AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 122 notes
5
15 avis
4
18 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est une longue plainte, un cri guttural qui vient du plus profond de l'âme ; l'âme de Gueule Tranchée. Une vie à la dure sur fond de blues, d'injustices et de gnôle. Gueule tranchée : un nom qui sonne indien. D'ailleurs il en a peut être des racines indiennes, mais seulement peut être car son arbre généalogique n'est pas très clair et pas très glorieux. Une folle pour mère et un père… non on en parle pas, je vous laisse découvrir…
S'il avait un animal totem ce serait le phoenix ou alors le caméléon. Car Gueule Tranchée renaît, surprend par sa capacité à se renouveler, à rebondir, à s'adapter quelles que soient les épreuves et les tourments de la vie. Plutôt devrais-je dire des vies, car il semble qu'il en ait vécu plusieurs. Une constante : il est toujours du même côté de la barrière, celle des marginaux, des laissés pour compte. Il mettra ses talents au service des « gueules noirs » exploités sans vergogne par les compagnies minières, côtoiera les noirs à une époque où la ségrégation était la norme, fera pleurer son harmonica en compagnie de bluesmen plus ou moins célèbres, et pas que des enfants de choeur.

Avec tous ces personnages qui passent, vont et viennent, croisent et recroisent la route de notre héros on pourrait craindre l'imbroglio fatal à l'histoire qui viendrait tout foutre en l'air. Que nenni, Glen Taylor assure. Les potes de GT prennent vie comme par magie et c'est comme s'ils avaient toujours été là. D'instinct on les cerne, on les connaît, on les jauge et on fait un bout de chemin avec eux avant de tailler la route avec ce bon vieux GT. Si d'aventure on les recroise pas besoin de chercher, on les reconnaît immédiatement. Et les femmes, souvent les personnages féminins sont fades dans ce genre de romans. Glen Taylor évite le piège et nous offre des portraits de femmes qu'on oublie pas. Surtout la veuve, taiseuse au caractère bien trempée, elle a du répondant. Certaines seront plus fades, tout comme les personnages masculins, tout comme dans la vraie vie.

Alors on vie avec GT, on tremble pour lui, on compatit, on se révolte, on l'accompagne et quand enfin il arrête de bourlinguer il faut le laisser partir, parce que toutes les bonnes choses ont une fin. Justement la fin, je la trouve parfaite, dans la continuité du récit.

Une grande aventure inoubliable qui laisse derrière elle un parfum de mélancolie.
Commenter  J’apprécie          416
Certains livres ont des exigences particulières envers leurs lecteurs, attendant d'eux qu'ils se mouillent et passent un pacte avec eux pour se laisser pénétrer.
C'est le cas de celui-ci, qui s'ouvre sur une scène terrible en forme de rite initiatique dans lequel le lecteur est invité à investir son personnage : dès lors que le lecteur plonge avec Early Taggart, nourrisson jeté à l'eau dans la nuit par sa mère folle, il accepte ce baptême purificateur et dans le même temps la pourriture du monde contaminant irrémédiablement la bouche de l'enfant au cours de cette noyade.
Il peut alors accéder à l'âme de Taggart dit Gueule-Tranchée ou encore A.C. et saisir le lien entre ses multiples parcelles de vies décousues : charmeur de serpents, défenseur de mineurs de fonds, homme des bois, bluesman, chroniqueur de faits divers. Il peut vivre l'intimité de tout un siècle, de la naissance de Gueule Tranchée en 1903 à sa mort à 108 ans, au coeur d'une Virginie Occidentale déshéritée et encore profondément empreinte de racisme. Il s'enivre du parfum animal de ce personnage hors du commun, respire sa pureté qui se révèle au contact de la nature et des âmes belles, ressent dans ses propres mâchoires la souffrance de la confrontation de Taggart à la violence des hommes, et brille sous sa lumière sombre de pestiféré mystique.
Pardon pour cet épitaphe hagiographique un peu lourdingue, mais c'est le seul moyen qui me vienne pour témoigner de la délicieuse violence qu'au été pour moi la rencontre avec ce personnage complètement improbable mais parfaitement incarné, ainsi qu'avec ce roman qui, tout baigné d'onirisme étrange qu'il est, recèle quelques pages de toute beauté.
Commenter  J’apprécie          293
Une couverture qui m'attire l'oeil, une quatrième de couverture dithyrambique (l'auteur est tout de même présenté comme héritier de Twain, Faulkner et Mc Cullers…), mazette, voilà qui en est presque trop. ..Mais j'ai finalement cédé à l'attrait de cette balade « picaresque » comme ils disent, surtout pour ce surnom : Gueule-Tranchée.
Et je ne l'ai pas regretté.
Au travers de la rencontre d'un homme multiple sur un siècle d'existence, tour à tour charmeur de serpent, tireur d'élite, ermite, harmoniciste ou journaliste, Glenn Taylor nous dresse surtout le portrait d'une certaine Amérique : racisme, ruralité, alcool, religion, bref…mais c'est aussi et surtout la beauté d'une région sauvage, forestière,montagneuse, riche de ressources naturelles : la Virginie occidentale.
Les passages les plus réussis tiennent sans nul doute pour moi à la suggestion de la bataille de Matewan (ou l'un des faits marquants de l'histoire syndicale américaine), aux descriptions de l'exploitation charbonnière, à l'évocation de la vie des mineurs [entre nous soit dit, leurs conditions de vie n'ont pas véritablement évoluées depuis et restent germinalesques…mais je m'éloigne du sujet]. La fin du livre évoque aussi la mise en place de nouvelles techniques d'exploitation comme le « mountain top removal » ou comment décapiter les montagnes pour accéder plus vite au charbon… Bon, je ne vais pas me lancer dans une diatribe économico-écologique mais me contenter de cette extrait d'un site consacré au sujet : « La foi dit-on, déplace les montagnes. La cupidité est capable, elle, de les araser ». A méditer…
Pour un premier roman, c'est une belle réussite. J'attends la confirmation avec impatience.
Commenter  J’apprécie          220
En 1903, sa mère l'a balancé dans une rivière glacée après avoir voulu le baptiser et qu'il lui aurait annoncé le règne du diable sur Terre. Dans cette région minière de Virginie Occidentale, l'eau pollué de la Tug River lui a valu d'écoper d'une terrible infection des gencives, mais au moins il a réchappé à la noyade après avoir dérivé et été récupéré par une veuve spécialisée dans la fabrication d'alcool clandestin. Ainsi est venu au monde Early Taggart plus connu sous le nom de Gueule-Tranchée.
Accro à l'alcool dès le berceau puisque seul le moonshine de sa maman adoptive peu calmer les douleurs de ses gencives à vif et de ses petites dents déjà pourrissantes, énorme bébé grimpant et marchant avant tous les autres, Gueule-Tranchée n'a pas que son orifice buccal qui soit remarquable. Capable d'étendre pour le compte un sacristain dès sa prime jeunesse, expert du maniement de la fronde, puis du fusil, expert en cunnilingus, joueur légendaire d'harmonica (cela va sans doute de pair), homme des montagnes, journaliste reconnu, admirateur de JFK et admiré de lui, Gueule-Tranchée Taggart va ainsi traverser depuis le fin-fond des Appalaches un siècle d'histoire américaine. Une histoire qu'il observe à distance tout en la faisant.
Car il est là sans être là, au coeur de l'événement mais en même temps légèrement à côté. C'est certainement ça, une légende. Gueule-Tranchée, c'est à la fois Davy Crockett, Joe Hill, Jack London et Paul Bunyan, c'est un hommage à peine voilé et véritablement talentueux à Little Big Man et c'est aussi tout simplement un conte moderne qui brasse avec bonheur des thèmes universels ; la question du progrès, de l'apparence, de la vengeance que l'on décide ou pas d'exécuter, des remords et de ce que l'on laisse derrière soi.
Glenn Taylor, en définitive, avec sa Ballade de Gueule-Tranchée, n'écrit rien de foncièrement original. Mais l'envergure qu'il donne à son personnage, la puissance d'évocation de son écriture, la façon dont il use sans abuser de l'humour et de la tragédie et dont il recycle les mythes américains et universels font de son roman un livre à part. Oui, on a déjà lu ou vu ça, mais Taylor sait y ajouter ce je ne sais quoi qui rend tout cela unique.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          202
Il n'y a que la littérature américaine pour voir de tels talents éclores .
Cet opus est un pur chef d'oeuvre .
Il y a iciune histoire parfaitement construite , qui ne laisse rien au hasard et maintient un trés haut niveau pendant tout son déroulement .
Une page d'histoire des usa se déroule sous les yeux du lecteur qui ne peut décrocher tellement cet opus est addictif .
Le style est flamboyant , ample , parfaitement adapté à cette histoire hors norme .
Les personnages sont plus que crédibles , ils vivent sous les yeux du lecteur , qui découvre une plume incroyable avec ce premier roman d'un niveau rare .
Voila un opus incontournable au vu de sa profondeur et de sa puissance .
Commenter  J’apprécie          80
Réalité ou légende ? Rêve, poudre aux yeux, invention ? Qu'importe, lorsque le personnage possède une telle carrure, nous parle de tant de choses. Qu'importe lorsque l'histoire est si bien contée, lorsqu'elle renferme un tel souffle et bouillonne à ce point de vie - de vie sensuelle, glorieuse, obscure et tourmentée.

Pour ce livre, Glenn Taylor a été comparé a des tas de grands auteurs américains - Mc Cullers, Falkner, John Irving. Ce besoin grandiloquent de comparer m'agace toujours un peu, mais le fait est que Gueule-Tranchée appartient à ce que la littérature américaine sait faire de mieux avec son amour de la différence teinté de culture freak, son mélange de réalisme cru et de légende épique, qui n'hésite pas à en faire des tonnes pour mieux nous entraîner mais se nuance délicieusement de poésie et de mystère.

Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          80
Gueule-Tranchée c'est le surnom d'Early Taggart, mis au monde par une folle, bigote, qui pensant qu'il est l'enfant du Diable, tente de le noyer à sa naissance, dans l'eau glacée de la rivière. Le petit s'en sort, recueilli par une veuve mais souffre d'une maladie aux gencives, infectées par l'eau polluée dans laquelle il est tombé. Ses dents pourries justifient alors son surnom. Malgré ce handicap, Early va connaître un destin exceptionnel, tour à tour pourfendeur des droits des mineurs, hors-la-loi, homme des bois, musicien et journaliste.

On ne peut s'empêcher de penser à Forrest Gump quand on lit avec bonheur ce premier roman de Glenn Taylor. Gueule-Tranchée, personnage au grand coeur, juste et honnête connaît une destinée hors du commun malgré son handicap et des géniteurs monstrueux.
L'homme traverse les décénies, en s'adaptant ou se retranchant, croisant ceux qui ont marqué l'Histoire américaine. Le roman aborde, non sans humour, les thèmes de la ségrégation raciale, la vie misérable des mineurs, l'Amérique rurale laissée pour compte, l'innovation technologique et la montée de l'individualisme dans une société de plus en plus consommatrice.
Même si la deuxième partie laisse passer quelques longueurs, on accroche rapidement au récit des aventures de cet homme si attachant.
Commenter  J’apprécie          60
« Un nouveau-né apparu en ville, c'est le diable qui parle, maman doit le noyer. »

Ainsi commença la vie d'Early Taggart, dans un coin paumé de la Virginie Occidentale, en 1903. Une mère illuminée qui pense avoir enfanté un démon et décide de le baptiser en plein hiver dans les eaux d'une rivière gelée. le nourrisson s'en sort miraculeusement mais il gardera à jamais les stigmates de cet acte de maltraitance. En effet, suite à ce terrible plongeon, le bébé développe une infection majeure au niveau de la bouche et des gencives qui lui vaudra le surnom de Gueule-Tranchée. Quand sa mère est arrêtée puis internée, l'enfant est recueilli par une bouilleuse de cru et grandit dans une maison nichée au pied des montagnes. Très vite, il développe des dons particuliers pour l'escalade et le maniement de la fronde. Devenu adolescent, il s'engage auprès des syndicats de cette région minière dans le conflit qui oppose ouvriers et patrons. Ses talents de tireur d'élite feront de lui un assassin qui, pour échapper aux poursuites, va se cacher pendant 25 ans dans la montagne.
Entre 1946 et 1961, revenu à la civilisation, Gueule-Tranchée devient successivement bluesman puis journaliste, couvrant notamment la campagne électorale de Kennedy dans sa région natale. Puis ce fut un retour à la vie sauvage pendant près de 30 ans, jusqu'au début des années 90…
Commenter  J’apprécie          60
Voilà un roman qui a réussi dès ses premières pages à me captiver complètement .Dans un long travelling Glenn Taylor nous conte un siècle de l'histoire des États-Unis au travers de la vie extraordinaire d'Early Taggart dit Gueule -Tranchée.
Nous vivons avec lui tous les grands bouleversements de la société américaine .
Du combat des mineurs de charbon pour une vie meilleure avec l'inévitable contrebande d'alcool a l'évocation d'hommes comme Chuck Berry et Kennedy qui a fait la légende américaine sans oublier le mal qui ronge le pays encore aujourd'hui que sont le racisme et les conditions de vie souvent misérable des peuples noirs et amérindiens.
Roman d'apprentissage où l'on comprend à travers le destin de Gueule-Tranchée et des gens qu'ils aiment et croisent au long de sa vie tumultueuse que l'oubli est sans doute la meilleure manière d'avancer.
Un grand roman qui ne se lit pas mais se dévore tout en oubliant pas qu'il s'agit d'un premier roman et qu'ici et là peuvent apparaître de légères imperfections.
Un superbe roman dont on sort la tête pleine de blues et de grand espace .
Commenter  J’apprécie          51
- Nom: Early Taggart a.k.a Gueule-tranchée a.k.a Chicky d'or a.k.a A.C Gilbert a.k.a Ace.
- Né en 1903 en Virginie Occidentale.
- Particularités physiques: atteint dès son plus jeune âge d'une grave périodontite (d'où son surnom de Gueule-tranchée).
- Signes distinctifs: buveur de gnôle invétéré, un as de la fronde et un excellent manieur de fusil, a tué un ours de plus de 200 kg, dompteur de serpents et cunnilinguiste émérite. Et tout ça avant l'âge de 14 ans !!!

Quand on sait que Gueule-tranchée a vécu 108 ans, je vous laisse imaginer la vie trépidante de ce personnage haut en couleur qui sera tour à tour: hors-la-loi, ermite, harmoniciste ou encore journaliste.

Glenn Taylor nous livre ici un récit picaresque mettant en scène un héros digne des plus grandes figures de la littérature "made in USA" ( d'ailleurs ce personnage n'est pas sans nous rappeler quelques similitudes avec Allan Karlsson, héros du livre le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et se fit la malle).

Ce roman évoque toutes les différentes facettes de la société américaine du XXè siècle: lutte syndicale, racisme, alcool, violence, religion... de plus cette nature sauvage omniprésente ne fait qu'ajouter un peu plus de beauté au récit. Glenn Taylor est un auteur très talentueux et ce n'est ici que son premier roman. Un auteur à suivre...
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (238) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}