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sur 341 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Swing Time » est le cinquième roman (2016) de l'écrivain Zadie Smith, traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson (2018, Gallimard, 480 p.).
Roman d'apprentissage et de désillusion, ce roman de Zadie Smith est également une réflexion sur le racisme et l'identité. Avec en toile de fond la célébrité et le genre, vus à travers le métissage, thème cher à Zadie Smith. Un cours de danse dans la banlieue nord-ouest de Londres avec la rencontre et l'amitié de deux petites filles métisses. Avec le temps, elles se séparent, évoluent différemment et se retrouvent pour un dernier pas de danse.
L'auteur, née d'un père britannique et d'une mère jamaïcaine qui émigre en Angleterre en 1969. À l'âge de quatorze ans, elle troque son prénom de Sadie contre celui de Zadie. Puis, études au « King's College » de Cambridge, pendant lesquelles elle publie quelques nouvelles dans une anthologie. Son premier roman « White Teeth » (2000) est d'emblée un succès, traduit par Claude Demanuelli en « Sourires de Loup » (2011, Gallimard, 533 p.). Il remporte, entre autres distinctions, les prestigieux prix « Whitbread » et « Guardian » du premier roman.
Depuis quatre autres romans, et surtout des recueils de billets qu'elle appelle « essais ponctuels » parus dans les journaux et revues les plus prestigieux aux USA et en Angleterre
« Swing Time » donc, bizarrement traduit en « Tiempos de swing » dans l'édition espagnole, nous fait entrer dans l'univers du « tap dance », ou des claquettes, popularisées par Gene Kelly dans « Singin' in the Rain » et « Ziegfeld Follies » où il joue avec Fred Astaire dans une spectaculaire séquence où chacun distribue à l'autre, des coups de pied au cul.
Sept parties avec un prologue et un épilogue, qui commencent avec « Les Débuts » et se terminent par « Les Adieux », donc sans grande surprise dans le déroulement des évènements. Mais, comme je l'ai déjà écrit à propos de Zadie Smith l'important n'est souvent pas le scénario, mais les à côtés et l'esprit même du roman.

Quartier de Willesden, dans le nord-ouest populaire de Londres, tout comme on retrouve ce quartier dans un autre roman « Ceux du Nord-Ouest » (2014, Gallimard, 416 p.). c'est l'église paroissiale qui organise une école de danse, avec initiation à la tap-dance. Mademoiselle Isabel dirige les cours avec M Booth au piano. le tout se passe en 1982, et surtout le samedi. Deux jeunes filles métisses suivent les cours.
Tracey participe à tout, et la narratrice, anonyme ou X, sans doute avec les pieds plats doit se limiter aux claquettes, mais chante aussi sur la musique. L'année suivante, Tracey quitte son école de Neasden, très majoritairement indo-pakistanaise, (les pakis) pour l'école publique, de Willesden, plutôt noire. X aime regarder les comédies musicales des années 1930 tournées en vidéos.
Les scènes d'enfance alternent avec celles de l'adolescence, quand X est encore dans sa période gothique noire à 14-16 ans. Elle rencontre Mercy, jeune Sénégalaise recueillie par son père. Puis devient étudiante pendant trois ans dans une université privée, de seconde zone (les études sont payantes). Etudes des médias, au bord de la Manche, vers 1993-1996. « Ma mère était fière d'avoir fait l'effort, contrairement à la mère de Tracey, à toutes les autres mères, de m'inscrire dans un établissement public convenable au lieu de se contenter de la piètre qualité du premier venu ». Elle fréquente alors Rakim, un copain radical et mystique, mais cela ne dure qu'un an. Pour subvenir, elle est serveuse chez l'Iranien Barham, une pizzeria, puis habilleuse pour une comédie musicale. Par la suite, grâce à Tracey, elle travaille à YTV, chaîne de télévision canadienne anglophone spécialisée et destinée aux jeunes (1998), puis devient assistante personnelle de la performeuse Aimee (1998-2008).
Son père lui fait connaître John et Emma, respectivement frère et soeur blancs. Au début, il est très maternel, et s'occupe de tout. Mais son épouse le chasse, et les relations s'estompent. Les relations avec la mère sont compliquées et ne vont pas s'arranger. Absence d'empathie et de tendresse en famille, et peu de personnalité en public. « Est-ce une règle générale ? Est-ce que toutes les amitiés - toutes les relations - impliquaient cet échange mystérieux et discret de qualités, cet échange de pouvoir ? Cela s'étendait-il aux peuples, aux nations, ou était-ce une chose qui ne se produisait qu'entre individus ? », Echec à l'examen d'entrée à une école secondaire privée, dû à des lacunes sérieuses en mathématiques et sciences, bénévolat (dans un centre de jeunes en difficultés, refuge pour femmes noires et indo-pakistanaises.
Pendant ce temps, les relations entre X et Tracey s'espacent, alors que celles avec Aimee progressent. Avec un projet « Illuminated Academy for Girls » (IAG) au Sénégal.
L'histoire perd un peu à peu de son intérêt.
Restent, comme il fallait s'y attendre les thèmes sous-jacents. Roman d'apprentissage, les chemins qui divergent avec le temps, la désillusion des rêves inachevés, pas tout à fait commencés et déjà finis. Ca, c'est pour la partie du script. Pour ce qui est de la part de Zadie Smith, c'est, on s'en doute, la difficulté de grandir dans des familles instables, tiraillées entre des cultures différentes, le racisme ordinaire. « Les gens ne sont pas pauvres parce qu'ils font de mauvais choix. Ils font de mauvais choix parce qu'ils sont pauvres ». Thèmes développés entre Tracey et X. S'y rajoute le personnage de Aimée.et son projet de IAG. Projet en décalage apparent entre le monde des paillettes d'Aimée et la réalité du terrain. On s'en serait douté. Beaucoup de bonne volonté, peu d'effets dans la durée.
Question, qui aurait pu être abordée : Que faire alors ? Ne serait-ce que poser la question. Réponse « Traitez les gouttes quand vous pouvez voir l'océan ».
L'assistante d'une star pop qui fait de la philanthropie au Sénégal. Cela me rappelle trop la philanthropie de l'ouvrier charpentier et son inénarrable aventure en contrepèterie. Dommage, car j'aime bien ce que fait Zadie Smith.
Dans une interview à la revue « Slate », republiée d'ailleurs dans « The Times Literary Supplement (TLS) » Zadie Smith revient sur « Swing Time ». Elle déclare que « le roman a été écrit explicitement pour les filles noires » – bien sûr, elle était heureuse si d'autres y parvenaient et s'y connectaient, mais c'était pour les filles noires qu'elle voulait écrire. Elle revient aussi sur Donald Trump. le personnage lui-même ne l'intéressait pas nécessairement sur le plan romanesque, mais que ses enfants le faisaient d'une manière « légèrement insupportable ». Par la suite, invitée au « Cambridge Literary Festival » elle commence par lire un passage se déroulant en Afrique de l'Ouest, où le narrateur est témoin de la danse rituelle fascinante du Kankouran. Ce sont les deux filles de « Swing Time ». Musique, passion pour la danse est l'un des thèmes clés du roman. Mais elle avoue « écrire sur la danse est difficile parce que l'on utilise le langage pour décrire quelque chose qui n'en a pas besoin ». Elle prend ensuite l'exemple de Jeni LeGon (1916-2012), fabuleuse danseuse de tap-dance. C'est la première femme afro-américaine à avoir signé un contrat à long terme avec MGM, ce qui n'est pas anodin. Mais Zadie Smith pose la question de savoir pourquoi cette actrice a toujours été reléguée à des rôles mineurs. Par exemple, comme une femme de chambre qui offre un chien à Astaire. Et donc pour Zadie Smith, son histoire explique pourquoi les mères noires disent à leurs enfants que quoi qu'ils fassent, ils devront le faire « deux fois mieux » que n'importe qui d'autre.
Puis, elle est interrogée sur Michael Jackson, « une figure traumatisante » selon elle. « Il fallait le voir devenir non-noir. Et puis il a fallu développer une pensée magique selon laquelle il souffrait de cette mystérieuse condition qui le rendait non-noir, ce qui a fait quelque chose de très étrange pour une génération ».
La discussion dévie ensuite sur le Brexit et Donald Trump, sujet qu'elle reprendra plus tard dans « The Fraud » dans lequel elle écrit que Trump « fait penser à un enfant de 6 ans », « sans jamais être coupable », « jamais coupable », « sans faits » et « toujours dans le droit jusqu'à la folie ». C'est sûr qu'elle n'ira pas lui porter des oranges dans son futur logement.
Donc, pour en revenir à « Swing Time », on peut se demander si l'intrigue ne recouvre pas l'inquiétude de Zadie Smith, la quarantaine au moment de l'écriture du roman (2016), mariée en 2004 avec Nick Laird, et mère de deux enfants à l'époque de six et trois ans pour la fille et le garçon. « Qu'attendons-nous de nos mères lorsque nous sommes enfants ? ». Donc l'inquiétude de les voir grandir, commencer leur scolarité. Et devoir faire « deux fois mieux » que n'importe qui d'autre.
« Les enfants peuvent être une sorte de richesse »
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Une assistante d'une star de la pop, cette dernière qui fait de la philanthropie en Afrique..Et dans le passé le destin de deux amies que le destin va séparer...
Je ne sais pas pourquoi je ressors perplexe de ce livre. C'est très bien écrit, et je me suis d'ailleurs souvent fait la remarque que presque chaque phrase a un intérêt. C'est intelligent, par moment brillant. Alors d'où vient que la mayonnaise n'a pas totalement pris sur moi ? Il y a d'une part une construction artificiellement complexe qui mêle passé et présent. Il y a l'accumulation de sujets sensibles (être une personne racisée, l'appropriation culturelle, le féminisme etc...). Elle ne délivre pas de message explicite, et à aucun moment, je trouve, un personnage n'arrive avec la voix de l'autrice. Et pourtant on sent constamment un poids à la lecture, comme si le livre répondait à une sorte de problématique lancinante. Il m'avait semblé que les précédents romans de Zadie Smith étaient plus légers, plus dialogues aussi. Là clairement nous ne sommes pas chez David Lodge, et j'ai regretté par moment le caractère pesant de ce livre. Je dois dire que je l'avais bien entamé une fois précédente et que je l'avais alors abandonné en cours, pensant que ce n'étais pas le moment. Cette fois j'en suis venu à bout, mais demeure mitigé. Je retiens en tout cas le beau personnage de la mère de la narratrice.
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Je dois avouer que je n'ai pas terminé ma lecture. Je me suis battue jusqu'à la moitié du livre, me disant que quelque chose devait forcément m'échapper : il s'agissait tout de même d'un livre de Zadie Smith !
Il y a parfois des observations sur certains comportements sociaux très intéressants.
En revanche, la construction a rendu la progression de ma lecture ardue et peu fluide. Les personnages ne m'ont pas du tout accrochée. J'avais du mal à déceler où voulait en venir l'écrivaine avec cette histoire.
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Un roman abordant de nombreux thèmes comme le racisme ordinaire, la difficulté de grandir dans des familles instables, la désillusion des rêves inaboutis, la filiation, les chemins qui se séparent avec le temps etc. …
Pour ma part, j'ai aimé le style de Zadie Smith, avec un brin d'humour discret. Il y a peu de dialogues mais l'ensemble est très fluide. Pour moi, Swing time est un très bon roman, avec une plume exquise.
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Même si Zadie Smith décline ici, des thématiques identiques à celles de Sourires de loup , son premier roman, son approche diffère en plusieurs points.
D'abord l'ampleur de son geste littéraire qui a perdu en surface ce qu'il a gagné en fluidité d'écriture, en immédiateté.
Par ailleurs, le récit choral a également laissé la place ici, à deux récits parallèles et alternatifs fortement autobiographiques , qui se concentre sur le personnage de la narratrice au prise d'une part avec la question et les enjeux du métissage à travers ses relations avec sa mère d'origine jamaïcaine qui politise sa condition de femme noire et son père blanc qui gère les problématiques du quotidien.
Zadie Smith met également en perspective sa condition de métisse à travers le portrait en miroir inversé d'une amie d'enfance ou à l'inverse , la mère blanche projette humblement sur sa fille la réussite qu'elle n'a pas eu et le père noir demeure absent et volatil.
C'est incontestablement, la partie du livre la plus réussie, là ou la deuxième partie du récit centrée sur une espèce de quête des origines , à l'occasion d'un séjour humanitaire en Afrique, peine à faire exister réellement ses personnages.
C'est peut être ce choix de sacrifier la spontanéité et le foisonnement au profit d'une architecture rigoureuse qui rends ce live-ci en définitive, un peu moins convaincant.
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Dans ce roman de Zadie Smith,il y a de l'Americanah de Chimamanda Ngozi et de L'Amie prodigieuse de Elena Ferrante :il est question d'amitié entre deux filles et de lutte contre le racisme. Je ne suis tout de même pas conquise,le livre est bien écrit mais il y trop de thèmes qui font plus penser à un essai sociologique qu'à un roman. J'ai mis du temps à le finir parce qu'il n'y de provoquait pas d'émotions,pas suffisamment de désir pour les personnages.
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Mon premier Zadie Smith !
Une romancière que j'avais envie de découvrir depuis longtemps et c'est maintenant chose faite.
Cependant, ce ne fut pas la réussite à laquelle je m'attendais. Je ressors de ma lecture plutôt mitigée.

Je ne me suis attachée à aucun des personnages, et encore moins à la narratrice, non nommée. Chaque personne autour d'elle semble être là uniquement pour la brimer, la rabaisser ou l'utiliser, en particulier son amie d'enfance Tracy. Ce trait de caractère passif est souligné par la voix posée de la lectrice.

D'autre part, les histoires parallèles m'ont paru trop nombreuses et déconnectées les unes des autres, même si le lien évident est la narratrice. La mère, l'amie d'enfance, la patronne : autant d'histoires qui se répètent sans que rien ne change.

J'ai toutefois aimé l'écriture de Zadie Smith et la construction non linéaire du roman. J'ai White Teeth dans ma PAL, j'espère que ma lecture sera plus heureuse.
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L'histoire d'une femme qui n'a jamais su sur quel pied danser, perdue dans l'admiration de femmes fortes : sa mère, Tracey son amie modèle pourtant ingrate, sa patronne star, sa camarade dans un village africain soutenue par l'action humanitaire qu'elle rejoint. La lecture se perd dans les aller-retour spatio-temporels, mélangeant des thèmes forts autour de l'identité ou encore l'importance des arts comme marqueur de vie parfois abordés de façon bien trop superficielle, et des longueurs stylistiques qui cassent la fluidité. Dommage.
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Deux petites filles, amies qui rêvent de devenir danseuses en regardant des comédies musicales avec Fred Astaire, l'une d'elles raconte que son père danse avec Michael Jackson...
La narratrice nous raconte leur histoire et, à travers elles, l'histoire de nos sociétés contemporaines, Londres au premier plan.
Ma lecture fut laborieuse car l'écriture de ce roman m'a paru brouillonne. Je me perdais dans les lieux, les temps, les personnages.
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J ai découvert l écriture de Zadie Smith mais...
Je n ai pas vraiment été séduite.

J ai trouvé le récit assez décousu. Arrivée à la moitié, j ai eu envie de faire une pause et de commencer un nouveau livre.

Après avoir lu deux autres livres, j ai réattaqué et j ai mieux apprécié. l'auteure évoque des sujets sociaux intéressants tels le racisme, les différences de classe, la vision de l Europe sur l Afrique...Néanmoins, il y a beaucoup de thèmes, qui du coup, ne sont pas tous développés, comme il se doit. J aurais aimé que le livre se concentre plus sur l un ou l' autre d entre eux.

J ai trouvé certaines longueurs à l histoire et malheureusement, je ne suis pas parvenue à m attacher aux personnages.
J ai vraiment eu du mal à voir où l auteure voulait en venir. La relation entre la narratrice et Tracey, cette fille avec qui elle a grandi et qui a pris un chemin différent, est étrange. Admiration, amour, jalousie, haine, pitié. On passe par tous les ressentis.

La fin m a vraiment laissée perplexe. J étais soulagée de le terminer et en même temps, quel drôle de fin...

Je pense tout de même laisser une chance à cette auteure anglaise qui a un grand succès en lisant un autre de ses ouvrages.
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