Je dis que rejeter un ami fidèle c'est rejeter sa propre vie, ce qu'on a de plus cher.
Rejetter un ami sans reproche, je te le dis : c'est comme s'amputer de sa propre vie, de ce qu'on a de plus cher. Avec le temps, tu connaîtras ce qu'il en est exactement de cette affaire, car l'innocence ne s'éclaire qu'avec le temps, s'il suffit d'un seul jour pour demasquer la perfidie.
Je n'ai pas l'habitude de parler contre ma pensée.
Ne faites pas d'un rien une immense douleur.
S'il est horreur plus souveraine que l'horreur, c'est bien le lot d'Œdipe !
Le meilleur des rois avait disparu : il fallait pousser les recherches à fond. Je me vois à cette heure en possession du pouvoir qu'il eut avant moi, en possession de son lit, de la femme qu'il avait déjà rendue mère ; des enfants communs seraient aujourd'hui notre lot commun, si le malheur n'avait frappé sa race ; mais il a fallu que le sort vînt s'abattre sur sa tête ! C'est moi dès lors qui lutterai pour lui, comme s'il eût été mon père. J'y emploierai tous les moyens, tant je brûle de le saisir, l'auteur de ce meurtre, l'assassin du fils de Labdacos, du prince issu de Polydore, du vieux Cadmos, de l'antique Agénor ! (Oedipe)
Gardons-nous d'appeler jamais un homme heureux, avant qu'il ait franchi le terme de sa vie sans avoir subi un chagrin.
Rendre service de tout son pouvoir, de toutes des forces, il n’est pas de plus noble tâche sur la terre.
Rejeter un ami loyal, c'est en fait se priver d'une part de sa propre vie, autant dire de ce qu'on chérit plus que tout. Mais cela, il faut du temps pour l'apprendre de façon sûre. Le temps seul est capable de montrer l'honnête homme, tandis qu'il suffit d'un jour pour dévoiler un félon.
LE MESSAGER DU PALAIS. – […] Poussant des cris effrayants, et comme si quelqu’un le guidait, il s’élance vers la porte, il en pousse les battants, fait irruption dans la chambre, et nous aperçûmes sa femme pendue à une écharpe dont le nœud lui serrait la gorge. A cette vue, avec des rugissements horribles, le malheureux prince défait le nœud, et le cadavre s’affaisse. C’était affreux à voir, mais ce qui suivit nous terrifia. Œdipe arrache les épingles dorées qui ornaient le vêtement de la morte, il les porte à ses paupières, il en frappe les globes de ses yeux. Et il crie que ses yeux ne verront plus sa misère et ne verront plus son crime et que la nuit leur dérobera ceux qu’ils n’auraient jamais dû voir, et qu’ils ne reconnaîtront plus ceux qu’il ne veut plus reconnaître. Tout en exhalant ces plaintes, il soulevait ses paupières et frappait, frappait sans relâche… Le sang jailli des prunelles coulait sur son menton ; cela ne sortait pas goutte à goutte, non, mais ruisselait en pluie noire, en grêle de caillots sanguinolents.