L'essai est assez étrange, il semble partir du principe que la Grande Russie ne mérite pas les jugements sévères que lui portent les intellectuels européens depuis toujours, elle qui a suivi très exactement les évolutions intellectuelles, culturelles, industrielles, bref civilisationnelles du reste de l'Europe. C'est une opinion qui pourrait se défendre si l'auteur l'étayait de faits, de dates, d'opinions diverses, de citations ; elle semble au contraire l'avoir dispensé de ce travail. Les passages plus précis concernent les opinions de l'abbé Auberoche et du marquis de Custine, dont on peut dire qu'elles sont pour le moins défavorables à la patrie de Catherine II, et où s'exprime une certaine aigreur de l'auteur, voire une blessure. Dans l'ensemble, l'ouvrage est intéressant pour la rancoeur qui s'y dégage vis-à-vis de l'"Europe" pour le rejet qu'elle formule incessamment à l'intégration de la Russie en son sein. D'un point de vue sociologique cela aurait pu être intéressant. Mais le sujet est traité d'une manière qui se veut historique, et sous cet angle, il manque singulièrement de "tenue".
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