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Huy Duong Phan (Traducteur)
EAN : 9782877305044
335 pages
Editions Picquier (23/05/2001)
3.68/5   77 notes
Résumé :
Phuong Linh, face à la lâcheté de ses amants, oppose l'ardeur sincère de son amour et le courage de ses convictions. Les serments seront endeuillés de mensonges : Phuong Linh devra trouver seule son chemin. Ce livre donne à voir la médiocrité des intellectuels et des artistes sous le régime totalitaire, le processus qui conduit peu à peu les hommes du mensonge au mépris, du mépris au cynisme, et qui finit par corrompre l'amitié et l'amour.
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D'abord, le Vietnam.
Un livre écrit par une Vietnamienne m'a révélé toute l'ignorance dont j'étais pétrie sur son histoire à laquelle se réfère avec délicatesse Duong Thu Huong, dans « Au-delà des illusions. »( l'étoile en moins, c'est à moi que je l'ai enlevée )
C'est le livre de la lâcheté ordinaire, des mensonges et des compromissions, qui règne à l'intérieur des couples: la femme d'un journaliste ne supporte pas l'acceptation de son mari journaliste, qui a vu des femmes mourant de faim, bêchant une terre totalement stérile, ne leur appartenant pas, et que le kolkhoze leur a demandé de poser « pour la photo », pour la propagande, avec quelques bols de riz gluant en contrepartie. Linh ne supporte pas que son mari accepte sans se rebeller de couvrir cette parodie ; plus grave, toute entière elle ne peut plus le supporter. L'amour fait place au mépris, à la mort des illusions, puis à la haine.
Un autre couple se déchire allègrement, entre répulsion, soumission, haine, révolte et trahison.
La lâcheté est toujours, toujours là, et pas seulement dans les couples, car, s'ils sont obligés par le régime communiste de se plier à une pensée unique, ils trahissent eux aussi dès qu'ils peuvent. Ou plutôt, se présentant pour plaire, pour être adulés, comme s'ils étaient des rebelles, ils acceptent tous les diktats en suivant leurs désirs égoïstes et intéressés.
Apparemment Au delà des illusions est un roman sur la difficile relation amoureuse, explorée minutieusement et sans romantisme ( voir citations) , sauf que Duong Th Huong - dont le livre écrit en 1987, a fait un tabac pour toute une génération après guerre, qui elle-même a participé à la guerre du côté des Nord- vietnamiens- a été jugée et mise en prison pour ses positions anti-apparatchiks.

Ce livre serait une illustration des espoirs absolus de la guerre de libération :

« Notre peuple a vu la famine décimer plus de deux millions de gens et la guerre massacrer dix millions des nôtres. Nous avons été grillés comme des fourmis dans l'enfer du napalm, nous avons péri comme des mouches, écrasés sous les déluges de bombes des forteresses volantes B-52. Nous avons vu la marée montante déposer sur nos plages des monceaux de cadavres humains enroulés d'algues et amalgamés à ceux des poissons crevés. Nous n'avons plus assez de larmes pour pleurer ».

suivie des mensonges et des abus de pouvoir des communistes vietnamiens.
Ce que j'ai particulièrement aimé est le recours linguistique constant à la comparaison avec le végétal, le minéral, les éléments, comme si l'humain n'était qu'une toute petite partie de ce grand monde.
Et bien entendu l'exposé des lâchetés, des illusions naïves qui empêchent de les déceler, des mensonges sur l'amour, du désert de l'amour, des désillusions qui coûtent cher, très cher, et de la lâcheté qui suit son cours.

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«  le soleil comme un ballon d'argent dérive avec les nuages blancs au dessus- de la ligne bleue des montagnes. En cette saison, les nuages immaculés, magnifiques flottent lentement à travers le ciel. Les ailes des oiseaux y tracent des courbes mystérieuses et le coeur des hommes se perd dans l'immensité vide. »
«  Néanmoins Linh lui manque à la folie. Il lui semble respirer le parfum léger de ses cheveux, voir ses cuisses fermes, ses hanches pleines sous la soie jaune canari de son pantalon » .
Deux extraits significatifs de ce roman oublié longtemps dans la bibliothèque alors que j'avais beaucoup aimé «  Terre-des-oublis » , cet inoubliable voyage au Vietnam , en 2007.
L'héroïne en titre Phong Linh , professeur de littérature appréciée de tous à Hanoï, est mariée à Nguyên, un journaliste fou amoureux d'elle.
Il l'aime violemment, passionnément.
Intransigeante, férue d'idéal, droite, rigide, très belle aussi, elle n'accepte aucun compromis , surtout pas ce qu'elle appelle la lâcheté de son mari, allant jusqu'à s'en séparer lorsqu'elle le juge pas aussi pur qu'elle.

Coeur noble, naïf , égaré dans ses contradictions, Linh refuse les accommodements. faire des choix dans une société soumise à une dictature communiste n'est pas simple...
Juste dans le contexte d'un Vietnam post - colonial.

Un cinquantenaire ,compositeur, se console ou plutôt se rassure du mauvais choix de sa femme, dans les bras de son amante Linh , de vingt ans plus jeune mais ses serments seront endeuillés de mensonges ...

L'épouse du compositeur ,quant à elle, doit affronter le passage du temps , les rides, la vieillesse ,l'abandon et une jalousie féroce .

Une autre femme choisit de vivre selon ses envies.
C'est un livre politique , où affleurent les dénonciations, les suspicions , les compromissions, intrigues et procédés illicites pour échapper au corset du pouvoir despotique, inquisiteur et suspicieux : chacun épie l'autre.

On ressent la perte des illusions , l'abandon aux contingences matérielles , la peur sournoise, l'évolution des vies.

La langue surtout est magnifique, poétique, métaphorique, agile, profonde d'une tristesse infinie à la fois nostalgique et ardente.
Un bonheur ! L'auteure retranscrit les sentiments et les émotions qui entraînent le lecteur dans l'intériorité de chaque personnage , au coeur de son ressenti .
Elle explore et exploite avec finesse, doigté leurs faiblesses, leurs interrogations, leur douleur en train de se construire ou se dé- construire .

La désillusion, la désespérance, la vertu ou le vice ,le mensonge ou la perte , la légèreté , l'amour : ses désordres et ses joies violentes , la soif d'idéal , les élans passionnés , la perte des illusions sont mis en exergue .

Les mots de l'auteure sont justes, bien choisis, clairs .

Je retiens surtout le côté fouillé , psychologique, philosophique ,le questionnement profond où chacun pourrait se reconnaître .

Un réflexion sensible sur la société, l'espèce humaine et sa diversité .

Cet ouvrage , dense, au fond triste , humain, universel, brosse la fin d'un amour , l'ardeur sincère, la pureté perdue, la recherche désenchantée de soi et de l'autre.
Il faut prendre son temps pour le lire ...
«  Au delà des illusions. »
Nombre de belles phrases pourraient être relues et retenues plus tard pour le plaisir.
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Honnêtement je me suis ennuyée tout le long de ce livre (que j'ai terminé par respect pour l'écrivain). C'est une longue digression sur l'amour : une jeune femme n'est plus amoureuse de son mari et le découvre tel qu'il est, alors que lui reste éperdument amoureux d'elle. Un cinquantenaire se rassure dans les bras d'une femme vingt ans plus jeune, tandis que son épouse fait l'expérience de la vieillesse, des rides, de l'abandon et de la jalousie. Une autre femme a choisi de vivre selon ses envies, libérée du qu'en-dira-t-on et des préjugés socio-culturels, mais se découvre prisonnière de la chair et de son envie de procréation… A cela se mêlent la perte des illusions de jeunesse et l'abandon des idéaux politiques, les concessions aux contingences matérielles. La vie, quoi.

Le sujet n'est pas très original et traité sans passion (ou en tout cas je suis restée insensible). Un des gros défauts, c'est que l'auteur utilise toujours le même schéma quand l'amour se tarit : l'être aimé en passe d'être abandonné amadoue l'autre et suscite sa pitié. Ce mécanisme revient au moins une demi-douzaine de fois dans le roman, comme si les personnages ne pouvaient éprouver qu'amour, pitié et non-amour, comme si la pitié pouvait sous-tendre la passion amoureuse. Cela donne un côté mièvre à l'ensemble du roman. Et d'une part, cela cadre assez mal avec la psychologie de certains personnages (sans être une experte en psychologie), d'autre part, toujours ce même procédé, à la longue, cela lasse. Je crois qu'il y a d'autres façons de donner un nouveau souffle à un amour moribond.

Reste le décor de ce Vietnam de la deuxième moitié du vingtième siècle, le vrombissement des vélomoteurs dans les rues d'Hanoï, les restaurants de rue, la végétation tropicale luxuriante, sur fond de communisme d'Etat, avec comités de quartier chargés du respect de la morale, promotions politiques et libertés individuelles limitées. le tout décrit dans un lyrisme scolaire, qui m'a laissée indifférente.

C'est le genre de roman au terme duquel on ne peut que se demander pourquoi encore écrire puisque tout a déjà été écrit ? Pourquoi ne pas s'en tenir aux tragédies des classiques grecs, aux comédies truculentes de Molière, … ?

Et vous me répliquerez : pourquoi ne pas lire et relire justement ces auteurs ? Oui, je sais, j'écoute trop mon coeur et pas assez ma raison, quand il s'agit de livre, quand il s'agit de vivre ….

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C'est une belle peinture de l'âme vietnamienne.L'héroïne, Linh, fuit les compromissions et la lâcheté des différents hommes qui partagent sa vie. Elle est honnête et amoureuse de vérité. Elle ira jusqu'à se séparer du père de sa fille, dès qu'elle apprendra qu'il n'est pas aussi pur qu'elle. Si le récit m'a paru parfois un peu long, j'en garde malgré tout une profonde joie . J'ai beaucoup apprécié l'écriture un peu naïve de cette auteure.
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Linh est heureuse avec son mari Ngûyen et leur petite fille. Elle est enseignante, il est journaliste. Tout va bien pour eux jusqu'à ce que la jeune femme découvre que son mari a transigé sur ses principes et ses idéaux pour leur assurer la sécurité matérielle.

Nous sommes au Vietnam, dans un contexte post-révolution communiste, où l'adhésion et le soutien au régime sont des conditions sine-qua-non pour réussir dans la vie. Peu importe à quel point vous êtes corrompu, à condition d'avoir de puissants protecteurs. Linh est une femme à la personnalité entière, aux idéaux élevés, pour qui les choses sont blanches ou noires, sans nuances entre les deux. Elle tombe « en désamour » aussi facilement et aussi vite qu'elle tombe amoureuse, mettant les gens sur un piédestal et souffrant terriblement quand ils en chutent, trop naïve pour s'apercevoir que personne n'est capable de correspondre à son idéal.

Nous suivons essentiellement Linh, mais Ngûyen tient également une place importance, ainsi qu'un autre couple et quelques personnages secondaires. le récit est très introspectif, les souffrances et les affres amoureuses des protagonistes forment le fond du récit. Ils se questionnent aussi beaucoup sur la façon dont ils mènent leur vie, sur les attentes qu'ils ont envers les autres, sur les principes qu'ils ont reniés pour faire leur chemin, etc.

Aurais-je lu un tel livre s'il s'était agi de littérature occidentale? Probablement non: je ne suis pas très amatrice de littérature contemporaine/blanche, en général, même s'il y a des exceptions. Mais il est présenté dans la quatrième de couverture comme « le livre de chevet de toute une génération » de Vietnamiens et j'ai eu envie de le lire pour découvrir un peu plus la littérature du Vietnam. Et ç'a été une lecture vraiment intéressante! J'ai beaucoup apprécié ce livre, même si je lui ai trouvé quelques longueurs.

J'ai appris beaucoup de choses sur le Vietnam après la décolonisation. On suit le quotidien de personnes ordinaires dans un contexte pas vraiment facile, mais on voyage également un peu dans le pays et on découvre un peu la culture (musique et théâtre, par exemple).

Le récit n'est pas vraiment palpitant, cependant, plutôt contemplatif, et c'était parfois un peu répétitif: les personnages ont tendance à ressasser toujours un peu les mêmes pensées et ne semblent pas faire grand chose pour résoudre leurs problèmes. J'aurais aimé qu'ils cessent un peu de se complaire dans leurs souffrances et se prennent un peu en main. du coup, quelques dizaines de pages de moins auraient pu rendre le tout plus intense à mon avis.

Tel quel, ç'a quand même été une bonne lecture. Je vous la conseille si vous avez envie de découvrir la littérature vietnamienne ou tout simplement si vous aimez les récits centrés sur les personnages et leurs sentiments.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
À la fin de mes études, j'étais enthousiaste comme un chevalier enfourchant sa monture pour partir au combat. Pas aussi emporté que toi sans doute. Mais je brûlais comme toi de vivre dans la droiture, la dignité. Je m'imaginais mettre ma plume au service de la révolution, lutter pour la justice, chanter le progrès, dénoncer les lai- deurs et les bassesses qui empoisonnaient encore notre société. Je n'étais pas le seul. Nombreux étaient les collègues qui partageaient cet idéal. Peu à peu j'ai compris. L'espace et le temps qui nous séparent de nos aspirations dépassent les capacités d'endurance des hommes. On m'a envoyé faire des reportages un peu partout. Partout, les gens étaient préparés pour bien accueillir les journalistes, pour vanter des bilans mirifiques. Par- tout, on gonfle les succès, on cache les échecs, les défaites. La maladie frappe tout le monde. L'idéologie du mérite maquille la réalité, masque les dangers qui guettent la société. Elle apporte aux hommes des joies aveugles, une paix mensongère, la surface unie qui dissimule les fissures silencieuses et profondes. Naturellement, tout le monde sait où cela nous entraîne. Mais qui a le courage de s'opposer seul à des habitudes ancrées en tous depuis si longtemps ? Dans une société où les droits des individus ne sont pas reconnus, nos actes dépendent du courant qui entraîne la communauté. »
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Depuis qu’elle le serrait dans ses bras, il était entrainé dans l’ouragan terrible des désirs trop longtemps comprimés. Ils résonnaient comme des milliers de tambours dans tous les recoins obscurs et désertés de son corps. Des milliers et des milliers d’échos se fondaient dans un même rythme, sauvage, irrésistible, incontestable. Jaillis de la douleur d’avoir tout perdu, de la brume immense des espoirs et des illusions, ils vibraient, détonaient, se déversaient vague après vague dans son sang, sa chair, son esprit.
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Les paquets enveloppés de toutes sortes de papiers s'entassent dans son cartable. L'homme les range péniblement, méticuleusement pour ne pas les écraser. les fruits risquent d'aplatir les gâteaux, les bonbons risquent de casser la couche de crème glacée recouvrant les flans. Vivre est aussi difficile que de ranger des marchandises si différentes dans un cartable aussi étroit. Comment défendre ses idéaux et survivre en même temps, comment garder intactes les espérances de la jeunesse au milieu des bouleversements et des catastrophes de la vie, comment protéger la vapeur d'eau qui s'exhale à l'aube des ruisseaux, la splendeur des crépuscule sur les toits de la ville, le gazouillis des oiseaux dans les feuillages contre les voix, les paroles, les comportements méprisables qu'on doit supporter à longueur de journées.
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Nguyên seul a vécu en elle pleinement, impétueusement. Elle frémissait à chacun de ses regards, son âme résonnait de chacun de ses mots, comme l'écho que les parois des montagnes jettent dans la vallée en réponse aux appels venus des profondeurs de la jungle.
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«  Les larmes de l’enfance sont toujours plus brûlantes , plus amères que celles de l’homme mûr.Elles laissent des traces douloureuses dans la mémoire. Nguyên se retrouve soudain comme un enfant délaissé à qui on a pris sa part de gâteau et qu’on abandonne seul entre quatre murs glacés » ....
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Vidéo de Duong Thu Huong
Duong Thu Huong, Les collines d'eucalyptus .Lorsque Duong Thu Huong, romancière vietnamienne, parle de son livre Les collines d'eucalyptus ( éditions Sabine Wespieser) et du destin d'un adolescent fugueur, c'est tout le Viet nam qu'elle évoque. Et l'ancienne combattante anti-colonialiste, aujourd'hui dissidente et exilée, ne mâche pas ses mots. Entretien Dominique Conil, video de Nicolas Serve.
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