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EAN : 9782919174027
204 pages
Au-delà du raisonnable (07/10/2010)
2.56/5   8 notes
Résumé :

Excepté les victimes, les personnages de cette histoire semblent mépriser toutes les formes de sincérité et d'idéalisme qui pourraient subsister dans notre société. C'est leur job. Antoine, consultant employé par La Boîte, et Pascal, syndicaliste plaqué par sa femme et licencié suite à un plan social, sont enchaînés l'un à l'autre par une conjoncture violente. Petits maîtres d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Merci aux éditions Au-delà du raisonnable et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Un bon livre. Pas exceptionnel mais un bon livre, par un écrivain tout à fait digne de ce mot.
J'ai l'impression d'une sorte de mélange entre du San Antonio, notamment dans certains dialogues, avec une petite influence Tarantino, et un volet social, sociétal et de réflexion sur l'humanité qu'on retrouverait dans un film comme Fight Club. Qui donne aussi une dimension supplémentaire qu'on retrouve assez peu dans des livres de violence Brett Easton Ellissienne, by the way. On voit ici la critique d'un monde du travail où les inutiles ont les postes les mieux payés, les plus influents alors qu'ils ne servent vraiment à rien, menant à la baguette ceux qui font le vrai travail et qui galèrent, tout ça les pieds dans l'eau de leur piscine... La critique d'un système et d'un fossé vraiment plus supportables... Actuel...

"- Si je peux me permettre, nota Pascal, la vie trépidante de consultant devient un peu lassante. On ligote, on bâillonne, et on recommence.
- Comme tu vois, une forme de travail à la chaîne.
- C'est moins pénible à la Sécu, tu forces les gens à rester assis pendant des heures, sans les attacher ! Voilà l'efficacité du secteur public."

Il y a un peu de violence, physique, beaucoup de violence symbolique en creux, le physique venant en réaction.
Le style est vraiment intéressant comme je le disais, assez drôle parfois, jamais trop "facile", il y a une recherche, une connaissance du-des sujet-s, même si ça ne va pas aussi loin que - je ne sais pas moi - qu'un Maurice Dantec (pour prendre un auteur que je l'ai récemment). Ce livre-ci est moins une somme, ça reste modeste. Deux cent pages, que voulez-vous.

"- Et c'est quoi ça, consultant ?
- Un de ces nouveaux métiers qui ne servent à rien et qui rapportent gros.
Blanco fit sauter un stylo rongé dans sa main et, après une double vrille piquée parfaitement exécutée, il retomba dans sa paume pour une réception impeccable.
- Comme flic ?
Voisembert ne releva pas. Flic était le troisième plus vieux métier du monde. Celui qui faisait vivre le premier en tant que client avant d'arrêter le proxo."

J'ai passé un bon moment en compagnie de cette fuite d'héros qui cherchent une sortie, une solution à une situation qu'ils n'aiment pas, à une vie qu'il méprise.
Un "consultant", en fait un tueur pour liquider du personnel, sommet des techniques HR, un syndicaliste qui se révèlera ... , une femme entre femme-objet et femme dominante, tout ça dans une voiture, destination on ne sait trop bien, vers un chaos annoncé ? Ou pas.

"Pascal chercha dans les yeux d'Harold un peu d'innocence, un peu d'humanité, des faiblesses excusables qui pussent expliquer pourquoi il le persécutait. Pourquoi il avait détruit son amour avant de le donner en pâture à la mort. Mais rien. C'était ainsi. La loi du monde. du chacun pour soi. La défense du territoire. Avec ou sans lui. Et toutes ces phrases fabriquées, assénées jour après jour par les médias et la culture dominante pour transformer les moutons en loups et réciproquement. Ces banalités dont se repaissait Antoine et dont il avait fait sa raison d'être.
- Putain quel monde..., soupira Pascal.
Il leva le Beretta et, sans crier gare, froidement, avec un vrai soulagement, abattit Mattéi d'une balle dans la tête. Il se tourna vers Antoine :
- Tu avais raison. Nous vivons dans un monde de violence.
Antoine lui renvoya le sourire customisé d'un vendeur d'assurances.
- Bienvenue dans la vraie vie."

Bref, ce livre a tenu la route, tenu le choc de mon regard critique, de façon honorable.
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S'il est un monde qui se prête au roman noir, c'est bien celui du travail. Délocalisations sauvages, harcèlement, désespoir, compromissions, trahisons… tous les ingrédients sont réunis, mille fois dits et répétés dans les pages économiques ou les faits-divers de nos journaux qui finissent toujours par nous raconter des histoires inimaginables.
Dans le couperet, Donald Westlake nous relatait ainsi les aventures d'un chômeur appâtant ses concurrents dans la recherche d'un emploi afin de les éliminer physiquement. Dans Consulting, François Thomazeau envisage que les patrons puissent s'offrir les services d'une boîte de consulting bien particulière chargée d'aider au dégraissage de leurs entreprises pour le plus grand bonheur de leurs actionnaires en les débarrassant des DRH récalcitrants ou des syndicalistes empêcheurs de licencier en rond.
Bien sûr, ce genre de procédure de licenciement radicale a ses détracteurs et, de plus, même les meilleures boîtes de consulting peuvent avoir elles-mêmes à dégraisser leurs effectifs. C'est ainsi qu'Antoine, le consultant à gages, va voir son destin lié à celui de Pascal le syndicaliste au chômage.

La cavale de ces deux personnages que tout semble opposer révèle vite que, s'ils ne partagent pas forcément la même vision de ce que doit être l'entreprise, ils ont au moins en commun une vision particulièrement cynique de cette dernière et de la société dans laquelle elle prospère. Ce cynisme partagé fait de ce roman une oeuvre où la critique sociale sans concession frise le nihilisme joyeux. Un humour auquel on peut penser que tout le monde ne sera pas forcément sensible tant sa férocité pourra en empêcher certains de voir au-delà du premier degré.

Pas exempt de défauts, en particulier une tendance à se montrer parfois un peu trop démonstratif et d'autres fois trop elliptique, Consulting a pour lui ce côté baroque des dialogues et des situations dans lesquelles l'auteur se plaît à repousser toujours un peu les limites du mauvais goût. Un mauvais goût qui sied particulièrement à ses personnages pour lesquels il est décidément bien difficile d'éprouver de la sympathie ou même juste de l'empathie (et peut-être est-ce là aussi un aspect qui peut s'avérer rebutant) et que l'on se plaît finalement à voir lancés dans un jeu de faux-semblants dont on se doute qu'il va tourner au jeu de massacre.

Bouquin iconoclaste et plutôt percutant, sans temps mort au long de ses seulement 200 pages, Consulting nous fait méchamment rire. D'un rire un peu jaune parfois.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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"Couperet" industriel, revu par Audiard, "La Boîte" résout les problèmes de masse salariale...

Publié en 2010, ce onzième roman de François Thomazeau, dont j'avais apprécié le tout premier de ses "polars marseillais" ("La faute à dégun") en 1996, est sans doute, sous sa légèreté apparente, son plus ambitieux à date.

Entre subtile ironie et profond cynisme, voici l'étonnant road novel qui joint, le temps d'une cavale déjantée, Antoine, "consultant" employé par La Boîte, hydre bien évidemment tentaculaire chargée d'éliminer physiquement les individus faisant obstacle au bon déroulement de certaines opérations économiques indispensables (fusions, acquisitions, et autres "restructurations"), Pascal, syndicaliste cocufié et découvreur par accident du pot aux roses, et Mathilde, femme très entretenue et néanmoins terriblement indépendante de l'un des pontes de la Boîte en question. Savoureux, jusqu'au final cinématographique dans les sables du mont Saint-Michel. Comme du Lautner, nous dit la quatrième de couverture. Soit. Comme des "Tontons flingueurs" ou du Jean Yanne revu au goût âcre du XXIème siècle, ou comme "Le couperet" de Westlake passé à une échelle authentiquement industrielle, pourrait-on ajouter...

"L'assassinat comme méthode de gestion des ressources humaines. Chefs d'entreprise, dirigeants syndicaux : ligués ensemble dans une organisation secrète connue sous le nom de "La Boîte", ils n'hésitent pas à recourir aux méthodes les plus répréhensibles, y compris le meurtre, pour faire régner la "paix sociale" dans les entreprises. Depuis une dizaine d'années, sous couvert d'audits et de "consulting" dans des sociétés confrontées à des problèmes de masse salariale, La Boîte intervient : infiltration, intimidation, menaces, harcèlement moral, passages à tabac, délocalisations forcées, mais aussi assassinats, ses consultants ne reculent devant rien. Impensable, inimaginable en France, pays des droits de l'homme et pionnier de l'Europe sociale ? Jugez par vous-mêmes."
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La quatrième couverture laisse penser à une intrigue à la Donald Westlake version "Le Couperet" ou à la Jacques Audiard. Donc une atmosphère très sombre et une vision cynique et corrosive.
Dans "Consulting", il est question de plan social, de délocalisations, de chômage, de désespoir et de... meurtres. En voici le pitsch : une boîte de consulting propose des services très très spéciaux à certains patrons pour "écarter" des salariés ou des syndicalistes. du dégraissage à la sauce "American psycho" en somme ! Un de ses consultants adepte de l'assassinat va être trahi par ces anciens patrons et va s'unir avec un syndicaliste tout aussi barré pour comprendre le fin mot de l'histoire. Ces deux hommes que tout semble opposé vont vite laisser entrevoir un point commun : un cynisme du monde de l'entreprise et de notre société en général. Morts en série et trahisons vont rythmer leur cavale sanglantes.

Ce postulat de départ laissait envisager de très belles choses. Au final, il en reste pas grand chose. le rythme haché, aux chapitres très courts, de l'auteur empêche une construction plus profonde des personnages principaux qui restent à l'état de spectre sans aucune trace d'humanité. Les personnages secondaires, eux, sont inintéressants voire abjectes.

La fin est téléphoner et délaisse toute une série de questions laissées sans réponses. . Dommage.

Seul point vraiment positif : les dialogues. François Thomazeau excelle dans cet art tellement délicat, et enchaîne les punchlines qui font sourire. Mais dès que l'action des personnages reprend, le livre perd son éclat. Aussitôt lu, aussitôt oublié !
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Suite à un concours de circonstances violentes, Antoine consultant sans fois ni loi, employé par La Boîte mais trahi par son employeur, et Pascal, syndicaliste minable quitté par sa femme et licencié suite à un plan social, se retrouvent enchainés l'un à l'autre.
Le tandem est obligé de se lancer sur les routes en quête de réhabilitation. Chacun de nos protagonistes va se débattre pour survivre, chacun avec ses inspiration et ses démons, ses différences.
Nous allons assister à leurs errances et leur perdition dans ce road-movie sanglant et drolatique
L'histoire reflète bien le cynisme malsain de notre époque représenté par ces affreux jojos dont les dialogues rappellent ceux d'Audiard.
Un roman noir et une critique sociale sur le thème du licenciement nouvelle tendance.
François Thomazeau nous livre ici une juste démonstration des rapports sociaux actuels illustré par des dialogues écrits au couteau.
Lien : https://collectifpolar.com
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On a remplacé patrons par entreprises, salariés par collaborateurs, les primes par des stock-options ou des intéressements, le travail par des missions, l'exploitation par la participation, les contremaîtres par des cadres, les chômeurs par des demandeurs d'emploi, les licenciements par des reconversions. La misère par le développement durable alors que seul le sous-développement l'est ! Seuls les mots ont changés.
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Elle s’appelait Maryse Mauroy et était DRH dans une société d’emballage. Ce n’était pas la première fois que Madame le Directeur la voyait. Elle venait deux ou trois fois par an pour des séminaires, des réunions de travail. C’était d’ailleurs dans une de ces salles de réunion, le salon Opale, un réduit à la moquette usée, encombré d’une table ronde, de fauteuils en tissu, d’un tableau aux feuilles arrachées et d’un écran pour les Power Point, que Blanco interrogeait le personnel. L’hôtelière se souvenait d’elle parce que, voilà deux ou trois mois, lors d’un de ces brainstormings d’entreprise, elle avait fait une sortie rageuse et confié à la patronne que le groupe s’apprêtait à licencier plusieurs centaines de personnes, sans trop de ménagement. On voulait lui faire porter le chapeau. « Je ne suis pas devenue DRH pour virer du monde ! » s’était-elle écriée. DRH. Il n’y en avait pas dans la police. La BRB, le SRPJ, la Paf, la Bac. Mais pas de DRH et peu de RTT…
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«Pascal (le syndicaliste) déposa une crotte de nez qu’il venait d’arracher de sa narine droite sur le tableau de la BM. Il en avait assez de cohabiter avec un manuel de savoir-vivre en kit.
-Mais je t’emmerde, moi, Antoine. Je veux une Jag parce qu’elle a des courbes comme mon ex-femme et pas ces angles osseux qu’ont les poufiasses des magazines de mode.»
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-Tu vois, pour moi, il y a deux catégories de gens. Les pourris qui font le sale boulot. Et les lâches, ceux qui se voilent la face mais peuvent dormir en paix. Grâce aux pourris.
- Oui…Et toi tu es un de ces philanthropes qui n’ont pas hésité à se transformer en ordures au mépris de leur amour-propre pour protéger la veuve et l’orphelin.»
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Cette fois-ci, Maryse Mauroy était venue seule, apparemment. Elle devait rencontrer un type important. Un consultant. Sa compagnie faisait l’objet d’un audit avant de lancer un plan social, et elle comptait beaucoup sur ce rendez-vous pour découvrir des solutions miracles.
– Vous l’avez vu, ce rendez-vous ?
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Video de François Thomazeau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Thomazeau
#Marseille #polar #CulturePrime
Il est assez rare qu'une ville ait son propre genre littéraire, et pourtant c'est le cas de Marseille, ville complexe qui offre ses beautés à qui sait les voir. Pour l'écrivain François Thomazeau qui a participé à la première vague du polar marseillais, "il y a une vraie aura dans cette ville et cette aura a été, pendant longtemps, habillée par Marcel Pagnol, par les "pagnolades", et il y avait autre chose à raconter". Voici comment le polar marseillais est né.
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