Fidèle à l'esprit encyclopédique de l'incontournable collection « L'Art et les grandes civilisations », conçue au départ par
Lucien Mazenod, aujourd'hui aux éditions Citadelles & Mazenod, ce monumental (et très lourd) volume consacré à l'art aux Etats-Unis prend le parti pris de commencer l'étude presqu'aux origines. Mais qu'en est-il de ce pays dont on dit pis que pendre, à tous les niveaux ? Sa culture n'est-elle pas issue des vagues successives d'immigration au fil des trois cents ans de son histoire ? Ou alors, est-il bien vrai que l'art américain est né après la seconde guerre mondiale ? En ratissant large, l'ouvrage embrasse aussi bien l'architecture des plantations de Virginie au XVIII° siècle que le « Lincoln assis » d'Auguste Saint-Gaudens, sans oublier les icônes gay d'
Andy Warhol, les bandes dessinées agrandies de
Roy Lichtenstein, les gigantesques scènes historiques de Benjamin West, les pièces en feutre de Robert Morris, la « Spiral Jetty » de Robert Smithson, les portraits d'Amérindiens par
George Catlin … (mais pas assez sur la photographie, très peu sur l'art vidéo). Ce livre est aussi la chronique d'une conquête, celle de l'indépendance esthétique vis-à-vis de l'Ancien Continent, et l'affirmation d'une véritable spécificité nationale, aujourd'hui bien mise en cause par la mondialisation. Peut-être qu'à force de vouloir imposer leur culture (si culture, il y a), les Etats-Unis l'ont banalisée, réduite à sa part congrue : la culture de masse. A l'heure du postmodernisme, il semble nécessaire de se poser la question.
Six auteurs, américains et français, se sont mis à la tâche. Reste le problème de la maniabilité de l'ouvrage (ses dimensions, son poids), surtout qu'il est obligatoire de régulièrement se rendre en fin de volumes pour consulter les illustrations en noir et blanc. L'appareil scientifique est, comme d'habitude, de qualité.