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sur 428 notes
Lisbonne, été caniculaire, 1938. Pereira prétend - comme dans un rapport d'interrogatoire - être journaliste, responsable de la page culture d'un petit journal de l'après-midi. Veuf, solitaire et obèse, naïf peut-être, il dit ne pas être concerné par la politique ; seule la littérature l'intéresse, particulièrement les auteurs français. Pourtant un jour il fait la connaissance d'un jeune homme qui va, lentement mais sûrement, le faire changer et devenir un héros modeste et anonyme du combat contre la dictature salazariste.
Page 126 « je ne voulais pas dire ça, reprit Pereira, ce que je voulais dire, c'est que moi je l'ai lu de façon autobiographique, que je m'y suis reconnu (...) disons que je m'y suis reconnu de façon limitrophe ».
D'une écriture lente, un peu ennuyeuse parfois, en chapitres courts mais qui s'accordent avec le récit, Antonio Tabucchi, nous fait réfléchir à la responsabilité, à la vigilance que chaque citoyen doit exercer sur le(s) pouvoir(s) en place. Bien sûr l'Europe des années 30 était bien pire que la notre, mais rien n'est jamais acquis en matière de libertés collectives et individuelles.
J'ai bien aimé aussi la note de fin, où l'auteur raconte comment son personnage l'a « visité » un soir de 1992.
P.S. : Petite citation en rapport avec notre situation de confinement, p.96 « laissez-moi vous dire que la santé est plus importante que la culture. D'accord, dit Pereira, mais deux semaines c'est trop, une semaine (de repos) me suffirait ... » ... D'accord, alors soyons responsables ... et restons vigilants.
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Peirera, est un vieux journaliste portugais.
Promu rédacteur en chef de la page culturelle du Lisboa, sa vie oscille entre des citronnades trop sucrées, des omelettes aux herbes prises au café, la traduction d'auteurs français et des conversations avec le portrait de sa femme décédée.
Quand la rencontre avec de jeunes gens engagés va faire basculer sa vie.
Nous sommes en 1938, il y a la guerre civile en Espagne, le nazisme, le fascisme italien et puis, il se passe aussi des choses inquiétantes dans son pays: le Portugal.
Magnifique roman sur la question des choix , de l'engagement et de la résistance au totalitarisme, à la censure et aux violences policières. Peirera prétend est malheureusement un livre d'actualité qui, peut faire écho à de nombreuses situations politiques actuelles. Preuve que tout le monde peut s'engager et s'investir, le doutor Peirera a son arme : la littérature!
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On a l'impression de se balader avec le personnage dans les rues de Lisbonne. On ressent avec lui la gêne liée à son embonpoint, à la chaleur et à la dictature qui perturbent son quotidien plein d'habitudes.
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J'avais beaucoup aimé « nocturne indien » alors lorsque j'ai trouvé celui-ci chez Emmaus, je n'ai pas hésité. le style est vif, la structure narrative prenante, on se demande où l'auteur nous emmène , c'est bref et glaçant... néanmoins je n'ai pas été touchée par les personnages ni émus par eux, je crois que je n'ai pas cru à cette histoire....
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A l'éternel sujet "redonner un sens à sa vie" "se trouver soi-même" ici pour cadre le journalisme dans la dictature Portugaise des années 1930. Exaltant humain et attachant, après avoir fermé la dernière page de ce roman passionnant ne pas hésiter à poursuivre avec l'adaptation très colorée en bande dessinée du même nom.
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Un petit livre en volume , qui cache son jeu … derrière la petite musique du style de Tabucchi une société qui sombre insensiblement dans les remugles délétères de la dictature et le choix d'un homme simple … Ce choix que l'histoire a présenté à tant de personnes …à nous peut-être un jour…qui sait ?
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J'ai beaucoup aimé ce roman très fort sur une période, 1938, ou l'Europe était gangrenée par la dictature de Salazar au Portugal, par la guerre civile en Espagne, par le nazisme en Allemagne, par le fascisme en Italie. Il montre bien que sous ces régimes, même si l'on ne veut pas s'impliquer dans la politique, c'est elle qui vous rattrape, on ne peut pas échapper a une confrontation au totalitarisme, et à la censure. Pereira est un journaliste, qui dirige la page culture d'un petit journal mais dont le directeur est soumis au pouvoir. Il ne veut parler que de culture et c'est déjà très compliqué car il ne peut pas aborder tous les sujets. Il recrute un jeune collègue Monteiro Rossi, mais celui-ci lutte avec sa compagne contre le régime de Salazar, et aide des républicains espagnols. Pereira sera entraîné dans l'horreur de la milice politique, et finira par s'impliquer, en publiant un texte sur le repentir parce qu'il s'en veut de ne pas s'être engagé quand il en était encore tant pour sauver son ami, puis un autre sur la fin de ce dernier. J'ai beaucoup aimé lorsqu'il se confie au portrait de sa femme défunte, ainsi que les discussions avec le docteur Cardoso, sur le " moi hégémonique "
J'ai été emballé par la note de l'auteur en fin de livre sur les visites de son personnage et la progression de son roman.
L'écriture qui m'a emballé au départ, m'a parfois un peu ennuyé, mais il faut en retenir le fond et c'est un plaidoyer pour la résistance au totalitarisme.
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Dans le cadre historique du Portugal de 1938, l'un des plus beaux romans qui soient, sous son apparente simplicité, sur, entre autres, le refus de voir une dictature pour ce qu'elle est, et sur les modalités des yeux qui se dessillent.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/04/21/note-de-lecture-pereira-pretend-antonio-tabucchi/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Au-delà d'un roman sur un homme qui prend peu à peu conscience de la réalité politique, sociale et sociétale qui se joue autour de lui, Antonio Tabucchi restitue très bien l'époque. La description faite de Lisbonne et des classes urbaines lisboètes des années 30 (la vie dans les campagnes était encore plus difficile) est quasi un exercice d'historien : Salazar , très discret et très ascète, dirige le pays d'une poigne de fer et qui s'en préoccupe en Europe (personne sauf le Maréchal Pétain dont Salazar était le modèle bon...ici il n'est pas question du maréchal encore mais de la société mise en place par Salazar), la guerre civile espagnole fait rage (et même si Salazar et Franco n'ont jamais entretenu des relations de profonde amitié mais d'alliés objectifs et utiles), la répression des indésirables dans la société portugaise ,la montée des périls partout en Europe imprégnant le Portugal des années 30 etc...Le livre est court mais très intense. L'histoire est très bien racontée. La prise de conscience de Pereira est exposée avec délicatesse et nuances. Et je m'arrêterai là pour éviter de divulguer plus. Qui aujourd'hui lorsqu'il visite Lisbonne peut se figurer ce que fut ce régime ? Avec ses rues, ses places, ses jardins (les Portugais aiment beaucoup les jardins. O jardim da estrela est très agréable, le jardin botanique à Funchal est un régal), sa douceur, le Tage, les cafés (le café Nicola) etc...rien ne dit rien sur cette dictature (une plaque sur les murs de l'ancien siège de la PIDE pas de débordements). le livre d'Antonio Tabucchi nous fait toute cette douceur et splendeur de Lisbonne alliées à la chape de plomb salazariste.
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J'ai eu, il y a de cela des années, un véritable coup de foudre pour ce roman écrit par un italien lusophile, et je le lis pour la troisième fois avec toujours le même plaisir, et même un plaisir accru. Par une mystérieuse alchimie, ce livre m'envoûte, comme le boléro de Ravel. Il y a ce leitmotiv, "Pereira prétend" (trouvaille si parfaitement adaptée au contexte policier instauré par Salazar) qui, par un effet paradoxal, donne du poids à la parole du personnage en la relativisant, à la manière des procès-verbaux de dépositions ; il y a les rites du personnage : sa vénération du portrait de sa fragile épouse défunte ; sa fréquentation rituelle du café Orquidea avec ses nombreuses citronnades et omelettes, antidotes à l'inquiétude et stimulants à la réflexion ; la modestie avec laquelle il suit les conseils de ses amis dès lors qu'il leur accorde estime et confiance, amis parmi lesquels on compte le père Antonio, prêtre résistant, le docteur Cardoso, médecin des corps et des âmes, Manuel, le serveur du café Orquidea, et sans doute aussi l'inconnue du train ;
Il y a aussi sa lucidité mortifère (elle l'est toujours un peu sous une dictature ) de laquelle il se protège par de beaux rêves qu'il ne veut partager ni avec le narrateur, ni avec le lecteur, mais que ce dernier, attendri et canaille, devine.
Ce journaliste amoureux de littérature française du 19 ème siècle et des grands auteurs catholiques du 20 ème, avec son rapport obsédant au passé, son indifférence au présent et à la politique, est en fait une chrysalide qu'une rencontre transformera en papillon.
C'est à ce processus de maturation que nous assistons tout au long du roman, processus qui va s'accélérant au fil des pages.
Je le relirai une quatrième fois !
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