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EAN : 9782492895081
Labyrinthe[s (31/12/2023)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Un jour, j'ai reçu le message d'une inconnue.
Elle m'annonçait le suicide de son frère.
Un garçon que j'avais rencontré quelques mois auparavant. Un garçon que j'ai si peu connu, mais qui m'avait fait me dire : je pourrais tout quitter pour essayer de vivre avec lui, près de lui, avec son petit chien blanc, dans ce pays de montagne un peu loin du monde, là où je suis né.
Le suicide est omniprésent dans ma vie : une amie de jeunesse, une grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

Il y a d'abord cette phrase:"Tout ce que j'ai à dire c'est que j'écris parce que c'est pire quand je n'écris pas". Elle résume le "chantier", j'emploie ce mot parce qu'à l'opposé de la littérature tristement formatée qui envahit nos rayonnages, toutes éditions confondues, il y a là quelque chose qui s'apparente au récit magnifique, à ses désordres et à ses émotions : la volupté et les montagnes, la peau douce d'un homme et la rugosité de la corde pour se pendre, Rimbaud, Dostoïevski et les yeux très bleus d'une femme, la violence du monde et la honte-peut-on avoir honte de ses parents ? Avec en prime ce qui fait les très bons livres, ces hésitations dans le propos, ces hors sujet qui ne sont que le vrai sujet, ces passages ronflants qui côtoient des lignes bouleversantes -ce mélange. Et le /obsessionnel, agaçant (c'est quoi cette manie d'intello ?) jusqu'à ce qu'on réalise qu'il est juste la clé qui ouvre le chantier.
C'est un livre étonnant, une approche hors du commun, à partir du suicide d'un amant de passage, de ce que c'est qu'être homme. Et c'est au bout du compte un magnifique hommage à celui qui a disparu.
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GUILLAUME, une hache entrée dans le rêve d'une existence sans drame car le garçon est intelligent, sensible et alpin (un + de mon point de vue). "la vie, se promener, tâcher de rester libre". Et sur cet échafaudage de funambule, un récit à trouer les coeurs. Que serait la vie sans le risque de chute ? En amour, extase et perte. Olivier Steiner la dit, elle porte un prénom, Guillaume et avec lui, "le sillage de l'amour... a exactement le visage de l'amour". Rimbaud arrive sur les lieux entre les pages, "Ô saisons, ô châteaux, quelle âme est sans défauts? j'ai fait la magique étude du bonheur,/ que nul n'élude". Eh bien, encore une fois, l'absolu de la présence. Autrement dit, un jour, de l'absence. Et quand la nature vous le crie en silence...
Un extrait parmi ceux que j'ai aimés ? (p. 43 et s) "A vrai dire, rien n'a vraiment changé depuis cette nuit de juin. Rien sauf la végétation. Les mauvaises herbes, ces plantes qu'on appelle délaissées". Blessantes sont ces plantes qui semblent crier que du temps a passé, que la nature reprend sans cesse ses droits et qu personne ne peut l'en empêcher [...] Je suis fatigué. la fatigue excède mes forces. En enjambant le portail, j'ai la désagréable impression de transgresser quelque chose - de cambrioler le jardin de la mort."
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J'ai eu la chance de lire Guillaume avant parution, en trois soirées. Beaucoup aimé Guillaume, ce livre, Guillaume, celui d'Olivier Steiner, le mien j'ai envie de dire tant j'ai l'impression d'avoir rencontré ce garçon. Beaucoup pensé à Guibert en lisant Olivier Steiner. Ce livre personnel, si intime, mais jamais trop. J'ai trouvé, au contraire, qu'il s'ouvrait sans cesse à l'autre, qu'il parlait la langue des tragédies et des regrets, des souffrances et de leurs murmures. Qu'il sert de porte-voix aux oubliés, aux invisibles. J'ai trouvé ce livre utile, beau, universel, émouvant. Je l'ai senti consolant et apaisant. J'ai également aimé son rythme, les parties de texte sans virgules, comme une parole essoufflée. Les flash-back sur une histoire personnelle qui devient universelle et cinématographique. Des vérités sur l'avant et l'après-vie que je partage. Impression que ce livre prolonge un peu la vie ou l'esprit de ce Guillaume des montagnes, et qu'en même temps il le respecte et le laisse partir. Guillaume sorti de l'oubli, tel qu'il m'est donné par ce livre. Je vais m'empresser de le relire.
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Livre impossible d'une histoire impossible, tel semble être le sujet de ce Guillaume d'Olivier Steiner. A priori ne s'offrent à soi que deux issues dans pareil cas : rendre l'histoire possible, et la raconter, ou bien prendre en compte l'impossibilité, la faire sienne, et s'arrêter, avant que de faire le livre. Il semble qu'Olivier Steiner ait trouvé une troisième voie ! D'où vient-t-elle ? L'auteur le sait-il lui même ? Certaines pages laissent sans voix, on dirait que l'auteur a creusé la terre inlassablement, à mains nues, pour extirper une sorte d'or noir, brillant et mat à la fois, négatif de tous les métaux précieux. Quant à la langue, elle est inconnue. Peut-on parler de lyrisme matérialiste ? Il faudrait rassembler tous les oxymores pour cerner la nature exacte de ce texte. Ce que peut un corps, ce que peut un esprit, ce que peut l'âme,ce que peut le temps face à la mort : Guillaume !
En refermant le livre , je ne sais toujours pas qui est Guillaume, mais je le connais par coeur.
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"'il ne faut rien vouloir de ce que l'on veut quand on écrit. Il ne faut rien chercher de ce que l'on cherche quand on relit"
Frappée par cette phrase.
Lâcher son vouloir, ses attentes, se laisser surprendre, saisir par l'inattendu, pour laisser grandir en soi une audace que l'on n'aurait jamais eue sans cet abandon (mais on ne le sait qu'après, quand les autres nous vérifient)
C'est une dimension mystique qui se révèle là.
Puissante.
Comme si le sang gitan des ancêtres de l'auteur flamboyait dans ses veines, lui permettant, à la lumière du suicide de Guillaume, de contempler l'au-delà de la mort.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Tu ne sais plus quoi faire de ta tristesse, de ton angoisse, et de ta douleur, tu ne sais plus quoi produire avec, tu n'en vois même plus l'intérêt.
A quoi bon ?
A quoi bon, oui.
C'est compliqué, je sais.
Ce qui va mener certains à l'amour ou au sublime dans la création, va emmener d'autres à la mort.
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"J’adore quand les montagnes sont comme ça. – Comment ? Plus grandes, plus proches. Regarde, la plupart du temps elles sont toutes petites, au lointain, parfois comme ce matin on pourrait les toucher. On dit que c’est signe de mauvais temps, il va faire moche demain. Non, répondit Guillaume, il a fait moche hier, c’est ça que ça veut dire. – Comment ça ? – La pluie a nettoyé l’atmosphère des poussières et autres saloperies, c’est pour ça qu’on voit mieux et que ça donne cette impression de rapprochement. – Donc le rapprochement n’est qu’une illusion ? – Non, c’est l’éloignement qui en était une, là on voit les montagnes telles qu’elles sont, brillantes et proches. Pourquoi l’amour de Guillaume m’a semblé si différent des autres ? Que s’est-il passé ? Quelle est l’histoire ? Une histoire de Guillaume et de moi ? Ou une histoire sans Guillaume sans moi ? Quand le metteur en scène avait un problème avec une scène, qu’il ne savait pas la monter, il se concentrait sur l’idée d’un point d’entrée et d’un point de sortie. Tu trouves un point d’entrée, puis un point de sortie, c’est-à-dire que tu choisis, tu inventes, entre les deux c’est le texte, le corps, tu restes au plus près des visages et des corps. Tu écoutes les mots, leur silence, tu cherches le sens, tu le fuis quand il faut, tu travailles, tu construis. De toute façon tu travailles, tu ne t’arrêtes jamais. Tu travailles à ne pas t’arrêter de travailler. On a souvent dit que le metteur en scène était une sorte de spécialiste du chaos magnifique mais il savait simplifier pour mieux avancer, il savait « tracer », dédramatiser. Ce conseil concernant la création et le travail, je l’ai toujours entendu comme un conseil pouvant concerner la vie, vivre, le fait de vivre. Point d’entrée, donc, point de sortie. C’est là. Comme un jour ce garçon fut là, d’un coup complètement là. Entre le point d’entrée et le point de sortie : la vie, se promener, tâcher de rester libre."
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p. 85-86. La première fois, quelque chose a eu lieu qui aurait pu être encore plus beau avec du temps. C e temps qui a manqué, manque. Son corps que j'ai perdu sans l'avoir jamais trouvé. La peau. Il avait la peau douce. C'est quelque chose la douceur d'une peau de garçon dur. Je ne dis pas qu'il était dur dans la vie, sa vie, mais je crois qu'il pouvait l'être avec lui-même / j'en ai eu la preuve. La première fois, pendant le plan, il l'était, dur, cadenassé. Retranché dans ses veines. Sous la peau.
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le suicide est aussi le meurtre de l’autre par l’intermédiaire de son propre corps. Il y a une dimension de violence dans le suicide.
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Car il y eut un premier silence. Avant le premier son émis dans l’univers, il y eut un premier silence.
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Videos de Olivier Steiner (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Steiner
« LE VERTIGE MARILYN » PAR ISABELLE ADJANI Conception : Olivier Steiner – Installation, scénographie, musique : Emmanuel Lagarrigue
Une femme, Isabelle Adjani, blonde, au centre du plateau. Robe Dior à traîne noire, dos dénudé. Cette même robe portée par Marilyn Monroe lors de ce qu'on a appelé « la dernière séance » photo de Bert Stern. Au-dessus de cette femme en robe noire s'élève une haute structure sur laquelle sont installés vingt-quatre projecteurs, vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, un jour et une nuit. La structure s'élève comme une tour de Babel, oeil du cyclone d'un monologue encore à venir : monologue intérieur et extérieur, la voix de Marilyn, d'Isabelle, laquelle ? Les deux. Olivier Steiner est allé puiser dans la dernière interview de Marilyn – donnée deux jours avant sa mort – et dans divers entretiens écrits d'Isabelle Adjani une matière à réflexion, des correspondances, un dialogue aussi inattendu qu'improbable, la possibilité d'une sororité, un ravissement.
À lire – Anne Gorouben & Olivier Steiner, le ravissement de Marilyn Monroe, éditions Metropolis, 2021.
Pour l'occasion la Maison Christian Dior a refait sur mesure pour Isabelle Adjani la robe iconique de Marilyn Monroe.
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