Je plongerai dans l'abîme quitte à en toucher le fond
Je jouerai le jeu de ma défaite
Je jouerai tout ce que je possède
Et quand j'aurai tout perdu
Je jouerai jusqu'à mon être même
Et peut-être alors aurai-je tout reconquis
A travers mon total dépouillement
Je sens que toutes les étoiles palpitent en moi.
Le monde jaillit dans ma vie comme une eau courante.
Les fleurs s'épanouiront dans mon être.
Tout le printemps des paysages et des rivières monte comme un encens dans mon coeur, et le souffle de toutes choses chante en mes pensées comme une flûte.
L'âme du poète danse et plane, sur les vagues de la vie parmi les voix des marées et des vents.
Maintenant que le soleil s'est couché et que le ciel obscurci s'abaisse sur la mer comme de longs cils sur des yeux fatigués, c'est l'heure où le poète, posant sa plume, laisse ses pensées s'enfuir vers les insondables profondeurs du silence éternel et secret.
La Corbeille de fruits - 23.
“Que je prie, non pour être préservé des dangers, mais pour les regarder en face.
Et que je ne demande point l'apaisement de ma souffrance, mais le coeur qu'il me faut pour la surmonter.
Que je m'attende point à des alliés, sur le champ de bataille de la vie, mais à ma propre force.
Que je n'implore point avec crainte pour être sauvé, mais que j'aie foi en la patience pour conquérir ma liberté.
Accorde-moi de n'être pas ingrat, sachant qu'à ta seule miséricorde je dois mes succès : mais si je succombe, que l'étreinte de ta main me secoure.”
“Il y a dans mon cœur une angoisse (…)
Étends ta main à travers la nuit, que je la tienne,
et l’emplisse, et la garde ; fais que je sente son étreinte,
dans la solitude du chemin qui s’allonge.”
« Si ce n’est pas mon lot de te rencontrer dans cette vie, que du moins jamais je ne perde le regret de ne point t’avoir vu »
Toujours, tu te tiens solitaire par-delà les ondes de mes chants.
Les vagues de mes harmonies baignent tes pieds, mais je ne sais comment les atteindre.
Et ce que je joue pour toi est une musique trop lointaine.
C’est la douleur de la séparation qui s’est faite mélodie : elle chante par ma flûte. Et j’attends l’heure où ta barque traversera l’eau jusqu’à mon rivage, et où tu prendras ma flûte dans tes mains.
La Corbeille de fruits - p. 220.
Tu es le ciel et tu es le nid aussi bien. ô toi plein de beauté! ici, dans le nid des couleurs, des sons et des parfums, c'est ton amour qui enclôt l'âme.
Sors de tes méditations et laisse de côté tes fleurs et ton encens! Tes vêtements se déchirent et se souillent, qu'importe! Va le joindre et tiens-toi près de lui dans le labeur et la sueur de ton front.
Je te couvrirai de trophées, des guirlandes de ma défaite. Il n'est jamais en mon pouvoir de m'échapper de toi non vaincu.
Certes, je pressens la deroute de mon orgueil ;
Je sais que dans l'excès de la peine ma vie crèvera ses limites.