Les hommes sont prêts à tout pour peu qu'on les exalte et que le conteur ait du talent.
Il nous disait que les hommes s'entre-tueraient ad vitam sur les champs de bataille puisque c'était ce qu'ils faisaient le mieux.
Avec les Français, il faut, comme avec les femmes, ne pas faire de trop longues absences.
Qu'est-ce que la gloire pour vous, Madame, sinon la conjuration de l'horreur par les hauts faits?
Un haut lieu, dit-il, c'est un arpent de géographie fécondé par les larmes de l'Histoire, un morceau de territoire sacralisé par une geste, maudit par une tragédie, un terrain qui, par delà les siècles, continue d'irradier l'écho des souffrances tues ou des gloires passées. C 'est un paysage béni par les larmes et le sang.
Nous voulions bien combattre, mais pour le salut de nos paliers d'appartement. Nous n'aurions plus surenchéri d'enthousiasme à l'idée de nous sacrifier pour une idée abstraite, supérieure à nous-mêmes, pour un intérêt collectif et -pire- pour l'amour d'un chef.
Des congères flanquaient les trottoirs. Il y avait certainement des cadavres d'ivrognes sous la neige. Au printemps ils réapparaient. En Russie, on les appelait "les perce-neige", ils annonçaient les beaux jours avec autant de fiabilité que les oiseaux migrateurs.
La France, petit paradis peuplé de gens qui se pensent en enfer, administrés par des pères-la-vertu occupés à brider les habitants du parc humain, ne convenait plus à son besoin de liberté.
- Un vrai voyage, c'est quoi ? dit-il.
- Une folie qui nous obsède, dis-je, nous emporte dans le mythe ; une dérive, un délire quoi, traversé d'Histoire, de géographie, irrigué de vodka, une glissade à la Kerouac, un truc qui nous laissera pantelants, le soir, en larmes sur le bord d'un fossé. Dans la fièvre…
En Russie, l’art du toast a permis de s’épargner la psychanalyse. Quand on peut vider son sac en public, on n’a pas besoin de consulter un freudien mutique, allongé sur un divan.