Lisbonne, été caniculaire, 1938.
Pereira prétend - comme dans un rapport d'interrogatoire - être journaliste, responsable de la page culture d'un petit journal de l'après-midi. Veuf, solitaire et obèse, naïf peut-être, il dit ne pas être concerné par la politique ; seule la littérature l'intéresse, particulièrement les auteurs français. Pourtant un jour il fait la connaissance d'un jeune homme qui va, lentement mais sûrement, le faire changer et devenir un héros modeste et anonyme du combat contre la dictature salazariste.
Page 126 « je ne voulais pas dire ça, reprit Pereira, ce que je voulais dire, c'est que moi je l'ai lu de façon autobiographique, que je m'y suis reconnu (...) disons que je m'y suis reconnu de façon limitrophe ».
D'une écriture lente, un peu ennuyeuse parfois, en chapitres courts mais qui s'accordent avec le récit,
Antonio Tabucchi, nous fait réfléchir à la responsabilité, à la vigilance que chaque citoyen doit exercer sur le(s) pouvoir(s) en place. Bien sûr l'Europe des années 30 était bien pire que la notre, mais rien n'est jamais acquis en matière de libertés collectives et individuelles.
J'ai bien aimé aussi la note de fin, où l'auteur raconte comment son personnage l'a « visité » un soir de 1992.
P.S. : Petite citation en rapport avec notre situation de confinement, p.96 « laissez-moi vous dire que la santé est plus importante que la culture. D'accord, dit Pereira, mais deux semaines c'est trop, une semaine (de repos) me suffirait ... » ... D'accord, alors soyons responsables ... et restons vigilants.