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sur 1486 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les phobies font toujours bien rire ceux qui n'en sont pas atteints.
Qui ne s'est pas amusé aux dépens de la personne qui abandonne en courant son appartement parce qu'une minuscule souris grignote dans la cuisine quelques miettes de gâteaux secs, ou qui refuse de dormir dans une chambre parce qu'une énorme araignée se promène au-dessus du lit, ou encore angoisse à la simple idée de devoir entrer dans une cabine d'ascenseur ?
La vie de notre malheureux héros, Jonathan Noël, va basculer dans l'horreur absolue à cause de l'irruption d'un pigeon, un de ces affreux volatiles qui vous réveillent en roucoulant, souillent les rebords de vos fenêtres, et s'approchent sournoisement de vous quand vous sirotez votre café ou buvez votre petit blanc à la terrasse d'un bar.
Jonathan a eu sa part de traumatismes durant sa jeunesse, et il aspire à cinquante ans sonnés à une petite vie bien tranquille, loin de tous ces gens fourbes et vipérins qui ne l'ont jamais épargné. Il est un rien maniaque aussi ! Un adepte de cette maxime énigmatique, du moins me concernant : « Une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place !!!! » Mais Jonathan est heureux dans cette vie qu'il s'est choisi, qu'il s'est construit petit à petit. Une vie sans accroc, répétitive, et monotone, mais tellement rassurante…
Jusqu'à l'arrivée matinale de cette saleté de pigeon qui va réveiller en lui tous ses mauvais souvenirs de jeunesse. Incapable de relever le défi que lui lance la bestiole ailée, sa journée va vite virer au cauchemar.
La maniaquerie et les obsessions de Jonathan, la monotonie de son existence, sont décrites d'une manière clinique par Patrick Suskind qui décompose chacun de ses gestes et de ses mouvements. C'est souvent drôle et émouvant.
Un petit reproche, si je peux me permettre. Il manque une cinquantaine de pages à ce livre. La jeunesse de Jonathan si traumatisante n'est pas suffisamment développée. Et surtout, surtout, j'aurai tant voulu « lire » le triomphe de Jonathan qui, au bout du compte, est parvenu à vaincre sa phobie, partager avec lui cette grande victoire sur lui-même et sur les autres, son Austerlitz à lui…
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Jonathan, la cinquantaine, est vigile dans un hôtel.
Il aime ses habitudes, tout doit se dérouler de la même façon chaque jour.
Il habite dans une chambre de bonne.
Tout se passe comme il l'entend jusqu'au jour où il découvre , sur son palier, un pigeon qui le scrute de son oeil rouge .
Il ne peut pas le supporter.
Jonathan quitte son domicile et se réfugie hors de chez lui, ni plus ni moins qu'un "sans domicile fixe".
C'est pour lui le départ de réflexions sur le sens de sa vie. Des pensées qui le chamboulent complètement.
J'ai lu le livre au début des années quatre-vingt-dix, après sa sortie, encore marquée par le célèbre roman précédent de Patrick Süskind : "Le parfum", d'un tout autre genre;
L'ambiance du livre et la description de la solitude du personnage principal m'avaient fascinée à la façon d'un thriller.
Un livre très court que je retrouve en relecture grâce à mes notes que je prenais déjà à ce moment sur des cartons colorés.
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Vraiment cet écrivain ne cessera jamais de me surprendre, déjà avec son extraordinaire et incroyable Parfum, puis son admirable Contrebasse, c'est au tour du Pigeon de m'envoûter.
Ce court roman nous rappelle, ne serait-ce qu'un peu, les oeuvres de Kafka ; Un homme âgé voit toute sa stabilité et la beauté de sa vie solitaire et calme détruites et bouleversées par un évènement terrible et atroce : un pigeon se tient dans le couloir du bâtiment ! Eh oui, un pigeon, cet oiseau doux et mignon ! On est d'emblée devant ce comique de situation où le personnage agit sérieusement devant un problème si simple.
C'est le constat épidermique ! Or cette situation anodine est élevée au rang de la méditation amère de la vie et de l'existence. Elle touche à l'universel, et voilà exactement tout son intérêt (et selon moi la grandeur de tout roman). Qu'est-ce que le bonheur après tout ? Il est relatif à l'extrême ! Pouvons-nous rire de ce qui arrive à ce vieil homme ! Pour lui, qui a connu une jeunesse tumultueuse et désagréable, son bonheur est là dans cette chambre toute petite et affable et dans sa solitude, tout simplement. On notera cette contemplation du clochard et de sa liberté excessive.
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Je reviens à Patrick Süskind, vingt-cinq ans après son extraordinaire et capiteux Parfum, pour un voyage beaucoup plus court mais dense et étrange.
Ce Pigeon, joue un rôle de déclencheur aussi bref que violent: Son apparition, à la porte d'un Jonathan reclus dans son existence étriquée et ses habitudes millimétrées, va projeter ce dernier dans l'inconnu, l'inconfort et l'angoisse d'une journée désorganisée.
Comment cet oiseau, entré par une fenêtre restée ouverte, va faire vaciller les routines et certitudes patiemment accumulées par Jonathan Noël?
Süskind s'y entend à merveille, avec une précision de micro-mécanicien, pour détailler au lecteur gourmand cet enchaînement de mésaventures.
Jonathan Noël, sorte de sculpture vivante dans son uniforme d'agent de sécurité devant une agence bancaire, va connaître un inconfort grandissant et une bouffée de haine associée.
Le livre est ausssi court que son personnage principal semble simple...
Et c'est là tout l'art de Patrick Süskind de nous captiver, nous passionner avec, j'oserais dire, deux bouts de ficelles.
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Après l'effet papillon, place à l'effet pigeon !
Ou comment la présence d'un petit animal peut avoir de grandes conséquences.

Un pigeon, ça n'est pas bien dangereux, non ? C'est plutôt inoffensif, même si ça n'est pas très ragoûtant, avouons-le.
Celui qui a le mieux décrit ce volatile peu affriolant, c'est Jean Echenoz, dans son jubilatoire Des éclairs :
"Le pigeon, pourtant.
Le pigeon couard, fourbe, sale, fade, sot, veule, vide, vil, vain.
Jamais émouvant, profondément inaffectif, le pigeon minable et sa voix stupide. Son vol de crécelle. Son regard sourd. Son picotage absurde. Son occiput décérébré qu'agite un navrant va-et-vient. Sa honteuse indécision, sa sexualité désolante. Sa vocation parasitique, son absence d'ambition, son inutilité crasse."

Si, en sortant de chez lui, Jonathan Noël avait aperçu un papillon dans le couloir de son immeuble, cela ne lui aurait sans doute fait aucun effet. Il aurait poursuivi son chemin et le cours de sa vie.
Mais voilà : c'est un pigeon qu'il a vu devant lui.
Pas un gracieux lépidoptère, non, un répugnant colombidé.
Cette vue le tétanise et le révulse à un point inimaginable (sauf pour Patrick Süskind !) et cette simple présence va bouleverser toute sa vie.

À première vue, l'histoire est absurde et follement drôle. Un pigeon peut-il vraiment à ce point tout chambouler ?
L'auteur a laissé libre cours à une imagination débridée, et inventé des scènes vraiment cocasses.
Si l'on creuse davantage, on comprend que Patrick Süskind nous amène à nous interroger sur notre propre vie : quelle est l'importance de nos petites habitudes quotidiennes ?
Une vie doit-elle être bien ordonnée ou faut-il laisser la place à de l'imprévu ? La réponse est certainement entre les deux mais, où placer le curseur ?

Voilà une lecture réjouissante que je vous recommande : vous en roucoulerez de plaisir !
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Pan! Encore une lecture qui secoue. Qui remue les couches de certitude et éparpille les parcelles d'une réalité qu'on croyait définitive, intangible, bref quelque chose à quoi s'accrocher. Mais il suffit d'un pigeon, tel un grain de sable dans l'engrenage bien huilé du quotidien, pour dérégler la machine. Et c'est là, pour moi, toute la force de ce texte : notre monde, à partir d'un élément infime, s'altère et nous lecteurs sommes happés par cette dimension alternative que jusque là on ignorait. En cela, on est quasiment dans du fantastique. Mais on peut aussi parler d'aliénation, de paranoïa... (Et je m'identifie à ce personnage, par empathie ou simplement du fait du grand talent et pouvoir d'évocation de l'auteur.)
Une chose est sûre ce petit roman est un grand, un très grand livre!
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Pour moi ce petit livre est le récit de la névrose, de ce que S. King appelle "la théorie de la balle élastique" c'est à dire ce point de rupture caché en chacun entre le quotidien (avec nos névroses contrôlées) et la folie... le pigeon symbolise l'inhabituel, le dérangeant, l'incontrôlable qui vient heurté et dévoré la conception bien rangée de la vie, le train-train quotidien d'un héros si commun et peu identifiable que je n'y ai vu qu'une sorte de fable (au sens philosophique). Certainement aussi bien (voir meilleur) à mes yeux que le parfum !
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Ahhh, ce livre… ce n'est pas sa valeur littéraire qui me fait l'apprécier, mais sa valeur sentimentale…

Lorsque j'étais ado, mon petit frère qui avait alors cinq ans se baladait tranquillement dans les magasins en compagnie de mes parents. Soudain, sans crier « gare », il déclara à mes parents : « je veux offrir un cadeau à Anne ! » C'est trop mimi ! Et le voilà parti à faire les rayonnages des Galeries Lafayette à la recherche d'un cadeau. Connaissant mon goût pour la lecture, il s'est arrêté au rayon livres. Et là, devant cette couverture qui lui faisait de l'oeil (c'est le cas de le dire), ça a été le coup de foudre… (je précise que sur la couverture de mon édition apparaît en gros plan un pigeon de profil à l'oeil torve sur fond rouge). En m'offrant son cadeau délicatement emballé, il m'a déclaré, avec ce plaisir d'offrir non dissimulé et cette petite lueur de sincérité et de beauté dans les yeux : « je ne te dis pas ce que c'est, mais tu verras ça va te plaire, la couverture elle est trop belle ! » 20 ans après, ces mots, cette petite voix toute gaie et ce regard pétillant sont toujours bien présents dans mon coeur…

Alors voilà, ce pigeon qui me nargue sur la couverture est absolument ignoble, l'histoire est à première vue sans queue ni tête (ne dites surtout pas à mon frère que la première fois que j'en ai entamé sa lecture, je n'ai pas pu la finir), mais il y a cette spontanéité du don qui fait que ce livre, JAMAIS je ne m'en séparerai…

Et à l'occasion du challenge « Pyramide 4 » sur Babelio, mis en place par Gwen21, dont le niveau ouvert hier demande de lire un roman avec un oiseau sur sa couverture ou dans son titre, je me suis dit qu'il était temps que je le (re)lise.

Et il me faut bien rendre à Süskind ce qui appartient à Süskind : sa plume, que j'adore. L'histoire de cet homme de cinquante ans, dont la vie est réglée de façon à ne permettre aucun contretemps, mais qui s'en trouve bouleversée un matin par la présence d'un pigeon devant la porte de sa chambre de bonne, aurait pu passer pour humoristique ou burlesque sous la plume d'un autre. Mais voilà, c'est Süskind aux commandes. Et l'histoire de cet homme, qui a pourtant connu la guerre en Indochine en tant que soldat, et qui voit toute une journée de sa vie désorganisée par une rencontre avec un pigeon, prend une tournure tragique. le récit ne se déroule que sur un jour. Et c'est tout l'art de l'auteur, nous tenir en haleine dans le vécu de cette journée. Alors, en tant qu'ado je n'ai pas compris ce récit que je trouvais, j'avoue, ennuyant, mais en tant qu'adulte j'ai une vision tout à fait différente qui me fait dire : ce roman est vraiment à découvrir !
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Pourquoi ce pauvre pigeon égaré, entré par une fenêtre de l'escalier de service se pose en épouvantail devant la porte de Jonathan Noël au moment ou celui-ci s'apprêtait à sortir de sa petite chambre de bonne qu'il occupe depuis 30 ans ?
Le pigeon, symbole animal de l'être floué, trompé, trahi, moqué,n'est-il pas le reflet inconscient de Jonathan ?Lui qui a dû se cacher, a été poursuivi, soumis durant tant d'années dès son enfance, son adolescence, et son âge d'homme, jusqu'au jour, où enfin il se décide à prendre sa vie en mains, bien modestement, certes, mais seul, courageusement de son propre gré cette fois. Et voilà qu'il se trouve face à face avec l'image symbolique de l 'être trompé, manipulé, bref, pigeonné C'est un choc, une peur affreuse, tout va-t-il recommencer ? Que lui veut donc cet animal qui le regarde fixement de son oeuil froid et rond ?
Un malaise le pousse à retrouver sa chambre. Que faire ? Abandonner son refuge qui l'avait si bien protégé jusque là ? Oublier ce pigeon arrogant, mais cette fois il ne se laissera pas faire...
Voici comment j'ai compris à ma façon la conduite de Jonathan.
J'ai été charmée par ce texte intelligent, drôle souvent,, finement observé,, qui porte à la réflexion sur de nombreux sujets, bref, j'ai beaucoup aimé pour l'originalité du sujet, l'écriture souple, vive, et le talent de l'auteur, évidemment.
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Le pigeon domestique, le pigeon de compagnie, vivant en appartement, précautionneusement enfermé dans sa cage, a mystérieusement disparu. Il s'est envolé, comme par magie.
Il paraîtrait qu'elle l'a fait sortir sur le balcon afin qu'il s'envole parmi ses congénères, qu'il retrouve, enfin, sa liberté.

Le pigeon n'était définitivement pas à sa place dans cet appartement ; étant passé d'une cage à l'autre, d'une cage à l'air libre, sa cage d'élevage, à sa cage au sein de l'appartement, jusqu'à la dernière de ses cages, réfrigérée. Elle a fini par le retrouver son pigeon, dans le congélateur. Qui dit pigeon d'élevage dit pigeon alimentaire, poulet.

Il peut paraître étrange de se lier d'amitié à un pigeon, l'oiseau ayant mauvaise réputation.

On reproche aux pigeons les mêmes choses qu'on reproche aux rats : ils sont sales, ils se propagent et ils propagent de sales maladies. Il est vrai qu'ils souillent le parvis des églises et que leurs immondices s'accumulent tout particulièrement dans certaines ruelles. Ils se croient tout permis ces pigeons, ils sont sans foi ni loi, ils ne respectent pas la moindre des politesses qui est de ne pas faire ses besoins sur la voie publique et encore moins sur la tête des honnêtes gens. Il est vrai qu'on a toujours peur de passer sous le vol d'un pigeon, parce qu'on a peur de se prendre une fiente de pigeon sur la tête.

Ils sont domestiqués pourtant, habitués aux hommes, aux habitudes de la vie urbaine. Ils mangent des chips et des sandwichs triangle lors des pauses repas, dans les squares, en compagnie des canards. En fait, ils sont tellement proches des humains, qu'il serait facile de les faire s'envoler, avec un seul coup de pied bien envoyé.
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