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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre se construit d'une curieuse façon, en le lisant j'ai remarqué qu'il est bâti exactement sur le modèle d'une pièce de théâtre. C'est une unité de lieu ou presque (un changement de décor) et quelques acteurs suffiraient à faire tout le livre, qui est vraiment court (un peu plus d'une centaine de pages). Et bien évidemment, ce ne sont presque que des dialogues entrecoupés de peu de textes faisant office de didascalies. Et l'ensemble se dévore en un rien de temps.

Je connaissais déjà de Steinbeck ses 3 « gros » livres : A l'est d'Eden, Les raisins de la colère et Des souris et des hommes mais j'ai eu un grand plaisir à relire cet auteur à la plume acerbe et critique. Cette fois-ci il écrit pendant la Seconde Guerre Mondiale sur celle-ci, et plus exactement sur la notion de résistance. C'est assez intéressant la façon dont il procède, puisqu'il ne fait pas de clivage rapide nazi = méchant et population = gentil. Ici, tout le monde peut être sympathique comme peut être noir, même les colabo semblent démunis et un peu à côté de la plaque, mais tous sont intéressant. L'idée n'est pas tellement de fustiger les nazis que d'expliquer et développer un propos sur l'occupation et la résistance. En ce sens, tout le monde est dans le même bateau, dans ce village cerné et isolé, qui devient progressivement un antre de la folie. Les occupants sont victimes et se savent haïs, les résistants sont près à tous les sacrifices pour recouvrir leurs libertés. C'est un tableau tout en nuance qui nous est présenté. Il ne s'agit pas de critique d'un régime, juste un pamphlet sur la résistance, ses limites et son idéalisme, sa façon de procéder et ses conséquences. Finalement, tous restent avant tout des hommes, faibles et fragiles, qui ne demandaient pas ça. Ils obéissent aux ordres ou à leurs idées, mais finalement chacun est victime dans ce grand jeu. C'est bête, mais c'est la réalité.

Une lecture très intéressante sur la façon de résister et tout ce que cela comporte, sur l'humain et sur la portée de nos idées. C'est une lecture très intéressante que je ne peux que vous recommander, elle vaut largement le coup. Steinbeck campe une situation qui nous interpelle, qui nous pousse à réfléchir jusqu'au bout, et au final les questions vous restent en tête. En un sens, c'est une excellente oeuvre philosophique. Prenez le temps de le lire.
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Tout est dit. Cela se lit comme un manuel de résistance x-12 bis à usage des conquis. C'est simple et précis et chacun y joue sa partie. La fin de partie sera la fin de la tyrannie. Quand on connait la fin, les martyrs sont des héros, hauts les coeurs, et même quelques pleurs.

Tout est dit. Enfin aujourd'hui, une fois l'histoire écrite. Or avant la fin de l'histoire, ce n'est pas la même histoire. Imaginez, nous sommes dans le froid du début 1942 et vous lisez ce livre sous le manteau neigeux. C'est un grand tremblement, un grand renversement : comment se peut-il que cette lune si noire brille si intensément. L'histoire nous le dira .

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C'est en parcourant une liste des oeuvres de Steinbeck que j'ai découvert de nouveau ce livre. Il m'a été offert lors d'un anniversaire et de la sortie d'une nouvelle édition par une amie qui connaît mon engouement pour cet auteur immense à mes yeux. J'avais été sidérée par ce livre plein de retournements de situation, où les plus forts ne sont pas ceux que l'on croit et qui permettent de placer de nouveau l'homme au centre de sa liberté, de sa responsabilité et de son action dans l'histoire. Encore une fois , cet auteur nous livre au-delà d'une histoire une éthique, une philosophie, un rapport au politique qui ont fondé mon rapport au monde.
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Lune noire est un roman écrit durant la seconde guerre mondiale par John Steinbeck, prix Nobel de littérature 1962. On y retrouve donc une certaine propagande et un appel à la résistance.

J'ai beaucoup aimé ce livre, et pourtant c'est un roman plutôt atypique pour Steinbeck, on n'y retrouve pas ses atmosphères habituelles. D'ailleurs, il s'apparente plus à une pièce de théâtre, presque une tragédie grecque, se terminant avec des extraits du procès de Socrate !

Une troupe de soldats Allemands envahit une petite bourgade du Nord de l'Europe pour exploiter ses mines de charbon. Les principaux personnages de la tragédie qui va prendre place sont ainsi présentés au lecteur, l'état-major Allemand, le maire et ses alliés, ainsi que le traître qui a aidé à la prise de la ville. Cette première partie n'est pas la plus intéressante, mais une fois les personnages en place, l'auteur fait monter très habilement l'intensité dramatique. D'escarmouches en représailles, de sabotages en exécutions sommaires, on arrive à la scène finale où le maire est pris en otage par l'ennemi et menacé d'être exécuté dès le prochain sabotage.

"Les gens n'aiment pas être conquis, colonel, et donc ils ne le seront pas. Les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre jusqu'à la victoire. Les hommes en troupeaux, soumis à un Führer, en sont incapables, et donc ce sont toujours les hommes en troupeaux qui gagnent les batailles, et les hommes libres qui gagnent la guerre. Vous découvrirez qu'il en est ainsi, colonel."

Le maire cèdera-t-il ? Parlera-t-il à ses administrés ? Essaiera-t-il de négocier ? Quelle est sa marge de manoeuvre ? Et c'est là qu'intervient le très beau texte du procès de Socrate, car le maire a les idées claires même s'il ne se sent pas le plus courageux des hommes :

"Après cela, vous qui m'avez condamné, je veux vous prédire ce qui vous arrivera, …Je vous l'annonce donc, à vous qui m'aurez fait mourir ! Votre châtiment ne tardera pas, quand je serai mort, et, … il sera plus cruel que cette mort que vous m'infligez. En vous défaisant de moi, vous n'avez cherché qu'à vous décharger de l'importun fardeau de rendre compte de votre vie…
Il s'élèvera contre vous un bien plus grand nombre de gens qui vous reprendront ; ils étaient retenus par ma présence, et vous ne vous en aperceviez point ; mais après ma mort ils seront d'autant plus importuns et plus difficiles qu'ils sont plus jeunes, et vous en serez bien plus piqués ; car si vous pensez qu'il suffit de tuer les gens pour empêcher les autres hommes de vous reprocher que vous vivez mal, vous vous trompez."


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On connaît Steinbeck pour ses « Raisins de la colère » et sa grande fresque américaine des années 30. Steinbeck est un écrivain de la route, de l'aventure « cabossée », celui qui, à la fin de sa vie, part avec son chien Charley dans un van pour « sentir » l'Amérique profonde : « Voyage avec Charley. » On connaît moins le Steinbeck qui s'interroge sur les conditions d'installation de l'envahisseur nazi dans un pays riche de sa propre culture : la Norvège.
C'est le sujet de son roman « Lune noire » qui émet, en ces temps agités, une étrange lueur. Il donne à réfléchir, à travers des personnages contrastés, sur la résistance ou la capitulation, la violence ou l'affadissement, la liberté ou « le papier tue-mouches ». Comme le dit l'un des personnages à la fin du roman : « les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre jusqu'à la victoire ».


Lien : http://enlisant-enecrivant.n..
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Un beau jour, un village paisible, un peu perdu se retrouve envahit. Passé le stade de la stupéfaction, l'ensemble des habitants va refuser la présence du conquérant, ils vont se battre car ce sont des Hommes libres, ils le feront silencieusement, ... ils résistent !
Très beau texte écrit en 1942 !

" les hommes libres ne déclenchent pas la guerre, mais lorsqu'elle est déclenchée, ils peuvent se battre, jusqu'à la victoire. Les hommes en troupeau, soumis à un Führer, en sont incapables, et donc ce sont toujours les hommes en troupeau qui gagnent les batailles, et les hommes libres qui gagnent la guerre ". P.156

Traduction Jean Pavans

Merci à @lespetiteslecturesdemaud et à @madame.tapioca d'avoir éveillé ma curiosité et de m'avoir donné envie de découvrir Steinbeck au delà de "les raisins de la colère " et "des souris et des hommes "
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Il y a des auteurs qui se suffisent à eux même. Steinbeck en fait partie tant son immense talent n'est plus à défendre. Il faut lire et se taire.
Découvrir Lune Noire, roman moins connu que le reste de son oeuvre, est une façon de replonger dans cet auteur.
Une oeuvre courte, sobre, d'une efficacité redoutable. Tous les évènement s'enchaînent avec une précision remarquable et une logique implacable. le tout porté par une plume qui va droit à l'essentiel tout en transportant le lecteur dans un univers peut être pas si éloigné que cela...
En dire plus serait déjà tout gâcher. Il faut lire et se taire.
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