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EAN : 9782070700714
72 pages
Gallimard (24/01/1984)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Ce petit livre, constitué de quatre nouvelles (ou poèmes ?) symboliques, mérite de figurer au premier rang des bibliothèques, auprès de Nerval ou de Borges. On ne sait trop ce qu'il a de plus admirable : la splendide énergie de ses phrases labyrinthiques, enveloppantes comme des phrases de rêve, ou l'éclat d'une imagination jamais à court de formes imprévues et inquiétantes, ou encore une réflexion sur l'envers et l'endroit, le possible et l'impossible, le clair et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jean Tardieu a vécu auprès des plus grands écrivains et poètes de sa génération, il n'en tire pas gloire, il le vit comme un acquis, et même se refuse à marcher dans leurs pas, expérimentateur insatisfait, à la recherche d'une torsion toujours plus contraignante des mots des lettres, des sentences.
Ses poèmes, ses romans, ses pièces de théâtre ont été catalogués dans l'irrationnel, l'absurde, l'indicible.
Pourtant , à lire les tours de Trébizonde, (La ville de Trabzon aujourd'hui en Turquie, dont le nom signifie la montagne qui surplombe la ville) on découvre chez Tardieu, une humanité, une compassion, un sentimentalisme, réels.
Il est l'homme commun, qui de sa fenêtre contemple ces tours contemporaines, verre, métal, béton, dans lesquelles le ciel se reflète, les revêtant des milles couleurs de l'aube, de l'aurore, du petit matin, du midi, du soir du crépuscule, de la nuit ; et veilleur fidèle, il enregistre cette vie imperceptible pour l'insensible, donnant ses lettres de noblesse à l'humain luttant pour animer ces monstres inhumains, ("Seule alors en pleine nuit, une vigie, pas plus grosse qu'un timbre collé en haut d'une enveloppe, quelque part sur l'abrupte paroi, révèle encore leur pesante masse endormie").
Dans la ville en fête il devient spectateur : "D'abord viennent les balayeurs, soldats de plume et de paille, aux gestes unis en cadence, troupe aussi nombreuse qu'une harde en foret, aussi policée qu'un ballet de cour."
Ces textes courts, écrits dans les années 1980, nous donnent à voir les villes et leurs habitants comme jamais nous ne les voyons, parés des couleurs somptueuses d'une nature que les peintres ne peignent plus, noyée par la lumière urbaine, atrophiée par les constructions tentaculaires, et pourtant, Tardieu le démontre, elle est là, prêt à surgir, si notre oeil et notre âme le veulent et le décident.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le temps, subitement, se contracte, les images se superposent. Seigneuriales ou populaires, religieuses ou profanes, de style gothique ou d'inspiration cubiste, ces insolentes levées de pierre ou de ciment, qu'elles soient surchargées d'ornements sculptés ou ajourées de fenêtres toutes identiques, n'ayant, les uns et les autres, que la couleur du vent qui tourne autour d'elles, de la lumière qui les anime et du grand fleuve temporel qui les emporte on ne sait où, elles figurent, pour mon esprit effrayé, la même tentation, transmise de siècle en siècle, de revêtir d'une cuirasse (qui est, à vrai dire, un tombeau) la vulnérable et pullulante espèce des hommes, bonne pour être cueillie par les ogres insatiables dans les alvéoles des ruches citadines, comme autant de minuscules crustacés.
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Qui s'accroupit pour pondre ? C'est la chèvre morte aux ailes de feuilles et son mari, sanglier-éléphant dont l'entrejambe laisse se dérouler un cobra issu d'une coquille d'escargot et dont les doigts sont des champignons qui se vengent de leur fragilité par leur talent d'empoisonneur.
Quel est ce rêveur triste qui enfonce quatre doigts, l'un dans sa propre oreille, le second dans sa narine unique, les deux autres sous ses paupières?
C'est le personnage le plus résumé que je connaisse : où finit le pied commence aussitôt la main. Cette main fouille la tête.

La vérité sur les monstres
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Qu'est-ce qui nous guérira de vivre ? Qui nous délivrera du cycle de la vie et de la mort, de l'enfer terrestre où les monstres pullulent et guettent leur proie, sinon le dégagement et l'absence ? C'est notre seule certitude, identité parfaite de ce tout et de ce rien qui se sont joués de nous pendant notre vie entière.
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Oui, sur les murs de mon théâtre, tachés de rouille griffés de rayures à peine discernables et de "bonhommes" en graffiti, des corolles bariolées font alterner ou se joindre un bleu promis plutôt que tenu, le vert puisé dans une mémoire profonde, le violet qu'il faut imaginer pour y croire. Avec les senteurs qu'ils suggèrent, ces pétales poudrés de pollen éclatent comme des sons, comme des cris et je n'ai pas à la cueillir, car ils sont, en moi, une réponse possible et victorieuse au blond sapin capitonné qui nous attend.
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Surtout, ne venez pas me réveiller ! Ne marchez pas sur l'or factice de mes spectacles !
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