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EAN : 9782878272505
176 pages
Rackham (22/10/2021)
4.21/5   271 notes
Résumé :
En 2003, la philosophe Susan Bordo affirmait que nous vivons dans un "empire des images" et, ces dernières années, cette expression est devenue de plus en plus vraie. Un appareil photo ou un iPhone à la main, nous alimentons sans cesse les réseaux sociaux et nous nous noyons dans un flot d'images. Nous communiquons par l'image, nous datons les événements par le biais d'images, nous racontons notre vie et nous connaissons celle des autres par des images et nous avons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Sur Instagram, Kylie Jenner est une star. Ses selfies sont likés des centaines de milliers de fois. Mais la jeune femme est un modèle inatteignable : séances de sport quotidiennes, argent, produits de soin de luxe, temps illimité pour prendre soin d'elle, tout cela contribue au physique jugé parfait qu'elle exhibe. de fait, vouloir lui ressembler suscite évidemment des frustrations. « Alors que Kylie affirme qu'elle n'est pas là pour encourager les gens/jeunes filles à lui ressembler, les gens/jeunes filles font tout pour y parvenir. Pourquoi ??? »

Partant d'un phénomène populaire criant de vérité, l'autrice explicite les mécanismes du désir mimétique qui entrent dans la construction et la recherche d'identité. Au-delà de la concurrence induite par la rivalité mimétique, la beauté est ce qui rend mariable/baisable selon les époques et les sociétés. Précision : cette injonction à la beauté et cette tyrannie de la désirabilité ne concernent que les femmes. À elles tous les efforts pour plaire et tenter d'accrocher un homme et de le garder. Et qui définit les critères de la beauté ? Attention, méga surprise : ceux qui n'ont pas à s'y plier ! « C'est la raison pour laquelle aujourd'hui encore, des attributs aussi invalidants que des cheveux trois fois trop longs, des chaussures inconfortables ou des ongles manucurés continuent à être perçus comme féminins et attractifs. »

OK. Admettons que les femmes se soumettent à ces règles de beauté parfois aberrantes, voire douloureuses. Elles sont donc toutes superbes, ont raison de s'admirer et de jouir de leur pouvoir de séduction ? Non ? Ah oui, c'est vrai... La modestie est l'autre obligation paradoxale à laquelle doivent se plier les femmes. « Dans le monde occidental, selon une coutume vieille d'environ 1900 ans, les femmes ne doivent pas se trouver belles, ni savoir qu'elles le sont. » Et pire encore, il faudrait que les femmes soient belles, sans chercher à s'embellir, car sinon bonjour l'orgueil. Et il paraît que c'est laid, l'orgueil ou l'amour de soi. Bref, quoi qu'elles fassent ou ne fassent pas, les femmes sont foutues, condamnées à rester prisonnières du regard de l'homme, ou male gaze.

Sauf qu'en fait, non ! Liv Strömquist s'oppose à cette tyrannie de l'image qui n'est bonne pour personne, femme ou homme (mais surtout femme, hein !). Parce qu'à mesure que les années passent, la beauté – telle que la vendent les magazines, évidemment – fane irrémédiablement, et alors que reste-t-il ? L'autrice donne la parole à des femmes âgées qui, sous sa plume et son pinceau, sont toutes des reines. Car la beauté n'attend pas le nombre des années, ou à peu près... Ces femmes, affranchies des diktats, libérées des attentes contradictoires de la société, sont enfin heureuses et en paix avec leur image. Certaines, cependant, n'y parviennent jamais, et le terrible exemple de l'impératrice Sissi est déchirant, comme les doubles pleines pages que l'autrice lui consacre.

J'ai retrouvé dans ce brillant ouvrage la rhétorique brillante de Beauté fatale de Mona Chollet. Et même si le trait de Liv Strömquist me séduit toujours aussi peu, son argumentation fait mouche à chaque fois. Je vous recommande ses textes précédents : Les sentiments du Prince Charles et La rose la plus rouge s'épanouit. Sans surprise, la dernière bande dessinée de Liv Strömquist trouve sa place sur mon étagère dédiée à mes lectures féministes.
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Dans le palais des miroirs est ma première lecture d'une bande dessinée de Liv Strömquist.

C'est extrêmement dense dans le texte, les dessins, les citations de philosophes, sociologues et historiens qui ont travaillé sur le beau, l'image, la féminité, le narcissisme. Dès lors, c'est très intéressant, mais j'ai parfois du mal quand le discours est tellement fourni que le propos devient difficile à résumer et à retenir. Ceci explique ma note très personnelle, mais ne doit en aucun cas décourager les futurs lecteurs.

Pour présenter les grandes lignes du livre, l'autrice a réparti son étude en cinq chapitres qui lient des portraits de femmes réelles (Sissi, Marilyn Monroe, Kim Kardashian, mais également plusieurs femmes anonymes de plus de cinquante ans) et de fiction (La mère, et non belle-mère, de Blanche-Neige, Léa, la soeur de Rachel dans la Bible…) pour présenter les notions puis pour s'interroger sur les avantages et inconvénients de cette dimension donnée à la beauté physique féminine.

Liv Strömquist développe notamment l'importance du regard de l'autre, notion d'autant plus présente dans un monde de grande consommation soumis à la mode, aux réseaux sociaux et à la comparaison à des modèles. Elle s'attache ensuite au lien (ou non) selon les sociétés et les époques entre le beau et les chances de trouver (et conserver) un partenaire et à la révolution du selfie, car ce qui est montré ne passe plus par le regard de l'autre, mais par sa propre appréhension.

L'analyse conduit à démontrer que l'obsession du paraître à la place d'être pose difficulté notamment en dissociant le moi public et le moi privé ce qui peut avoir de graves conséquences et n'est plus réservé aux stars avec l'avènement des réseaux sociaux. Néanmoins, cette valorisation de la beauté permet aussi de rappeler que rien n'est éternel, que nous sommes mortels et donc qu'il faut profiter du moment présent !

Malgré 283 lecteurs inscrits à ce jour pour cette bande dessinée sur Babelio et 107 notes, il n'y a que 10 critiques. J'ai donc hâte d'avoir d'autres ressentis sur cette oeuvre, car le thème est passionnant et tout de même très bien documenté Dans le palais des miroirs !

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Une bande dessinée engagée et féministe très percutante qui aborde notre obsession pour l'apparence, la manière dont nous sommes conditionnés dans nos choix par un désir mimétique savamment piloté, le culte moderne de la minceur, du sex-appeal, la tyrannie du regard (des autres, de nous sur nous-mêmes), l'injonction à la beauté modeste, la réappropriation maline par certaines influenceuses du regard sexuel porté sur elles, notre mise en scène permanente et notre dédoublement sur les réseaux sociaux, la positivité cynique du "lisse", du beau et du paraître au détriment de l'être. Un foisonnement d'idées sociétales et philosophiques... TRES intéressant !!
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Ce roman graphique relève davantage de la sociologie que du roman. Dit comme ça, je sais, cela ne fait pas envie. Et pourtant… voilà un roman graphique vraiment captivant et indispensable.
Avec beaucoup d'humour, de dérision, et quelques références bien choisies, Liv Strömquist nous énonce quelques vérités bien senties sur notre (enfin surtout nous les femmes) rapport à l'image, à l'apparence, à la beauté, à la séduction, au désir, au mariage, au poids, à l'estime de soi, à l'amour, aux stars, bref, à une grande part de notre vie actuelle. Car il est bien difficile de ne pas céder aux diktats et aux sirènes de la beauté et de la désirabilité. Elle cite quelques auteurs qui nous expliquent les phénomènes psychologiques sous-jacents. Elle nous parle de l'impact tyrannique qu'ont eu ces exigences sur deux reines de beauté, Marilyn Monroe et l'impératrice Sissi. de l'impact de femmes canon comme Kylie Jenner et Kim Kardashian sur ces questions. Pourquoi la belle-mère de Blanche-Neige ne pouvait pas faire autrement que de faire assassiner sa concurrente. Comment quelques femmes contemporaines d'âge mur ont trouvé un autre rapport à la beauté, et sont devenues aux yeux de l'autrice de véritables reines.
Tout est extrêmement intéressant et instructif, absolument pas barbant, grâce à une mise en page très dynamique et des illustrations simples et claires.
Je ne suis pas fan du dessin de Liv Strömquist, mais il présente l'avantage d'être immédiatement lisible, ce qui fluidifie la lecture, car il y a beaucoup de texte par ailleurs.
C'est un ouvrage de vulgarisation sur le sujet à mettre entre toutes les mains, sous tous les yeux, sur tous les réseaux sociaux.
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Je n'ai pas aimé. Pourtant, j'ai adoré les autres ouvrages de Liv Strömquist. Et bon, ce livre sert à dénoncer les standards de beauté féminin et le contexte social les entourant. Je devrais aimer ça.

Mais le livre commence avec un chapitre sur René Girard et sa théorie du mimétisme. Théorie infalsifiable (dans le sens poppérien du terme) qui m'énerve pas mal et à laquelle on peut faire dire ce qu'on veut. Bref : les femmes veulent suivre des critères de beauté impossibles par désir d'imitation. Les anorexiques veulent imiter des femmes minces, etc. Qu'est-ce qu'on est censé faire de ça?

Ensuite, Strömquist se lance dans des analyses... Bon, plusieurs critiques parlent d'analyses sociologiques et... Non. La sociologie est une science, avec de la méthodologie et tout ça. Ce que le livre fait, plutôt, c'est de se lancer dans des anecdotes intéressantes.

L'histoire Biblique de Jacob, qui travaille à la ferme 7 ans pour marier une fille moche, puis un autre 7 ans pour pouvoir marier sa soeur plus belle.

Charlemagne qui s'est remarié un paquet de fois au gré des nécessités politiques.

Les pays orthodoxes où les mères choisissaient la plus jolie des femmes pour leurs fils, sans égards à leur statut social.

Intéressant. Mais qu'est-ce qu'on fait de tout ça?

Ensuite, Strömquist rappelle qu'à l'époque féodale, les nobles préféreraient les femmes pâles, aux ongles longs, aux costumes inconfortables qui réduisaient les mouvements (ce qui est un lieu commun. L'histoire du corset est plus compliquée que ça). Quelle conclusion elle en tire? Quand les hommes fantasmes sur Cardi B, c'est parce qu'ils s'imaginent que d'épouser une femme comme elle élèverait leur statut social, puisqu'elle a de longs ongles qui l'empêchent de travailler. Et qu'ainsi ils n'auraient plus besoin de travailler eux non plus.

M'enfin. Rendu là, j'ai décroché de ma lecture.

J'ai quand même hâte de mettre la main sur son livre sur le Prince Charles.
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critiques presse (1)
ActuaBD
03 mars 2022
Dans ce nouvel album, Liv Strömquist s'intéresse à l'idéal de beauté féminin ainsi qu'à sa représentation à travers les médias. Au fil de cinq chapitres, elle déploie un univers foisonnant, convoquant références bibliques, pop et universitaires à la fois. Un cocktail détonnant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
...Dans un livre du psychanalyste Bruno Bettelheim, j'ai appris que les belles-mères des contes de fées désignent en fait les mères elles-mêmes.
Si les mauvaises mères sont changées en "belles-mères" dans les contes, c'est parce que, selon Bettelheim, nous serions incapables de prêter un caractère cruel, despotique et destructeur à la figure maternelle.
C'est pourquoi, dans les contes, les mères sont scindées en deux; la mère authentique, parfaite et irréprochable, forcément bonne puisqu'elle est déjà morte (et qui ne risque plus de de commettre d'erreurs) ou une marâtre qui incarne le coté obscure de la maternité.
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« Dans le monde occidental, selon une coutume vieille d’environ 1900 ans, les femmes ne doivent pas se trouver belles, ni savoir qu’elles le sont. »
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« C’est la raison pour laquelle aujourd’hui encore, des attributs aussi invalidants que des cheveux trois fois trop longs, des chaussures inconfortables ou des ongles manucurés continuent à être perçus comme féminins et attractifs. »
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Sur le plan sentimental, nous vivons dans un état d'insécurité permanente. La seule chose à laquelle je puisse me raccrocher - mon assurance contre la solitude - est en somme ma beauté.
[...]
D'où une pression toujours plus forte pour ne jamais cesser d'être - tout au long de ma vie - magnifiquement baisable [...].
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Pour provoquer le désir d'une personne, il suffit de la convaincre que l'objet en question est déjà désiré par un tiers, lui-même investi d'un certain statut.
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Videos de Liv Strömquist (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Liv Strömquist
1,2,3 BD ! Chez les libraires ! vous présente les BD coups de coeurs d' Aurélien et la librairie le Bidibul à Troyes. Également un petit focus sur le festival le crayon vert et la venue à la librairie de David Snug pour la lutte pas très classe éd. Nada ! - le Petit théâtre des opérations, Toujours Prêtes ! de Virginie Augustin et Julien Hervieux chez Fluide - Astrologie de Liv Strömquist chez rackham - Poltron Minet de Madd - Mayen - Éditions Dupuis 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #GALERIE #BD #POPCULTURE #BANDEDESSINEE #COMICBOOKS #9EMEART Retrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires! sur : https://www.youtube.com/TraitpourtraitBD https://www.facebook.com/TraitpourTraitBD https://www.instagram.com/traitpourtraitbd/ https://twitter.com/TPTBD
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