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sur 360 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je termine Lumière d'été, puis vient la nuit, de Jón Kalman Stefánsson, cette chronique villageoise qui aurait pu durer encore longtemps mais que j'ai trouvée un peu longue, par moments.
C'est un habitant de ce village islandais de quatre cents âmes qui raconte. L'auteur lui-même ? Sûrement. Ici, loin de Reykjavik, la capitale, il n'y a rien pour distinguer le village, même pas d'église ni de cimetière. Par contre, on y vit très vieux et les abattoirs, la laiterie, la Coopérative et l'Atelier de tricot sont très actifs.
Au cours de ma lecture, j'ai croisé beaucoup de personnages, me suis perdu un peu avec tous ces noms islandais auxquels je ne suis pas habitué. Alors, je me suis laissé bercer par ces histoires racontées en huit chapitres divisés en plusieurs mouvements. S'il y a un petit port avec quelques cinq cents habitants répartis dans les fermes alentour.
Ces hommes et ces femmes partagent une vie rude et le moindre événement attire attention et commérages comme Águsta, la postière si indiscrète sait bien lancer.
Tout comme avec le Directeur de l'Atelier de tricot devenu soudain passionné pour le latin et l'astronomie. On l'appelle alors l'Astronome et il se met même à donner régulièrement des conférences. Hélas, L Atelier qui fabriquait chaussettes, chandails, bonnets, moufles, gants, ferme subitement. Sur l'ensemble du personnel, cinq femmes ne retrouvent pas de travail et vont tenter de se venger.
Les femmes, justement, tiennent un rôle important. L'auteur sait les décrire de manière très sensuelle tout en étant parfois cruel pour certains détails physiques. Elles attisent les sens des hommes et cela peut déclencher des catastrophes, même si, ici, on sait tout remettre dans l'ordre afin que la vie continue tout de même.
L'auteur que j'avais déjà apprécié dans Ásta, ne se contente pas de conter ces destinées à la fois ordinaires et extraordinaires, il saupoudre très judicieusement des réflexions sur notre monde, sur nos modes de consommations, sur nos façons de vivre et de passer le temps.
Ce sont ces réflexions que j'ai le plus appréciées au fil de ma lecture regrettant parfois d'abandonner certains personnages alors que leur histoire ne semble pas terminée.
Qu'elles s'appellent Helga, Elísabet, Báva, Harpa, Sigriður, Asdís, Kristin ou encore Þuriður, leur sort est émouvant, leur recherche d'amour pas toujours récompensée.
De leur côté, les hommes, jeunes ou vieux, heureux ou pas en amour, se mettent souvent à boire mais Jonas se révèle peintre de talent, Davið est un bon violoniste alors que je croise Hannes, Finnur, Þorgrímur, Kjartan, Matthías, Jakob et Benedikt. Tous m'ont fait partager un peu de leur vie dans ce climat islandais si rude où les nuits d'hiver sont interminables mais où l'été fait surgir fleurs et fruits en abondance.
Quand, dans les locaux abandonnés de l'Atelier de tricot, Elísabet crée le Tekla, le premier restaurant jamais inauguré au village, les habitudes changent, la vie devient plus gaie. Mais celles que l'auteur nomme « les dix mains », veillent, remuent le maire, portent plainte. C'est l'occasion de voir débarquer Áki, un enquêteur dont l'aventure finit de façon bien savoureuse.
Lumière d'été, puis vient la nuit, sélectionné par le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2021 est donc un livre foisonnant d'histoires différentes, d'histoires gaies ou tragiques, une bonne lecture pour s'imprégner d'un mode de vie bien différent du nôtre et pourtant relativement proche.

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L'histoire se déroule dans un petit village des fjords de l'ouest, un village sans église et sans cimetière où la proportion d'octogénaires est plus élevée que nulle part ailleurs en Islande, autre particularité du village.

En huit chapitres, c'est l'histoire des habitants à travers quelques-unes des figures des villageois qui nous est contée. Ces vies à la part parfois irréelle seront reliées entre elles par le narrateur.

Le premier portrait est celui du directeur de l'Atelier de tricot, dont la femme est si belle, qui roule en Range Rover et qui se met à rêver dans une langue qu'il ne connaît pas, le latin, lui dira le médecin. Ce rêve va métamorphoser sa vie… Il plaque tout et n'aura de cesse de scruter les étoiles. le directeur devient l'Astronome !

Il y a Jonas, ce jeune garçon timide et fragile, hypersensible, passionné par le monde des oiseaux, fils de Hannes, colosse et policier du village.

Il y a également Kjartan et David, le fils de l'Astronome, tous deux employés à l'Entrepôt qui vont avoir à faire aux fantômes…

Il ne faut pas oublier Ágústa, la postière extrêmement fouineuse qui n'hésite pas à ouvrir les lettres des villageois, devenant ainsi « le principal organe de presse du village » et d'autres encore.

Il ne faut pas croire que Jón Kalman Stefánsson s'est contenté de dresser une série de portraits. Ses personnages, il les fait évoluer, se métamorphoser, partir, revenir, rêver, fantasmer, au gré des saisons et des rudesses du climat. Il plonge véritablement dans le coeur de leurs âmes.

La force du roman tient au fait que le narrateur, en l'occurrence, l'auteur nous amène à réfléchir, tout au long de notre lecture à la difficulté de connaître son semblable, à se connaître soi-même, à la place que nous occupons sur terre et plus largement dans le cosmos, et sur le sens de la vie. Ne nous pose-t-il pas, par exemple, et ceci dès les premières pages, cette question : « Avez-vous jamais réfléchi au nombre de choses qui tiennent au hasard, toute la vie peut-être ? »

En cela Lumière d'été, puis vient la nuit est un vrai roman philosophique.
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L'histoire s'ouvre sur un petit village, comme tant d'autres, perdu dans les fjords, avec sa poste (surtout sa postière en fait !) sa coopérative agricole mais qui a cependant une particularité : il n'y a ni église ni cimetière.

« Il semble cependant qu'il y ait un point par lequel notre village se distingue des autres – nous n'avons pas d'église. Non plus que de cimetière. On a pourtant maintes fois tenté de remédier à ce manque, une église donnerait indéniablement de l'allure à notre environnement, le doux tintement des cloches rejoint les âmes en peine ; le glas porte avec lui des nouvelles de l'éternité. »

On fait ainsi la connaissance d'un homme particulier, le directeur de l'Atelier du Tricot, qui tout à coup se met à rêver en latin. Alors que tout un chacun ne ferait que s'en étonner moire s'en amuser, il décide d'apprendre le latin, et donc de lire des ouvrages en latin pour ensuite s'intéresser aux grands textes et notamment à l'astronomie. Il va ainsi renoncer à son travail, faire des conférences, rencontrer d'autres personnes dans le monde qui ont la même passion. Ces voisins vont le surnommer « l'astronome ». Son épouse en profitera pour faire ses valises…

Au départ, on pense que l'auteur va raconter son histoire, alors qu'en fait, d'autres personnes vont entrer en scène et une interdépendance va ainsi s'installer entre les personnages, aussi bien que les thèmes.

On fait ainsi la connaissance de David le fils de l'astronome qui travaille à l'entrepôt, qui est persuadé de l'existence des fantômes ce qui lui permet de trouver des explications à certains évènements étranges, malgré le scepticisme de son collègue Kjartan, ou encore Jonas, si pâle et évanescent qu'il risque de se dissoudre dans l'espace, ou encore Benedikt. Mais n'allez surtout pas croire que les femmes sont absentes : nous avons Agusta postière qui lit tous les courriers qui arrivent à la poste et n'hésite pas à en instruire ses concitoyens, ou encore ma préférée Elizabet, au caractère bien trempée qui n'hésite pas à se frotter aux autres, hommes ou femmes). J'allais oublier Jacob qui parcourt le pays à v bord de son camion ou Matthias qui rentre au pays après des années passées à l'étranger.

Ce roman me rappelle dans sa construction, le roman précédent « Asta », lequel variait les époques dans sa narration, alors qu'ici on reste dans l'ensemble dans la période actuelle, mais les chapitres s'étoffaient et s'enrichissaient les uns les autres.

Je n'ai toujours pas lu la trilogie de Jon Kalman Stefansson : « entre ciel et terre », « La tristesse des anges » et « le coeur de l'homme » qui me narguent depuis un certain temps dans ma PAL… « ô temps suspends ton vol et vous heures propices suspendez votre cours » comme le disait si bien mon ami Alphonse de Lamartine

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui ont bien voulu me permettre de découvrir ce roman et de retrouver son auteur ainsi que l'Islande, ce pays qui me fascine (tout comme sa littérature)

#Lumièredétépuisvientlanuit #NetGalleyFrance
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Est-il raisonnable de tout laisser tomber pour poursuivre des rêves, même en latin ? de détruire sa famille pour faire l'amour en pleine nature avec sa voisine ? de laisser son amante pour partir à l'autre bout du monde ? de craindre que des fantômes ne hantent certains lieux habités par le crime ? Bref d'écouter la voix des poètes plutôt que celle de la raison et du monde moderne qui se situent parfois très loin des préoccupations des hommes.

La vie n'est pas toujours facile dans ce village d'Islande, elle y est parfois même très rude, le climat rigoureux, la solitude, la perte d'un être cher et c'est le désastre, l'alcool, la mort, le désir d'une femme qui se dérobe, une entreprise qui ferme et c'est le chômage, l'ennui, les heures et les jours qui passent, l'océan et le ciel changeant, et parfois un homme revient et c'est le bonheur. Pour briser la routine, il y a le cinéma, les conférences de l'Astronaute, et bientôt le restaurant, mais n'est pas une idée étrange et sans lendemain ?

Jón Kalman Stefánsson nous raconte diverses anecdotes de la vie d'un village, suivant la destinée de plusieurs personnages, le café, la poste, la coopérative, mais pas de cimetière, la vie des paysans, ses joies, ses drames, une fois encore dans sa langue magnifique, poétique et mélancolique mais également pleine d'amour de la vie et de son pays. Comme partout jalousies et rancoeurs se mêlent à la camaraderie et à la solidarité, mais quelques bonnes étoiles veillent au firmament…Pour éclairer les cieux des hivers interminables. Et on en sort enchanté, ensorcelé par la musicalité du récit. Merci à Babelio et à Gallimard pour cette belle lecture.
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Cette lecture est le fruit d'un partenariat avec le site NetGalley et les Editions Grasset.
Je les remercie vivement pour cette belle lecture.

J'avais depuis longtemps envie de découvrir l'écriture de cet auteur dont je lisais tant de bien à droite et à gauche et bien autant dire que je n'ai pas été du tout déçue par ma lecture. Originale, différente, un "poil" déstabilisante mais ceci a finalement participé à mon plaisir de lecture.

Nous n'avons pas vraiment là une histoire à part entière, c'est plutôt comme des petites nouvelles, enfin des chapitres. L'auteur dressant le portraits des habitants de ce petit village islandais.

Les narrateurs ne sont pas vraiment déterminés mais ils se disent habitants de ce village. Ils sont donc à l'intérieur et à la fois comme détachés et omniscients.

Nous avons là 8 histoires, 8 nouvelles ou 8 chapitres dont le lien commun est le lieu. L'auteur en dresse une sorte de portrait à travers certains de ces habitants.

Ce que j'ai surtout aimé dans ce livre c'est cette écriture "différente" car à la fois poétique, caustique, détachée mais paradoxalement ancrée dans la réalité. Difficile de la définir cette écriture...Je la pense étroitement liée à la vie dans ce village isolé d'Islande mais aussi universelle. La traduction ne devait pas être simple j'imagine.

J'ai mis des tonnes de marque pages virtuels dans mon livre numérique !

Mes impressions de lecture sont tout à la fois tendres, nostalgiques et un peu bousculées aussi car il n'y a pas une histoire qui forme un tout mais au final si...

Ainsi, il ne faut pas s'attendre avec cette lecture à un "tout" mais plutôt comme si on observait chaque étoile de façon particulière et que d'un coup on découvrait alors le ciel !

Dans ce livre l'auteur nous parle de la vie, de l'amour, du sexe, du désir et de la mort. Toutes les reflexions ont sonné justes pour moi.

L'écriture est aussi très sensuelle, voire "sextuelle" j'allais dire inventant un mot pour l'occasion.

L'auteur sait merveilleusement décrire les attirances, les étincellements entre deux êtres. Tout ce qui ne peut se prédire ou se prévoir. C'est beau et c'est bon.

L'auteur ne manque pas d'humour et ses narrateurs ne loupent pas une occasion de se moquer de certains travers des personnages qui transitent dans ces histoires.

Au final, je ne sais comment vous inciter à lire ce livre. Il est si particulier...
Alors, il faut le vivre comme une expérience et voir ce qu'il se passe en vous.

Pour moi, cette expérience là m'aura séduite totalement
et donnée un sentiment agréable à mi chemin entre rêves et réalités.

Merci encore à NetGalley et aux éditions Grasset
pour la découverte de cet auteur avec ce beau livre ♥

J'ai hâte de lire d'autres romans de Jón Kalman Stefánsson
avec cette écriture qui m'a charmée
et peut être même envoutée !


#Lumièredétépuisvientlanuit #NetGalleyFrance

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Jón Kalman Stefánsson saisit pour nous des instants de vies dans un petit village islandais qui n'abrite ni cimetière ni église et dans lequel il ne s'y passe, en apparence, pas grand chose. le temps s'y écoule comme il doit s'écouler, il impose sa marque sur ses paysages, sur son économie, il trace sa route. L'auteur s'interroge sur le sens de la vie et en se faisant le chroniqueur de ce petit village islandais, en nous racontant les histoires de ses habitants, il nous offre un semblant de réponses. Pourquoi vivons-nous ?
« Il y a tellement de choses que nous ne comprenons pas, et nous redoutons parfois de poser les questions qui nous dévoilent et nous exposent, entièrement nus, aux yeux du monde. »

À travers les portraits des habitants de ce village, c'est une description universelle de l'humain que nous lisons, avec ses mystères, ses chimères, ses fantômes, ses joies, ses peines, ses doutes, ses angoisses, ses rêves, ses pertes, ses jalousies, ses vengeances … parfois à la limite de la raison. Parmi ces habitants, il y en a un « qui porte la voûte céleste dans sa tête », un hurluberlu Astronome qui rêve en latin, il y a Ágústa, une postière bien fouineuse, Elísabet, une jeune femme séduisante qui suscite jalousie dans bien des chaumières, il y a Davíð, un jeune homme doux et rêveur qui se prend dans les filets d'un premier amour, Jonas, capable de transformer le monde grâce à ses pinceaux … et tant d'autres qui ont su m'émouvoir, me bouleverser. Connaît-on vraiment quelqu'un ? Nous « ne percevons la plupart du temps que la surface sous laquelle se déploient des mondes dont nous ne soupçonnons même pas l'existence. »

Jón Kalman Stefánsson raconte la vie, la mort, l'amour, la passion, il raconte aussi notre monde d'aujourd'hui, celui où tout va plus vite, où l'on ne prend pas ou plus le temps de prendre le temps, où nous devenons impatients, un monde qui se dérobe sous nos pieds.

« le temps passe, nous vivons, puis nous mourons. Mais qu'est-ce que la vie ? La vie, c'est quand Jónas pense à la courbe de l'aile d'un oiseau, c'est quand il s'endort, bercé par la respiration profonde de Pórgrimur, oui, c'est tout à fait ça, mais pas uniquement. Et quelle est la largeur de l'espace qui sépare cette vie de la mort, d'ailleurs cette espace existe-t-il, et si oui, quel nom lui donner ? Doit-on le mesurer en kilomètres ou en pensées, certains peuvent-ils se glisser dans cet interstice - où ils avanceraient et reculeraient à leur guise ? »

Il y a de la lumière dans les écrits de Jón Kalman Stefánsson, une lumière intérieure douce et tamisée, scintillant de poésie.
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Se plonger dans un roman de Jon Kalman Stefansson, c'est toujours un voyage dont on ressort éprouvé, bouleversé, écorché même. Ce sont des coups de foudre qui font autant de mal que de bien, qui blessent autant qu'ils offrent de la lumière et de la beauté. On ne sort pas indemne des ouvrages de l'islandais, autant poète que romancier, presque philosophe parfois et quand je me souviens de "D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds" et de "Asta", il me revient des arcs-en-ciel dans le coeur, des sanglots et des épines, de l'amour fou et un désespoir tout aussi intense.
Alors oui, je dois concéder que "Lumière d'été, puis vient la nuit" m'a sans doute moins embarquée, moins émue, moins poignardée que les autres romans sus-cités, mais j'y ai retrouvé ce que j'aime tant chez Stefansson: des vies ordinaires de personnages ordinaires jetés dans l'existence comme dans les vagues d'une tempête, des personnages qui tentent de vivre et d'être heureux, qui aiment, qui souffrent, qui en crèvent de cette solitude immense qui leur étreint parfois le coeur et qui veulent mourir quand boire de la vodka et lire de la poésie ne suffisent plus à panser les plaies; des destinées bancales et pourtant tellement belles racontées par un narrateur dont on ne connait pas le nom mais qui -alter égo de l'auteur sans doute- en profite pour distiller, comme autant de cailloux blancs sur les chemins sombres, questions et réflexions sur notre monde, sur le temps qui passe douloureusement, sur la porosité de nos vies, sur ce qu'on croyait immortel, immuable... alors qu'on sait tous pourtant que rien ne dure toujours, que tout finit par s'éteindre, que les passions les plus brûlantes deviennent un jour des souvenirs et que les maisons finissent toujours par accueillir les fantômes de ceux qu'on abandonne.
"Lumière d'été, puis vient la nuit", c'est l'Islande dans ce qu'elle peut avoir de plus âpre, c'est un village dont on suit les habitants. Leurs histoires ne se croisent pas, pas toujours, et parfois, on en perd un de vue, son histoire s'évapore comme la brume un matin d'été... Comme dans la vraie vie, les histoires n'en sont pas toujours et elles ont toujours ce parfum d'inachevé qui lancine un peu.
Il y a l'astronome et ses livres, Jonas et son père, Benedikt, Kjartan, les oiseaux sur la façade, les fantômes de l'entrepôt, le désir fou de la peau d'une autre que celle de sa femme, la mer aussi froide qu'un soir d'hiver, la solitude et les tourbières.
C'est parfois décousu mais c'est beau et fragile comme la lumière au coeur de la morte saison islandaise, comme une aile de papillon. C'est un texte vivant, qui palpite, qui mêle le rire aux larmes, le trivial à l'ineffable beauté du monde. C'est un livre émouvant autant que déchirant, d'une poésie belle, douloureuse comme les souvenirs des bonheurs passés.
C'est Jon Kalman Stefansson.

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Il y a celui qui rêve en latin, celle qui lit le courrier des autres, celui qui rentre au pays après un long voyage.
Il y a celle qui s'est mise au sport, celui qui trompe sa femme et ceux qui voient des fantômes dans l'obscurité d'un hangar.
Et il y en a tant d'autres encore...

Tant de personnages qui vont et viennent dans ce village sans nom, perdu quelque part dans les fjords de l'ouest, non loin de Reykjavik.
Un bureau de poste, une coopérative, un restaurant. Mais pas d'église ni de cimetière, comme si les gens d'ici n'avaient que faire des forces d'en-haut. Comme s'ils "se content[aient] d'exister, d'écouter, d'accueillir le réel et les sons matinaux".

Et qu'advient-il alors de ce petit monde clos, de cette poignée de femmes et d'hommes placés comme sous cloche par Jón Kalman Stefánsson afin que nous les puissions les regarder vivre, aimer, douter, rêver ?
En un sens pas grand chose, et pourtant...

Huit chapitres durant, nous apprendrons à les connaître, nous partagerons leur quotidien, leurs espoirs, leurs colères, leurs drames. Nous lirons leurs histoires - plus ou moins tragiques -, nous percerons certains de leurs secrets, sans jamais bien comprendre ce que l'étrange narrateur (qui lui aussi ne s'exprime toujours qu'à la première personne du pluriel) a voulu raconter.
Et s'il ne s'agissait en fait que de parler d'amour, de temps qui passe et d'étoiles qui scintillent ? de ces lumières d'été qui précédent la nuit, l'oubli, le néant ?
Si les sujets majeurs n'étaient autres que la vie et la mort, cet "autre versant du monde" ?

Avec le style si envoûtant qu'on lui connaît et toute la légèreté de sa plume vagabonde, le romancier-poète passe allègrement d'un protagoniste à l'autre, sans logique apparente.
Il mène ainsi son lecteur sur un chemin sinueux, qu'il balise ici et là de fragments d'anecdotes et de jolies descriptions de son île natale (l'Islande, "ce grain de terre posé sous un ciel infini et béant"). Tantôt rugueuse et noire, tantôt douce et paisible, elle sert de décor parfait à cette agréable chronique villageoise, et une fois encore on a plaisir à suivre les tribulations de ces personnages simples (éleveurs de moutons, pêcheurs, artisans ou manutentionnaires) dont Stefánsson entrelace habilement les destinées.

Son texte plein de poésie, s'il peut parfois sembler confus et trop enchevêtré, prend par moment des allures de conte philosophique, il nous questionne sur notre humanité en pointant le caractère parfois inepte de nos existences. Peut-être certains lecteurs trouveront-ils ennuyeuse cette série de saynètes un peu disparates ? Même s'il ne s'agit sans doute pas de son meilleur roman, je reste quant à moi très sensible au style Stefánsson, qui fait comme toujours la part belle aux rêves et aux mirages !

Une ambiance singulière, une narration kaléidoscopique fascinante et des personnages attachants pour une subtile invitation à profiter encore des lumières du jour, avant que ne vienne la nuit.
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Un village sans église ni cimetière mais aux habitants certes peu nombreux (400 âmes) mais parfois surprenants. L'auteur va nous conter quelques-unes de leurs histoires de sa plume si poétique. C'est lent, parfois surprenant, toujours plein de bienveillance et si humain. On retrouve dans ce petit village des thèmes universels : l'amour bien sûr, la jalousie, la différence, la mort et ses manifestations occultes.
J'ai cependant regretté de ne pas retrouver plus de lyrisme et de descriptions de l'Islande et de ses manifestations climatiques extrêmes, telles qu'elles étaient décrites dans entre ciel et terre, qui reste pour l'instant mon préféré de l'auteur.
Merci aux éditions Grasset pour ce partage #Lumièredétépuisvientlanuit #NetGalleyFrance
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L'évasion est une fois de plus au rendez-vous avec ce nouveau roman de Jón Kalman Stefánsson. le romancier nous transporte ici au coeur d'un village islandais. Un hameau reculé d'environ quatre cents âmes, bordé par des fjords, qui a la particularité de ne posséder ni église ni cimetière.

Au travers de huit histoires centrées à chaque fois sur un personnage, l'auteur nous narre avec talent les vies de ces habitants. Des vies simples qui se succèdent sur un ton léger, ponctuées par les intermèdes du narrateur. Il y a les moments heureux et d'autres plus douloureux, l'amour, le désir et même quelques fantômes.

Jón Kalman Stefánsson nous conte la vie et ses aléas par le biais de sa plume poétique et délicate. J'ai été envoutée par cette lecture que j'ai pris le temps de savourer. Certaines histoires m'ont davantage marquée que d'autres comme celle du discret et attachant Jonas, amoureux des oiseaux, ou encore de Benedikt, un paysan solitaire.

Le romancier islandais n'a pas son pareil pour dépeindre ces protagonistes qui gravitent entre les différents chapitres. Des morceaux épars de vies que j'ai découvert happée et charmée. Des portraits touchants qui composent ce très beau roman.
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