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4,22

sur 428 notes
'ai découvert ce livre et cet auteur un peu par hasard et je dois avouer que le titre ne m'attirait guère. Et bien j'avais tort car j'ai beaucoup, beaucoup aimé cet assez court roman. Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale dans le Portugal de Salazar. Pereira, journaliste épris de littérature et seulement de littérature, veuf inconsolé, rendu en partie malade par une alimentation quelque peu déséquilibrée, se découvre par la fréquentation d'un jeune homme et son amie, une conscience politique, une conscience morale, une conscience de son corps et de som âme. Il va alors jusqu'au bout de cette nouvelle âme (le terme à son importance). C'est un chemin limpide mais dangereux ppur un homme qui redevient pleinement lui-même.
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Pereira prétend est un grand livre publié en 1994. L'action se déroule à Lisbonne "enveloppée d'un suaire de chaleur" en aout 1938. Il raconte le lent réveil de la conscience d'un homme, petit journaliste consciencieux sans importance, responsable de la page culturelle du Lisboa, un quotidien catholique prétendument apolitique. La plupart des phrases débutent par l'anaphore « Pereira prétend » comme si le narrateur mettait en doute le témoignage de son personnage.
Le Doutor Pereira est un quinquagénaire veuf depuis peu. Il vit seul dans un appartement modeste de la rue de la Saudade. Chaque jour il fait la conversation au portrait de son épouse, mange deux omelettes persillées et boit de nombreuses citronnades aux terrasses de café. Il a de l'embonpoint et des problèmes cardiaques qui l'essoufflent. le Doutor Pereira est un catholique sincère hanté par la mort et la résurrection de la chair dans une ville qui pue la mort. Il est lucide sur la situation politique, la censure de la presse portugaise, la complaisance de son patron à l'égard du régime de Salazar et de tous ses amis qui saluent comme s'ils tenaient un javelot. C'est un garçon de café qui donne au journaliste de vraies nouvelles de la guerre d'Espagne mais aussi des exactions sur les Juifs de son quartier. Pereira préfère se réfugier dans la littérature, traduire et publier de la littérature française du XIXème siècle. Un jour pourtant, il est attiré par la thèse d'un jeune homme portant sur la mort. Il l'engage comme stagiaire au journal. Monteiro Rossi devra écrire des nécrologies anticipées ou des biographies d'illustres écrivains. Mais il s'avère très vite que les nécrologies élogieuses ou fielleuses sont totalement impubliables. Elles seraient censurées. Pourtant Pereira les prend, les place soigneusement dans un dossier et paye le jeune homme de sa poche…

Le roman traite de l'engagement et parle beaucoup de littérature mais ce n'est pas un traité philosophique ni un roman à idées désincarné qui rendraient la lecture pesante. Bien au contraire. La lecture est très plaisante tant le personnage de Pereira est attachant, émouvant, inoubliable. Ce n'est pas un héros ou un grand écrivain engagé mais un homme ordinaire à bout de souffle qui renaît peu à peu au contact de la jeunesse et de la beauté. le jeune Monteiro Rossi et surtout Marta sa belle amie aux cheveux de cuivre influencent le quinquagénaire et bouleversent sa vie rangée. Les jeunes mettent leur vie en jeu s'engagent dans la guerre d'Espagne. Lui pourrait être le fils qu'il n'a pas eu et elle est si belle, si passionnée avec sa belle chevelure cuivrée. Nous sommes dans la tête de Pereira, nous suivons ses interrogations, son auto-analyse, nous rencontrons son ancien camarade d'étude à Coimbra, une juive allemande exilée, nous le suivons dans les ruelles et les cafés de Lisbonne, en train, en cure thermale jusqu'à la fin à la fois dramatique et jubilatoire.
Je suis certaine de lire d'autres ouvrages d'Antonio Tabucchi.
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Un récit court et ô combien percutant. Je me suis lancé dans cette lecture lors d'un récent séjour à Lisbonne et bien m'en a pris.

J'ai un petit faible pour les écrivains italiens. Tabucchi m'a captivé avec son écriture concise et teintée de nostalgie, ses descriptions de paysages pittoresques et l'atmosphère kafkaïenne qui imprègne le récit. Nous sommes en 1938 à Lisbonne, peu avant la seconde guerre mondiale, un journaliste portugais vieillissant nommé Pereira ne reconnaît plus son beau pays, un pays qui soutient la monarchie de Franco dans la guerre civile espagnole et qui sympathise avec l'Allemagne nazie.

Pereira en vient à se questionner sur son but dans la vie. On assiste à une sorte de renaissance pour lui tandis qu'il réévalue l'existence malheureuse et solitaire qu'il a menée jusqu'alors. Ce sont de nouvelles rencontres qui vont le bouleverser.

Faites vous plaisir, sans modération.

Un récit brillant pour rappeler à quel point il est vital d'avoir des journalistes réellement indépendants à travers le monde.
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J'ai adoré ce roman d'Antonio Tabucchi qui s'appelle Pereira prétend. C'est ma deuxième incursion dans l'univers de cet écrivain italien. Tout comme la première, avec Nocturne indien, j'ai adoré ici l'étrangeté de l'atmosphère, l'écriture particulière comme une musique qu'on reconnaît de loin.
Pourtant, les histoires sont totalement différentes.
Nous sommes à Lisbonne, en 1938, période ô combien tendue qui précédait l'horreur d'une barbarie sans nom. Les signes avant-coureurs étaient pourtant déjà là, dans cette Europe qui se gangrénait peu à peu d'un mal insidieux : le totalitarisme, la haine des Juifs, la peur comme arme du quotidien...
Le Portugal n'y échappe pas. Ce roman se déroule avec en toile de fond le terrible régime de Salazar, dictateur adoubé par Mussolini et Franco. Dès lors, cette ville de Lisbonne particulièrement solaire m'est apparue comme à travers son visage le plus sombre.
Pereira prétend est la chronique presque ordinaire d'un homme sans bruit, sans importance, dont l'activité est d'écrire des chroniques dans le journal Lisboa, pour lequel on vient de lui confier la responsabilité de la page culturelle.
Le monde de Pereira est un monde moribond. Il est veuf, mais sa femme est encore présente en lui, chez lui, son portrait trône dans le hall d'entrée de son appartement, il n'existe pas un jour sans qu'il ne se confie à elle, ou bien lui demande moultes conseils. La vie de Pereira est réglée comme du papier à musique. On sent qu'il la traîne un peu comme un fardeau, il n'a plus le coeur à l'ouvrage, un coeur devenu fragile, malade...
Être un homme ordinaire sous un régime totalitaire, n'est-ce pas du pain béni pour le pouvoir en place, la plus belle des complicités ? Souvenons-nous de cette citation intemporelle d'Étienne de la Boétie : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »
D'ailleurs, à quoi bon se révolter, le monde autour de lui ressemble à une immense toile d'araignée où les familiers qu'il côtoie, sa concierge qui épie le moindre de ses venues, de ses courriers, le directeur du journal à la solde du régime, ressemblent plus à des menaces potentielles qu'à des figures proches.
Pereira n'est pas un mauvais bougre, c'est un homme fatigué, qui pèse, en bon petit comptable obéissant, chaque mot de ses chroniques pour ne pas décevoir le pouvoir en place.
Antonio Tabucchi traite ici de la lâcheté, de l'égoïsme, avec parfois une ironie mordante, de nos petits silences complices, qu'un hasard insolite peut parfois venir bousculer avec inspiration.
Dans cette existence manquant totalement d'imprévu, Pereira va pourtant faire une rencontre qui va le déstabiliser, vous savez, le fameux grain de sable qui vient gripper le rouage, troubler l'ordre des choses si bien établies...
La rencontre fortuite avec un jeune homme idéaliste italien, Monteiro Rossi, va bouleverser la vie de Pereira, le réveiller de sa torpeur, lui ouvrir peu à peu les yeux sur la réalité du monde trouble dans lequel il vit...
C'est alors une lente métamorphose qui donne brusquement un magnifique élan au texte et un sens au récit.
Sous la plume envoûtante d'Antonio Tabucchi, Lisbonne se révèle un personnage à part entière, c'est une Lisbonne océanique, battue par les vents, qui brusquement s'offre à nous dans le dédale de ses rues secrètes...
L'étrangeté du roman provient sans doute aussi de ses paragraphes ponctués de temps à autre de cette remarque, Pereira prétend, comme une litanie, un leitmotiv presque incantatoire. Et l'on comprend alors dans le contexte politique du récit et l'intrigue qui se noue, combien cela brusquement ressemble à la transcription d'une déposition, presque un réquisitoire à charge...
Pereira prétend est un petit bijou littéraire sans prétention, mais empli d'humanisme. Si vous êtes à la recherche d'un régime, c'est une bonne adresse pour trouver l'inspiration de se révolter contre les pires d'entre eux...
Beau et intemporel.
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Ce texte italien de 1994 a moins d'ambition esthétique que politique. Notre auteur anarcho-communiste se vautre dans le "théâtre d'ombre antifascite" (pour reprendre l'expression de Lionel Jospin) afin de redonner une légitimité à ses idées internationalistes et remonter le lecteur gauchisant contre le gouvernement Berlusconi.
L'intrigue se résume en une phrase : au cours d'une période, les années 30 au Portugal, représentée de manière manichéenne, un brave journaliste apolitique voit sa conscience s'éveiller à la lumière du gauchisme, le conduisant à soutenir indirectement les glorieuses Brigades Internationales en Espagne.
Comme de coutume, on tape sur un mouvement qui est mort des décennies auparavant, on fait un parallèle vaseux avec un gouvernement actuel parce qu'il aurait la prétention d'être à droite, et on se sent "résistant". L'esprit de Don Quichotte est toujours aussi profondément ancré dans la gauche, obligée de se réinventer l'ennemi dont elle rêve.
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Livre incontournable paru en 1993. J'ai trouvé l'écriture puissante, ponctuée de répétitions au démarrage déroutantes mais très vite si attachantes. Un personnage qui se questionne sur son pays, le Portugal en 1938, et sur ce qui est en train de se vivre au delà de ses frontières. Un personnage qui se voulait apolitique et sans histoire. Un personnage qui s'éveille à la prise de conscience et semble se chercher lui même, qui se retrouve en plein coeur de la censure, de la résistance contre le totalitarisme. Un personnage qui prend toute la mesure du journalisme, de la littérature, de l'engagement.
Nous sommes tout à son rythme, tantôt perdu par l'obscure rôle des protagonistes qui déboulent dans sa vie, laissant venir les évènements, cherchant à y voir clair dans ses échanges de paroles qui sortent des codes habituels de roman. Si seulement tout ça ne sortait pas de la réalité de cette époque, si seulement tout ça n'était pas un témoignage de faits divers, un hommage aux hommes qui prennent position et tombent dans l'oubli, si seulement tout ça ne nous retournait pas le coeur, alors on pourrait refermer ce livre avec légèreté. Une fois lu, on ne prétend plus rien du tout me permettrais je.
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Bien sûr, l'action se déroule au Portugal. Un récit millimétrique d'une lente maturation politique et de l'affirmation du courage. Tout est bien rendu, l'absence de la femme, la chaleur, le dégout de l'ancien ami. C'est sobre, précis et redoutablement efficace. C'est surprenant, prenant et furieusement élégant, surtout à la lecture de la postface.
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Très beau livre sur la dictature de Salazar
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Résumé :

"Comment, tu n'es pas au courant ? Ils ont massacré un homme de l'Alentejo sur sa charrette, il y a des grèves, ici en ville et ailleurs, mais dans quel monde vis-tu, toi qui travailles dans un journal ? " Lisbonne, 1938. Dans l'atmosphère du Portugal d'avant-guerre, dans une ville terrassée par la chaleur, Pereira va prendre conscience du monde qui l'entoure. Journaliste en mal d'inspiration, c'est en cherchant une idée pour rédiger la page culturelle du journal le Lisboa qu'il prend connaissance d'un article philosophique signé d'un certain Francesco Monteiro Rossi. Ce jeune homme que Pereira rencontre le soir même s'avère être un révolutionnaire, fervent antifasciste... Cette rencontre fait bientôt prendre à la vie de Pereira un tour inattendu, qu'il était lui-même loin de pouvoir prévoir...
Raconté comme la retranscription d'une déposition - celle du personnage principal -, l'histoire de Pereira est celle d'un homme ordinaire que la peur, l'inertie et l'oppression ont endormi. Antonio Tabucchi dresse ici le portrait d'un individu en passe de n'écouter que les "raisons du coeur" - un coeur malade pourtant - qui le pousseront, petit à petit, à lutter contre le règne des despotes. D'une écriture qui semble nier l'engagement sentimental de l'auteur pour son personnage, Antonio Tabucchi se joue de nos émotions avec le destin de cet homme fragile, indécis mais vivant. --Hector Chavez
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Pereira est journaliste, sa vie va être progressivement bousculée par la présence d'un homme.
Tabucchi écrit sur la dictature, il raconte ici, un homme qui se remet difficilement de la mort de son épouse et souhaite vivre sans trop s'exposer au climat social, mais il ne pourra pas rester insensible à la tournure ds événements.
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Que peut-on ambitionner, désirer, prétendre, rêver, souhaiter, viser, vouloir avec Pereira ?

Qui est Pereira ?

Un détective privé
Un policier corrompu
Un journaliste
Un membre de la milice
Il est tout cela à la fois

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