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Famot (01/01/1976)
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Que lire après Les pourvoyeurs du goulag, tome 1 : La police secrète et les camps de concentration, création léniniste, 1917 - 1920 Voir plus
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Chaque Tchéka provinciale a sa "spécialité". A Poltava on empale les détenus. A Ekaterinoslav (aujourd'hui Dniépropetrovsk) on crucifie. A Voronej on place les condamnés dans des tonneaux garnis de clous qu'on lance ensuite sur la pente d'une colline. A Kharkov on écorche vives les mains, ce qui vaut aux cachots de cette ville le surnom de "fabrique de gants".
En février Latzis s'est déplacé de Moscou à Kiev, capitale de l'Ukraine, pour y diriger personnellement la répression. Il installe dans la ville la Tchéka centrale du Midi de la Russie soviétique. On y enferme les condamnés dans des caisses où ont été placés des cadavres en putréfaction. Un survivant, nommé Nilostonski, relate dans ses Mémoires que la filiale tchékiste la plus redoutée est celle destinée aux blancs capturés les armes à la main. Cette Tchéka militaire est dirigée par des Chinois. Le patient est attaché à un pilier auquel est fixé un tube de fer dont une extrémité est appuyée contre son corps ; à l'autre on a introduit un rat. Puis on approche de l'orifice une mèche enflammée. La bête affolée cherche alors à se frayer un chemin à travers le corps du prisonnier. Celui-ci agonise, dans d'atroces douleurs, pendant des heures, quelquefois une nuit entière, avant de rendre l'âme.
(Page 60)
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La Tchéka ne ménage plus les ouvriers, considérés jusqu'alors comme le pilier du régime. Le sort des travailleurs d'Astrakhan, en mars 1919, reste gravé dans les mémoires. Les revendications présentées par leurs délégués sont modestes : droit de pêcher librement le poisson dans la Volga, droit d'acheter le pain directement chez les paysans des environs sans passer par les magasins d'Etat. Les autorités refusent. Au cours d'un grand meeting, les ouvriers - ils sont plusieurs milliers - se rassemblent en signe de protestation. Les troupes spéciales de la Tchéka interviennent et ouvrent le feu. Leurs salves répétées font des centaines de tués. Les survivants seront soit noyés après avoir été précipités dans l'eau du haut du paquebot Nicolas Gogol, soit passés par les armes. Quatre mille ouvriers tomberont sous les balles des pelotons d'exécution. Le carnage durera deux mois.
A Kazan, soixante délégués des ouvriers de la ville sont fusillés : ils ont revendiqué la journée de travail de huit heures, une révision des salaires, le retrait de la ville d'un détachement de tchékistes composé de Hongrois. Dans les usines et les cités ouvrières, la Tchéka lance partout le même ordre : cesser de fronder, produire au maximum.
(Pages 58 et 59)
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"Dzerjinski signait un nombre extraordinairement volumineux de sentences de mort et n'éprouvait ni pitié, ni hésitations", précise dans ses Mémoires l'ancien tchékiste Drougov. "Les interrogatoires auxquels il se livrait, ajoute-t-il, avaient toujours lieu la nuit. Probablement, la longue pratique acquise dans les prisons lui avait enseigné que la résistance physique de l'individu est autre la nuit que le jour."
Son successeur Menjinski écrira, de son côté : "Dzerjinski était non seulement un grand terroriste mais aussi un grand tchékiste. Il ne faisait jamais preuve de sentiments humains décadents... C'est la politique et non le facteur humain qui donne l'explication de son activité tchékiste."
Les buts que vise le chef de la Tchéka ? Il les formule lui-
même : "C''est la violence prolétarienne sous toutes ses formes, à commencer par les exécutions capitales. C'est la création d'une méthode pour modeler l'homme communiste en se servant du matériel humain amoncelé au cours de l'époque capitaliste."
Dzerjinski suit ainsi les préceptes mêmes de Lénine pour qui le comité central du parti est un "poing" dont tous les coups sont licites, comme il le déclarait dès 1906.
(Pages 25 et 26)
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Lénine ne perd d'ailleurs pas de temps ; il prononce par décret la dissolution de l'assemblée. Pour le correspondant de L'Humanité, Kritchewski, le monde nouveau dont parlait Spiridonova est mort avant d'avoir vécu. Il écrit : "Plus de doute possible au lendemain de la dissolution de la Constituante à peine réunie, au surlendemain du vendredi rouge, où furent froidement et délibérément massacrés des manifestants socialistes - ouvriers, intellectuels et militaires - marchant pacifiquement sous les plis du drapeau rouge pour témoigner de leur inquiète solidarité avec la Constituante mortellement menacée".
Dans un article ultérieur de quelques semaines, que L'Humanité ne publiera pas, le journaliste conseillait : "Lisez Dostoïevski, lisez surtout Les Possédés et Les Frères Karamazov, si vous voulez comprendre le sens profond du cauchemar bolchéviste, sa portée tragique qui va bien au delà des événements éphémères, des hommes périssables et de la génération qui passe."
Ces jugements du journaliste socialiste ne sont pas goûtés par les nouveaux dirigeants. Les amis de Kritchewski lui conseillent vivement de ne plus s'attarder en Russie.
(page 22)
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En 1922-1923 la Guépéou installe des camps dans l'Extrême Nord de la Russie européenne. Tout d'abord, dans les îles Solovetsk, en mer Blanche. Ces îles, qui jouissaient d'une économie prospère, avaient abrité jusqu'à la révolution d'admirables couvents vieux de plusieurs siècles. Mais les moines âgés ont été exécutés, les jeunes incorporés de force dans l'armée rouge.
C'est sur ce "Mont Athos" désaffecté que prennent pied les hommes de Dzerjinski. L'administration des camps est installée à Solovki, dans le principal monastère. Ce petit territoire, considéré comme sacré autrefois, devient à partir de 1923 "l'île de la mort". Bientôt, en raison du surpeuplement, contradiction aux "proportions relativement modestes", l'implantation des camps est étendue au continent, à Kemi, puis tout au long du cercle polaire. Quant au "système de prévention", il est si efficace que ces premiers camps créés à la fin de la vie de Lénine sont en réalité des camps d'extermination.
Cederholm, qui est conduit à Solovki, affirme que "les détenus de Solovki et de Kemi ne retrouvent leur liberté que lorsqu'ils meurent (...)"
(Page 123)
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