Les enfants d'abord

Je ne connaissais pas Janusz Korczak avant de me plonger dans son histoire à travers cette magnifique BD qui allie simplicité et expressivité grâce aux dessins de Priscilla Horviller. Les traits sont simples, les décors précis et les touches de couleur utilisées avec grande justesse, permettant de mettre en avant de manière percutante le ou les protagonistes au coeur de chaque planche. Il se dégage une incroyable sensation de liberté dans l'agencement des cases et l'utilisation de l'espace, les dessins sortant parfois des cadres afin de laisser place à ce grain de vie et d'imagination si cher à Janusz Korczak.

Un homme définitivement en avance sur son temps qui semble avoir dès son enfance compris l'importance de l'éducation et de la pédagogie, deux choses encore peu communes à une époque où éduquer un enfant revenait à le mater. Au gré des pages, on découvre ses idées, son envie de travailler avec les enfants en respectant leur intégrité, en les écoutant vraiment et en suivant leurs besoins, et non en leur imposant ceux des adultes. Je n'ai pas approuvé toutes ses méthodes certaines m'ayant paru moralement discutables, et d'autres m'ayant semblé ne pouvoir fonctionner que dans des conditions très particulières. Mais dans l'ensemble, j'ai trouvé ses idées, comme la création d'un orphelinat doté de son propre tribunal et parlement, intéressantes et à son image, c'est-à-dire bienveillantes et humanistes.

Bien que le mot ne soit pas employé dans la BD, Janusz Korczak peut être sans conteste qualifié d'humaniste mais aussi de libre penseur, ce dernier, durant ses études de médecine, n'hésitant pas à côtoyer l'intelligentsia polonaise malgré les dangers. La Pologne est, en effet, sous influence russe et la Russie, veillant à effacer l'identité polonaise, ne voit pas d'un très bon oeil que certains tentent d'en véhiculer la culture, la langue et les idées. Puis, la domination russe laisse place à l'arrivée des loups, de cette Allemagne nazie qui impose petit à petit sa haine des Juifs, poussant Janusz Korczak à devoir lutter encore plus dur pour assurer la protection de ses protégés. Bien qu'il fasse de son mieux pour ne pas leur faire oublier la magie de l'imagination, la réalité de la guerre va le et les rattraper.

Les autorités polonaises l'ont félicité et décoré pour son travail, elles vont finir par le persécuter parce qu'il est juif. Déterminé à sauver les orphelins dont il a la charge, Janusz Korczak prendra des risques, se relevant de chaque coup dur, mais petit à petit, on sent et on voit ses forces s'amoindrir, sa condition physique se détériorer et son mental s'évader et espérer un ailleurs dont on ne revient plus. Janusz Korczak, médecin, écrivain, éducateur, journaliste et pédagogue est un homme touchant qui impressionne de par sa force de caractère, sa détermination et ses fortes convictions. Des convictions qui lui coûteront beaucoup et qu'il suivra jusqu'au bout, quand d'autres auraient probablement fui devant le danger…

Pour autant, Stéphane Tamaillon ne fait pas le panégyrique de cet homme aux multiples talents, mais nous offre un portrait tout en nuances et en profondeur, Janusz Korczak n'étant pas parfait. Parfois entêté, il possède également ses propres faiblesses comme cette peur de la folie qui le rend incapable de tendre la main à certains enfants. Conséquence d'une enfance noircie par la folie d'un père qui a conduit sa famille à la déchéance, mais qui ne l'aura pas empêché de devenir ce grand homme dont le travail auprès des enfants mérite d'être (re)connu. Pour ma part, j'ai également envie de découvrir Janusz Korczak l'écrivain, le héros de son roman et grand succès le roi Mathias Ier faisant quelques apparitions, et servant de fil conducteur, un peu comme si son tragique destin annonçait celui de son créateur. Un créateur à l'imagination foisonnante qui a dû concilier les attentes de sa mère avec ses propres désirs, ses idées à la réalité, et son grand coeur à une violence dont même les plus vaillants ne peuvent pas toujours sortir vainqueurs.

En conclusion, Une vie au service de l'éducation et des droits de l'enfant nous offre une plongée émouvante dans la vie de Henryk Goldszmit devenu Janusz Korczak. Un homme qui a consacré toute sa vie aux enfants, introduisant des principes éducatifs en avance sur son temps, et rappelant l'importance d'écouter les enfants pour les comprendre et non pas de les contraindre pour se faire obéir. Touchante et parfois difficile de par le contexte historique dans lequel elle nous plonge, cette BD respire aussi l'imagination et souffle un petit vent de liberté grâce à une mise en page originale et pertinente qui colle à merveille à l'esprit hors case d'un homme aux multiples talents. Que ce soit pour le contexte de cette Pologne passant du joug d'un bourreau à celui d'un monstre, les idées révolutionnaires d'un idéaliste qui n'a jamais cessé de lutter pour les droits des enfants, ou les illustrations insufflant vie et émotions, une BD à partager et qui prouve que l'on peut s'instruire tout en se divertissant.
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Je ne connaissais ni Stéphane Tamaillon ni Priscilla Horviller et je n'avais non plus jamais entendu parler de Janusz Korczak. Pourtant, en aucun cas, je ne regrette d'avoir emprunté à ma médiathèque cette bande dessinée très instructive, qui rend un bel hommage à cet homme simple et généreux qui a oeuvré toute son existence pour la cause des enfants.

D'origine juive, Henryk Goldszmit alias Janusz Korczak est un médecin et écrivain polonais peu connu du grand public. Toute sa vie durant, il va s'engager en faveur des enfants, les soigner, les aider, ouvrir un orphelinat pilote à Varsovie et un camp de vacances et surtout il va les éduquer. D'abord précepteur, il se rend compte rapidement que les méthodes d'enseignement strictes et punitives, que lui-même a subies dans sa jeunesse, ne mènent à rien sinon à bloquer les élèves. Avant-gardiste, il milite donc pour libérer les enfants de ces contraintes et pour développer leurs capacités intellectuelles et leur épanouissement personnel par une pédagogie adaptée.

La vie de Janusz Korczak a été longue et dense. Il s'est battu sur tous les fronts parfois contre les autorités en place pour protéger les enfants dans un pays dominé par la Russie qui voudrait faire disparaitre la langue et la culture polonaises. Puis viendront les horribles loups, le régime nazi, le ghetto et les persécutions.

Dense est aussi cet album très didactique. Stéphane Tamaillon et Priscilla Horviller retracent habilement le parcours du Pan Doktor, ses principales étapes, son engagement sans failles jusqu'au don de sa vie pour ne pas abandonner les enfants juifs et ainsi les accompagner au camp de Treblinka.
Les auteurs jouent sur les textes et les traits des dessins plus ou moins appuyés, les cadres des images, également sur les contrastes et les couleurs : claires pour les scènes de vie, puis noires et agressives pour illustrer la violente montée du nazisme. Janusz Korczak a écrit des livres pour la jeunesse, un de ses héros est le jeune roi Mathias 1er, que l'on retrouve comme un fil conducteur tout au long de la bande dessinée. Un peu difficile à suivre pour les non initiés, mais astucieux et très symbolique.

"On ne changera pas le monde si on ne commence pas par s'attaquer à la condition des enfants."
Telle était la devise de Janusz Korczak, cet homme généreux et humaniste, qui a consacré sa vie aux droits des enfants.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (34 - Hérault)

Merci à Babelio et aux éditions Steinkis pour ce beau cadeau: Un livre utile, qui évoque un personnage dont l'oeuvre et l'engagement ont marqué le monde de l'éducation et de la survie des enfants: Janusz Korczac.
Je n'avais pas, jusqu'à cette BD, connu ce grand homme, originaire de Pologne, et juif, qui écrivit pour la jeunesse, fut éducateur et médecin dans un orphelinat, sauva des enfants de la misère et de la faim, et enfin les accompagna dans leur dernier voyage, vers le camp d'extermination qui les attendait...
C'est une épouvantable page de l'histoire des hommes, de la cruauté dont ils sont parfois capables, mais aussi un hymne à l'enfance.
Le texte est clair, vivant, écrit par Stéphane Tamaillon.
La BD est magnifiquement illustrée par Priscilla Horviller.

Les enfants d'abord nous présente la vie de Janusz Korczak qui a milité pour l'éducation et créé des orphelinats en Pologne. Inconnu du grand public, il vécu à la même époque que Maria Montessori. Marqué par les différences sociales et l'éducation ciblée qui en découle, ainsi que par les destructions des guerres, il oeuvrera pour aider les plus pauvres.

Cette histoire passionnante nous est présenté dans un format bande dessinée original. le dessin m'a cependant troublé sur plusieurs planches où les lignes scénaristiques sont floues et prêtes à confusion. de plus, j'ai trouvé que les principes éducatifs mis en place dans ses orphelinats et la pédagogie qu'il a initié sont très peu expliqués. Enfin, lorsqu'on ne connait pas l'oeuvre de Janusz Korczak, il est difficile de comprendre les planches du roi Mathias.

Très intéressant sur le fond mais difficile sur la forme.

L'histoire de Janusz Korczak est celle du don de soi, de l'abnégation et de la foi en certains principes. Victime de l'Holocauste, il est emmené dans le camp de la mort de Treblinka où il meurt en 1942. le cinéaste polonais Andrzej Wajda lui avait déjà consacré un long métrage en 1990 tout simplement intitulé « Korczak ». Relais a été pris par Stéphane Tamaillon et Priscilla Horvillier qui viennent d'adapter sa vie en bédé, rappelant à quel point son rôle a été capital durant l'entre-guerres dans le domaine de l'enfance et de la pédagogie. Il est rapporté que pendant trois décennies il a dirigé la Maison de l'Orphelin en Pologne, un établissement pilote doté d'un parlement, d'un tribunal et d'un média. Face aux nazis, il est allé jusqu'à suivre ses jeunes protégés au bout du tunnel, tant pour ne pas les abandonner que pour demeurer fidèle à son serment d'Hippocrate, puisqu'il était également médecin. Aujourd'hui, les biographies ont le vent en poupe et raviver certains pans du passé ne peut qu'agir positivement pour rappeler la nécessité de certains combats destinés à mettre un terme à la barbarie, au racisme et à l'intolérance quelle qu'elle soit. Un livre utile. Un devoir de mémoire !