AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 639 notes
5
17 avis
4
19 avis
3
22 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'air du temps étant au questionnement et parfois à la remise en cause de ce qui paraît être parfois des oukases gouvernementaux, j'ai eu envie de relire la désobéissance civile, ce court texte de Henry David Thoreau. Il ne défend pas l'anarchie et l'absence de gouvernement, mais bien un gouvernement plus juste et meilleur qui agit au nom et pour le peuple. Aujourd'hui, la faible représentativité des hommes politiques, si mal élus, quel que soit l'échelon territorial rend impossible de prétendre être une émanation de la volonté populaire. Crise de régime au changement de paradigme nécessaire, les prochaines échéances apporteront peut-être une réponse ?
Commenter  J’apprécie          511
Difficile pour moi de rédiger un billet sur cette Désobéissance civile. Je repousse le moment mais, comme je tiens à laisser une trace de chacune de mes lectures, je me lance !

Henry David Thoreau rédige ce pamphlet en 1846 après son séjour en prison. La raison de cet enfermement ? Le professeur et écrivain avait refusé de payer un impôt en signe de protestation contre l'esclavage et la guerre du Mexique.

Thoreau s'interroge sur le rôle des gouvernements, sur le respect de la loi qu'il oppose au respect du bien moral, sur l'utilité du vote...
Toutefois, ce qui m'a le plus marquée, ce sont ses réflexions sur le fait que beaucoup de personnes râlent mais ne font rien de concret pour changer le monde. Je me suis sentie visée et ça m'a fait mal. Trois choix sont possibles face à une loi injuste : obéir, obéir jusqu'à obtenir réparation et désobéir immédiatement. Thoreau choisit sans hésiter la 3ème là où je reste encore trop souvent bloquée à la seconde.

Et même si je suis parfois restée perplexe devant la théorie de Thoreau qui voudrait que chaque individu jouisse d'une liberté absolue (je crois effectivement que chaque individu est à même de savoir ce qui est juste ou non, en revanche je suis absolument convaincue que l'être humain ne ferait sciemment pas le choix de la justice la plupart du temps), j'ai embrassé passionnément son rêve de résistance par les petits actes du quotidien. Je m'en vais de ce pas tenter de mettre en pratique !
Commenter  J’apprécie          500
Tout comme Henry David Thoreau, "Je pense que nous devons d'abord être des hommes, des sujets ensuite. le respect de la loi vient après celui du droit. La seule obligation que j'aie le droit de l'adopter, c'est d'agir à tout moment selon ce qui me paraît juste." p.12. Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette évidence n'en est pas une pour tout le monde. L'agitateur de conscience qu'est Thoreau nous rappelle à notre bon sens car "l'homme sage n'est utile qu'en tant qu'il reste un homme et refusera d'être de la glaise ou de jouer les bouche-trous et laissera cette mission à sa poussière." p.14. Aspirant à la justice absolue, Thoreau considère la tyrannie de la majorité comme une insulte à l'esprit. Pour lui, "L'État ne s'adresse jamais intentionnellement à la raison de l'homme, intellectuelle ou morale, mais seulement à son corps, à ses sens. Il n'est pas armé d'un esprit ou d'une honnêteté supérieure." p.34. C'est pourquoi l'individu se doit de défendre ses droits en opposant son intégrité intellectuelle car au final seuls les esprits libres sont capables d'oeuvrer en faveur de la vérité. Évidemment, il en est à qui Thoreau accepterait de se soumettre mais il s'agit alors d'un acte volontaire et non d'une contrainte. On retrouve ici le principe de servitude initié par La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire. A cette différence que La Boétie dénonce l'absolutisme en appelant à la révolte alors que Thoreau préconise La désobéissance civile en invoquant la raison qui gouverne chaque individu. Et puisque "la loi n'a jamais rendu les hommes meilleurs d'un iota" (p.12), le combat de l'essayiste américain se situe d'un point de vue civil et non plus politique. Sa devise "le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins", n'est pas sans raison devenue celle d'une contestation sociale qui a alimenté les réflexions politiques des XIX et XXe siècles.

Il est impossible à la lecture de ce texte, de ne pas s'intéresser à son auteur. L'épisode de son incarcération en prison a notamment retenu mon attention. Enfermé pour avoir refusé de payer ses impôts pour l'entretien d'un ecclésiastique (ce qui me semble complètement injuste), il conclue sur cette expérience avec une simplicité et une désinvolture dont j'aimerais parfois être capable : "En fait, je déclare tranquillement la guerre à l'État, à ma manière, bien que je souhaite d'en retirer les utilités et les avantages que je pourrai, c'est bien naturel." p.40. Comment ne pas admirer cette liberté d'esprit que je juge finalement très saine ? Si l'État que Thoreau se plait encore à imaginer (un État qui permettrait "d'être juste envers tous les hommes et qui traite l'individu avec respect comme un voisin." p.48) n'existe pas encore plus de 150 ans après la publication de la désobéissance civile, je crois qu'il est d'autant plus important que de se pencher sur cet incontournable pamphlet...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
Commenter  J’apprécie          320
Après le fameux discours sur la servitude volontaire de la Boétie au 16ème siècle. Un autre pamphlet tout aussi renommé voit le jour en ce milieu de 19eme siècle : la désobéissance civile de Thoreau.
Brûlot incendiaire contre l'état américain et sa pratique de l'esclavage dans sa partie sud. L'auteur par son refus original de ne plus servir l'état, en ne payant pas ses impôts, crée un précédent historique, la désobéissance civile contre une décision inique de son gouvernement. Attitude qui l'emmène tout droit en prison, mais l'auteur n'en a cure, seul le résultat compte. Car selon Thoreau, une nation ne doit pas subir la tyrannie d'une majorité élue, uniquement celle de décision juste et logique pour le pays. Philosophie acceptable somme toute, mais ne remet-elle pas en cause le principe électif et ses conséquences ?
L'auteur développe aussi une théorie libertarienne ou une nation marcherait mieux, avec quasiment pas d'état, ce dernier réduit à son strict minimum. Thoreau par cet aspect des choses montre sa méfiance envers le personnel politique et sa croyance en la capacité de l'individu d'agir seul sur les événements et les choses. Là également, en rejoignant la théorie de Rousseau sur l'homme bon dans son état naturel, n'est-il pas trop naïf ?
Thoreau est aussi ambigu à la différence de la Boétie sur l'utilisation de la violence pour faire plier l'état, si La Boétie la refuse, Thoreau par son soutien au terroriste John Brown antiesclavagiste, met le concept de désobéissance civile par nature pacifique en péril. D'ailleurs par la suite, la ligne non-violente dominera ce concept avec d'illustres meneurs, comme Gandhi et Martin Luther King.
Commenter  J’apprécie          230
La Boétie le disait déjà en son temps, nous sommes serviles parce que nous le voulons bien ou parce que nous sommes trop lâches pour affronter le pouvoir. Mais si l'on considère que l'Etat est injuste dans ses choix, que faisons-nous ? Thoreau a refusé de payer son impôt car le gouvernement américain de l'époque n'a pas aboli l'esclavage et a fait la guerre au Mexique, ce qui lui a valu une nuit de prison. Il en est ressorti en colère parce que quelqu'un avait payé la caution pour le libérer ! Lorsqu'un gouvernement est tyrannique ou incapable, il encourage à désobéir au nom de la liberté du citoyen. Car si l'on ne dénonce pas, c'est que l'on est complice. Il ne prône pas pour autant l'anarchie car il considère que l'on a besoin d'un état, mais d'un état juste. Et c'est là que, pour moi le bât blesse car ce qui sera juste pour l'un risque fort d'être injuste pour l'autre selon sa place dans une société. Sa démarche est non violente et il préfère vivre chichement pour que ce cher trésor public n'ait rien à se mettre sous la dent. Il n'en reste pas moins que cette pensée originale nous pousse à la réflexion. Un homme en phase avec ses valeurs.
Cela me rappelle une anecdote : un ami d'enfance séchait les cours en terminale, si bien que le proviseur l'avait convoqué et lui avait demandé de justifier ses absences. Mon ami lui avait répondu : ma formation est trop importante pour moi pour que je vous la confie ! Il était devenu la star de tout le lycée.
Soumission à l'autorité, insurrection, démocratie participative ? A chacun de voir en fonction de ses valeurs, de ses choix de vie, des moments de la vie de la personne ou de la nation. Je ne veux influencer personne…

Challenge Riquiqui 2022.
Challenge Totem.
Commenter  J’apprécie          180
Conseils de Thoreau à moi-même : Ne pas payer ses impôts, ou plus malin, faire en sorte de ne pas payer d'impôts. Alors non, il ne s'agit pas chez Thoreau d'évasion ou d'optimisation fiscale mais de vivre frugalement, de se contenter de louer un petit bout de terrain et de faire pousser de quoi subvenir à ses besoins (voir Walden pour l'expérience). Autre conseil : inviter les fonctionnaires à démissionner et c'est encore mieux si les fonctionnaires bossent aux impôts. Ne pas hésiter à leur faire remarquer aux agents des impôts qu'ils sont des agents du mal, des sbires et des criminels ; Thoreau ne se privant pas de traiter le Gouvernement de bandits. Dernier conseil : ne pas avoir peur de faire un séjour en prison car on s'y sentirait plus libre qu'ailleurs selon Thoreau, ce dont je doute fortement là par contre. Sinon, il a raison dans ce qu'il dit, et dans ce qu'il fait car il a raison de dire que si l'on fait partie d'une minorité et qu'on s'oppose politiquement au Don Gouvernement, il ne mène à rien de faire semblant de s'opposer tout en contribuant au phénomène qu'on rejette, tout en participant en tant que membre de cet État... Non, la thèse de Thoreau, c'est que l'individu libre agit, en démissionnant ... Résistance passive, non violente mais efficace. Et pertinente, et toujours d'actualité car l'esclavage moderne, on devrait peut-être le combattre comme d'autres comme Thoreau ont su combattre l'esclavage en leur temps, ont su défendre la liberté aussi, tout en se mettant au service de la vérité, de la justice et de la vertu ...
Commenter  J’apprécie          140
Pas évident de faire une critique sur un si petit livre d'autant plus que je n'ai pas l'habitude de lire des essais… encore moins politique.
J'ai trouvé le texte et la réflexion intéressante sachant qu'il a été écrit dans un contexte bien particulier aux Etats-Unis pour qui l'esclavage a été source de conflits et de drame pendant de longues années.
Je pense également que le texte est toujours d'actualité, quel est le rôle et la place d'un gouvernement, doit-on obéir aux règles et aux lois que nous trouvons injustes ? H. Thoreau ne prône pas l'anarchie mais la réflexion personnelle autour de la nécessité commune du vivre ensemble.
Texte à découvrir pour la réflexion qu'il amène.
Commenter  J’apprécie          100
Court essai mis en avant sur Instagram et que - par hasard - j'avais dans ma pile à lire. Honnêtement, heureusement que le texte est relativement court car il est intellectuellement très exigeant : j'ai pris plusieurs fois le dictionnaire pour vérifier le sens des mots ou le découvrir... ! le thème m'intéressait d'autant que ce texte aurait inspiré Gandhi et Martin Luther King. Alors, on essaie.... Henry Thoreau écrit ce texte après avoir été emprisonné, suite à son refus de payer l'impôt à l'Etat américain qu'il veut par cette action désavouer. En effet, ce dernier a fait voter par le Congrès la guerre contre le Mexique qui durera de 1846 à 1848. Thoreau, par cet acte de non-collaboration, refuse d'entacher sa conscience en accordant crédits et soutien à un gouvernement ségrégationniste et profondément injuste. Un point du discours nous interpelle, nous qui n'avons connu que des gouvernements républicains et démocratiques : Thoreau met en porte-à-faux la légitimité d'un gouvernement dont le pouvoir décisionnel se fonde sur la majorité et non sur la conscience du bien et du mal. Ainsi, tout un chacun sait au profond de lui-même que rien ne peut légitimer l'esclavage et pourtant attend sans agir - et en continuant à obéir aux ordonnances de l'Etat - que la majorité vote enfin son abolition. Conscience morale ou soumission à la loi, laquelle doit primer dans la gouvernance d'un état ? Nombre de questions soulevées dans cet essai politique sont tout à fait d'actualité et interrogent notre engagement civique. Pour Thoreau, « le sage ne doit pas laisser la justice à la merci du hasard ni souhaiter qu'elle l'emporte grâce au pouvoir de la majorité ». Nourrir une opinion sans rien faire, sans s'engager pleinement à sa réalisation ne sert à rien. Autre interrogation fondamentale pour l'auteur : obéir à une loi inique ou injuste, est-ce légitime ? Alors que notre conscience sait que c'est mal, devons-nous obéir jusqu'à ce que cette loi soit amendée ou doit-on la transgresser ? Bien sûr, derrière cette question, il y a celle de l'esclavage à laquelle Thoreau est profondément opposée. Mais au final, ce questionnement quasi philosophique devrait être au coeur de toute démocratie et à la base même de la formation de tout citoyen appelé à voter et à entériner des lois décidées par des parlementaires. Car pour lui – et je pense que cela devrait être valable pour tout citoyen – « il est de mon devoir, en tout état de cause, de m'assurer que je ne contribue pas au mal que je condamne » [...] et ainsi la prison est « le seul logis en lequel, dans un état esclavagiste, un homme puisse résider avec honneur ». Il n'y passera au final qu'une nuit, libéré par sa tante qui paie sa caution à son grand dam. Cela suffira à poser les bases de l'écriture d'un texte où raisonne une conscience politique engagée et profondément humaine qui cent cinquante ans plus tard, nous donne une belle leçon d'exercice de notre citoyenneté.


























Commenter  J’apprécie          101
C'est un traité, très court (34 pages dans mon édition) qui a inspiré de nombreux révolutionnaires pacifistes au cours de l'histoire (Ghandi, Luther King, Mandela..)
La lecture n'est pas facile, les arguments et les exemples partent un peu dans tous les sens. On peut émettre aussi des objections bien sûr, mais c'est néanmoins idéologiquement très intéressant.

Il revendique le droit à la désobéissance, lorsque la cause est juste, et à ne pas attendre que les lois soient changées pour ne pas les appliquer.
Première limite: qu'est ce qu'une cause juste? Les avis peuvent évidemment diverger..

Selon lui, on ne peut pas reprocher à notre gouvernement de ne pas agir (envers l'Union en 1800, envers les multinationales en 2023), si nous même nous n'agissons pas envers notre gouvernement pour exprimer nos opinions et imposer nos voix.

Le peuple de par son nombre dispose d'une force importante mais les richesses individuelles limitent les actions possibles. Car elles créent une dépendance au système, par peur de perdre la protection de l'état sur nos biens et nos familles. Renoncer aux biens matériels devient alors une force pour être libre. Encore faut il avoir conscience de ce choix que nous faisons en payant nos impôts.

Une des limites les plus importantes à mon sens est son rapport à la religion. Il dit regretter que la constitution ne s'appuie pas plus sur l'ancien testament. Ce serait pour lui le modèle moral à suivre… Mais que reste-t-il de nos libertés individuelles lorsqu'il n'y a plus de séparation entre l'église et l'état?

Au final, même si l'on n'adhère pas forcément à l'ensemble de sa thèse, ce qui me semble le plus pertinent reste que chaque acte du quotidien est militant et nous engage vis à vis de notre gouvernement (consommation, emplois que l'on accepte, impôt que l'on paye..) mais qu'un changeant un détail en grand nombre, notre force est immense!





Commenter  J’apprécie          82
Un classique à ne pas manquer pour édifier sa culture, surtout dans ce thème.
En plus écrit sur l'expérience personnelle de l'auteur.
Lu lors d'une époque où ce sujet m'intéressait beaucoup.
Martin Luther King, Mohandas Karamchand Gandhi et bien d'autres ont lu cet essai.
L'une des qualités de Nelson (Trafalgar 1805) était la désobéissance. Comme le dit le premier lord de l'Amirauté, sur l'amiral Jellicoe après la bataille du Jutland (1916) : « Il a toutes les qualités de Nelson, sauf une : il ne sait pas désobéir. »
Les militaires aussi peuvent désobéir : "le subordonné doit refuser un ordre prescrivant d'accomplir un acte manifestement illégal".
Alors n'hésitez pas lisez.

Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1912) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}