Chacun s’attend à assister à la fin de quelque chose. Ce à quoi nul ne s’attend, c’est à assister à la fin de toute chose.
Ce sont les habitudes qui nous font tenir le cap quand tout s’écroule autour de soi. Se proclamer shérif, nettoyer la sellerie et maintenir les chevaux en condition pour la promenade du matin était le dernier rempart entre moi et le désespoir
Et c'est toujours agréable de voir un fanfaron se faire remettre à sa place.
Même si j’ai tendance à dire du mal des gens et à penser les pires choses sur leur compte, au fond, j’attends toujours qu’ils me surprennent. J’ai beau essayer, je n’arrive pas à désespérer du genre humain.
Autrefois les fleuves avaient tous un nom, les collines aussi, peut-être même les petits plis et vallons qui ornent le paysage. "Autrefois, cet endroit avait un nom", je me suis dit. Nous avions été si prodigues du savoir durement acquis par l'humanité. Tous ces petits faits arrachés à la terre. Le nom des plantes et des métaux, des pierres, des animaux et des oiseaux ; le mouvement des planètes et des vagues. Tout cela réduit à néant, comme les mots d'un message primordial qu'un idiot aurait mis à laver avec son pantalon et récupérés tout brouillés.
Étrange, à quel point l'homme n'est jamais plus cruel que quand il se bat pour une idée. On se tue depuis Caïn pour savoir qui est le plus proche de Dieu. M'est avis que la cruauté est simplement dans l'ordre des choses. On deviendrait fou si on prenait tout personnellement. Ceux qui nous font du mal n'ont pas sur nous autant d'autorité qu'ils le voudraient. C'est pourquoi ils font ce qu'ils font.
En voyant les fleurs de ce jardin éclore si précocement, et les arbres bourgeonner tellement plus tôt que prévu, j'ai compris qu'un changement profond s'était produit au coeur des choses, et cela m'a rappelé les Toungouses qui disaient que le monde a besoin d'hiberner, sans quoi il se réveille de mauvais poil, comme un chatoun, et emporte tout sur son passage.
[...] le temps rétablit l'équilibre des choses, la simplicité perdure et l'excentrique, avec sa modernité, reste en rade. Le meilleur moyen de savoir quelle sera la durée de vie d'une chose est de se demander depuis combien de temps elle existe. Plus une chose est récente, plus elle disparaît tôt. Et ce qui existe depuis belle lurette durera encore longtemps.
La fin, c'est là où l'on finit. On finit toujours à la fin de quelque chose.
Je suis de ces gens qui ne tiennent pas en place. Parfois mon corps m'aboie dessus comme un chien réclame sa promenade.