Après l'effet papillon, place à l'effet pigeon !
Ou comment la présence d'un petit animal peut avoir de grandes conséquences.
Un pigeon, ça n'est pas bien dangereux, non ? C'est plutôt inoffensif, même si ça n'est pas très ragoûtant, avouons-le.
Celui qui a le mieux décrit ce volatile peu affriolant, c'est
Jean Echenoz, dans son jubilatoire
Des éclairs :
"
Le pigeon, pourtant.
Le pigeon couard, fourbe, sale, fade, sot, veule, vide, vil, vain.
Jamais émouvant, profondément inaffectif,
le pigeon minable et sa voix stupide. Son vol de crécelle. Son regard sourd. Son picotage absurde. Son occiput décérébré qu'agite un navrant va-et-vient. Sa honteuse indécision, sa sexualité désolante. Sa vocation parasitique, son absence d'ambition, son inutilité crasse."
Si, en sortant de chez lui, Jonathan Noël avait aperçu un papillon dans le couloir de son immeuble, cela ne lui aurait sans doute fait aucun effet. Il aurait poursuivi son chemin et le cours de sa vie.
Mais voi
là : c'est un pigeon qu'il a vu devant lui.
Pas un gracieux lépidoptère, non, un répugnant colombidé.
Cette vue le tétanise et le révulse à un point inimaginable (sauf pour
Patrick Süskind !) et cette simple présence va bouleverser toute sa vie.
À première vue, l'histoire est absurde et follement drôle. Un pigeon peut-il vraiment à ce point tout chambouler ?
L'auteur a laissé libre cours à une imagination débridée, et inventé des scènes vraiment cocasses.
Si l'on creuse davantage, on comprend que
Patrick Süskind nous amène à nous interroger sur notre propre vie : quelle est l'importance de nos petites habitudes quotidiennes ?
Une vie doit-elle être bien ordonnée ou faut-il laisser la place à de l'imprévu ? La réponse est certainement entre les deux mais, où placer le curseur ?
Voilà une lecture réjouissante que je vous recommande : vous en roucoulerez de plaisir !