Ilan et Chloé sont tous les deux fans de chasses au trésor, jeux vidéo, traquant la toile y compris dans ses coins les plus obscurs, connus des seuls initiés. Ils ont longtemps cherché sur internet des éléments leur permettant d’être choisis pour participer au jeu ultime, « Paranoïa ».
Cet univers occupait tellement leur esprit que leur couple a volé en éclats et ils ont fini par se séparer. Un jour Chloé débarque chez Ilan, persuadée qu’elle est arrivée très proche de la sélection.
Ils sont convoqués pour passer des tests psychologiques pour un laboratoire, ce qui est en fait le stade terminal de la sélection. Les huit meilleurs joueurs sont convoqués et le jeu va commencer.
Les candidats se retrouvent dans un hôpital psychiatrique désaffecté au nom évocateur: Swansong et le roman va inclure au jeu, un meurtrier, Lucas Chardon, psychotique, paranoïaque, interné dans une UMD depuis quatre mois, et la découverte de corps retrouvés morts dans un chalet le vingt deux décembre de l’année précédente par l’adjudant chef Pierre Boniface. Tous participaient à une chasse au trésor et ont été assassinés. Un suspect a été arrêté qui crie son innocence.
on fait ainsi la connaissance d’Ilan Dedisset, créateur de jeux-vidéos avec plus ou moins de succès, et pompiste dans une station service la nuit. Il a perdu ses parents dans un accident de la circulation et il est persuadé qu’il s’agit d’un assassinat car ils effectuaient des travaux dérangeants sur la mémoire. Pour participer au jeu, son couple avec Chloé se reforme pour augmenter leur chance de gagner.
Pendant tout le roman, on va revoir apparaître Lucas Chardon et l’assassinat du vingt-deux décembre, de temps à autre dans le déroulement du jeu. Son transfert dans une unité psychiatrique va être l’occasion de croiser nos héros, sans que l’on sache s’il s’agit ou non d’une partie du jeu.
Quand je vous aurai dit que l’organisateur du jeu s’appelle Hadès et que « la divine comédie », (notamment l’enfer), de Dante est omniprésente, je pense que vous aurez envie d’en savoir davantage…
C’est le premier roman de Franck Thilliez que je me procure et je l’ai lu de façon addictive, tant l’univers est étrange. Le théâtre du jeu est un ancien hôpital psychiatrique appelé « Swansong », ce qui donne déjà une idée de l’ambiance qui règne. Les différents protagonistes, qui ne se font pas de cadeaux car l’enjeu est important : trois cent mille euros.
J’ai aimé bien sûr tout le côté psychiatrique de l’histoire, de la personnalité de l’assassin présumé, des joueurs, à l’univers de l’hôpital psychiatrique avec ses salles d’électrochocs, salle d’opération pour réaliser les lobotomies à l’époque, le fameux leucotome, la salle d’autopsie, tout y est.
On ne sait jamais où on en est, car le doute est entretenu sans cesse, la vérité d’un moment est entièrement remise en question quelques pages plus loin, on est happé par l’histoire notamment par sa noirceur, par l’agressivité latente ou patente des héros.
J’ai aimé le côté rapide, stressant de l’écriture, qui nous laisse à peine le temps de respirer, d’intégrer certaines données qu’on est déjà ailleurs, l’auteur entretenant sans cesse le doute sur la réalité ou non des évènements. La mémoire joue un rôle important dans l’histoire. La mémoire d’Ilan qui vacille parfois notamment à propos de l’accident de ses parents, la mémoire des autres joueurs aussi : est-ce qu’ils ont vraiment vu ou vécu telle chose, où leur perception est-elle déformée par le jeu. De quoi veut-on se souvenir ? Peut-on manipuler les souvenirs, et reconstruire l’histoire autrement ? (cf. le fameux test utilisé par la CIA : le sujet retient-il mieux une série de mots quand on lui inflige une douleur sous forme de stimulation électrique de plus en plus désagréable).
J’ai tourné les pages fébrilement, le nez dans le bouquin, reprenant mon souffle de temps en temps et, à certains moments, je ne savais plus si c’était mon cerveau qui fonctionnait ou si j’étais dans l’histoire. Une impression très particulière, les phrases m’imprégnaient littéralement et j’avais l’impression de participer moi-même au jeu et de ne pas pouvoir m’en échapper. Je me suis laissé portée par l’histoire, sans chercher à comprendre à tout prix.
Franck Thilliez réussit à nous faire approcher la folie de très près, tutoyant sans cesse la ligne, la folie en tant que telle mais aussi la folie du milieu des jeux-vidéos sur lesquels certaines personnes peuvent rester scotchées pendant des heures devant leur ordinateur, ne sachant plus faire la différence entre le réel et le virtuel.
En tout cas, cela a été une expérience très forte, bluffante car c’est ma première lecture dans ce genre et j’ai très envie de lire un autre de ses romans pour me faire une idée plus précise de cet auteur, car c’était ma première lecture de ce type et j’ai marché à fond.
Note : 8/10
Je ne sais pas si j'irai voir le film, car j'ai peur que le côté haletant ne soit trahi, comme cela a été le cas pour l'adaptation du livre de Christophe Grangé: "Les rivières pourpres" qui m'a beaucoup déçue à l'époque.
challenge destination PAL
Lien :
http://eveyeshe.canalblog.co..