Depuis le début de notre siècle, les études de P. Durrieu et de Hulin de Loo et, plus récemment, celles de E. Panofsky ont mis en lumière le rôle capital de l'enluminure parisienne dans l'évolution de la peinture européenne. Pendant un siècle, entre 1320 et 1420 environ — entre Jean Pucelle et le Maître de Boucicaut — elle s'assimilait les moyens de structurer la forme et l'espace ainsi que le répertoire du geste expressif que lui fournissait la peinture italienne du Trecento. Simultanément, dès 1350 environ, elle absorbait la liberté picturale et les effets lumineux de la perspective aérienne des peintres venus des Pays-Bas, de plus en plus nombreux. Les travaux des grands spécialistes de l'enluminure, O. Pàcht, M. Meiss et F. Avril confirmèrent cette mission historique qui préparait l'art souverain des créateurs flamands, Robert Campin (actif avant 1406), Hubert van Eyck (actif avant 1413) et Jan van Eyck (certainement actif avant 1422).
Ainsi, au XIVe siècle, Paris est la capitale de la peinture française et au XVe siècle elle attire de nouveau des peintres de talent d'origine très diverse. Cette constante vitalité, cette envergure cosmopolite qui m'avaient parues, dès 1938, comparables au rôle que Paris assuma au XXe siècle, distingue la peinture de cette ville, entre 1300 et 1500, de celle des autres centres de la France. Elle justifie un volume autonome. Un volume qui gardera toute sa signification même s'il ne devait pas être suivi par d'autres.