème de la télé-réalité, sujet qui ne m'avait pas passionné en lui-même, mais le changement de registre m'a montré sa faculté à s'immerger dans des vies, très différentes, à s'effacer pour laisser la parole à son jeune héros et pour ce roman retracer une page d'histoire à travers les yeux d'un enfant que je ne suis pas prête d'oublier....

Le romancier s'efface pour devenir le témoin d'une histoire vraie, pour se faire le porte-parole de ceux qui furent les victimes collatérales d'une guerre civile armée par des puissances étrangères et dont ils portent encore en eux les traces. A la différence d'un roman, les faits sont là, l'histoire est écrite et la difficulté est d'en restituer toute l'horreur mais aussi les moments lumineux sans jamais se substituer à elle. Guillaume Sire le fait parfaitement. Il a laissé la petite flamme rouge présente dans le regard de Saravouth et elle ne s'éteindra pas dans ma mémoire.
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Un livre pareil, on le sent très vite, ne peut pas avoir été écrit tout à fait normalement. Il a été porté, nourri. Sans doute évité longtemps, comme un obstacle que l'on ne se sent pas capable de franchir. Ou pas autorisé. Il a été écarté au profit d'autres ouvrages, très différents mais aux thèmes plus proches de leur auteur. de très bons romans, au demeurant en tout cas pour les deux que j'ai lus, Où la lumière s'effondre et Réelle. Rien ne laisse deviner que derrière ces deux textes qui regardent la société du 21ème siècle, celle de l'image et de la communication, se construit peu à peu l'histoire qui hante Guillaume Sire depuis qu'il a croisé un homme, un regard, un destin. Une histoire au coeur de l'Histoire et de son cortège d'horreurs, comme seuls les hommes sont capables d'en inventer.

Ce destin, c'est celui de Saravouth, jeune garçon âgé de onze ans lorsqu'en 1971, la guerre civile éclate au Cambodge, après le départ du prince Sihanouk, mettant le pays à feu et à sang avec notamment la montée en puissance des Khmers rouges. La famille de Saravouth fait partie de la classe moyenne de Phnom Penh : Vichéa Inn est cadre à l'institut d'Agriculture, sa femme Phusati enseigne la littérature au lycée français et ses livres nourrissent au quotidien l'imaginaire de Saravouth et de sa petite soeur Dara. le garçon s'est bâti ce qu'il appelle "le Royaume intérieur", par la grâce de ses explorations de l'Odyssée, de Peter Pan et de toutes les histoires dont regorge la bibliothèque familiale. L'étau qui se resserre sur les populations du pays va faire voler en éclat d'abord la quiétude de la famille Inn dont l'image de réussite et de sérénité est propre à susciter les jalousies, puis leur existence même. En un claquement de doigts, Saravouth se retrouve isolé, laissé pour mort dans une forêt après une scène d'une violence indicible. Miraculeusement recueilli et soigné par une vieille femme, il n'aura plus qu'une obsession : regagner Phnom Penh et retrouver sa famille. Pourtant, à ce moment, la folie destructrice des hommes n'a pas encore donné sa pleine mesure et le lecteur, abasourdi, hébété, passant de l'écoeurement à la colère, de la pitié au dégoût est embarqué dans cette épopée d'où émerge la puissance de la foi d'un gamin.

Guillaume Sire accomplit ainsi un miracle : celui de glisser son lecteur dans l'esprit de Saravouth où se mêlent imaginaire de l'enfance et atrocités du réel, où les héros du Royaume intérieur servent de guide, d'échappatoire ou de modèle. Permettent au jeune garçon de ne pas devenir fou face à l'apocalypse en marche, aux destructions aveugles, à l'incompréhension ou au refus de comprendre des grandes nations qui contemplent de loin le chaos. Certaines scènes sont à la limite du soutenable mais il faut relativiser nos haut-le-coeur hein, nous simples lecteurs, tandis que ces scènes ont été réellement vécues par d'autres êtres humains. Guillaume Sire ne néglige pas non plus la mise en relief historique mais préfère la développer à hauteur d'hommes, ce qui lui donne une force incomparable. Et puis ce qui émerge, malgré tout, c'est ce destin exceptionnel, cette figure lumineuse dont on découvre le parcours avec un intérêt et une fascination croissants, jusque dans les toutes dernières pages qui permettent de prendre la mesure du travail et de l'engagement de l'écrivain.

Impossible de ne pas être percuté par ce roman, véritable ode aux pouvoirs de l'esprit et de l'imaginaire comme derniers remparts face à d'autres cerveaux capables du pire. Au point de préférer, pourquoi pas, s'y réfugier définitivement.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'avoue : le Cambodge, les Khmers rouges, comme c'est franchement moins médiatisé que la guerre du Vietnam, (la faute au cinéma américain), je n'y connaissais rien.
Alors non, après la lecture de ce roman je ne vais pas non plus pouvoir tenir une conférence pendant deux heures, mais au moins je situe mieux l'époque et les principaux protagonistes.
Imaginez : Peter pan dans Apocalypse Now (la faute encore au cinéma américain). Ou comment vivre l'horreur de la guerre par les yeux d'un enfant. Et même si tous les enfants sont adorables et qu'aucun ne mérite de vivre cette épreuve, la personnalité attachante et rêveuse de ce petit bonhomme est particulièrement bouleversante, au milieu de la tragédie.
Alors c'est à ce demander si croire au merveilleux dans un moment pareil est un atout ou un handicap.
En tout cas c'est un roman fort, noir. Où l'on voit le monde merveilleux de l'enfance se fracasser contre la réalité insupportable de la guerre. Il en résulte un adolescent puis un adulte qui survit avec ses blessures, ses disparus qui s'accrochent à ses pas comme des ombres trop lourdes, ses espoirs et sa désespérance.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Il vous restera sur la langue un goût de sang, de poussière et de merveilleux.

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Une plongée vertigineuse dans les méandres abjectes de la guerre civile au Cambodge avant l'arrivée au pouvoir des Khmers rouges, à travers l'histoire vraie de Saravouth que l'auteur a rencontré.
Un jeune homme, déraciné, qui revient du néant.

« Je ne suis pas mort, m'a-t-il dit un soir,
mais la mort grâce à moi est vivante. »
Le Cheval est entré à l'intérieur de Troie.

Formidable lecture. Touchante. Inoubliable. Déstabilisante.
Désarmante. Sublime.
Quelle histoire ! Quelle épopée !

💛💛Coup de coeur💛💛pour ces pages qui, au-delà des maux, renferment un Royaume imaginaire, refuge intérieur, refuge de l'espoir, celui qui permettra au jeune Saravouth de tenir face à l'inhumanité, face à l'indicible.
Un pan dramatique de l'histoire du Cambodge raconté avec les tripes, et qui inévitablement bouleverse.
Merci Guillaume Sire.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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En choisissant ce roman dont l'action se déroule au Cambodge et en particulier à Phnom Penh en 1971, je me doutais bien que l'histoire ne serait pas de tout repos ...

Elle commence dans la douceur familiale pour Saravouth , onze ans ,entouré de son père qui travaille à la Chambre d' Agriculture, de sa mère , professeur de littérature et de sa petite soeur Dara . Mais déjà , l' inquiétude est latente pour cette famille catholique devant la situation politique complexe qui règne au Cambodge entre les hommes du Général Lon Nol qui a chassé le Prince Norodom Sihanouk , la chasse aux vietnamiens, les Khmers rouges aux portes de la ville et les américains toujours présents .

Cette situation angoissante retentit sur Saravouth, un enfant solitaire, bon joueur d'échecs et féru de littérature grâce aux lectures que fait la mère à ses enfants , passant de Peter Pan à l'Iliade et l'Odyssée , il se réfugie dans son vaste Royaume Intérieur .

Les craintes des parents ne sont malheureusement pas infondées car leur vie bascule lorsqu'ils sont emmenés , adultes et enfants en forêt où , séparé de sa famille et sans connaitre leur sort, Saravouth, gravement blessé est recueilli et soigné par une vieille femme d'un village de montagne moitié sorcière , moitié guérisseuse .
Rétabli, Saravouth n'a de cesse que de revenir malgré les nombreux périls , dans la capitale à la recherche de sa famille , faisant revivre son Royaume pour s'y réfugier lorsque l'espoir l'abandonne .

Une épopée éprouvante ,même si on est loin des descriptions des horreurs commises par les Khmers rouges une dizaine d'années plus tard relatées dans le livre The death and the life of Dith Pran qui est à l'origine du film La déchirure .

Certains personnages secondaires sont marquants , la vieille femme au langage si cru et aux motivations bien cachées, le Père Michel à Phnom Penh luttant pour la survie des orphelins et quelques autres qui ont cheminé un temps avec Saravouth sur cette route jalonnée de morts ...

La fin surprend surtout lorsque on ne lit pas le résumé et il faut aller jusqu'au bout de ce que propose l'auteur : moment émouvant garanti !
Un grand moment de lecture donc .

Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Calmann-Levy
#Avantlalongueflammerouge #NetGalleyFrance
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Ce qui m'a attirée dans ce roman, c'est le fait que l'auteur soit parti d'un personnage réel. Guillaume Sire a rencontré Saravouth dans la rue où il joue aux échecs. A partir des bribes de sa vie, l'auteur a imaginé une histoire bouleversante qu'on ne peut oublier de sitôt.
Savarouth est un petit Cambodgien qui vit heureux avec ses parents et sa petite soeur Dara. Hélas ! La destitution du roi et l'avènement des khmers rouges va précipiter le pays dans l'horreur. le jeune garçon va vivre une tragédie, mais il s'accroche à l'espoir grâce au « Royaume intérieur », ce pays imaginaire qu'il a créé et qu'il fait vivre. Son parcours chaotique pour retrouver sa famille lui fera rencontrer une vieille femme un peu sorcière qui va soigner ses blessures. Puis il esquivera la mort tout au long de son périple, comme si ce « Royaume intérieur » lui insufflait le courage pour affronter l'horreur de cette guerre civile.
Cet enfant imaginé deviendra l'adulte déraciné, sans famille et exilé rencontré par l'auteur.
La grande histoire se mêle au récit intime, et c'est bouleversant.

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Guillaume Sire nous narre une tranche de l'Histoire du Cambodge et plus précisément la guerre civile qui a sévit dans le pays durant quelques années. Devant un thème aussi dur, l'auteur a décidé de placer son récit à hauteur d'enfant. Cela lui permet de présenter de manière plus douce l'âpreté des faits. En effet, les évènements tragiques sont observés et vécus avec l'oeil naïf d'un gamin. Celui-ci est directement en contact avec les conflits. Il vit des scènes tragiques au milieu des balles, des viols et des morts. Il assiste aux crimes ignobles perpétrés par les Khmers rouges et aux ravages sur la population. Mais à la faveur de son jeune âge, il va se protéger en se créant un monde imaginaire. Chaque drame est projeté dans son univers irréel et il s'évite ainsi de subir frontalement la cruelle réalité.

Malgré la violence des évènements, le roman dégage une grande humanité. En parallèle des conflits, il dresse le portrait de personnages poignants, victimes de cette catastrophe. En suivant les pas de ce jeune garçon miraculé, il met en lumière l'enfance sacrifiée par les guerres d'adultes. le déracinement, la perte de repères, ces tragédies provoquent des sentiments décuplés dans l'esprit d'un enfant. Cette épopée est donc forte en émotions et personne ne peut sortir indemne du terrible destin de Saravouth.

Guillaume Sire a choisi une écriture magnifique de poésie pour nous renvoyer avec délicatesse à la cruauté des hommes. Ce livre fait partie de la classe des indispensables. Tout d'abord parce qu'il est inspiré de faits réels et ensuite parce que les évènements racontés dévoilent les côtés sombres de l'humanité. C'est grâce à ce genre de texte que l'on découvre des pans moins connus de l'Histoire mondiale. Il faut connaître ces drames pour apprendre des erreurs passées et ne pas recommencer. Bouleversant et nécessaire !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Emouvant et percutant, ce roman inspiré d'une histoire vraie m'a pris dans ses griffes dès les premières pages.
Ça commence comme un conte et ça continue dans l'horreur. Saravouth a 11 ans quand la guerre civile éclate au Cambodge. Bercé pas la littérature et riche des mondes imaginaires qu'il a créé dans sa tête, il voit la folie des adultes faire exploser son Royaume. Séparé de sa famille dans le chao du conflit, il n'aura de cesse pendant des années de les retrouver, de retrouver la douceur d'une époque perdue.
Un drame puissant, cruel et violent atténué par la poésie de l'écriture et l'imaginaire enfantin.
A lire absolument tant pour le fond que pour la forme.
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