Assez consternant de découvrir cette avalanche de dithyrambes pour un livre dans lequel il n'y a finalement pas grand chose à sauver si ce n'est, sans doute, l'audace d'un auteur qui est malgré tout parvenu à y voir l'expression la plus aboutie de sa sensibilité, mais laquelle ?
Il n'y a pas d'histoire qui tienne la route, pas un chapitre dont la fin ne soit pas sentie dès la deuxième page, pas un seul personnage qui soit autre chose qu'un abreuvoir à clichés et qui ne s'exprime dans une langue invraisemblable, qui sonne constamment faux et ne parait rien évoquer d'autre que des poncifs effleurant tout juste ce que peuvent avoir les relations humaines de tragique et d'insolvable.
La forme n'a rien pour la soutenir : des billets d'humeur vaguement mélangés qui ne forment aucune architecture, aucune direction, aucun point nodal, tout est plat, uniforme et sans perspective. "Alors, on va où ?" dit la dernière phrase, après 200 pages on n'en a toujours aucune idée : l'errance très (peu) littéraire de Kerouac, des flâneurs fantasmés du Paris romantique a bon dos. Les quelques tentatives d'insérer des passages en vers, des échanges de messagerie, etc. ne sont pas exploitées une seule fois de manière intéressante. Un roman, un texte, c'est un monde avec ses règles, ses principes directeurs, sa logique ou son chaos, ici on ne voit rien de tout cela.
L'intertextualité vendue par la 4me de couverture s'effondre quand on comprend qu'elle n'est rien d'autre qu'une poignée de références toujours balancées sans fondement, sans recherche d'un autre effet que "c'est comme dans Lost in Translation" "on dirait une peinture de Redon" et donne surtout la nécessité d'un éternel retour vers la pertinence de Socrate, contre un auteur qui ne sait pas (encore) qu'il ne sait rien. La culture c'est comme la confiture...
Si la sincérité du projet parait incontestable, on doit quand même s'interroger sur les lacunes terribles et l'immaturité claire de la plume qui tombe dans tous les écueils des débutants de l'écriture : clichés, explications inutiles, pédanterie, répétitions, etc.
Alors oui, l'errance urbaine, la jeunesse perdue, le futur assassiné, l'incommunicabilité entre les êtres, tout ça est bien joli mais on aimerait que ça soit effectivement traité, qu'il y ait de la matière, des réflexions qui valent la peine de sortir du carnet d'étudiant qui préfère se voir écrire plutôt que d'écrire réellement ce qui a l'air de le travailler.
En clair, un livre qui ne se donne pas le dixième des moyens pour parvenir à des ambitions énormes. Pas nécessaire.
Commenter  J’apprécie         30
La poésie transpire dans ce roman, conçu comme une fable, qui nous propose à la fois un doux voyage mélancolique, mais aussi une recherche profonde de soi et du rapport au monde qui nous entoure. Les mots sont justes, ils nous caressent et libèrent diverses sensations à l'écoute d'une histoire romantique et triste à la fois, perdue, mais à laquelle on s'attache avec une lueur d'espoir. Alors on s'accroche à Martin comme une bouée à la mer, on boit la tasse avec lui, on coule un peu mais on reprend notre souffle lorsque la vague disparaît. Un texte intense et percutant, avec un maniement des mots qui nous font passer dans des états très différents les uns des autres, mais toujours avec beaucoup de sensibilité et d'émotions.
Commenter  J’apprécie         100
Ce livre m'a profondément touchée et captivée. J'ai été impressionnée par la qualité des mots, simples mais toujours justes, où la poésie atténue par sa douceur des sentiments souvent empreints d'une grande douleur.
Le procédé intimiste du texte employé par l'auteur arrive à son but qui est l'universel et c'est tout naturellement que l'on se retrouve dans le personnage de Martin.
J'ai dévoré ce roman qui bouscule nos croyances et nos certitudes et nous laisse entrevoir des possibles.
J'attends avec une grande impatience le second livre de ce jeune auteur.
Commenter  J’apprécie         40
Le Bordelais Baptiste Teychon fait le portrait d’une jeunesse mélancolique
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Ce qui tue les gens, ce ne sont pas les rêves. Ce qui tue les gens, c'est le cynisme et ceux qui nous disent que nos idées, nos aspirations, nos envies ne sont que des rêveries. On a des papiers mouillés sur nos coeurs où le feu ne prend plus.
Tu es cette personne qui va se battre pour que l’autre aille mieux, pour que ses pensées soient pleines de nuages. Tu es ce genre de personne qui, malgré une profonde dépression intérieure, préfères continuer à rire face à la gravité de la vie. Ce genre de personne qui est là pour l’autre et qui demande d’un ton tout simple : « Comment tu vas ? » Cependant, toi, personne ne te demande comment tu vas.
C'est fou, dire qu'avant on rêvait d'être grand pour réaliser nos rêves alors que maintenant, on rêve d'être petit pour les garder. Triste inversion des choses, quand on y pense.
A quoi bon ce moule qu'on se fabrique, s'il ne sert qu'à survivre dans une société ingrate qui souhaite qu'on lui ressemble ? Elle nous rejette violemment si on est différent, elle nous vend du rêve en échange de notre âme. Elle impose ses idées, plus vieilles que Mathusalem. Elle fabrique la haine et les guerres qui ravagent le monde.
En voilà un dans l’esprit duquel aucune place ne devient dure, et qui ne sent pas tout à coup son âme à gauche, du côté du cœur. En voilà un pour qui la vie est un point, et pour qui l’âme n’a pas de tranches, ni l’esprit de commencements. Une espèce de déperdition constante du niveau normal de la réalité.