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Anton Tchékov, 1860-1904, écrivain Russe connu pour ses Nouvelles nous livre ici un récit de voyage à travers la steppe de la Russie tsariste, probablement dans la région Est de l'Ukraine actuelle.

Le voyage est raconté à travers les yeux d'une jeune garçon que son oncle et un ami de la famille doivent accompagner dans sa nouvelle école, bien loin de chez lui. Ce récit est l'occasion pour Tchékov de nous faire rencontrer une multitude de personnages : marchands, vieille femme russe, ecclésiastiques, propriétaires terriens, moujiks, laboureurs, juifs, Arméniens…

L'épreuve sera dure pour le gamin qui devra se séparer de son oncle pour une partie du voyage et voyager avec des paysans frustres, prompts à la violence et totalement inconnus.

J'ai bien aimé ce récit, non pas pour les descriptions de paysage, la steppe restant la même, mais pour les personnages rencontrés, tous représentatifs de l'ancienne Russie, pour les réactions du gamin, très bien décrites et qui nous touchent, et pour le terrible orage , d'une violence inouïe dans cette steppe immense, que l'enfant doit subir vers la fin du voyage au risque d'y laisser sa vie.

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Ce récit d'une centaine de pages, signé par un jeune auteur encore, est un très beau texte, récit de la Russie du XIXème, celle des paysans et des négociants, celle des lointains.

En sous-titre Histoire d'un voyage, voyage initiatique, celui de Iégorouchka qui, en quelques jours, quelques nuits, découvre son pays. Il quitte sa mère et son village pour commencer ses études, rejoindre un lycée en ville. Les premières pages suivant son regard d'enfant accroché en au-revoir à ce lieu, ce lien, qui s'éloigne sont superbement évocatrices, du village russe, de ses souvenirs populaires et enfantins. Une traversée symbolique des terres russes en adieu à l'enfance. Devant ses yeux écarquillés, souvent de peur, l'immensité d'un horizon fait d'hommes et de paysages inconnus. Son voyage débute en calèche accompagné de son oncle marchand et d'un vieil homme d'église avant qu'il ne soit confié à l'un des convois de charrettes transportant des ballot de laines. Il y sera confronté à la réalité, la rudesse, l'histoire de son peuple et de sa terre. Il y aura un impressionnant orage, des rencontres extra-ordinaires dans les auberges qui semblent inspirées de ces histoires autour du feu le soir dans lequel le fantastique de la fable et du conte pâlissait et se fondait avec la vie. Rien de tendre ni de naïf.

« La vie est effrayante et miraculeuse ; c'est pourquoi on a beau raconter des histoires effrayantes en Russie et les agrémenter de nids de brigands, de longs couteaux et de miracles, elles rendent toujours un écho de vérité dans l'âme des auditeurs. »

Et la steppe sous la chaleur accablante de l'été, la si vaste steppe, inquiétante à en paraître hostile et infinie. Sur cette puissante prose descriptive, le sentiment d'étrangeté qui touche, la nature devient surnaturelle, personnage à part entière.

Un véritable voyage à travers la Russie, un tableau et des portraits, ponctué de pertinentes notes en bas de pages qui précisent les références, les contextes historiques et ces paysages russes.
Lien : http://www.lireetmerveilles...
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En une petite centaine de pages, Anton Tchekhov nous emmène dans l'immensité de la steppe, qu'il nous rend à la fois impressionnante et familière.
Pour Iégorouchka, 9 ans, c'est le premier grand voyage. Il part en charrette avec son oncle Kouzmitchov et le père Khristofor, curé. Tous deux vont vendre de la laine, le premier car il est commerçant, le second pour rendre service à son gendre. Ils en profitent pour emmener le garçon à la ville, où il suivra ses études. Il est confié en cours de route à un convoi de marchands (dont certains le rebutent par leur brutale grossièreté), le temps que Kouzmitchov et Khistofor mènent leurs affaires.

Nous découvrons la steppe en partie à travers les yeux du garçon, pour qui elle prend des allures grandioses ou effrayantes, se faisant tantôt hostile, tantôt hospitalière. Ce lent voyage est une expérience inédite, fluctuant au gré de la météo, des paysages et de l'heure, ponctuée de rencontres, de siestes sous la calèche et de repas à contretemps. Les soupers autour du feu constituent de fameux moments au cours desquels les marchands racontent leur passé admirable et leur présent déplorable, se faisant passer pour des offensés du destin, vantant un "avant" idéalisé. Les faits divers sont pimentés d'inventions, font naître des légendes autour d'histoires d'attaques de brigands, ou de l'insaisissable et mystérieux Varlamov, riche propriétaire dont tout le monde parle avec un respect craintif.

Mais la véritable héroïne du roman est bel et bien la steppe. Anton Tchekhov ne se contente pas d'énumérer les plantes et les fleurs, les oiseaux et les insectes qui composent sa flore et sa faune, de nous faire entendre les cris et les bruissements qui la secouent ou la parcourent, de décliner les nuances des couleurs mouvantes de ses horizons ou la variété de ses odeurs... Il en fait un personnage à part entière, vivant et changeant, la personnifiant, allant jusqu'à lui prêter des sentiments. Déçue par l'arrêt d'une pluie d'été, elle se fait ainsi "maussade", tandis que le clair de lune, en même temps qu'il lui permet de révéler l'infini du ciel, la rend "affectueuse". Il évoque les multiples visages dont elle se pare en cette saison estivale, se faisant pardonner la chaleur pétrifiante et accablante de ses journées en respirant, la nuit, de sa vaste poitrine, apportant un regain de jeunesse aux créatures, animales ou végétales, qui la peuplent ; ses platitudes et ses collines, ses tumulus et ses grosses pierres qui, dans l'obscurité ou le brumes de chaleur, prennent des fores humaines ; son impassibilité brulante et les moments où le vent fait tourbillonner la poussière, ses terrifiants orages et ses rivières accueillantes à la fraîcheur voluptueuse.


L'homme -bergers haillonneux et paysans, jeunes marchands brutaux et moqueurs- devient un élément de cet environnement, qu'il y laisse une trace -telles les longues bandes moissonnées qui rythment le paysage- qu'il la parcourt ou qu'il s'y installe, y plantant un hameau ou une auberge isolée et malpropre.

L'écriture précise et limpide, l'association entre lyrisme et énergie, entre gouaille et poésie, font de la lecture de ce court texte un grand moment de plaisir !


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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DE L'INTERET D'AVOIR UNE BIBLIOTHEQUE : TCHEKOV

Tchekov, dramaturge..."L'oncle Vania", "les trois soeurs", "la mouette"...L'envie de lire ses pièces n'était pas au rendez-vous ....

En fouillant dans ma bibliothèque, il y a de ça quelques jours, je tombe sur une nouvelle qui bullait dormant tranquille coincée entre deux pavés..."La steppe"...Coup de tonnerre dans un ciel azuré...Un chef d'oeuvre...

Un merveilleux voyage sur terre dans parcouru, à l'époque, par des négociants, des charretiers transportant des cargaisons de laine.

Il s'agit donc du petit Iegor, dix ans, que son oncle emmène de Taganrog, ville située sur la mer d'Azov, à Rostov sur le Don. Il le laissera à la charge d'une amie de la mère du gamin ; iegor ira au lycée.

Iegor, d'abord en compagnie de son oncle et d'un prêtre, puis dans une caravane chargée jusqu'à la gueule du produit de la tonte, fait connaissance avec une auberge misérable perdue tenue par un couple de tenanciers juifs, aux petits soins pour le môme, s'enchante d'une découverte de la vie animale à l'état de nature, passe un moment merveilleux à nager dans une rivière poissonneuse, découvre les terreurs que provoque le tonnerre, meurt de peur aux récits des charretiers qui tiennent de "L'auberge rouge", croise un chasseur perdu et finit par arriver à bon port.

Ce voyage d'entrée dans la vie permet à Tchekov de déployer un immense talent de "peintre".

La steppe, véritable personnage principal de la nouvelle, déploie, dans une démesure touchant à l'infini, sa beauté, découvre une faune et une flore qui enchante le regard, savoure le chaud soleil, reçoit des orages monstrueux avant de retrouver son impassibilité de mer terrestre.

"Le soleil s'était déjà levé, derrière la ville, et, avec aisance, commença sa besogne. Au début, au loin, là où la terre et le ciel se rejoignent, près des tertres et du 8 moulin à vent qu'on prend, de loin, pour un petit homme agitant les mains, une large bande jaune vif se faufila au sol ; la minute d'après, la même bande brillait déjà plus près, rampant sur la droite, où elle s'empara des collines ; Iégorouchka ressentit une chaleur dans le dos, la bande de lumière, qui s'était furtivement approchée par derrière, s'infiltra dans la britchka et glissa sur l'équipage, partant vivement fusionner avec d'autres bandes apparues, et soudain la vaste steppe entière se défit de son manteau de pénombre matinale, et sourit, toute scintillante de rosée. Les seigles denses, les mauvaises herbes, les euphorbes, le chanvre sauvage — tout ce que la canicule avait roussi, bruni et presque fait périr, à présent baigné de rosée, sous la caresse du soleil, revivait, prêt à s'épanouir de nouveau. Avec de joyeux cris, les pluviers tournoyaient au-dessus de la route, les spermophiles leur faisant écho dans les herbes, au loin, sur la gauche, se faisait entendre la plainte des vanneaux. Une compagnie de perdrix, dérangée par la britchka, s'élança et voleta avec de légers frôlements — trrrr, trrrr — vers les collines. Sauterelles, grillons, criquets et courtilières entamèrent leur concert monotone et grinçant. Peu de temps après, la rosée s'évapora, l'air se figea et la steppe, tirée de sa méprise, reprit le visage triste qu'elle arbore en juillet. L'herbe baissa la tête, la vie s'arrêta. Les collines brunies, dont le ton vert-brun tournait, dans le lointain, au lilas éteint comme une ombre, la plaine aux lointains brumeux, et, par-dessus, le couvercle du ciel, un ciel qui, ne rencontrant dans la steppe ni forêts ni vraies montagnes, paraît si si profond et limpide, ce spectacle se déployait à présent dans son immense mélancolie engourdie…".

Une fabuleuse découverte ; un chef d'oeuvre.
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Lecture aussi rapide que le saïga..
Une nouvelle mêlant poésie, description de la steppe, son enfance celle d'Igor, un voyage qui l'amènera dans des réflexions, l'émerveillement face à cette nature, l'observation, un jeune qui découvre la vie en somme..
Un classique de littérature Russe, à lire sous un ciel étoilé un soir d'été..
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Je relisais La steppe de Tchekhov. Une fois que l'on se rappelle plus ou moins l'histoire, la suite des événements, la lecture change d'orientation. Nous ne sommes plus attentifs aux mêmes éléments. Pour Tchekhov (il m'était arrivé le même sentiment à la relecture de Carver), on remarque la précision avec laquelle il campe ses scènes. le premier paragraphe est à cet égard remarquable. Une vieille charrette qui grince, inconfortable, comme une photographie de Walker Evans, où chaque détail à son importance, rien n'est superflu. On comprend immédiatement que le voyage dans la steppe sera long et ardu.

Il y a ensuite la description de l'aube. Tchekhov attire notre attention sur le court instant où l'herbe gorgée de rosée s'ouvre et s’épanouit par les chatouillements des premiers rayons de soleil. Le moment où la végétation encore endormie se réveille, vigoureuse, mais qui se rappelle instantanément le supplice à venir, la chaleur insupportable de la steppe. L'herbe perd toute sa vivacité, se referme avant de brûler au soleil.

Le périple est aussi composé de menus détails qui agrémentent, tels des miniatures, le paysage. Je suis encore frappé par cette fine attention : « Là-bas sur la colline se dressait un peuplier solitaire ; qui l'avait planté, et pourquoi il était-il là? Dieu seul le savait. On avait du mal à détacher les yeux de sa silhouette élancée et de son habit vert. » le peupliers et les arbustes la nuit prennent des allures humaines, il y a aussi les moulins et leurs bras en mouvement, clin d'oeil à Cervantès. On est comme le petit Iégor, trimballé dans cette vieille charrette sans ressorts, hypnotisé par les petits détails du paysage qui défilent devant nos yeux engourdis.

Le voyage sera aussi l'occasion pour le petit Iégor de faire la rencontre de plusieurs personnes : le grand-père, la brute, le chantre sans voix. Les délaissés de la société, ceux pour qui le passé était toujours meilleurs que ce présent dur, sans issue. Charrier de la laine dans la steppe, sous les intempéries parfois violents, avec seules consolations un ruisseau, les contes autour du feu, personne ne le fait par choix. Ces rencontres semblent préparer le petit Iégor à ce qui va lui arriver, chez la vieille dame qui s'occupera de lui.

Même si ce voyage a été entrepris pour lui offrir de l'éducation, pour lui permettre de s'émanciper de son milieu et de la misère qui l'attend, Tchékhov laisse sous-entendre que même avec toute l'éducation possible et inimaginable, on n'est jamais vraiment épargné de la misère du monde.
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Longue nouvelle, long poème en prose, hymne à la nature russe, aux steppes immenses. Un enfant de milieu bourgeois parcourt la fin du XIXème siècle un long périple dans une nature qui tient lieu de personnage principal du roman tant elle y est humanisée. Il y rencontre des moujiks, des marchands, des cosaques, vit au plus près de la nature, ce qui le marquera pour toujours.
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La Steppe/Anton Tchekhov
Anton Pavlovitch Tchekhov (1860-1904) s'est inspiré de souvenirs d'enfance pour écrire en 1888 cette chronique relatant son premier grand voyage au coeur de l'été à travers les vastes horizons de la steppe russe, des espaces immenses et mornes.
L'ennui relatif alternant avec l'émerveillement que connaît le jeune Iegorouchka alors âgé de 10 ans a vite fait de gagner le lecteur non averti : en effet le récit est lent comme le voyage en charrette tirée par des chevaux, le jeune garçon découvrant la nature, les arbres, les fleurs, les oiseaux.
Pour le jeune Iegorouchka, c'est le début d'une nouvelle vie puisqu'il se rend à la ville pour étudier au lycée. Il quitte sa mère pour la première fois.
Au fil des rencontres de marchands et de pêcheurs, de bergers et de cavaliers, il découvre la vie. Il va grandir. Il est accompagné de Ivan un commerçant et de Khristophor un prêtre.
Le style de Tchekhov est certes poétique et délicat pour évoquer cette flore et cette faune, entre outardes et milans, vanneaux et pluviers, gerboises et perdreaux. Mais que de longueurs…
Il faut en fait considérer ce texte très bien écrit comme un long poème.


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Je suis un peu passé à côté, je le relirai un jour, je pense.
Je peux en tout cas sentir une qualité exceptionnelle de description paysagères et de l'esprit des "russes"... Les émotions de l'enfant ont rarement trouvé les miennes, et ça n'est pas habituel pour moi, d'où principalement mon idée de relire ce livre dans le futur.
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La steppe est une longue nouvelle qui raconte le trajet d'Igor un enfant de 9 ans qui part à la ville étudier. Entre découverte de la steppe, appréhension de quitter sa famille et scènes du quotidien, Tchekhov nous plonge dans une ambiance russe typique. C'est une histoire contemplative qui s'inspire d'un voyage réalisé par l'auteur. C'est très descriptif et lent. Je ne pense pas que ce type de texte m'aurait convaincu à l'écrit mais la version audio immerge bien le lecteur, on se laisse facilement bercer. J'ai aimé suivre la découverte de la nature et des paysages grandioses à travers les yeux d'Igor.
Il y a quelques scènes intimistes déconcertantes qui sont a priori typiques de l'âme russe le tout via un humour sobre qui passe ou qui casse.
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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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