Dés que j'ai compris le thème de ce livre, dont j'ignorais tout, j'ai essayé de le tenir à distance, le tenir en respect :
Pour ne pas qu'il me submerge.
Pour ne pas avoir mal.
Pour ne pas m'identifier.
Pour ne pas pleurer.
Pour ne pas y penser.
Pour ne pas pleurer.
Pour ne plus y penser...
Je suis allée au bout et ai échoué. Ce récit m'a submergé. Laurence Tardieu nous livre cette douleur terrible et inadmissible, sans pathos ni voyeurisme, de la perte d'un enfant : cette hébétude, ce vide, cette distance qui s'infiltre et qui sépare, pour ne plus avoir devant les yeux, la souffrance que l'on a à l'intérieur de soi...
Son écriture est belle. Ce n'est pas juste « bien écrit » ; c'est tout simplement : Juste ! Pas un mot de trop pour engluer la douleur dans un sirop sirupeux qui jetterai l'opprobre sur le dessein de l'auteure : se servir de la souffrance des autres, même fictifs, pour se mettre en valeur. On oublie Laurence Tardieu. Si elle est là, elle est derrière ses mots. Une main posée sur leurs épaules...
« Certains êtres, à mesure que le temps passe, deviennent de plus en plus libres : ils se redressent au lieu de s’affaisser. Il émane d’eux une énergie étonnante. Ils sont lumière pour qui les rencontre. J’aimerais savoir ce qu’ils ont fait des ombres de leur passé. De leurs regrets, de leurs déchirures. Comment ils s’en sont arrangés.
Parce qu’on n’oublie rien, je le sais ce soir. On n’oublie rien. Quand bien même on s’est efforcé du contraire : le passé vit en nous. Masse informe tapie au plus profond de soi, qu’on pourrait croire endormie mais qui veille… Alors, eux, ces êtres de lumière : comment font-ils ? »
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Il a suffi d'une simple lettre de Geneviève pour que Vincent saute dans sa voiture et fonce vers le coin de campagne où s'est retirée celle qu'il a aimée et qu'il n'a pas revue depuis leur séparation, il y a quinze ans de cela. Geneviève est mourante et veut revoir Vincent avant de partir. Vincent n'a pas réfléchi avant de la rejoindre, mais, alors que les kilomètres défilent, ses pensées reviennent vers le temps de leur amour. Un amour qui n'a pas résisté à la disparition de leur petite fille, Clara, enlevée sans doute, à la sortie de l'école. Pendant les quinze dernières années, Vincent a enterré ce passé douloureux, a tout fait pour oublier mais il sait qu'il va devoir s'y confronter en retrouvant Geneviève.
Un concentré d'émotions qui nous emmène au coeur d'un couple aimant mais déchiré. Car ils s'aiment Geneviève et Vincent, ils ont été unis dans la passion mais se sont désunis dans la douleur, chacun s'isolant dans sa peine et son chagrin, incapable de se tourner vers l'autre. Sans cesse les taraude la question de savoir si d'autres auraient réussi à surmonter l'épreuve ensemble, en restant soudés. Eux n'ont pas pu. Vincent s'est muré dans le silence et dans l'espoir de plus en plus insensé de retrouver Clara. Geneviève s'est tue elle aussi, même si elle a déversé son trop plein d'émotions dans de petits cahiers, trouvant le salut dans l'écriture. La séparation, inéluctable malgré l'amour toujours intact, a été une fuite. Fuite en avant pour Vincent décidé à vivre au jour le jour, sans passé, sans souvenirs. Fuite en elle-même pour Geneviève qui s'est recentrée sur l'essentiel et a vécu en solitaire dans le calme de la campagne.
Oui on survit à la perte d'un enfant mais pour quelle vie ? On survit mais on garde une blessure éternelle qui est, dans leur cas, avivée par l'incertitude sur le destin tragique de Clara. D'elle, comme eux, on ne saura rien. Sa disparition laisse une page blanche mais elle est la lumière de leur histoire, de leur couple, même si leur amour pour elle n'a pas résisté aux sentiments mêlés d'angoisse, de culpabilité, de colère et d'impuissance.
Un livre sur le deuil impossible, sur l'amour, sur l'écriture aussi. Un livre qui bouscule, émeut et secoue l'âme de ceux qui ont des enfants, et des autres. Un livre petit par la taille mais grand par les émotions qu'il procure. Un livre à lire absolument.
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Un livre dans lequel je suis rentrée instantanément. Je l'ai lu en une soirée, tellement l'histoire est prenante, émouvante, terrifiante. Les larmes ont coulé bien souvent pendant cette lecture, racontée du point de vue des 2 personnages principaux, survivant chacun comme il le peut après la perte d'un être qui leur est plus que cher... et qui finissent par se retrouver. Bouleversante, une lecture magnifique !
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Un livre qu'on n'oublie pas, un de ceux qui marquent longtemps.
L'histoire raconte la douleur de la perte d'un enfant et le couple qui vole en éclat. Parce que les drames séparent, parce ce que la douleur ne se partage pas...
La mère choisit le calme et la solitude de la campagne pour surmonter l'épreuve, tandis que le père choisit d'oublier et d'avancer vaille que vaille.
Un livre magnifique qui ne laisse pas indifférent.
Dix ans plus tard, j'y pense encore, j'en tire une leçon essentielle. Il faut profiter de la vie, du présent..
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Il y a quinze ans, Geneviève et Vincent se sont séparés après la disparition de leur petite fille, faute d'avoir su parler, communiquer leurs sentiments, dialoguer simplement. Ils se sont enfermés chacun à leur façon dans la solitude. Aujourd'hui, Geneviève, mourante, veut revoir Vincent. Ces retrouvailles seront l'occasion de se libérer du poids de leur chagrin.
Un roman court mais si dense en émotions, bouleversant et poignant. Il faut avoir un coeur de pierre pour ne pas se laisser submerger. Sans fioritures ni voyeurisme, l'auteur nous place face à la douleur et parvient à nous faire ressentir les émotions de ses personnages.
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J'ai été submergé par ce texte!
Une très belle écriture. Les mots sont justes et le texte, sans fioritures.
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Le mois dernier, j'ai découvert Laurence Tardieu à travers son dernier roman "Nous aurions été vivants". Touchée par l'écriture de cet auteur, j'ai eu envie de lire un roman précédent et le hasard m'a fait ouvrir "Puisque rien ne dure" que j'ai lu d'une traite, saisie par l'émotion, le coeur serré, les larmes aux yeux.
Elle s'appelait Clara, elle avait huit ans et elle a disparu en sortant de l'école; elle ne sera jamais retrouvée et le couple formé par Vincent, le père et Geneviève, la mère ne résistera pas à la douleur. Quinze ans après le drame, Geneviève, mourante, appelle Vincent auprès d'elle.
Chacun a essayé de combattre la douleur à sa façon; Vincent a voulu l'enfouir, la nier, se saouler de bruit, d'agitation, de corps de femmes tandis que Geneviève lui a laisse prendre sa place, a essayé de l'apprivoiser dans le silence et la solitude. Elle a écrit, mis des mots sur la douleur pour ne pas être submergée par la folie.
J'ai retrouvé dans ce roman les thèmes et les sentiments de "Nous aurions été vivants" où la fille unique disparaît à 18 ans, le couple éclate, une femme sans enfant apporte douceur et apaisement (l'amie Lydie), l'art qui permet de sublimer la douleur (la peinture) mais plus vrais, plus poignants.
Il s'agit d'un double deuil, celui d'un enfant et celui d'un amour qui ont fait s'éloigner Vincent et Geneviève. Ils se retrouvent au moment où Geneviève va mourir pour parler une dernière fois de Clara, retrouver le lien très fort qui les unissait.
Roman d'une grande tristesse mais à la beauté et à la douceur magnifiques, qui paradoxalement amène l'apaisement, grâce au style de l'auteur, à un texte qui évite tout pathos, dont aucun mot n'est superflu. Ce texte restera en moi longtemps.
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