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Citations sur Femme de Porto Pim et autres histoires (7)

Le soir tard ou le matin très tôt, si l'on fait bien attention, on peut entendre leurs voix. Ce sont des plaintes confuses, des litanies et des murmures que, si l'on est sceptique ou distrait, l'on pourrait facilement prendre pour le bruit de la mer ou le cri des vautours. Beaucoup sont des âmes de naufragés.
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Je lui demandais : qui es-tu, d'où viens-tu ? pourquoi est-ce que nous ne partons pas en laissant tous ces gens absurdes qui font semblant de jouer aux cartes, je veux rester avec toi pour toujours. Elle riait, me laissait imaginer pourquoi elle menait cette vie et me disait : attends encore un peu et nous partirons ensemble, tu dois avoir confiance en moi, je ne peux rien te dire de plus. Ensuite elle se mettait à la fenêtre, nue, et regardait la lune, et elle me disait : chante ta mélodie, mais chante-la tout bas. Et pendant que je chantais elle me demandait de lui faire l'amour, et je la prenais debout, appuyée au bord de la fenêtre, tandis qu'elle regardait la nuit comme si elle attendait quelque chose.
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Tous les soirs je chante, parce qu'on me me paye pour ça, mais les chansons que tu as entendues étaient des pezinhos et des sapateias pour les touristes de passage et pour ces Américians qui rient là-bas au fond et qui dans un moment vont s'en aller en titubant. Mes vraies chansons sont simplement quatre chamaritas, car mon répertoire est restreint, et je me fais vieux, et puis je fume trop, et ma voix est rauque.
Il m'incombe de mettre ce balandrau qu'on portait autrefois dans les Açores, parce que les Américains aiment le pittoresque, ils rentrent ensuite au Texas et racontent qu'ils ont été dans une taverne d'une île perdue où il y avait un vieux vêtu d'un manteau archaïque qui chantait le folklore de son peuple.
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Il fume lentement et regarde le ciel constellé. Mais vous, pourquoi avez-vous voulu participer à cette chasse, me demande-t-il, par simple curiosité ? Je ne réponds pas tout de suite, je pense à ce que je vais lui dire : je voudrais lui répondre la vérité, mais la crainte de le blesser me retient. Je laisse une de mes mains traîner dans l'eau. Si j'allongeais le bras, je pourrais presque toucher l'énorme nageoire de l'animal que nous sommes en train de remorquer. Peut-être parce que vous êtes en voie d'extinction, vous et les baleines, lui dis-je finalement à voix basse, je crois que c'est à cause de cela. Sans doute s'est-il endormi, car il ne répond pas. Mais entre ses doigts brille encore la braise de sa cigarette. La voile claque de manière sinistre, les corps immobiles dans le sommeil ne sont plus que des petits tas sombres, et la chaloupe glisse sur l'eau comme un vaisseau fantôme.
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Les murènes se pêchent le soir, au moment où la lune se lève, et pour les appeler, on chantait une chanson qui n'avait pas de paroles : c'était un chant, une mélodie basse et langoureuse d'abord, et aiguë ensuite, depuis je n'ai jamais entendu un chant aussi poignant, on aurait dit qu'il montait du fond de la mer ou d'âmes perdues dans la nuit ; c'était un chant vieux comme nos îles ; maintenant plus personne ne le connaît, il s'est perdu, et peut-être que c'est mieux comme ça parce qu'il y avait en lui une malédiction, ou un sort, une espèce de sortilège.
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Après une longue attente dans la chaleur de l'après-midi, je vois un taxi qui repart à vide après avoir déposé un client. Le chauffeur me propose de m'emmener gratuitement à Lajes, puisqu'il a terminé sa course et qu'il rentre maintenant chez lui ; le prix que le client a payé comprenait aussi le retour et le chauffeur ne veut pas accepter l'argent que je lui offre.
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Après avoir vogué pendant des jours et des nuits, j’ai compris que l’Occident n’a pas de limites mais qu’il continue à se déplacer avec nous, et que nous pouvons chercher à l’atteindre aussi longtemps que nous voulons sans jamais y parvenir. Il en est de même de cette mer inconnue qui s’étend au-delà des Colonnes d’Hercule, sans fin et toujours égale, de laquelle émergent, comme l’épine dorsale d’un colosse disparu, de petites crêtes d’îles, nœuds de roche perdus dans le bleu.
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