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4,48

sur 8103 notes
L'auteur Kathryn Stockett nous livre ici dans la couleur des sentiments, un roman de belle facture qui me semble pour une part autobiographique.

Cette histoire commence d'emblée dans beaucoup de tendresse et d'amour avec Aibileen, bonne dans la famille Leefolt et leur petite fille Mae Mobley.

Les familles blanches emploient les bonnes noires contre rémunération mais pas question qu'elles fréquentent les mêmes écoles, bibliothèques, centre de santé. Les bonnes sont revêtues de blanc au service de leurs patrons de petits riches chrétiens qui les emploient pour la cuisine, le ménage, la garde des enfants.

Ce contrat moral est parfois risqué allant jusqu'à donner lieu à des renvois manu militari et ce genre d'événement rappelle à chacun qui est qui et naturellement provoquent des émules, des peurs effroyables auprès des leurs. Dans un contexte très puritain pourtant, où les vices et la cruauté ont toute leur place, les protagonistes ne vont pas reculer.

Dans cet ouvrage, le destin de Steeker fille de la famille des Phëlan va se mêler à celui de leur bonne Aibileen, il y a aussi Minny sa meilleure amie, la rebelle. Cet attachement malgré les nombreuses entraves liées à leur statut, s'appelle amitié.

Tout le livre repose sur cette cohabitation avec ses joies et ses peines, ses échecs, ses espoirs, ses rebondissements et la violence, la cruauté qui peut survenir au détour d'une vie, la ségrégation raciale est loin d'avoir disparue dans le Mississipi, nous sommes en 1962.

De retour de la faculté, Steeker s'interroge sur le motif du départ de Constantine, la bonne de son enfance. C'est l'omerta. Que s'est-il donc passé !?

Elle va se risquer sur cette pente savonneuse avec ses deux amies, mais leur périple ne s'arrêtera pas là. Les doutes émergent mais cette quête de liberté ne va pas les désarmer pour autant.

C'est justement dans ce lien ténu, pour faire évoluer leurs conditions de vie, où tout peut chavirer que Steeker va s'allier secrètement à Aibileen puis avec d'autres bonnes pour écrire une histoire boulversante. La frousse est là comme un ombre au tapis, mais elles vont s'engouffrer dans un tourbillon de vie qu'elles ne soupçonnent même pas. Ce cheminement connaîtra ses écueils, ses douleurs, ses trahisons mais pas que….

Un livre de plus de 500 pages, mais je n'ai pas vu le temps passer. Je vous recommande fortement cette lecture intemporelle, pleine de drôleries, de sourires, de surprises, de loyauté, d'amour et d'amitié indéfectible.
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Bouleversant! Même après une seconde lecture.
Tu te prends une claque dès le début avec cette histoire des toilettes qui à elle-seule résume toute l'ambiance du livre. Tu te prends une claque tout le long, notamment à la fin avec cette Aibileen qu'on aime tellement. Et quand tu penses que tu as fini, dernière claque avec le "trop peu, trop tard" de Kathryn Stockett qui quelque part écrit son livre pour sa propre bonne noire. Très bel hommage.
La Couleurs des sentiments c'est des émotions à n'en plus finir : la tristesse, le rire, le mépris. Un vrai ascenseur émotionnel face à ce récit qui nous place devant de telles contradictions : l'affection entre Blanc et Noir dans une société ségrégationniste. L'auteure avoue elle-même avoir eu peur de ne pas être à la hauteur dans sa narration lorsqu'il s'agissait des passages sur Aibileen et Minny. Pour ma part, j'ai adoré cette triple narration qui dessine chacune des trois personnalités, si bien qu'on arriverait très rapidement à les discerner. Très différentes les unes des autres, on est ému pour leurs parcours personnels, que ce soit Skeeter un brin rebelle pour une société conservatrice et qui veut rendre hommage à sa bonne Constantine, Minnie l'insolente qui nous fait rire malgré sa vie de famille calamiteuse et nous émeut avec sa relation avec Célia Foote et surtout Aibileen, si douce, si généreuse, si maternelle avec Mae Mobley et si courageuse, ... Très différente, elles vont chacune à leur manière atteindre une forme de liberté.
La Couleur des sentiments, c'est un livre qu'on lit et qu'on relit. A tout ceux ne l'ayant pas découvert, foncez! Merci à Tbilissi de me l'avoir pioché dans le cadre de Pioche dans ma PAL mai 2018.
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Kathryn Stockett évoque le quotidien de plusieurs domestiques noires et de leurs riches patronnes blanches dans le Mississippi des années soixante, à Jackson. Presque cent ans se sont écoulés depuis la fin de la guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage. Si la « liberté » est juridiquement acquise dans les États du Sud, ce n'est pas le cas de l'égalité des droits civiques qui reste problématique. Nous sommes en 1962 et les lois dites de Jim Crow perdurent et imposent une stricte séparation entre les Blancs et les Noirs. Elles sont le fondement de la ségrégation. Ce livre m'a beaucoup touchée quand je l'ai lu car, au milieu de toute cette violence, il y est question d'amour.

L'écrivaine articule son récit avec talent autour de différents points de vue : celui d'Aibileen, la bonne de Miss Leefolt, qui est chargée d'élever Mae Mobley, la fille âgée de deux ans de sa patronne ; celui de Minny, qui travaillait pour la mère de Miss Hilly, et celui de Miss Skeeter, une amie d'enfance de Miss Hilly. L'humour et la tendresse sont omniprésents, bien que les situations tragiques et dangereuses ne soient jamais loin.

Skeeter Phelan a terminé ses études et désire devenir journaliste et écrivain. Elle est en relation avec une éditrice new-yorkaise, Elaine Stein, à qui elle fait part de son projet d'écrire un livre d'entretiens où elle donnerait la parole à des bonnes noires de Jackson. Au départ, elles ne souhaitent pas parler car elles ont peur des représailles du Ku Klux Klan et d'être renvoyées mais Aibileen va peu à peu les convaincre.

À la fin du roman, Kathryn Stockett rédige une postface intitulée « trop peu, trop tard » où elle explique qu'elle est elle-même originaire du Mississippi et avait une bonne dans sa famille. Elle s'appelait Demetrie et était venue au monde en 1927, deux ans avant la crise de 1929, époque très rude pour une femme noire et pauvre dans une plantation. Elle était entrée à leur service à vingt-huit ans et avait un mari dont elle ne souhaitait pas parler car il était méchant et un buveur invétéré. Elle a, en revanche, marqué l'enfance de Kathryn Stockett tant elle lui a donné de l'amour et lui a appris à avoir confiance en elle. La lecture de ce court texte m'a émue et il y a sans doute beaucoup de Demetrie dans le personnage d'Aibileen qui élève et aime Mae Mobley comme si elle était sa propre fille. Elle lui apprend à être propre pendant que Miss Hilly milite ardemment pour que les bonnes n'utilisent surtout pas les toilettes de leurs maîtresses car elles pourraient y laisser leurs microbes.

Skeeter désapprouve l'extrémisme mesquin de son amie d'enfance mais comment faire pour s'opposer à des traditions qui se transmettent de génération en génération alors que l'acte de s'opposer peut être fatal, surtout pour les domestiques noires ? « Et à nous, qu'est-ce qu'ils nous feront, Aibileen ? S'ils nous attrapent… », s'inquiète Minny après avoir appris que des membres du Ku Klux Klan avaient assassiné Medgar Evers car il était un militant des droits civiques et désirait qu'une enquête digne de ce nom ait lieu après le meurtre d'un adolescent, Emmet Till.

Skeeter croit dans le pouvoir de la presse, des livres et de la littérature pour faire avancer les choses en douceur, sans ajouter de la violence à la violence ancestrale. Comme Kathreen Stockett, elle aime son Mississippi natal et sa bonne noire, Constantine, une deuxième maman pour laquelle elle a le plus grand respect, mais elle s'interroge aussi sur la difficulté, la cruauté, l'injustice d'un système qui est celui de la ségrégation. Il interdit aux Noirs de s'instruire, de progresser dans leur carrière et ne leur laisse donc pas d'autre opportunité que d'être domestique du maître blanc, comme du temps de l'esclavage.

Tous les personnages de ce roman sont attachants et je ne saurais dire lequel j'ai le plus aimé, tous en réalité. Aibileen aide Minny, qui a une mentalité rebelle et a du mal à trouver une place, à être embauchée chez Miss Celia. Celle-ci, solitaire et exclue de la société des dames convenables de Jackson, arrive pourtant à choquer Minny, la rebelle insolente, quand elle lui propose de déjeuner ensemble puisqu'elles sont seules toutes les deux dans leur coin. Minny n'en croit pas ses oreilles et une forme d'amitié, teintée d'humour, va se développer entre ces deux femmes. Beaucoup de situations sont vues à travers le regard décalé, parfois sarcastique des bonnes. Minny voit Celia comme une inadaptée sociale qui n'en rate pas une quand il s'agit de scandaliser à son insu la bonne société locale. Quant à Aibileen, elle voit sa maîtresse comme une incapable qui ne pense qu'à des futilités et ne sait pas s'occuper de sa fille.

Si j'ai trouvé le livre passionnant, le film l'est, à mon avis, tout autant. Il a donné corps aux scènes que je m'imaginais grâce à d'excellentes actrices : Octavia Spencer joue Minny et a eu l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 2012, Viola Davis Aibileen, et Emma Stone Skeeter.

Pour ceux qui s'intéressent au septième art et ont envie de sortir du cliché ancestral du Noir domestique, il y a, dans les années soixante, la filmographie de Sidney Poitier, acteur préféré de ma grand-mère, qu'elle m'a fait découvrir. Entre autres "Dans la chaleur de la nuit" et "Devine qui vient dîner". Pendant la soirée thématique qu'Arte lui avait consacrée il y a quelque temps, Denzel Washington expliquait ce qu'il lui devait car il a contribué à casser tous les clichés. Il est l'officier intelligent du F.B.I. qui vient aider les enquêteurs du Sud qui brille plus par leur racisme et leur bêtise que par leur intelligence ou le médecin qui va travailler à l'O.M.S. à Genève, gendre idéal dont le seul défaut est d'être noir dans une société où ce détail peut détruire votre vie.

Ces rôles avant-gardistes ont initié un mouvement progressiste qui perdure dans les séries américaines ou au cinéma, comme dans "Les Figures de l'ombre", adapté du livre de Margot Lee Shetterly, avec Octavia Spencer dans le rôle de Dorothy Johnson Vaughan, une mathématicienne, superviseure d'équipe, en 1962, au centre de recherche de Langley et à l'ancêtre de la Nasa, mais malheureusement pas toujours dans la société, comme en témoignent les récents événements de Charlottesville.
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Je viens de terminer La couleur des sentiments de de Kathryn Stockett, et je suis triste de devoir quitter Aibileen, Minnye, Miss Skeeter, Miss Celia et mister Johnny..... J'ai passé des moments exceptionnels en leur compagnie, joie, tristesse, colère.
Je suis moins triste de quitter certains personnages de ce livre, qui ne m'ont inspiré que de mauvaises pensées à leur égard.

Magnifique roman qui parle de tolérance et qui relate d'une façon très juste et sans cliché, la vie des " bonnes " noires, de leurs familles et des patronnes blanches qui les emploient.

J'avais lu des avis plus que positifs sur ce roman, et je suis souvent en décalage avec l'opinion général, mais cette fois, je dois avouer que je suis le mouvement et je dis un grand BRAVO à l'auteure pour ce roman, dont la lecture ne m'a pas laissé indemne.
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Ce livre est une perle rare !
Je ne vais sûrement pas être originale vu le nombre de critiques positives sur le site.
Déjà, je trouve le titre admirablement bien choisi, puis l' alternance des trois narratrices fait, qu'une fois commencée, il est difficile d'interrompre sa lecture : on a hâte de connaitre le sort d' Aibi, de Minnie et de Skeeter.
C'est écrit simplement, rempli d'émotions, plein d'humour, de drames. Bref, un excellent témoignage sur la ségrégation raciale aux Etats-Unis dans les années 60 mais aussi sur la condition des femmes en général, à cette époque.
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Un roman magique et magnifique.

Malgré l'épaisseur du roman, je n'ai pas pu le lâcher. Conquise dès les premières lignes où j'ai découvert cette chère Aibileen. Je suis tellement entrée dans l'histoire que je devenais fébrile au fur et à mesure que le récit avançait et malade à l'idée que quelque chose de mal allait arriver à une des héroïnes. J'ai même eu la sensation d'être devenue noire et d'être dans la cuisine d'Aibileen avec elle et Minny.

L'écriture est vraiment habile et prenante. Je ne crois pas qu'une seule page m'ait ennuyée une seconde. Plusieurs voix alternent dans ce récit: celle d'Aibileen et celle de Minny , deux bonnes dans les années 60 dans l'Etat du Mississipi et celle de Skeeter une blanche.

J'ai adoré Aibileen dès les premières lignes pour son côté maternel et humain. Elle s'occupe de Baby girl que sa propre mère rejette dès la naissance. J'ai été bouleversée par cette petite puce et par le lien qui l'unit à Aibileen. J'ai adoré les histoires inventées par Aibileen pour la petite fille pour lui expliquer simplement le monde et l'humanité (notamment l'histoire du Martien Luther King que personne n'aime parce qu'il est vert) . Aibileen raconte de manière drôle et naturel comme Minny et toutes deux m'ont souvent fait rire. Minny est une armoire à glace, grande gueule mais sous cette carapace on la découvre merveilleusement généreuse. Ces deux femmes ne se plaignent jamais endurant les vexations et une vie difficile.

En découvrant la vie de ces bonnes, on ne peut pas s'empêcher d'être saisi d'effroi et en même temps de stupeur et d'incrédulité.
Les blancs et les noirs ne partageaient pas les mêmes toilettes, ni les mêmes magasins, ni les mêmes hôpitaux ou bibliothèques ou écoles. Et j'en passe.

Il était dur de faire changer les choses. Un homme noir qui s'était trompé de toilettes avait été roué de coups, un autre abattu devant chez lui. Les femmes blanches étaient peut être les pires. Elles ne tuaient pas mais s'arrangeaient pour licencier la bonne et faire renvoyer son mari... bref détruire leur vie et celle de leur famille.

Et puis au milieu de tout cet immonde racisme (alors que ces bonnes étaient de vraies perles), quelques blancs plus respectueux ou désireux de faire changer les choses. Skeeter en fait partie. Elle essaie d'être journaliste. Elle se met à écrire un livre en recueillant les témoignages des bonnes.
J'ai trouvé Skeeter vraiment touchante et adorable. Très courageuse comme toutes ces femmes qui ont accepté de témoigner alors que les conséquences pouvaient être dramatiques pour elles.
Une autre femme blanche m'a beaucoup émue, c'est Célia la nouvelle patronne de Minny.

Le tour de force de ce roman est de parler d'un sujet hyper sensible et dramatique de manière positive et drôle. (La chose abominable épouvantable perpétrée par Minny contre Hilly est incroyablement savoureuse... enfin pas pour Hilly ! )

Une grande leçon de vie.

Ce roman est juste sublime et m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière ligne.
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Après 820 ( !!) commentaires sur ce roman, que dire de plus qui n'a déjà été dit ? Ce roman fait partie de mon top personnel si je devais partir sur une île déserte, je l'ai lu il y a quelques années. Et, j'ai eu envie soudainement de le relire, retrouver ces personnages qui m'avaient fait sourire et pleurer. Est-ce que cette deuxième lecture a confirmé mon coup de coeur d'origine ?

Oui, mille fois oui ! Cette histoire, une fois de plus, m'a touchée par la description d'une société ségrégationniste qui permet à une certaine Hilly de rassembler des fonds pour ces pauvres Africains qui meurent de faim, tout en expliquant partout à qui veut l'entendre qu'on doit installer des toilettes à part pour les bonnes noires, car tout le monde sait que les noirs véhiculent des maladies… Sans parler de cette société blanche très comme il faut qui rejette le moindre faux pas, surtout si ce pas appartient à une Célia Foote qui a eu l'audace d'épouser l'ex de Hilly…

Mais ce qui m'a le plus touchée, ce sont ces domestiques noires qui partagent la vie de ces familles blanches, cuisinent, lavent, rangent, habillent, coiffent, élèvent leurs enfants, les consolent et les aiment sans que, jamais, il ne vienne à l'esprit de ces familles de les en remercier. Elles font partie du paysage et doivent rester à leur place. C'est ce que fait Aibileen depuis des années, venir chaque jour dans la maison de blancs pour s'occuper de leurs enfants : au début du roman, elle s'occupe de Mae Mobley, une petite fille de deux ans, c'est le 18ème enfant dont elle s'occupe. Elle en a vu des bébés, elle les a aimés et ce qu'elle ressent pour Mae c'est de l'amour, un amour maternel que la propre mère de Mae est incapable de lui donner. S'il fallait un mot pour désigner Aibileen, ce serait la « dignité » : face à l'humiliation, la souffrance, la perte de son unique fils, elle est là, digne. Et le « couple » qu'elle forme avec Minny, son amie, est formidable. Autant Aibileen se tait, autant Minny sa fâche, crie sa colère et l'injustice ressentie chaque jour. Aussi, quand elles sont entraînées par Skeeter dans l'écriture de ce livre sur les bonnes de Jackson, on a peur pour elles, peur que leurs patronnes devinent qui a dit quoi, tout en riant sous cape en découvrant « la chose abominable » commise par Minny.

Ce roman est un hommage formidable à toutes ces femmes qui ont servi dans l'ombre ces familles blanches, mais c'est aussi un hommage à toutes les femmes en général. Je ne sais pas si vous avez fait attention mais les quelques hommes qui traversent le roman brillent par leur fadeur, leur faiblesse et je ne parle même pas du fiancé de Skeeter… C'est donc un roman à lire et à relire !

Challenge Multi-défis 2020
Challenge Pavés 2020

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Jackson, Mississippi. Début des années 1960.
On vit à une époque où il est fréquent pour les familles aisées blanches des États-Unis d'employer des bonnes de couleur, surtout noires. Dans cette histoire, les épouses pour qui les bonnes travaillent sont à domicile à temps plein et n'ont pas grand-chose d'autre à s'occuper que de leur petite personne. Tandis que celles-ci se soucient davantage du bien paraître que d'être de bonnes personnes, tandis qu'elles papotent, calomnient, reçoivent à dîner, boivent, mangent, fument et jouent au bridge entre amies; les bonnes cuisinent, font le ménage, la lessive, le repassage, frottent l'argenterie et mille autres choses et élèvent leurs enfants, carrément !

"Elle préfère rester ici avec la bonne plutôt que regarder sa maman qui s'occupe de tout sauf de sa fille. Elle me fait penser à ces poussins qui perdent leur mère et suivent les canards."

Elles ne sont pas si bien payées pour tout le travail qu'elles accomplissent et, surtout, on ne ressent aucune appréciation des familles qui les emploient, sauf de la part des petits enfants blancs, qui adorent les bonnes. Sans parler de l'interdiction d'utiliser les même toilettes que les propriétaires puisque "tout le monde sait qu'être noir veut dire être sale et plein de maladies" ! Effarant.

"J'ai envie de crier assez fort (...), de crier que sale, c'est pas une couleur, que les maladies, c'est pas les Noirs."

Ce roman se partage entre trois personnages principaux: Aibileen (la bonne de Miss Elizabeth Leefolt), Minny (la bonne très caractérielle mais hilarante - pour nous ! - de Miss Hilly), et Eugenia "Skeeter" Phelan (l'écrivain), jeune fille différente de la plupart des autres blanches de son époque, qui, dans l'espoir que, peut-être, un jour les choses changeront, aura l'idée géniale d'écrire un livre sur un sujet jamais abordé auparavant, soit "le travail des bonnes noires au service de familles blanches américaines". Avec beaucoup de mal au début, les bonnes ne lui faisant pas confiance et ayant peur de se faire prendre (et pendre pour avoir parlé !), les langues finiront par se délier. Elles raconteront à Skeeter comment ça se passe au sein de ces familles. En changeant le nom de la ville et les noms de tout le monde impliqué, elles témoigneront des bons comme des mauvais côtés. Une histoire des plus palpitantes qui fait beaucoup rire malgré le côté tragique, parfois. On sent que tout ce qui y est dit aurait pu se passer pour de vrai quelque part dans le temps.

"La vérité. Ce mot-là, ça me rafraîchit, comme de l'eau qui coulerait sur mon corps tout collant de sueur. Qui refroidirait la chaleur qui m'a brûlée toute ma vie."

Un roman qui fait réfléchir et qui choque. C'est épouvantable de constater à quel point ces personnes pouvaient être si mal perçues juste à cause de la couleur de leur peau. Toutes les injustices vécues. Un constat qui restera à jamais incompréhensible. Ce qui est plaisant toutefois, c'est que tous les personnages ne sont pas mauvais ou désagréables, même parmi les riches familles (comme celle de Miss Celia, pour qui Minny ira aussi travailler par la suite). Plusieurs comportements différents y sont visibles: il y a de ceux qui sont carrément hostiles et impossibles à raisonner, tellement empêtrés dans leurs préjugés et leurs idées fermées qu'ils ne voient rien; d'autres sont plus neutres, ne disent rien et ne laissent pas voir ce qu'ils pensent, ils ne font que suivre le courant, c'est à se demander s'ils ont une réflexion sur le sujet; et d'autres encore, moins nombreux, s'opposent de vive voix aux injustices portées envers les noirs. La gentille Skeeter fait partie de ces derniers. Toutes ces opinions qui s'affrontent finiront pas causer des dégâts. Il faut vraiment voir comment ça se passe...

L'histoire est bien écrite, bien tranchée entre chaque protagoniste, ça se lit d'une traite et on s'attache beaucoup aux personnages. On y croit et ça marche ! Merci beaucoup à Aemilia de m'avoir pioché ce titre pour le mois de février, une véritable perle qu'il me tardait de lire après avoir vu l'excellent film l'année dernière ! le roman et le film sont tous deux excellents.

"La couleur des sentiments". Un roman tout à fait savoureux qui déclenche une palette d'émotions, alternant entre indignation et rire, un roman sympathique et vivant qu'il fait juste bon de lire. Un roman qui dépeint une époque où bon nombre de ces situations se sont probablement (et malheureusement !) produites...et qui pourtant, ne sombre pas dans le négatif. Ça respire l'espoir par tous les pores, c'est une histoire qu'il faut avoir lue au moins une fois dans sa vie ! Une expérience de lecture si agréable que je ne peux faire autrement que l'emmèner sur mon île déserte !

PIOCHE DANS MA PAL - FÉVRIER 2022
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Aux Etats-Unis, dans le Deep South des années 60, le racisme et le Ku Klux Klan ont encore quelques beaux jours devant eux. Pourtant, les Noirs, et en particulier les Noires, sont bien utiles à ces dames de la bonne société blanche. Il est en effet de bon ton (sans mauvais jeu de mots), pour toute bourgeoise qui se respecte, d'avoir une domestique noire à son service. Pour tout faire, ou presque : cuisiner, lessiver, repasser, nettoyer, et surtout, surtout, s'occuper des enfants. Les élever à la place de leur mère, quasiment. La jeune Skeeter est l'une de ces fillettes blanches, plus ou moins délaissée par sa mère aux bons soins de sa nounou noire. Après ses études à l'université, Skeeter revient à la maison, avec en elle le rêve de devenir écrivain, et le germe d'une volonté de changement qui la pousse à s'interroger sur les relations (les tensions, l'oppression, les discriminations) entre Noirs et Blancs. Ce germe va bientôt éclore en un projet fou et rencontrer son rêve : écrire un livre qui donnerait la parole aux bonnes noires. Projet dangereux et difficile vu le racisme prégnant et la réticence, la méfiance, voire la peur des bonnes de se confier à une jeune Blanche. Mais Skeeter s'accroche, convainc une bonne qui en convaincra d'autres, et voilà le mouvement lancé, dans le plus grand secret, car les risques pour les Noires sont bien réels, à commencer par la perte de leur emploi, et représailles plus violentes si affinités.

Bon alors, je ne vais pas faire ma mauvaise tête, ce roman est captivant, parfois très drôle, parfois très amer. Il ne faut cependant pas le lire comme une fiction dénonçant le racisme et les lois ségrégationnistes de l'époque, il est bien trop feutré, trop sage et « gentil » pour ça, on est loin de la puissance d'un pamphlet. Non, il faut se rappeler que l'auteure est une Blanche - qui s'est d'ailleurs posé elle-même la question de sa légitimité à « prendre la voix d'une Noire » (cf post-face de l'édition poche) - et se dire qu'elle a peut-être simplement voulu rendre compte d'une situation qu'elle avait elle-même vécue et qui l'avait marquée. En effet, elle aussi, à l'image de Skeeter, son double romanesque, a grandi dans une famille bourgeoise du Mississipi, dans les jupes de sa nounou noire plutôt que dans celles de sa mère. Elle s'applique à montrer que tout n'était pas blanc ou noir (sans mauvais jeu de mots – bis) : certains Noirs avaient des comportements inacceptables (les hommes, surtout), et certaines patronnes blanches avaient beaucoup de respect et de considération pour leurs employées. Il reste cependant que, dans pareil contexte dramatique pour les Noirs (qui jouent leur vie tous les jours), l'étalement des questions existentielles de Skeeter quant à son avenir, ses amours et son apparence paraissent un brin déplacées.

Mais soit, ce roman à trois voix (deux Noires pour une Blanche, comme en musique) est un bel hommage à ces héroïnes (noires) du quotidien. Il est touchant, a touché un grand nombre de lecteurs et autant de consciences, c'est déjà beaucoup.
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Le roman se passe au début des années soixante dans le Mississipi au moment où les Blancs et les Noirs sont encore en pleine loi raciale.
Les Noires, au service des blancs, sont humiliées.
Les Blanches qui font preuve de sympathie pour leur personnel de couleur sont rejetées.
Les Blancs font construire des lieux d'aisance pour leur personnel afin de ne pas partager d'intimité corporelle avec eux.
Les enfants des maîtres s'attachent aux bonnes et inversément et on les licencie pour des bêtises.
Ce qui est très savoureux, ce sont les petites vengeances de Minny mais cela lui coûte quand même son emploi.
L'amitié qui lie la communauté des servantes fait chaud au coeur.
Très intéressant aussi le contexte politique avec les manifestations racistes du Klu KLux Klan . Beaucoup de choses allaient changer pour la communauté noire dans ces années-là.
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