Les religions se succèdent en se pénétrant. La nouvelle prend le dessus en avalant l'ancienne qu'elle digère avec le temps.
P20
La lame de la faux de l'Ankou est emmenchée à l'envers. [...]
En tout cas, la faux de l'Ouvrier de la Mort diffère de celle des autres moissonneurs parce qu'elle a son tranchant tourné en dehors. Aussi l'Ankou ne l'a ramène-t-il pas à lui quand il fauche les vivants. Il lance en avant sa lame qu'il aiguise avec un os humain.
P32
" Si votre épouse le permet, puisque je suis cuisinière, je vous préparerai une soupe aux herbes. C'est ma spécialité, mon triomphe. Impossible de trouver un vivant qui en dise du mal."
Je lisais le discours que Louis-Napoléon Bonaparte vient de déclamer à Châtellerault : ... Je me suis mis résolument à la tête des hommes d'ordre. Je marche en avant sans regarder derrière moi. Pour marcher dans des temps comme les nôtres, il faut en effet avoir un mobile et un but. Mon mobile, c'est l'amour du pays; mon but, c'est d'y faire que la religion l'emporte sur les utopies républicaines, c'est que la bonne cause ne tremble plus devant l'erreur...
P212
– Quel est le prochain ?
– Ce marin lourdaud qui vient vers toi en ôtant sa grande culotte de matelot, répond François Aupy. Il n’est certainement pas joli mais avec un corps bâti comme le sien il y a de la ressource.
– Eh ! Mais comme il est emmanché ! Mes doigts ne feraient pas le tour de son mât.
– A bord des vaisseaux, on l’appelle Sabre d’Attila.
Après l'eau-de-vie plus quelques bouteilles de mauvais cidre, l'imagination rêve ici. Quand la nuit sera bien noire, ils conteront plus d'une histoire à faire froid dans le dos. Dans cette étouffante chaumière privée d'air, les volutes des émanations de la cheminée et des pensées s'entremêlent. "J'ai vu passer une étoile filante. Un curé va se pendre !"
– Vous voudriez travailler chez moi ? Avez-vous bien compris qu’à « La Sirène », vous n’auriez pas seulement à récurer les casseroles ?
– Que voulez-vous que je comprenne, mon cher monsieur ?
– Dans une taverne-bordel militaire se mijote aussi un peu l’amour. Y seriez-vous disposée ?
– Je ne suis pas ennemie d’un tout petit brin de fleurette.
Chaque pays a sa folie. La Bretagne les a toutes.
(Jacques Cambry, fondateur de l' Académie celtique en 1805)
_ Mais alors avec votre Léon Napo, là [...] , la France est devenue très, très grande...
_ Il l'a laissée plus petite que quand il est arrivé au pouvoir.
_ C'est loin d'ici, la France?
_ Nous sommes en France, Hélène.
_ Mais non, ici, c'est la Bretagne. Oh, mon pauvre monsieur, ça ne va plus du tout!
Wik. Wik...
- Ce n'est pas le son d'une carriole qui s'approche et va me dépasser. Je l'aurais entendu venir de loin.
Wik! Wik!...
Le grincement criard est de plus en plus bruyant et plus proche. Assourdissant, il résonne même si près.
Wik!!! Wik!!! ...
- Est-ce la karriguel de l'Ankou ?
La fille de Plouhinec se retourne. Rien derrière elle. La domestique reprend sa route.
- Ah ben non, c'est moi.