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EAN : 9782374250458
448 pages
Rue de l'échiquier (02/06/2016)
4.33/5   6 notes
Résumé :
La nourriture ne se retrouve pas dans nos assiettes par magie. Nourrir les villes a toujours nécessité des efforts gargantuesques, et entraîné des répercussions sur les lieux et les écosystèmes, a fortiori dans un système mondialisé. Nos moeurs alimentaires façonnent la ville, ainsi que la campagne qui nous alimente.
Ville affamée est le résultat d'un long travail de recherche sur les réseaux d'approvisionnement des villes en nourriture. Pour la première fois... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Tout a commencé par 2 reportages de la BBC2 sur le repas de Noël. L'un faisait l'éloge des produits locaux, des bons mets, de l'ambiance festive, le tout agrémenté de magnifiques paysages sur fond de musique mélodieuse. L'autre dénonçait la manière ignominieuse dont les volatiles garnissant nos tables de fêtes étaient élevés et tués.
Les 2 reportages présentaient chacun leur vérité. Indéniable. Mais alors, où est le hic ? Et bien dans le prix. Ceux qui savent y mettre le prix peuvent effectivement s'offrir des mets de qualité, dont les animaux et les produits maraîchers sont élevés et cultivés dans les règles de l'art. Dans le respect du produit et du consommateur. Et ceux qui n'en ont pas les moyens sont bien obligés de se rabattre sur les produits bon marché, avec tout ce que cela implique.

Pourquoi en est-on arrivé là ? Carolyn Steel nous l'explique dans cet ouvrage très recherché et très documenté, sur un sujet peu souvent abordé.

Et je peux vous dire que ce n'est pas si simple que cela. Les différences de qualité, de coût, de production ont toujours existé et ont façonné notre histoire. La terre, l'agriculture, les villes et leur expansion démographique, les mouvements de masse campagne-ville, tout est lié. Tout évolue en fonction de l'histoire qui avance, des politiques y afférentes, du pouvoir des multinationales. Et il faut remonter très loin, à l'époque où l'homme était un chasseur-cueilleur. Jusqu'à notre époque. Qui chasse encore pour nourrir sa famille ? On devient aveugle et sourd face aux aliments préparés, conditionnés, surgelés, empaquetés.

Il y aurait tant de choses à dire sur ce livre ! Il y a tant de réponses aux questions que l'on se pose !

- pourquoi un pays met tant d'importance dans une production de pommes en 1920 et l'estime inutile en 1990;
- pourquoi un pays importe une grande partie de ses fruits et légumes alors qu'il pourrait les produire sur ses propres terres et faire vivre des familles;
- comment les supermarchés inventés par les américains dans les années 1920 sont devenus indispensables à notre quotidien;
- qu'y a t-il derrière les codes-barre du produit qui passe en caisse;
- comment s'organise un approvisionnement de perfection avec une logistique et un transport international complexe mais de 1ère qualité.

L'animation des rues périclite en même temps que disparaît la nourriture dans nos villes. Les supermarchés sont en périphérie et les petits commerces alimentaires, en voie de disparition.

L'auteur nous explique pourquoi les marchés des villes ont été relégués à l'extérieur. Ce que le système ferroviaire a apporté. Comment ont évolué les supermarchés au siècle dernier. Pourquoi les britanniques sont devenus des consommateurs de malbouffe, à l'instar de la France et de l'Italie. Comment évoluent nos villes. Comment seront-elles dans quelques années. Pourquoi tant de gâchis alimentaires. Où passent nos déchets. Comment sont les coulisses d'un restaurant gastronomique et celles d'une usine productrice de plats préparés. Comment la place de la cuisine a évolué dans l'habitat. Comment prend-on ses repas. Que peut-on garder des idées des utopistes.

L'auteur est architecte et la ville, elle connaît, originaire de Londres. Mais elle s'est toujours posée la question comment la nourriture arrivait pour les millions de gens qui y vivent. Avec ce livre, elle a dépassé le point de vue de base de l'architecte pour étendre son étude sur les implications sociologiques de l'urbanisation.

On peut le dire, Carolyn Steel a vraiment fait le tour de la question (cet ouvrage lui a demandé 7 ans de travail) et, cerise sur le gâteau, j'ai trouvé ce livre vraiment agréable à lire ! bien sûr, par petites doses chaque jour. Mais je vous assure que sa lecture n'est pas compliquée du tout.

Ce livre devrait être lu par tous, car il nous concerne tous. Ce que nous mangeons et la manière dont nous prenons nos repas façonnent la construction d'une cité.

Carolyn Steel, pour ce travail et pour tout ce qu'il nous apporte, chapeau bas.
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A peine la dernière page de "Ville affamée" tournée, je m'aperçus en faisant la cuisine que les gousses d'ail au vinaigre que je venais d'acheter en grande surface était un produit élaboré... en Chine. Alors là, banco ; comme démonstration, j'étais au top !
Comment dire mon enthousiasme à dévorer cette masse d'informations et ma conviction que chacun devrait lire "Ville affamée" et ce, du haut en bas de la société, quel que soit son orientation de mangeur et son appétit ? le titre est provocateur et peut faire fuir, on se dit : Ah la la, encore de la culpabilité au menu ; au moment des fêtes et des ripailles, je vais plomber l'ambiance... Eh bien non, pas du tout ! Ce livre est passionnant, enjoué, farci de références comme une dinde de réveillon l'est de châtaignes et il fait voyager son lecteur à travers le temps, l'espace, les saisons et les coutumes, sous le signe de la nourriture.
Cette signature, c'est l'enfant qui dit "le Roi est nu" : que serait notre civilisation occidentale urbanisée, totalement déconnectée de la campagne et de la nature sauvage (le peu qu'il en reste) si la nourriture venait à manquer ? En cette année 2017 qui s'achève, nous n'avons plus ou très peu, la perception que nous faisons partie d'un "continuum organique". de plus notre mode de vie standardisé d'hyper-consommation devient la référence alors que le nombre d'habitants augmente et que nous allons nous trouver bientôt "à court de Terre". Alors, en attendant la colonisation de Mars, notre voisine, peut-être serait-il bon de réfléchir urgemment à ce que nous apprennent dix mille ans de civilisation urbaine : "On pourrait écrire des bibliothèques entières à ce sujet, mais tous ces livres se réduiraient finalement à une chose : respecter la terre".
Et on peut aussi commencer par lire "Ville affamée" de Carolyn Steel.

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L'ambition de l'auteure est vaste : comprendre les liens étroits qu'entretient la ville avec la nourriture, montrer au travers du prisme de l'alimentation des humains, son impact sur les espaces urbains, aussi bien extérieurs qu'intérieurs. Au coeur de son sujet, il y a la ville de Londres et les métamorphoses qu'elle a connues au fil des siècles. Marchés, habitudes alimentaires des habitants, repas, organisation de la cuisine, commerce de détail, grande distribution, Carolyn Steel passe tout à la moulinette de sa curiosité. Pour cela, elle n'hésite pas à manier une multitude de références qui, telles des boules de flipper, nous expédient dans l'Antiquité, au Moyen-Âge, au XIXe siècle avant de nous renvoyer vers les États-Unis, les pays méditerranéens, la France, l'Allemagne...
J'avoue avoir eu le tournis entre les citations de Brillat-Savarin, Pétrone, Thoreau, Georg Simmel, Naomi Klein, mais aussi d'archéologues, d'architectes, de scientifiques, de rédactrices de manuels de la ménagère. J'ai parfois ressenti une désagréable impression de name dropping comme dans ces films ou conversations ponctués de noms connus. le saupoudrage de références ne constitue pas une argumentation clairement étayée.
Par ailleurs, j'ai été souvent désarçonnée par le ton de l'ouvrage et l'approche pragmatique, pour ne pas dire bon enfant de Carolyn Steel. Tantôt elle nous fait part de sa visite à un marché et de sa conversation avec un fromager, tantôt elle nous raconte un dîner dans une prestigieuse institution judiciaire ou un repas de Pessah chez des amis juifs, puis elle s'en va arpenter les cuisines du Savoy ou le quartier de Bloomsbury pour inventorier les enseignes de restauration rapide. Aux considérations savantes, succèdent des apartés avec le lecteur où elle déplore l'alimentation peu équilibrée des jeunes enfants, livre ses impressions sur les Starbucks…
Que me reste-t-il de ma lecture ? Un livre plaisant à lire, souvent anecdotique, plus destiné à la vulgarisation qu'à une approche consistante sur les plans historique et sociologique.
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critiques presse (2)
Actualitte
01 mars 2017
Un ouvrage interrogeant notre façon de consommer et qui nous oblige à avoir une vision plus globale de nos échanges au sein de la société.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaViedesIdees
06 février 2017
« Nourrir les villes nécessite des efforts gargantuesques, qui ont sans doute davantage d’incidences physiques et sociales sur nos vies et notre planète qu’aucune autre de nos activités. » Synthétique et accessible, le livre de l’architecte anglaise Carol Steel dresse un bilan édifiant de l’évolution de l’approvisionnement alimentaire.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Par conséquent, ces splendides pêches qui nous font de l'œil avec leur teint avenant s'avèrent dures comme des boulets de canon et pourrissent aussitôt sans passer par la case "maturité". Arrachées prématurément à leur branche, elles sont victimes de notre désir d'aliments déconnectés de la nature; exempts de la moindre cicatrice trahissant le fait qu'elles n'avaient jamais vécu.
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Durant ce que l'historien Donald Reid a appelé un "âge d'or d'écologie urbaine", très peu de choses finissaient à la décharge -d'ailleurs plus une ville empestait, plus elle était jugée riche.- Les restes de nourriture étaient engloutis par les cochons ; les excréments humains et animaux étaient recueillis pour servir de fumier ; l'urine et les excréments fermentés étaient essentiels à divers processus artisanaux tels que la teinture et la fabrication du papier. Les rares ordures qui ne pouvaient être employées étaient soit jetées directement à la rivière , soit portées dans les décharges à l'extérieur de la ville. En théorie du moins. Dans la pratique, la plupart des habitants se contentaient de jeter leurs détritus dans la rue -habitude qui, du moins dans les villes de petite taille, n'était pas si antisociale qu'il y paraît, car la plupart des de ces déchets étaient récupérés et réemployés.
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En apparence, l'industrie moderne semble avoir résolu le problème de l'approvisionnement alimentaire. Au lieu d'attendre anxieusement sur le quai que le bateau arrive, nous disposons de tant de nourriture dans nos villes occidentales que nous risquons davantage de mourir d'obésité que de faim. Les supermarchés nous abreuvent de promotions "1 acheté = 1 gratuit", et une fois dans nos placards, les aliments semblent ne devoir jamais s'abîmer. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Pour faire court, la réponse est : à peu près tout.
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En termes de catastrophe environnementale, la civilisation industrielle est un chantier en cours : en bonne voie vers l'effondrement, mais pas encore suffisamment près du gouffre pour réprimer son fatal penchant énergivore. Les patrons de l'agribusiness ne sont pas les seuls à préférer ne pas regarder l'avenir en face. Quand notre vie est suffisamment confortable, nous avons tous tendance à jouer de la lyre pendant que Rome brûle. Reste à savoir où nous mèneront nos modes de vie à sens unique ; mais nous n'aurons heureusement pas besoin d'attendre le dénouement pour nous en faire une idée, car nous avons déjà toute l'histoire de la civilisation urbaine à notre disposition.
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Désormais, elles vivaient en ville et travaillaient pour gagner leur vie, tout en étant censées chaque soir préparer un bon repas pour leur mari. Le terrain était prêt pour l'instauration de l'un des plus grands mythes du XXe siècle, celui de la parfaite ménagère, qui fut le produit non pas de l'imagination d'un peintre, mais d'un art plus puissant encore : la publicité.
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Video de Carolyn Steel (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carolyn Steel
Retrouvez l'intervention de Carolyn Steel lors de la 83e édition des UP Conferences, en partenariat avec les éditions Rue de l'Echiquier, avec Carolyn Steel, Antoinette Guhl, et animée par Olivier Razemon, à l'Hôtel de Ville.
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