"A lutter chaque jour contre la faim on finit par devenir capable de tout.", voilà une phrase importante à retenir de ce deuxième volet du manga consacré à Cesare Borgia.
A la fin du premier tome, le lecteur avait quitté Angelo et Cesare en plein coeur du quartier pauvre de Pise, car pour Cesare : "Mais pour comprendre la vraie Pise, plutôt que de longs discours mieux vaut l'expérience du terrain !".
Mais les ennuis s'accumulent et il est désormais question des Dominicains et des luttes entre les différentes familles influentes.
Cesare éprouve une haine envers les Dominicains qu'il tient pour responsables de la pauvreté de certaines personnes : "A croire que la souffrance et la peur sont indispensables à la survie de cette église.", des mots durs dans la bouche d'un jeune homme de dix-sept ans lui-même homme d'église.
Au-delà des luttes et des haines entre les différents clans, ce deuxième volume est aussi l'occasion de croiser des personnages prestigieux comme
Christophe Colomb au port de Pise ou
Léonard de Vinci à Florence.
Dans ce deuxième tome, l'intrigue évolue et le personnage d'Angelo s'efface au profit de celui de Cesare dont le lecteur découvre l'enfance, sa rencontre avec Miguel et les racines de cette relation si particulière entre les deux jeunes hommes.
C'est également l'occasion de présenter en parallèle Rodrigo Borgia à Rome, en train de comploter pour devenir pape et utilisant pour cela son fils et ses relations à Pise.
Le jeu des intrigues amène même Cesare à se rendre à Florence pour nouer de nouvelles alliances et assurer à son père son succès à venir.
Mais à Florence, il y a aussi le sublime "Printemps" de Botticelli que le lecteur peut admirer comme le personnage, le déroutant
Léonard de Vinci qui intéresse au plus haut point le jeune Cesare Borgia ainsi qu'un prêcheur public déversant sa haine des Médicis, Borgia et autres familles puissantes : Savonarole.
Pour qui a été à Florence ou connaît l'histoire de cette ville, ce sont autant de noms qui ne sont pas inconnus.
A noter que Pise n'est pas non plus en reste, j'ai particulièrement apprécié les dessins de la cathédrale dans la Cour des Miracles, un ensemble de monuments qu'il est toujours possible d'admirer en l'état actuellement.
Mais ce qui m'a le plus intéressée, c'est toute la partie consacrée à un cours sur "
La divine comédie" de
Dante, avec une joute verbale entre Angelo et Cesare sur le pouvoir des plus captivantes : "J'affirme que quel que soit le type de pouvoir, tant que l'ordre règne, le peuple n'a d'autre choix que de s'y plier ... le problème réside dans la qualité de l'homme qui arrive à sa tête !".
La fascination que l'un exerce sur l'autre s'arrête à l'expression des sentiments de chacun, c'est une confrontation intéressante car jusqu'à présent Angelo était sous le charme de Cesare et n'existait pas réellement.
Ici, il s'affirme et laisse à penser que son rôle ne s'arrêtera pas à celui de simple observateur.
Comme dans le précédent tome, la documentation est riche ainsi que la bibliographie en fin d'ouvrage qui présente une notice de grand intérêt sur
Dante et "
La divine comédie".
Ce deuxième volume de la série "Cesare" tient toutes ses promesses et
Fuyumi Soryo, sous la supervision de Motoaki Hari, a décidé créé une série talentueuse et captivante dans l'univers littéraire du manga.
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