Les crimes policiers et leur signification politique
« Si les familles ont choisi de prendre la parole dans cet ouvrage, de raconter comment elles ont transformé leur douleur en action politique, c'est qu'elles savent, preuves historiques à l'appui, que les procédures débouchent rarement sur des sanctions effectives, que les policiers seront certainement blanchis – et la mémoire de leurs défunts destinée à l'oubli après avoir été salie. Leurs actions politiques sont autant de points de suture sur des plaies qui ne cicatriseront jamais complètement ».
Dans le premier texte, le collectif Angles morts revient sur le rôle du racisme structurel dans les affaires qui seront décrites et analysées, la protection systématique des policiers, l'asymétrie construite entre les victimes et les policiers, « Ainsi, à la présomption d'innocence des policiers impliqués vient s'ajouter la présomption de culpabilité des personnes tuées », la durée longue des procédures, les inventions de causes « officielles » de la mort, le rôle des expertises médico-légales et psychiatriques…
Les auteur-e-s parlent aussi de sur-contextualisation pour les uns et de décontextualisation pour les autres, des peines le plus souvent symboliques prononcées contre les policiers…
« Face à cela, faire un travail d'information est indispensable. Ce livre, tout comme les comptes-rendus d'audience, les concerts, les compilations rap, les reportages et les mobilisations y contribuent. Au-delà de l'information, l'enjeu réside dans la structuration d'un réseau de familles et de soutiens, dans la constitution d'un réseau d'avocats prêts à s'impliquer et à se mettre au service des familles et des comités ».
Les auteur-e analysent aussi les différences de traitements, la signification de l'insécurité policière, le caractère systémique de la violence d'Etat, les pratiques quotidiennes et leurs significations politiques…
Le collectif Angles mort termine sur la suppression effective de la peine de mort : « Pour que l'abolition de la peine de mort soit enfin une réalité partout, dans les rues et les prisons, pour que l'Etat et ses services rendent des comptes une bonnes pour toutes ».
Les différents textes reviennent sur six histoires récentes, les recherches pour établir la vérité contre les versions policières, pour obtenir justice, les mobilisations, les refus de laisser en silence…
Je ne souligne que quelques éléments : la nécessité que les policiers « rendent compte de leurs délits et crimes », la confrontation quotidienne à la discrimination et à l'arbitraire, l'inversion des rôles dans les présentations policières, « Criminaliser la personne décédée et innocenter les forces de l'ordre avant toute enquête constitue la stratégie médiatique classique dans ce genre d'affaires », l'interdiction de « la clé d'étranglement », des dispositifs de paralysie et de brutalisation, le refus de la « présomption de légitime défense » revendiquée par certaines organisations syndicales de policiers et soutenue par le Front national…
Des analyses et des témoignages à faire connaître.
L'abolition réelle de la peine de mort, nécessite de prendre en compte la violence systémique dans les rapports sociaux, le caractère politique de cette violence. Ici, pour les crimes policiers, sur les lieux de travail pour les crimes patronaux, dans les espaces publics ou « privés » pour les crimes commis par les hommes envers les femmes…
« L'alliance des combats contre toutes les formes de domination détermine les conditions de nos libérations respectives ».
Du collectif Angles morts, lire aussi : Collectif angles morts : Vengeance d'État. Villiers-le-bel des révoltes aux procès, Editions Syllepse 2011.
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