La perte d'un enfant est unanimement entendue comme la pire chose qui peut arriver à une personne. Douleur décuplée quand il s'agit d'une disparition inexpliquée. Comment envisager son propre avenir mais également celui de son couple après une telle épreuve ? Comment l'amour peut-il surmonter ça ? Rester soudé dans la douleur ou laisser cette épreuve creuser un fossé infranchissable ? À chacun sa façon de réagir face au drame… comme l'explique si bien
Laurence Tardieu dans «
Puisque rien ne dure ».
Il aura suffi d'une simple lettre de Geneviève pour que Vincent saute dans sa voiture et fonce vers le coin de campagne où s'est retirée celle qu'il a aimée et qu'il n'a pas revue depuis leur séparation, il y a quinze ans de cela. Geneviève est mourante et veut revoir Vincent avant de partir. Vincent n'a pas réfléchi avant de la rejoindre, mais, alors que les kilomètres défilent, ses pensées reviennent vers le temps de leur amour. Un amour qui n'a pas résisté à la disparition de leur petite fille, Clara, enlevée à la sortie de l'école. Pendant les quinze dernières années, Vincent est parvenu à enterrer ce passé douloureux – ou en tout cas a tout fait pour oublier - mais il sait qu'il va devoir s'y confronter en retrouvant Geneviève.
Laurence Tardieu s'attaque à un sujet extrêmement difficile - la perte d'un enfant et les conséquences que celle-ci entraine sur ses parents - sans jamais tomber dans le mélodrame. le couple de Vincent et Geneviève ne survivra pas à cette tragédie. Chacun réagit différemment devant le deuil et leur amour n'aura pas été suffisamment fort ou leur façon d'entrevoir une nouvelle vie n'était plus compatible. Comment continuer à vivre ensemble lorsque l'un vit dans l'espoir et l'autre dans le doute et la résignation ? L'auteure raconte avec grande justesse l'impression constante que l'autre souffre moins que nous, que notre douleur à nous est 100 fois plus vraie et perceptible que chez l'autre.
D'une narration en trois temps, on replonge dans les souvenirs grâce à Vincent (1ère partie) et Geneviève (2e partie) et on revient dans le présent, si fort, si haletant, grâce à leurs retrouvailles. Geneviève avait un but en appelant Vincent, un but qui, s'il est atteint, devrait leur apporter consolation et apaisement.
Les personnages sont vraiment attachants et d'une grande sensibilité, dans leurs tristesses, leurs imperfections et dans leurs quêtes d'un bonheur possible. Ce roman est avant tout une véritable déclaration d'amour... S'il est vrai que le récit est d'une grande tristesse, il peut apporter le réconfort du partage à qui ressent les affres du deuil.
Laurence Tardieu nous sert une histoire sombre mais éclairée par une écriture lumineuse. En témoigne notamment cette citation empreinte de poésie : "soit couchée dans une tombe, soit debout dans la vie...".
De par son mini format (122 pages), il y a beaucoup de ce couple qui est tût, passé sous silence. Cela pourra frustrer les lecteurs en demande « d'épaisseur » / de « relief » pour les personnages, mais au contraire, cela permet d'en faire une histoire universelle dans laquelle le plus grand nombre pourra s'identifier.
Un roman court mais dense en émotions, bouleversant et poignant. Sans fioritures ni voyeurisme, l'auteure nous met face à la douleur et les émotions de ses personnages. D'avantage qu'un simple livre sur le deuil, un livre sur l'Amour à l'épreuve du deuil.
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