Tu ne sais plus quoi faire de ta tristesse, de ton angoisse, et de ta douleur, tu ne sais plus quoi produire avec, tu n'en vois même plus l'intérêt.
A quoi bon ?
A quoi bon, oui.
C'est compliqué, je sais.
Ce qui va mener certains à l'amour ou au sublime dans la création, va emmener d'autres à la mort.
Car il y eut un premier silence. Avant le premier son émis dans l’univers, il y eut un premier silence.
le suicide est aussi le meurtre de l’autre par l’intermédiaire de son propre corps. Il y a une dimension de violence dans le suicide.
p. 85-86. La première fois, quelque chose a eu lieu qui aurait pu être encore plus beau avec du temps. C e temps qui a manqué, manque. Son corps que j'ai perdu sans l'avoir jamais trouvé. La peau. Il avait la peau douce. C'est quelque chose la douceur d'une peau de garçon dur. Je ne dis pas qu'il était dur dans la vie, sa vie, mais je crois qu'il pouvait l'être avec lui-même / j'en ai eu la preuve. La première fois, pendant le plan, il l'était, dur, cadenassé. Retranché dans ses veines. Sous la peau.
"J’adore quand les montagnes sont comme ça. – Comment ? Plus grandes, plus proches. Regarde, la plupart du temps elles sont toutes petites, au lointain, parfois comme ce matin on pourrait les toucher. On dit que c’est signe de mauvais temps, il va faire moche demain. Non, répondit Guillaume, il a fait moche hier, c’est ça que ça veut dire. – Comment ça ? – La pluie a nettoyé l’atmosphère des poussières et autres saloperies, c’est pour ça qu’on voit mieux et que ça donne cette impression de rapprochement. – Donc le rapprochement n’est qu’une illusion ? – Non, c’est l’éloignement qui en était une, là on voit les montagnes telles qu’elles sont, brillantes et proches. Pourquoi l’amour de Guillaume m’a semblé si différent des autres ? Que s’est-il passé ? Quelle est l’histoire ? Une histoire de Guillaume et de moi ? Ou une histoire sans Guillaume sans moi ? Quand le metteur en scène avait un problème avec une scène, qu’il ne savait pas la monter, il se concentrait sur l’idée d’un point d’entrée et d’un point de sortie. Tu trouves un point d’entrée, puis un point de sortie, c’est-à-dire que tu choisis, tu inventes, entre les deux c’est le texte, le corps, tu restes au plus près des visages et des corps. Tu écoutes les mots, leur silence, tu cherches le sens, tu le fuis quand il faut, tu travailles, tu construis. De toute façon tu travailles, tu ne t’arrêtes jamais. Tu travailles à ne pas t’arrêter de travailler. On a souvent dit que le metteur en scène était une sorte de spécialiste du chaos magnifique mais il savait simplifier pour mieux avancer, il savait « tracer », dédramatiser. Ce conseil concernant la création et le travail, je l’ai toujours entendu comme un conseil pouvant concerner la vie, vivre, le fait de vivre. Point d’entrée, donc, point de sortie. C’est là. Comme un jour ce garçon fut là, d’un coup complètement là. Entre le point d’entrée et le point de sortie : la vie, se promener, tâcher de rester libre."
Ce qu'il faut, c'est ne pas faire de l'attente de l'amour le but de votre vie, attendre éternellement qu'il arrive.
il ne faut rien vouloir de ce que l’on veut quand on écrit. Il ne faut rien chercher de ce que l’on cherche quand on relit.