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EAN : 9782915018691
153 pages
Quidam (05/01/2012)
3.86/5   7 notes
Résumé :
"Tu te sens bien dans cette chambre. Ça te ressemble, il n'y a rien d'attachant. Rien n'est précisément posé là pour rendre la vie acceptable. C'est un lieu qu'on oublie où tu disposes ton nécessaire. La table, la poignée, le papier peint, le cadre du lit, les volets horizontaux, tout est marron. C'est un fanatique des merdes de chien qui a décoré l'hôtel. Ça sent la cigarette". Crevasse, ou la vie d'un "mis de côté" transcendée par une prose âpre et lumineuse.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le narrateur, un homme de cinquante ans, qui se laisse enfin choir au fond de cette crevasse dans le but d'y crever, déroule son existence, à la deuxième personne du singulier, comme si c'était la tienne, comme s'il se détachait de lui-même.

Alors tandis que tu glisses dans le fond de cette crevasse, et que tu te refroidis en découvrant une existence si glauque, de ce trou tu regardes la dureté d'une vie.

Chemin d'une existence passée à grimper vers le bas, le récit de cette vie est parfois insoutenable, l'existence d'un enfant rejeté par ses parents, souffre-douleur chronique, essayant par périodes de se trouver une place, prostitué, sans-abri, vendeur de maquillage dans le quartier de Pigalle, ouvreur à l'Opéra Garnier, et pion, et toujours tombant dans les abimes de la solitude et de la dévalorisation.

Cet homme qui se méprise observe son corps à la loupe ; enfant, son sexe minuscule et son physique de tronc de brocoli ; adulte, comptant ses grains de beauté et ses lignes dans le cou ; découverte de cette chair, de ses imperfections.

« Tu te sens bien dans cette chambre. Ça te ressemble, il n'y a rien d'attachant. Rien n'est précisément posé là pour rendre la vie acceptable. C'est un lieu qu'on oublie où tu disposes ton nécessaire. La table, la poignée, le papier peint, le cadre du lit, les volets horizontaux, tout est marron. C'est un fanatique des merdes de chien qui a décoré l'hôtel. Ça sent la cigarette. »

À quelques moments rares, son chemin est émaillé de chance, comme avec ce poste qu'il décroche à l'Opéra Garnier, témoignages d'une résistance et d'un instinct de survie qui sont toujours vivaces. Mais malgré cela il avance vers le vide, grimpant dans la montagne lors de séjours répétés à Chamonix, répétant chaque jour la même ascension vers le Grand Paradis et enfin vers la chute dans cette crevasse.
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Une vie de chien finit au fond d'une crevasse, nimbée d'une surprenante poésie de l'écrasement

Publié en janvier 2012 chez Quidam Editeur, le premier roman de Pierre Terzian utilise une langue malicieusement familière et dotée pourtant d'une précision hors du commun pour nous conter, en monologue à la deuxième personne, l'histoire simple d'un homme décalé, inadapté, qui ne peut entrer dans le monde (école, travail, famille) tel qu'il est proposé, et qui se met à doucement dériver, vivant de peu ou simplement survivant, dans les environs interlopes de Pigalle, au hasard des métiers à peine avouables, des déconvenues fréquentes et des rares mais précieuses chances et opportunités.

C'est au fond d'une crevasse (où en effet il "crève") d'un glacier de Chamonix, devenu au fil des années sa surréaliste "destination de vacances", depuis qu'il est surveillant dans un collège, que cette vie, ses fugitives beautés, ses innombrables incompréhensions et ses duretés subies mais au fond assez efficacement mises à distance, défilent, dans le fameux flash, sans qu'à aucun moment l'horreur pourtant manifeste ne l'emporte vraiment. Comme un pas si lointain cousin des héros urbains d'Agrati, auxquels la poésie et le grain de folie garantissent le plus souvent une paradoxale résistance face à l'écrasement tenté (et en apparence réussi) par le monde...
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Prologue, un homme tombe dans une crevasse, où plutôt s'y laisse tomber. On rembobine. Qu'est-ce qui a amené cet homme à la chute ? Crevasse c'est l'histoire de ce type, racontée à coup de “tu”, pronom casse-gueule par excellence, et de phrases courtes et incisives. Notre personnage n'est pas verni. Petit prolo blanc élevé dans une cité, chétif et rouquin, mal-aimé par ses parents, il devient un adulte en errance, sans repère, qui vagabonde entre métiers ponctuels, et bars à putes. Et puis c'est la rencontre avec la montagne, et avec Yilmaz.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/12/chronique-livre-crevasse/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant c'est presque passé, t'as cinquante ans, c'est toi qui fais peur. Quand tu les poses sur quelqu'un, tes yeux résonnent comme deux grottes abandonnées. On voit bien que t'as rigoureusement tout avalé.
Tu ressembles à quelqu'un qui se réveille tout juste d'un cauchemar. Pas encore tout à fait sûr d'être en vie.
Sous tes airs fossiles, tu es sans cesse aux aguets. La peur est ton éveil. C'est la seule secousse de tripes que tu connais par coeur. C'est comme un don. Ce que tu sais faire de mieux. Avoir peur. Tu te sens bête. Traqué. Plusieurs fois par jour tu sens que tu vas mourir.
Même la première fois que t'as bandé, t'as cru que t'avais peur.
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Tu sais pas bien d’où ça vient d’avoir des amis, comment ça se fait, le temps que ça prend. Ce qu’il faut dire. Ce qu’il faut garder. Peut-être qu’il y a des démarches à faire, des papiers à remplir, quelque chose que t’as mal fait.
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Frappé, frappant, tu sais pas bien où tu te trouves, toujours coincé quelque part entre la main et la joue. T’as appris à te foutre des tartes tout seul. Et à les esquiver parfois.
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T’es en vie, tu sers à rien, t’as survécu, t’es là tu fais du vélib, tu traces tes lignes de mouche, ça te prend une vie.
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Ne tue pas ceux qui t'ont forcé d'être là, ça doit être écrit quelque part dans les principes de base.
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