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3,8

sur 361 notes
Est-il raisonnable de tout laisser tomber pour poursuivre des rêves, même en latin ? de détruire sa famille pour faire l'amour en pleine nature avec sa voisine ? de laisser son amante pour partir à l'autre bout du monde ? de craindre que des fantômes ne hantent certains lieux habités par le crime ? Bref d'écouter la voix des poètes plutôt que celle de la raison et du monde moderne qui se situent parfois très loin des préoccupations des hommes.

La vie n'est pas toujours facile dans ce village d'Islande, elle y est parfois même très rude, le climat rigoureux, la solitude, la perte d'un être cher et c'est le désastre, l'alcool, la mort, le désir d'une femme qui se dérobe, une entreprise qui ferme et c'est le chômage, l'ennui, les heures et les jours qui passent, l'océan et le ciel changeant, et parfois un homme revient et c'est le bonheur. Pour briser la routine, il y a le cinéma, les conférences de l'Astronaute, et bientôt le restaurant, mais n'est pas une idée étrange et sans lendemain ?

Jón Kalman Stefánsson nous raconte diverses anecdotes de la vie d'un village, suivant la destinée de plusieurs personnages, le café, la poste, la coopérative, mais pas de cimetière, la vie des paysans, ses joies, ses drames, une fois encore dans sa langue magnifique, poétique et mélancolique mais également pleine d'amour de la vie et de son pays. Comme partout jalousies et rancoeurs se mêlent à la camaraderie et à la solidarité, mais quelques bonnes étoiles veillent au firmament…Pour éclairer les cieux des hivers interminables. Et on en sort enchanté, ensorcelé par la musicalité du récit. Merci à Babelio et à Gallimard pour cette belle lecture.
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Cette lecture est le fruit d'un partenariat avec le site NetGalley et les Editions Grasset.
Je les remercie vivement pour cette belle lecture.

J'avais depuis longtemps envie de découvrir l'écriture de cet auteur dont je lisais tant de bien à droite et à gauche et bien autant dire que je n'ai pas été du tout déçue par ma lecture. Originale, différente, un "poil" déstabilisante mais ceci a finalement participé à mon plaisir de lecture.

Nous n'avons pas vraiment là une histoire à part entière, c'est plutôt comme des petites nouvelles, enfin des chapitres. L'auteur dressant le portraits des habitants de ce petit village islandais.

Les narrateurs ne sont pas vraiment déterminés mais ils se disent habitants de ce village. Ils sont donc à l'intérieur et à la fois comme détachés et omniscients.

Nous avons là 8 histoires, 8 nouvelles ou 8 chapitres dont le lien commun est le lieu. L'auteur en dresse une sorte de portrait à travers certains de ces habitants.

Ce que j'ai surtout aimé dans ce livre c'est cette écriture "différente" car à la fois poétique, caustique, détachée mais paradoxalement ancrée dans la réalité. Difficile de la définir cette écriture...Je la pense étroitement liée à la vie dans ce village isolé d'Islande mais aussi universelle. La traduction ne devait pas être simple j'imagine.

J'ai mis des tonnes de marque pages virtuels dans mon livre numérique !

Mes impressions de lecture sont tout à la fois tendres, nostalgiques et un peu bousculées aussi car il n'y a pas une histoire qui forme un tout mais au final si...

Ainsi, il ne faut pas s'attendre avec cette lecture à un "tout" mais plutôt comme si on observait chaque étoile de façon particulière et que d'un coup on découvrait alors le ciel !

Dans ce livre l'auteur nous parle de la vie, de l'amour, du sexe, du désir et de la mort. Toutes les reflexions ont sonné justes pour moi.

L'écriture est aussi très sensuelle, voire "sextuelle" j'allais dire inventant un mot pour l'occasion.

L'auteur sait merveilleusement décrire les attirances, les étincellements entre deux êtres. Tout ce qui ne peut se prédire ou se prévoir. C'est beau et c'est bon.

L'auteur ne manque pas d'humour et ses narrateurs ne loupent pas une occasion de se moquer de certains travers des personnages qui transitent dans ces histoires.

Au final, je ne sais comment vous inciter à lire ce livre. Il est si particulier...
Alors, il faut le vivre comme une expérience et voir ce qu'il se passe en vous.

Pour moi, cette expérience là m'aura séduite totalement
et donnée un sentiment agréable à mi chemin entre rêves et réalités.

Merci encore à NetGalley et aux éditions Grasset
pour la découverte de cet auteur avec ce beau livre ♥

J'ai hâte de lire d'autres romans de Jón Kalman Stefánsson
avec cette écriture qui m'a charmée
et peut être même envoutée !


#Lumièredétépuisvientlanuit #NetGalleyFrance

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Un livre merveilleux, profond, tendre, poétique, anachronique. La beauté des mots étonne au détour du quotidien d'un petit village tranquille ou presque. Les jours cent, on écoute la pluie en regardant le fjord, ou on cherche l'apaisement en contemplant la mer éternelle, une chose plus vaste que nous. Jón Kalman Stefánsson égratigne allégrement le mode de vie actuel, certes plus confortable que jadis, mais si insatisfaisant à courir après tout et n' importe quoi. L'auteur s'amuse aussi à émailler les émois amoureux de traits coquins, ce qui agrémente d'un sourire intérieur la lecture d'une chronique gorgée d'humanité.
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Jón Kalman Stefánsson saisit pour nous des instants de vies dans un petit village islandais qui n'abrite ni cimetière ni église et dans lequel il ne s'y passe, en apparence, pas grand chose. le temps s'y écoule comme il doit s'écouler, il impose sa marque sur ses paysages, sur son économie, il trace sa route. L'auteur s'interroge sur le sens de la vie et en se faisant le chroniqueur de ce petit village islandais, en nous racontant les histoires de ses habitants, il nous offre un semblant de réponses. Pourquoi vivons-nous ?
« Il y a tellement de choses que nous ne comprenons pas, et nous redoutons parfois de poser les questions qui nous dévoilent et nous exposent, entièrement nus, aux yeux du monde. »

À travers les portraits des habitants de ce village, c'est une description universelle de l'humain que nous lisons, avec ses mystères, ses chimères, ses fantômes, ses joies, ses peines, ses doutes, ses angoisses, ses rêves, ses pertes, ses jalousies, ses vengeances … parfois à la limite de la raison. Parmi ces habitants, il y en a un « qui porte la voûte céleste dans sa tête », un hurluberlu Astronome qui rêve en latin, il y a Ágústa, une postière bien fouineuse, Elísabet, une jeune femme séduisante qui suscite jalousie dans bien des chaumières, il y a Davíð, un jeune homme doux et rêveur qui se prend dans les filets d'un premier amour, Jonas, capable de transformer le monde grâce à ses pinceaux … et tant d'autres qui ont su m'émouvoir, me bouleverser. Connaît-on vraiment quelqu'un ? Nous « ne percevons la plupart du temps que la surface sous laquelle se déploient des mondes dont nous ne soupçonnons même pas l'existence. »

Jón Kalman Stefánsson raconte la vie, la mort, l'amour, la passion, il raconte aussi notre monde d'aujourd'hui, celui où tout va plus vite, où l'on ne prend pas ou plus le temps de prendre le temps, où nous devenons impatients, un monde qui se dérobe sous nos pieds.

« le temps passe, nous vivons, puis nous mourons. Mais qu'est-ce que la vie ? La vie, c'est quand Jónas pense à la courbe de l'aile d'un oiseau, c'est quand il s'endort, bercé par la respiration profonde de Pórgrimur, oui, c'est tout à fait ça, mais pas uniquement. Et quelle est la largeur de l'espace qui sépare cette vie de la mort, d'ailleurs cette espace existe-t-il, et si oui, quel nom lui donner ? Doit-on le mesurer en kilomètres ou en pensées, certains peuvent-ils se glisser dans cet interstice - où ils avanceraient et reculeraient à leur guise ? »

Il y a de la lumière dans les écrits de Jón Kalman Stefánsson, une lumière intérieure douce et tamisée, scintillant de poésie.
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Se plonger dans un roman de Jon Kalman Stefansson, c'est toujours un voyage dont on ressort éprouvé, bouleversé, écorché même. Ce sont des coups de foudre qui font autant de mal que de bien, qui blessent autant qu'ils offrent de la lumière et de la beauté. On ne sort pas indemne des ouvrages de l'islandais, autant poète que romancier, presque philosophe parfois et quand je me souviens de "D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds" et de "Asta", il me revient des arcs-en-ciel dans le coeur, des sanglots et des épines, de l'amour fou et un désespoir tout aussi intense.
Alors oui, je dois concéder que "Lumière d'été, puis vient la nuit" m'a sans doute moins embarquée, moins émue, moins poignardée que les autres romans sus-cités, mais j'y ai retrouvé ce que j'aime tant chez Stefansson: des vies ordinaires de personnages ordinaires jetés dans l'existence comme dans les vagues d'une tempête, des personnages qui tentent de vivre et d'être heureux, qui aiment, qui souffrent, qui en crèvent de cette solitude immense qui leur étreint parfois le coeur et qui veulent mourir quand boire de la vodka et lire de la poésie ne suffisent plus à panser les plaies; des destinées bancales et pourtant tellement belles racontées par un narrateur dont on ne connait pas le nom mais qui -alter égo de l'auteur sans doute- en profite pour distiller, comme autant de cailloux blancs sur les chemins sombres, questions et réflexions sur notre monde, sur le temps qui passe douloureusement, sur la porosité de nos vies, sur ce qu'on croyait immortel, immuable... alors qu'on sait tous pourtant que rien ne dure toujours, que tout finit par s'éteindre, que les passions les plus brûlantes deviennent un jour des souvenirs et que les maisons finissent toujours par accueillir les fantômes de ceux qu'on abandonne.
"Lumière d'été, puis vient la nuit", c'est l'Islande dans ce qu'elle peut avoir de plus âpre, c'est un village dont on suit les habitants. Leurs histoires ne se croisent pas, pas toujours, et parfois, on en perd un de vue, son histoire s'évapore comme la brume un matin d'été... Comme dans la vraie vie, les histoires n'en sont pas toujours et elles ont toujours ce parfum d'inachevé qui lancine un peu.
Il y a l'astronome et ses livres, Jonas et son père, Benedikt, Kjartan, les oiseaux sur la façade, les fantômes de l'entrepôt, le désir fou de la peau d'une autre que celle de sa femme, la mer aussi froide qu'un soir d'hiver, la solitude et les tourbières.
C'est parfois décousu mais c'est beau et fragile comme la lumière au coeur de la morte saison islandaise, comme une aile de papillon. C'est un texte vivant, qui palpite, qui mêle le rire aux larmes, le trivial à l'ineffable beauté du monde. C'est un livre émouvant autant que déchirant, d'une poésie belle, douloureuse comme les souvenirs des bonheurs passés.
C'est Jon Kalman Stefansson.

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Il y a celui qui rêve en latin, celle qui lit le courrier des autres, celui qui rentre au pays après un long voyage.
Il y a celle qui s'est mise au sport, celui qui trompe sa femme et ceux qui voient des fantômes dans l'obscurité d'un hangar.
Et il y en a tant d'autres encore...

Tant de personnages qui vont et viennent dans ce village sans nom, perdu quelque part dans les fjords de l'ouest, non loin de Reykjavik.
Un bureau de poste, une coopérative, un restaurant. Mais pas d'église ni de cimetière, comme si les gens d'ici n'avaient que faire des forces d'en-haut. Comme s'ils "se content[aient] d'exister, d'écouter, d'accueillir le réel et les sons matinaux".

Et qu'advient-il alors de ce petit monde clos, de cette poignée de femmes et d'hommes placés comme sous cloche par Jón Kalman Stefánsson afin que nous les puissions les regarder vivre, aimer, douter, rêver ?
En un sens pas grand chose, et pourtant...

Huit chapitres durant, nous apprendrons à les connaître, nous partagerons leur quotidien, leurs espoirs, leurs colères, leurs drames. Nous lirons leurs histoires - plus ou moins tragiques -, nous percerons certains de leurs secrets, sans jamais bien comprendre ce que l'étrange narrateur (qui lui aussi ne s'exprime toujours qu'à la première personne du pluriel) a voulu raconter.
Et s'il ne s'agissait en fait que de parler d'amour, de temps qui passe et d'étoiles qui scintillent ? de ces lumières d'été qui précédent la nuit, l'oubli, le néant ?
Si les sujets majeurs n'étaient autres que la vie et la mort, cet "autre versant du monde" ?

Avec le style si envoûtant qu'on lui connaît et toute la légèreté de sa plume vagabonde, le romancier-poète passe allègrement d'un protagoniste à l'autre, sans logique apparente.
Il mène ainsi son lecteur sur un chemin sinueux, qu'il balise ici et là de fragments d'anecdotes et de jolies descriptions de son île natale (l'Islande, "ce grain de terre posé sous un ciel infini et béant"). Tantôt rugueuse et noire, tantôt douce et paisible, elle sert de décor parfait à cette agréable chronique villageoise, et une fois encore on a plaisir à suivre les tribulations de ces personnages simples (éleveurs de moutons, pêcheurs, artisans ou manutentionnaires) dont Stefánsson entrelace habilement les destinées.

Son texte plein de poésie, s'il peut parfois sembler confus et trop enchevêtré, prend par moment des allures de conte philosophique, il nous questionne sur notre humanité en pointant le caractère parfois inepte de nos existences. Peut-être certains lecteurs trouveront-ils ennuyeuse cette série de saynètes un peu disparates ? Même s'il ne s'agit sans doute pas de son meilleur roman, je reste quant à moi très sensible au style Stefánsson, qui fait comme toujours la part belle aux rêves et aux mirages !

Une ambiance singulière, une narration kaléidoscopique fascinante et des personnages attachants pour une subtile invitation à profiter encore des lumières du jour, avant que ne vienne la nuit.
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Un village sans église ni cimetière mais aux habitants certes peu nombreux (400 âmes) mais parfois surprenants. L'auteur va nous conter quelques-unes de leurs histoires de sa plume si poétique. C'est lent, parfois surprenant, toujours plein de bienveillance et si humain. On retrouve dans ce petit village des thèmes universels : l'amour bien sûr, la jalousie, la différence, la mort et ses manifestations occultes.
J'ai cependant regretté de ne pas retrouver plus de lyrisme et de descriptions de l'Islande et de ses manifestations climatiques extrêmes, telles qu'elles étaient décrites dans entre ciel et terre, qui reste pour l'instant mon préféré de l'auteur.
Merci aux éditions Grasset pour ce partage #Lumièredétépuisvientlanuit #NetGalleyFrance
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L'auteur d' Astā, roman que j'ai beaucoup aimé, nous offre ici, en huit chapitres, un livre qui m'a complètement impressionnée.
C'est à la fois, plein de poésie, d'humour et de tendresse, de désespoir et cette façon si rare de comprendre aussi bien ses contemporains qui balancent toutes et tous entre désirs et peurs, entre découragements et envies, cherchent à vivre mieux, tâtonnent, essaient plus ou moins selon les personnages dans une époque en pleins changements.

Tout se déroule dans un petit village islandais.

Il y aura des spécificités locales et nationales.
Et pourtant c'est un récit certainement universel, je suppose.

J'ai adoré cette lecture.
L'originalité de certains personnages, l'abandon pour certains d'une vie toute tracée, le latin, le tricot, les conférences sur les étoiles...
Les femmes en robe rouge ou bien en jogging le long d'une clôture, des gars dans un hangar, une coopérative qui semble abriter des fantômes, une postière curieuse, une foule d'histoires qui disent tellement bien l'équilibre difficile, comme sur un fil, de ces humains, peinant parfois à se lever le matin, cherchant un sens à leur existence, se dépêtrant tant bien que mal avec les vissicitudes de leurs vies.

Beaucoup de moments de rire, des instants de poésie et de l'émotion.
Une très belle façon, dans une écriture lente, apparemment tranquille, de dire l'intranquille, l'absurde, mais aussi la beauté des paysages, des sentiments forts ou des destins hasardeux de nos existences.

Je me sens incapable de vous parler correctement de ce livre que je considère comme un excellent roman. A découvrir pour cette poésie et cette façon tendre, mine de rien d'aborder la destinée humaine .Très beau.
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Pour écrire un livre comme celui-ci, il faut du talent et ce n'est pas ce qui manque à Jon Kalman Stefànsson. Les phrases sont tellement bien construites, que l'on ne peut pas s'empêcher de faire défiler les pages avec le sourire.
Un roman envoûtant qui raconte la vie dans un village où il ne se passe pratiquement rien, au moins en apparence.
On fait la connaissance de personnages drôles, amusants et attachants et on vit (le temps d'un roman) leur vie, remplie de joies et de peines.
Une belle découverte que je dois au club de lecture de la bibliothèque.

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J'ai déjà chroniqué plusieurs livres de Jón Kalman Stefánsson. J'ai découvert cet auteur grâce au Prix des lectrices Elle et son magnifique, éblouissant, virevoltant roman, Asta (qui n'a rien gagné et qui n'a pas du tout fait l'unanimité mais qui a remporté par la suite le prix Folio des libraires 2020 ). Depuis j'ai cherché méthodiquement et un à un, les autres livres qu'il a écrits (et je me suis aussi plus penchée sur la littérature islandaise car même si chacun a sa plume, j'ai retrouvé une poésie, un regard sur le monde entre les auteurs lus). Lumière d'été puis vient la nuit est le dernier livre paru en France de Jón Kalman Stefánsson, toujours traduit par le formidable Eric Boury. En Islande, ce roman est paru en 2005, il est donc bien antérieur à Asta.

Alors soit Lumière d'été puis vient la nuit n'a pas cette construction qui vous donne le tournis, vous étourdit, il n'a pas la puissance romanesque d'Asta (qui pour moi reste son plus beau roman car sa plus belle histoire d'amour) mais quel plaisir de lire chaque page, chaque ligne, chaque mot de Jón Kalman Stefánsson si on est sensible à sa musicalité.

L'histoire (ou plutôt les histoires car ici l'auteur nous raconte plusieurs histoires) se passe dans un petit village d'Islande de 400 âmes, un village comme les autres, sauf qu'il n'y a ni église ni cimetière. Dans ce village, la proportion d'octogénaires est la plus élevée d'Islande mais personne n'a jamais découvert le secret de cette longévité. le village est en pleine campagne, près d'un fjord. Comme dans les autres romans de Jón Kalman Stefánsson, l'environnement parait à la fois hostile et sauvage et les nuits particulièrement noires et belles (l'écrivain sait si bien les décrire).

Jón Kalman Stefánsson nous plonge dans ce village en nous parlant de l'Astronome, un homme qui dirige l'Atelier de Tricot et qui se met soudain à rêver en latin, de la factrice qui lit toutes les lettres qui transitent par elle, du maire et de sa femme, d'Elisabeth, d'Eyglo et de Jakob et de bien d'autres habitants. Il ne leur arrive rien d'extraordinaire mais Jón Kalman Stefánsson a le don de nous embarquer avec lui dans son récit en utilisant le « nous » (un peu déroutant au début) et en ayant une manière de raconter les histoires qui me donnent souvent l'impression d'être comme une enfant qui attend qu'on ouvre l'album de contes et de légendes (et même s'il s'agit bien d'histoire d'adultes) le soir venu.Comme dans ses autres romans, Jón Kalman Stefánsson touche à l'universel en nous questionnant, à travers ses récits, sur le sens de la vie, la solitude, la mort, le désir, l'amour, la douleur, le bonheur.

Il est des blessures si profondes et si proches du coeur, que même la pluie sur les vitres de la cuisine devient parfois mortelle.

Il y a des choses en ce moment qu'il faut se garder d'enfermer dans les mots pour ne pas risquer de les abîmer.

J'aime ses histoires de fantômes alors que ce n'est pas un genre qui m'attire, j'aime ses traits d'humour, sa poésie, sa mélancolie. J'aime la façon dont il parle d'amour et de sexe. Sous sa plume, les femmes sont souvent ensorcelantes, les timidités sont légions, certains se frôleront toute leur vie sans jamais oser faire le premier pas et j'aime cette idée.

Chez lui, il y a le goût des lettres manuscrites qu'on s'envoie (avec le facteur, la poste, elles ont souvent une grande place dans ses écrits) et je ne peux être qu'aussi nostalgique que lui à l'idée qu'aujourd'hui tous les messages sont instantanés et appelés à disparaitre avec nos ordinateurs. Ainsi nous ne laisserons aucune trace.

Lumière d'été puis vient la nuit est un roman qui se déguste. Pour moi, ce serait quasi un contre sens de le lire avidement, le plus vite possible comme certains pages turner car entre les lignes, Jón Kalman Stefánsson, nous incite à ralentir et à résister face à ce monde où il faut toujours aller plus vite, avoir tout tout de suite, produire et consommer plus.

J'ai attendu longtemps avant de me décider à lire ce roman car l'idée de ne plus avoir de livre de Jón Kalman Stefánsson sous le coude m'attristait beaucoup. Heureusement sur ma table de chevet, m'attendent L'embellie d'Audur Ava Olafsdottir et du temps qu'il fait de Bergsveinnn Birgisson (et j'ai une liste d'auteurs islandais toujours à découvrir).

Et vous, vous êtes sensible à la littérature islandaise ?
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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