Les Bleus de l'âme

Elle lui avait expliqué qu’elle avait une fille et ne cherchait pas à rencontrer des hommes, mais Mark Saunders obtenait toujours ce qu’il voulait. C’était encore le cas aujourd’hui, d’ailleurs.
Il l’avait séduite comme dans un conte de fées. Claire savait que c’était la gentillesse qu’il avait montrée envers sa fille qui l’avait conduite à lui ouvrir son cœur. Il était drôle, beau et viril : la combinaison parfaite. Elle avait appris à l’aimer. Bien sûr, ce n’était pas l’amour passionnel qu’elle avait connu avec Walker, mais c’était réel et fort, assez pour bâtir une vie.

Claire avait gardé cette histoire et ces sentiments enfouis en elle pendant si longtemps qu’ils s’étaient transformés en une sorte de douleur constante, comme un mal de dos lancinant. Maintenant qu’elle avait parlé, elle se sentait libre de se rappeler la joie éprouvée. Cette sensation d’être heureuse, d’être follement amoureuse… Elle sourit à ce souvenir. Sourire de pur bonheur lui sembla étrange, comme une aptitude qu’il lui faudrait apprendre à nouveau.

Je ne trouve pas les mots pour vous décrire ce que j’ai vécu, ma sœur. Le coup de foudre, la passion, les âmes sœurs, une seule âme en deux corps. Malheureusement, Walker et moi étions aussi destinés à être les « amants maudits ». Nous avions tout, et tout à coup, plus rien. C’était fini. Il avait disparu. L’amour avait disparu.

Sasha était aussi petite et blonde que Claire était grande, brune et mate. Elle était l’une des rares femmes à travailler comme productrice de publicités à la télévision. Dans ce monde misogyne, beaucoup d’hommes avaient d’abord pris son apparence de jolie poupée pour de la douceur, ou pire, pour un manque d’intelligence.

Le problème, c’est que tu n’as pas la force de te détacher de lui. C’est ce qui arrive aux femmes battues. Elles ne peuvent accepter ce qu’on leur fait subir, alors elles se persuadent que ce n’est pas si grave. Mais ça l’est ! C’est horrible ! Et ça ne fait qu’empirer.