Citations sur Just Kids (252)
Entourée de chansons inachevées et de poèmes abandonnés, j’étais à la fois dispersée et coincée. J’allais aussi loin que je pouvais et me prenais un mur, celui des limites que je m’imaginais. C’est alors que j’ai rencontré un type qui m’a révélé son secret, et ce n’était pas sorcier. Quand tu te prends un mur, abats-le d’un coup de pied.
Cependant, une vibration se faisait sentir, une impression d'accélération. Ça avait commencé avec la lune, ce poème inaccessible. Maintenant, des hommes avaient marché dessus, il y avait des traces de caoutchouc sur la perle des dieux. Peut-être était-ce la conscience soudaine du temps qui passe, le dernier été de la décennie. Parfois j'avais envie de dire pouce et d'arrêter tout ça. Mais arrêter quoi ? Arrêter de grandir, tout simplement, peut-être.
De fraîche mémoire, la table ronde avait accueilli des princes tels que Bob Dylan, Bob Neuwirth, Nico, Tim Buckley, Janis Joplin, Viva et le Velvet Underground. On ne pouvait pas rêver mieux dans le registre du glamour sombre. Mais dans leurs veines courait le produit qui finit par accélérer leur univers et les renverser, le speed. Les amphétamines augmentaient leur paranoïa, leur volaient leurs dons, épuisaient leur confiance et ruinaient leur beauté.
Nous étions pareils à Hansel et Gretel, partis à l’aventure dans la forêt noire du monde. Il y eut des tentations, des sorcières et des démons dont nous n’avions jamais rêvé, il y eut des splendeurs que nous n’avions que devinées. Personne ne pouvait parler pour ces deux jeunes êtres, ni approcher la vérité des jours et des nuits passés ensemble. Seuls Robert et moi pouvions la raconter. Notre histoire, comme il l’appelait. En s’en allant il m’a laissé la tâche de vous la conter.
Pourquoi ne puis-je écrire des mots qui réveilleraient les morts? Cette question est celle qui me brûle le plus profondément.
J’ai jeté la veste sur mon épaule, façon Frank Sinatra. J’étais habitée par les références. Il était habité par l’ombre et la lumière.
"C’est revenu", a-t-il dit.
Il a de nouveau pris quelques clichés.
"Je la tiens".
- Comment tu le sais?
-
- Je le sais, c’est tout.’
Il a pris douze photos ce jour-là.
Quelques jours plus tard, il m’a montré la planche-contact.
- "Dans celle-ci, il y a la magie", a-t-il affirmé.
Lorsque je la regarde aujourd’hui, ce n’est pas moi que je vois. C’est nous.
(passage du livre qui décrit le shooting au cours duquel fut prise la photo de l'album "Horses" par Robert :
http://www.civilianglobal.com/wp-content/uploads/2012/12/Patti-Smith-Horses.jpg )
C'était excitant rien que de se tenir devant la terre sacrée du Birdland, qui avait été béni par John Coltrane, ou du Five Spot, sur St. Mark's Place, où Billie Holliday chantait souvent, où Eric Dolphy et Ornette Coleman avaient ouvert le champ du jazz comme des ouvre-boîtes humains.
J'ai appris à voir à travers toi et je ne compose jamais un vers et je ne dessine jamais une courbe qui ne dérive du temps précieux que nous avons passé ensemble.
L'artiste recherche le contact avec la conscience intuitive qu'il a des dieux, mais afin de créer son œuvre il ne peut rester dans ce royaume séduisant et incorporel. Pour faire son travail, il doit retourner dans le monde réel. Il est de la responsabilité de l'artiste d'équilibrer la communication mystique et le labeur de la création.
J'avais vécu dans un monde de livres, écrits pour la plupart au XIXe siècle. Même si je m'étais préparée à dormir sur des bancs, dans le métro ou dans des cimetières jusqu'à que je trouve du boulot, la faim qui me tenaillait constamment me prenait au dépourvu. J'avais beau n'avoir que la peau et les os, j'avais un métabolisme élevé et un solide appétit. Le romantisme ne suffisait pas tout à fait à apaiser mes besoins de nourriture. Même Baudelaire devait manger. Ses lettres contenaient de nombreux cris de désespoir dus à son manque de viande et de bière brune.