Les «
Récits des temps mérovingiens » furent écrits dans les années 1830 par le journaliste et historien
Augustin Thierry. Il eut le grand mérite de dépoussiérer les textes abscons, difficile d'accès de Grégoire de Tours dans son «
Histoire des Francs », pour les rendre accessibles au grand public et de sortir de l'oubli cette période très lointaine et obscure du VIème siècle de notre ère.
Chilpéric, Frédégonde, Brunehaut, Sigebert, Gontran, Mummolus, d'autres encore… Ces souverains, ces chefs de guerre puissants, hauts en couleur, peuplent désormais notre imaginaire collectif et font toujours l'objet de romans historiques, voire de fantasy, plus ou moins bons…
Dans un style vif, alerte, parfois drôle,
Augustin Thierry concentre ses récits sur les quatre petits fils du grand Clovis, et leur entourage. Ils se partageront en parts égales le royaume de leur père, Clotaire, réunifié à grands coups de ruses, de batailles, de pillages et de crimes.
Ces quatre-là ne seront pas en reste. Par leurs excès, leur violence, leurs crimes odieux, leur inconséquence et leur haine, ils rendraient presque jalouse la famille des Atrides.
Ces récits ont toutefois vieilli dans leur interprétation des faits historiques. Pétri de culture latine,
Augustin Thierry oppose « l'esprit de discipline civique » des Romains à la violence et à la déraison des Francs. Et il le fait jusqu'à la caricature. Chilpéric est une sorte de Falstaff grossier et rancunier, Frédégonde une infernale mégère, Brunehaut une intrigante qui sait se servir de ses charmes, et Gontran un souverain cauteleux, chattemite… A l'inverse,
Grégoire de Tours, est un sage qui essaie tant bien que mal de calmer les esprits vindicatifs des souverains francs et de mettre un peu d'ordre dans leurs esprits brouillons. J'ai parfois eu l'impression d'assister à une course poursuite entre de vilains mouflets armés de couteaux de boucher sous le regard désabusé et vaguement écoeuré de Grégoire de Tours.
Les recherches archéologiques de ces dernières décennies ont permis d'apporter un regard nouveau, moins sombre sur cette période très lointaine. Nous savons aussi que l'empire romain d'occident ne s'est pas effondré d'un coup le 4 septembre 476, mais que ces royaumes dits « barbares » n'en sont que le prolongement.
Une interrogation enfin pour le néophyte que je suis.
Grégoire de Tours fut le chroniqueur subjectif de ce temps. Il a côtoyé ces hommes et ces femmes et a rapporté leurs faits et gestes. S'il ne l'avait pas fait, qu'aurait retenu l'histoire de ces incroyables personnages ?
En conclusion, malgré tout un tas de réserves, j'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à lire ces récits.