AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 633 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
De la même autrice, j'avais adoré L'Origine du Monde et détesté le Palais des Miroirs. Celui-là m'a laissé plutôt mitigé.

L'Origine de Monde parlait de l'évolution des connaissances scientifiques sur la gynécologie, la reproduction et tout ça. Je crois que je l'ai aimé parce que c'était une bonne synthèse amusante des savoirs, fondé sur la science.

Le Palais des Miroirs parlait plutôt des de l'évolution des critères de beauté et des carcans que cela impose aux femmes. le sujet est intéressant mais Strömquist, pour mettre de l'avant sa thèse, semble donner un poids disproportionné à des anecdotes sorties de leur contexte et des essais non-scientifiques. C'est plutôt frustrant quand quelqu'un avec qui nous sommes d'accord argumente pauvrement.

Les Sentiments du Prince Charles aborde l'histoire de l'amour, son évolution dans le temps et la culture. Des mariages de raison aux mariages d'amour, et spécialement le rôle du patriarcat et de l'hétéronormativité dans ces conceptions.

Certains chapitres sont des résumés d'études historiques et sociologiques et sont très intéressants. Mais d'autres sont encore purement du Cherry Picking anecdotique. Un chapitre complet sert à faire une comparaison entre la recherche de l'amour et le libre marché capitaliste, où les gens sont des produits et... bref vous voyez où elle veut en venir. Elle théorise elle-même l'amour de la même façon que les pires Pick Up Artists, et se sert ensuite de ses propres fondements théoriques pour les dénoncer.

Il y a dans ce livre un côté très "adolescent rebelle". Oui, on sait, l'amour est une construction sociale. Oui, certains conçoivent l'amour comme un droit de propriété sur l'autre. On sait ça. J'y pensais constamment quand j'avais 15 ans et le coeur brisé.

Mais j'ai l'impression que le livre débouche dans un cul de sac quand on tire la conclusion que toute forme d'amour monogame se compare à de l'esclavage.

Je crois que c'est malsain d'avoir un modèle d'amour mis sur un piédestal alors qu'il n'est pas fait pour tout le monde. Vivement qu'on déboulonne les relations monogames hétérosexuelles comme le Modèle Idéal&#xNaN.

Mais c'est quand même étrange d'en faire un épouvantail qui ne conviendrait à personne.

Je crois qu'une partie de ma réticence à ce livre vient d'une différence générationnelle. La BD s'ouvre en donnant l'exemple des humoristes (aujourd'hui has been) des années 80/90, omniprésents à la télévision, avec leurs mauvaises blagues misogynes. Elle prend cela pour expliquer que la culture a toujours été comme cela.

Et bon, ayant grandi beaucoup plus avec YouTube et Netflix qu'avec la télé câblée, je n'arrive pas à trouver ces référents ni actuel, ni représentatif, ni universels.

Pour preuve, leur actuelle désuétude.
Commenter  J’apprécie          330
Avec ce titre intriguant s'il en est – Liv Strömquist a le talent de savoir choisir le nom de ses livres – je poursuis la découverte de l'oeuvre féministe et engagée de cette autrice suédoise de bande-dessinée. Si j'ai été emballée par mes précédentes lectures, si comme d'habitude il y a de nombreuses choses justes et bien vues, cette fois-ci je n'ai pas toujours été convaincue par les histoires de ce volume, dont la principale m'a parue un peu confuse et relevant plus d'un militantisme idéologique que de l'universel.

Liv Strömquist s'intéresse ici aux sentiments, particulièrement ceux de la gent masculine, impactés par le patriarcat et une société de plus en plus individualiste, qui exige des hommes de se tenir à distance de leurs émotions, « féminines », et de leurs relations intimes. Distance également envisagée comme une manière pour les hommes de garder une position dominante tout en maintenant les femmes dans l'ombre. Paradoxalement, ces hommes férus d'indépendance sont pourtant dépendants de leurs partenaires, qui leur assurent une sécurité affective et qui supportent cet état de fait parce qu'elles sont dans une orientation relationnelle les poussant à oublier leurs besoins au profit de ceux des autres. Ce cercle vicieux a une solution pour Liv Strömquist : aux femmes d'abandonner la recherche auprès de leur compagnon d'une intimité qu'elles ne pourront obtenir qu'avec leurs enfants et/ou leurs amies. Bon. Je ne me suis pas trop retrouvée dans cette observation tranchée des relations amoureuses (il semblerait toutefois que ce soit une bonne nouvelle) mais admettons, puisque la thèse défendue est intéressante : pourquoi les femmes veulent-elles rester à tout prix avec un homme qui les maintient à une telle distance affective ?

Afin de creuser ce premier thème, vient une histoire sur le prix Bobonne attribué à Nancy Reagan. Pour l'autrice, qui reprend les expressions des sociologues Ulrich Beck et Elisabeth Beck-Gernsheim, s'occuper d'un grabataire comme Nancy avec son Ronald est entrer dans une « zone franche de l'amour » car « combler d'affection l'objet de son amour prend alors la dimension d'un acte contre une société sans coeur », « l'amour [étant] comme du communisme dans le capitalisme ». Moralité : la garde-malade s'oublie au profit de l'autre, dans une relation ici encore à sens unique.

Le capitalisme dans l'amour, le mot est lâché et sera donc filé dans les histoires suivantes, qui portent sur la question du droit de propriété dans l'amour et plus particulièrement dans le couple. Pourquoi penser, dans une relation hétérosexuelle (dommage que la réflexion ne soit portée que sur ce versant) que le corps de l'autre nous appartient ? L'autrice nous démontre ainsi que la relation à sens unique va encore dans le même sens, puisque ce sont historiquement les hommes qui s'approprient le corps des femmes (rien de mieux pour poursuivre une lignée qu'une fraîche et jeune vierge). L'occasion de nous parler une nouvelle fois de l'évolution de la perception du mariage, de l'irruption de l'amour dans celui-ci, qui ne réussit pas à abolir sa nature transactionnelle, mais surtout qui fait entrer le droit de propriété sur le corps de son partenaire comme une partie intégrante du couple. L'amour et le droit de propriété sur le corps sont donc rattachés l'un à l'autre. Pour terminer, Liv Strömquist convoque aussi Jürgen Habermas, selon qui vivre dans une société capitaliste nous amène à nous considérer comme des marchandises (et de citer des exemples d'expressions usuelles assez significatifs : être sur le marché, investir dans une relation, « parce que je le vaux bien », ce qui d'ailleurs souligne le profond cynisme de ce slogan...). L'expansion de l'ego (confondu souvent avec « développement personnel ») et le capitalisme font aussi, selon l'autrice, que nous avons tendance à considérer ce que nous aimons comme nos biens.

L'amour romantique est ainsi accusé de tous les maux : il vient enlever sa liberté aux femmes, qui avant son institutionnalisation dans le couple, pouvaient invoquer les déesses de la fertilité, faire des blagues ou folâtrer dans le foin, et qui après, ont entraîné la promotion de la pudibonderie pour les femmes, le patriarcat venant le justifier : si ces dernières veulent s'assurer une sécurité économique, il faut épouser un homme fortuné ; mais à l'inverse, quel intérêt le futur époux aurait-il à l'épouser ? Pour pouvoir être le seul à être autorisé à coucher avec elle.

Là où je deviens (encore) moins convaincue, c'est quand Liv Strömquist démontre que le concept de propriété sur le corps est absurde et relève d'un non-sens, même si cela heurte nos sentiments, pour la raison que les tractations autour du sexe et des relations de couple sont de puissantes génératrices de sentiments. Au début d'une relation on est dans l'incertitude, ce qui crée de l'inconfort. Et c'est cette position d'inconfort qui dramatise les histoires d'amour et génère des sentiments. Et que la menace de rompre génère de la passion, tandis que l'absence de conflits entraîne un lien affectif plus faible… L'amour naîtrait donc de la négociation entre deux personnes libres d'un contrat exclusif et de préférence permanent qui régit le droit de propriété sur le corps de son partenaire… Théorie absolument froide et une nouvelle fois très tranchée, en ce qu'elle fait entrer toutes les relations dans les mêmes cases, et je n'ai pas l'impression que toutes les relations amoureuses doivent être vécues dans le drame pour être passionnées.

Cette théorie de l'amour libéré a été traité par la suite dans « La rose la plus rouge », que j'ai lu avant celui-ci, et que j'avais trouvé plus percutant. J'ai eu une sensation de redite sur l'histoire du mariage et de l'irruption dans celui-ci de l'amour, ainsi que la critique d'un individualisme forcené empêchant toute velléité de relation intime durable, provoquant chez moi une sensation de redite assez ennuyeuse. Pourtant, c'est toujours aussi documenté (et pas les mêmes sources entre les deux ouvrages), mais cette fois, cette vision unilatérale des choses a plus tenu pour moi de la démonstration au forceps que de la nuance. Peut-être aurais-je dû lire ce tome d'abord…
Commenter  J’apprécie          232
Comme probablement de nombreuses lectrices françaises, j'ai découvert l'autrice de BD Liv Stromquist à la lecture des livres à succès de Mona Chollet. Dans son livre "Réinventer l'amour" la journaliste suisse évoque largement ce roman graphique en noir et blanc, au titre déroutant et à la ligne brute.
Des sentiments du Prince Charles il ne sera pas beaucoup question même si le trio maudit avec Camilla et Diana revient en fil rouge pour coudre ce qui s'apparente à un patchwork d'analyses et de réflexions autour du sujet du couple et de l'amour.

Comme toujours avec Liv Stromquist, le trait est féroce et le propos radical. L'autrice s'attache, comme dans toutes ses oeuvres, à rendre justice à des femmes bafouées, victimes ou témoins de la violence des hommes et du patriarcat, dans cet album, on va de Nancy Reagan à Withney Houston en passant par Lady di et la première épouse d'Einstein, Milena Maric.
Même si le propos de l'autrice aide à changer de point de vue, je l'ai trouvé encore une fois un peu trop brutal pour être convaincant. La déconstruction des mécanismes oppressifs qui sous tendent la relation amoureuse est intéressante, mais le côté fourre tout de l'album, mêlant des sujets d'indignation à des thèmes de réflexion, n'aide pas à se faire sa propre idée.

Lecture moins indispensable que son livre L'origine du monde autour du sexe féminin, vraiment passionnant.
Commenter  J’apprécie          40
Après les lectures de L'origine du monde et de I'm every woman, ce sont Les sentiments du prince Charles de l'auteure Liv Stromquist qui ont occupé quelques-unes de mes soirées.

Dans cette bande dessinée, il est à nouveau question du sentiment amoureux, de la relation complexe hommes-femmes, de nos comportements. Par le biais de l'humour, l'auteure nous invite à réfléchir sur la manière dont nos sociétés conditionnent nos rapports amoureux.

Toujours sur le même principe que les autres livres, Liv Stromquist s'attèle à des personnages historiques et politiques (Einstein, Marx, Reagan...), des célébrités de la pop culture (Whitney Houston, le personnage de Carrie Fisher, la princesse Diana)...

J'ai apprécié cette lecture qui amène à réfléchir sur l'origine de nos comportements. Je n'ai pourtant pas adhéré à l'ensemble des propos. A la longue, j'ai trouvé cette vision du couple un peu sombre, un peu extrémiste sur certains aspects, notamment sur la notion de fidélité. Je pense et j'espère qu'il y a aussi des exemples de relations amoureuses accomplies sans rapports de force ou de domination. C'est peut-être la note positive qui m'a manquée pour ne pas me lasser.
Commenter  J’apprécie          30
Cet ouvrage m'avait été conseillé par ma libraire, puis offert par une amie, et j'étais impatiente de le découvrir. Et pourtant, je ne le lis que plus d'un an après... ne cherchez pas à comprendre pourquoi.

Ce que nous allons tenter de comprendre, ici, c'est plutôt les relations entre les hommes et les femmes et comment la société nous influence dans notre comportement. C'est ce que l'autrice, Liv Strömquist, a décrypté dans cet ouvrage. Elle y dénonce le patriarcat et les schémas qui se mettent en place afin que chacun·e corresponde bien aux normes du genre qu'on lui a attribué.

C'est une bande-dessinée qui m'a fait réfléchir sur ma propre conception du couple et sur la manière dont je pouvais agir (je suis dans une relation hétérosexuelle, et c'est ce dont l'autrice parle). Et, même en étant plutôt "déconstruite" vis-à-vis du sexisme, je me suis rendu compte que j'agissais tout de même souvent en fonction des normes qu'on nous impose, au sein même de ma relation amoureuse.

Il y a plusieurs chapitres, avec chaque fois une thématique différente et de nombreux exemples. Nous partons d'une simple phrase prononcée par le prince Charles (après ses fiançailles avec Diana), lorsqu'on lui a demandé s'il était amoureux : « Oui… Quel que soit le sens du mot “amour” ».

Bien que n'étant pas fan des illustrations - très simplistes, avec un très presque "grossier", et une colorisation entièrement en noir et blanc -, j'ai bien aimé ce livre, surtout pour le propos amené par Liv Strömquist. Parce qu'au final, ce ne sont pas les dessins qui importent le plus, mais bien les écrits.

C'est un essai graphique qui comporte beaucoup de texte mais qui reste agréable à lire, d'autant plus qu'il y a de nombreuses touches d'humour. Une bande-dessinée engagée et féministe, à faire lire à toutes les personnes dans une relation amoureuse !
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
Commenter  J’apprécie          20
Ce roman graphique suédois interroge avec humour les relations amoureuses et remet en cause notre conception du couple et de la vie commune. Liv Strömquist tente d'interpeller son lecteur avec des références multiples à la pop culture et un humour corrosif.

Les relations amoureuses sont disséquées sous le prisme de personnages célèbres de Pablo Picasso à Albert Einstein en passant par Karl Marx ou encore le prince Charles. Liv Strömquist use également de séries télévisées de Sex and the City à Mon oncle Charlie ou d'oeuvres artistiques pour appuyer son propos.

Le graphisme caricatural appuyé par un trait noir se veut aussi mordant que le texte. Une bande dessinée espiègle et ingénieuse profondément engagée qui déconstruit notre conception de l'amour héritage des générations successives. Si le ton demeure pessimiste et que je ne me suis pas retrouvée dans l'intégralité de ce roman graphique, je ne peux que saluer l'intelligence et la pertinence de cet ouvrage. Une découverte avec Liv Strömquist que je prolongerai !
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (1551) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5246 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}