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Philippe Pozzo di Borgo (Autre)
EAN : 9782706722172
228 pages
Salvator (20/01/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Depuis quarante ans, plusieurs dizaines de propositions de loi sur l'euthanasie ont été déposées au Parlement, sans succès. Mais en 2021, pour la première fois, le principe d'une légalisation a fait l'objet d'un vote majoritaire de députés. Sommes-nous à la veille d'un basculement ? Dans cet essai, Henri de Soos analyse en profondeur les cinq principaux arguments des militants pro-euthanasie afin d'en souligner les limites et les incohérences. Plutôt que de considér... >Voir plus
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Dans l'introduction, Henri de Soos rappelle que la première proposition de loi sur l'euthanasie remonte à 1978 et fut à l'initiative du sénateur radical de gauche Henri Cavaillet, éku du Lot-et-Garonne. Tous les candidats à l'élection présidentielle de 2022 seront interrogés sur cette question, et on sait que Anne Hidalgo (PS), Yannick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) désirent modifier la loi de 2016 (dite Claeys-Leonetti) qui actuellement interdit euthanasie et suicide assisté. Emmanuel Macron pourrait aussi y être favorable. D'ailleurs dans une interview, Line Renaud, proche de Brigitte et Emmanuel Macron, a affirmé que l'aide active à mourir ferait partie du programme de ce dernier.

Le premier chapitre évoque les situations de pays étrangers ou d'états des USA où l'euthanasie est autorisée. Il affirme que là le nombre de suicides assistés ne cessent d'augmenter, que des euthanasies sont pratiquées à l'insu des patients, que les conditions posées par la loi pour ce type d'action sont largement interprétées, que les commissions de contrôle ne jouent pas leur rôle, que des enfants seraient euthanasiés après demande des parents, que le désir de ne plus vivre pourrait suffire avec des personnes de plus de soixante-dix ans (sans souffrances insupportables).

Henri de Soos craint que personnes handicapées, gens dépressifs, sujets aux troubles psychiatriques, criminels soient en nombre de prochaines victimes d'euthanasie. Il pense que l'euthanasie sera pratiquée au détriment d'une possible continuité des soins palliatifs. Des pressions psychologiques pourraient exister en argumentant qu'une mort rapide permettrait le don d'organes.

Par ailleurs pour lui, comme bien d'autres et pas seulement sur ce sujet, les résultats de sondages qu'on nous assène sont biaisés. Les opinions sont bien nuancées sur le sujet si on fait une analyse fine des réponses. Dans le chapitre quatre, il s'attaque à la question d'éviter les souffrances en accélérant le décès.

Dans les pages 110, il est question des textes qui régissent les soins palliatifs et de la différence qui existe entre ces derniers et l'euthanasie. Une trentaine de pages plus loin, Henri de Soos évoque les affaires très médiatisées de Vincent Humbert (qui demanda en vain un « droit de mourir ») et Vincent Lambert (autour de dissensions familiales sur l'arrêt du traitement). L'auteur poursuit en développant dans les pages 150 pourquoi et pour qui (patient, famille, soignants) l'euthanasie est une mort violente.

Au chapitre cinq, Henri de Soos s'interroge sur le fait que l'euthanasie pourrait ne pas être une liberté dernière contrairement à ce que disaient en particulier en 2021 d'une part Jean-Luc Mélenchon et d'autre part Line Renaud. Il pose diverses questions : la personne qui veut suicider est-elle réellement libre, devrait-on reconnaître un droit au suicide, peut-on perdre sa dignité, ne risque-t-on pas de passer de la liberté d'être euthanasié au devoir de l'être, est-il vrai que cette ultime liberté n'enlève rien à personne. En épilogue, il est proposé un discours fictif d'une députée qui égraine les arguments opposables aux artisans de l'euthanasie. En postface on trouve un texte de Philippe Pozzo di Borgo (appartenant à une famille noble d'origine corse) devenu tétraplégique à l'âge de quarante-deux ans ; il est devenu le parrain de l'association opposée à l'euthanasie "Soulager mais pas tuer". On pourra prolonger cette lecture par l'ouvrage "Quand l'euthanasie sera là ", paru chez le même éditeur sous la plume de Damien le Guay.
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Le titre de cet ouvrage est éloquent. Henri de Soos ne voit pas comment ne pas développer une pensée construite et argumentée :

« Les enjeux sont trop grands pour en rester à des slogans réducteurs ou des approches partielles. » p.9

Son argumentaire contre l'euthanasie.

L'auteur, en s'appuyant sur d'autres ouvrages ainsi que sa propre expérience et capacité de réflexion, cherche à ce que le lecteur réfléchisse par lui-même. Il veut donner à tous la possibilité de grandir en intelligence des situations.

La courte introduction présente le plan de l'ouvrage qu'il divise en 5 parties :
- Suivre « l'exemple » des pays étrangers ?
- Se fier aux sondages d'opinion ?
- Mettre fin aux euthanasies clandestines ?
- Mourir vite pour ne pas souffrir ?
- L'euthanasie, ultime liberté ?
Ces cinq questions ouvrent au lecteur un champ suffisamment large pour former son opinion à propos des cinq grands arguments utilisés de manière récurrente par les pro-euthanasie. 5 arguments, 5 questions ! N'est pas éloignée de ces interrogations celle du « suicide assisté » qui soulève des problématiques similaires.

Un plan clair et aidant.

Le plan de l'ouvrage est très clair et permet de suivre facilement la pensée de l'auteur. Ses nombreuses références bibliographiques et les larges citations de divers documents appuient son propos. Chacun n'est alors plus renvoyé à ce qu'il ressent mais bien à ce qu'il peut penser et réfléchir. Sa démarche montre que ces lois ne peuvent être réfléchies dans un contexte de « bon sentiment ». Elle pousse plutôt à ce que l'intellect, soumis au réel, accompagne les situations concrète.

La place des soins palliatifs face à l'euthanasie.

Comme les deux autres auteurs présentés ici, de Soos rappelle que le développement des soins palliatifs est la voie de l'accompagnement humain. La deuxième partie a été pour moi très instructive. En effet, les sondages commandés par l'ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) mettent en avant que plus de 90% des français sont pour l'euthanasie. Or il montre assez facilement – en reprenant les questions posées – que les questions elles-mêmes sont biaisées. Je ne suis donc pas seul à ne pas être en désaccord avec une telle permission.

« Il convient, tout d'abord, de rappeler un élément essentiel quand un pays change la législation : la loi possède un caractère normatif qui contribue à changer les mentalités, puis les comportements des citoyens. C'est particulièrement vrai pour toutes les lois dites « sociétales », qui touchent à des principes éthiques majeurs. » p.198

Chaque argument usé est analysé pour mieux être contré. L'auteur ne laisse rien au hasard de la discussion. À la fin de l'ouvrage, le lecteur aura quelques armes concrètes pour répondre de manière pertinente aux promoteurs de l'euthanasie. de plus il aura, je l'espère, fait évolué sa pensée vers la promotion de soins véritable qui puissent inclurent les souffrances physiques, psychologiques et spirituelles.

L'être humain tout entier doit être regardé, aidé ; oublié une partie revient à oublier le tout.
Lien : https://lirechretien.fr/2022..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Vouloir le bien d’une personne qui demande à mourir, la vraie compassion, ce n’est donc pas accéder à sa demande, mais au contraire refuser de la tuer. Ce qui est véritablement humain, altruiste, compassionnel, c’est de "décoder" cet appel et de rechercher des solutions qui rendent sa vie plus supportable. Les acteurs des soins palliatifs témoignent, comme évoqué plus haut, que lorsqu’on apporte un surcroît d’attention, de chaleur humaine, alors la plupart du temps, la personne ne demande plus à mourir.

Ainsi, au cri de Marie Humbert : "Je l’ai tué par amour", la seule réponse à promouvoir ne peut être que celle évoquée par Marie de Hennezel dans un de ses livres : "Quand il y a de l’amour, il y a des solutions" .
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Les enjeux sont trop grands pour en rester à des slogans réducteurs ou des approches partielles.
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