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Citations sur Roman sans titre (19)

- En voilà une contradiction ! Vous voulez en même temps jouir du confort de la civilisation et ne pas avoir à la construire !
- Édifier une civilisation est une chose difficile. Mais assurer une existence civilisée à un petit nombre, rien de plus aisé. Je vous l'ai déjà dit, la civilisation, c'est un chemin ardu et long, où l'on doit de surcroît partager le pouvoir. Pour un peuple aussi primaire que le nôtre, une religion adéquate pour le guider par les plus courts chemins vers la gloire, voilà qui est cent fois plus efficace que de leur instiller des notions de civilisation …
Le grand myope plissa les paupières :
- Mais c'est totalement cynique, ce que vous dites !
Le petit gros, hilare :
- Est-il une vérité qui ne soit pas cynique ?
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Les mots sont comme toute chose : ils ont une naissance, une vie, une dégénérescence et une mort.
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Vous, moi, et bien d'autres encore, nous avons tout abandonné pour un idéal. C'était la conscience de nos dix-sept ans. La cinquantaine passée, ce ne sont plus que des souvenirs moisis. Cet idéal, eh bien, c'est simplement la nourriture sacrée distribuée à la jeunesse. Pour leur faire endosser la soutane, l'uniforme ou la casquette de policier, c'est tout ce dont on a besoin.
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- Autrefois, sur dix individus, il y en avait au moins sept d'honnêtes, de civilisés. Même impliqué dans les pires manigances, on craignait la honte. Maintenant, ce sont des ignorants qui n'ont jamais appris le moindre précepte moral qui tiennent les rênes. Ils apprennent le marxisme-léninisme, pillent potagers et rizières avec la bénédiction de Marx et couchent avec les femmes des autres au nom de la lutte des classes.
- Allons, cesse de chercher des histoires. Ce sont eux qui détiennent le pouvoir. On n'y peut rien...
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Le banquet ne s'acheva que vers minuit. Je me glissai alors vers les collines pour rendre visite à Hoa. Elle m'attendait, assise dans la cour, ses longs cheveux couleur de nuit ruisselant dans son dos. Je lui donnai un peu d'argent pour l'accouchement. Elle pleurait.
- Ne pleure plus. Moi aussi j'ai pleuré, j'ai vu pleurer. Rien que des larmes de soldats habitués au feu et à la mort. Je voudrais que tu cesses de pleurer, que je puisse éprouver une seconde de paix.
Mais, au lieu de se calmer, elle sanglota de plus belle comme si on l'avait battue à tort. Je m'immobilisai, furieux. Qui comprendrait jamais les femmes ? Puis, calmement :
- Écoute, cela ne sert à rien.
Elle bondit, s'enfuit dans la hutte et s'affaissa sur le lit.
- Hoa, écoute.
Je me précipitai auprès d'elle. Mon visage heurta de plein fouet un pilier, juste sur l'arrête du nez. Je vis des milliers d'étincelles s'éparpiller en cercles multicolores sur fond de nuit. Je pris mon visage dans mes mains. Une langue de glace perçait mon crâne. Du fond de ma douleur, une vague de rage me submergea. Je reconnu avec effroi l'ivresse des combats, la haine, une envie irrépressible de tuer, anéantir. C'était comme un brasier traversant mon corps, mon cerveau. Je saisi le pilier central pour le briser. Soudain, j'imaginai la hutte s'effondrer, une femme enceinte errant parmi les ruines, le lendemain, quand je serais parti. Je m'arrêtai, terrifié, incapable de réprimer le désir de destruction qui me ravageait. Mes mains se tordaient, avides de carnage. Briser une nuque, plonger une baïonnette à travers un corps, lâcher une rafale de mitraillette sur quelqu'un, sur tout ce qui me rappelait cette saloperie de vie, tout ce que j'avais perdu, toutes les forces invisibles qui avaient saccagé, piétiné mon existence en lambeaux.
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Le festin des bêtes avait alors commencé. Les rapaces d'abord, puis les corbeaux. Ensuite, les fourmis, les insectes et les vers. Enfin, la pluie. Elle avait dissous ce qui restait du cadavre en un engrais liquide. Nourris de cette chair qui avait été la fierté et le chef d’œuvre de la création, les colocasias avaient vite grandi.
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C'est une loi universelle. La révolution, comme l'amour, s'épanouit pour se décomposer. Simplement, la révolution pourrit plus vite que l'amour. "Camarade..." Quand les relations réelles entre ceux qui partagent le même combat n'ont plus rien à voir avec la camaraderie, les gouvernants se doivent de propager le mot le plus largement possible, de la façon la plus dithyrambique. C'est justement votre devoir, à vous, hommes de culture, éducateurs. On vous donne un salaire pour ça.
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Le festin des bêtes avait alors commencé. Les races d'abord, puis les corbeaux. Ensuite, les fourmis, les insectes et les vers. Enfin, la pluie.Elle avait dissous ce qui restait du cadavre en un engrais liquide. Nourris de cette chair qui avait été la fierté et le chef d'oeuvre de la création, les colocasias avaient vite grandi. Le squelette immaculé me regardait toujours en riant : "alors, je suis intact ? C'est magnifique, non, compagnon ? " (p. 56)
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Des langues de feu s'élançaient , mugissaient, se rétrécissaient, s'entortillaient autour du foyer. Toutes les images semblaient possibles dans cette vieille et mystérieuse lumière, celles encore floues de l’avenir et celles déjà lointaines et troubles du passé.
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Il vaut mieux ne pas entrer dans l'existence avec un sac vide. Mais il ne faut pas non plus plus puiser dans le sac hérité sans penser à en tisser un autre. Misérable est celui qui n'hérite de rien, mais plus misérable encore est celui qui ne laisse rien à ses descendants 
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