Yuyu Hakusho : Le Gardien des âmes, tome 5

Tandis qu'en France les amateurs de shonens étaient été partagés entre fans de CDZ ("les Chevaliers du Zodiaque") et fans de DBZ ("Dragon Ball Z"), le Japon lui avait été auparavant divisé entre les fans du "Hokuto no Ken" du duo Buronson / Tetsuo Hara, qui puisait dans les films de kung-fu tragiques de Chang-Cheh, et les fans du "Dragon Ball" d'Akira Toriyama, qui puisait dans les films de kung-fu comiques de Jackie Chan.
Quelques années plus tard, l'excellent Yoshihiro Togashi réconcilie donc tout le monde en mélangeant tragédie et comédie en puisant dans les films de kung-fu du « petit dragon » Bruce Lee !
Ben oui, ce tome 5 est dans un remake horrifique du "Jeu de la mort" (1978), qui lui-même précède le remake horrifique d'"Opération Dragon" (1973) qui va s'achever par un affrontement entre Yusuke et le Big Boss Toguro (retenez bien le nom d'un méchant de shonen les plus charismatique de tous les temps), l'alter ego maléfique de Bruce Lee ! Tout cela est évidemment d'une absolue supracoolitude !!!

Si on omet un petit décalage, tout tient en 1 tome et on obtient :
- une unité de lieu (le Yoma Kai)
- une unité de temps (vaincre avant que Botan et Keiko ne succombent à l'assaut du lycée par les zombies du Shiseïju)
- une unité d'action (arriver en haut du Yoma Kai pour récupérer et détruire la flûte maléfique du Shiseïju)

D'un côté, nous avons dans le Ningenkai (le monde des humains) Botan et Keiko qui doivent échapper aux psychopathes contrôlés par la flûte maléfique du Shiseïju dans un remake de "La Nuit des fous-vivants" de George Romero. D'un autre côté nous avons dans le Makai (le monde des démons) une équipe de détectives des ténèbres, composée des furyo Yusuke et Kuwabara et des démons Kurama et Hiei (qui sont ici en réintégration sociale pour obtenir une remise de peine de la part des instances infernales). Ils doivent infiltrer la forteresse du Yoma Kai, dont chaque étage est gardé par un démon expert en arts martiaux (chacun d'entre eux étant un détournement d'une créature importante du folkore de l'Asie Orientale) :
- Genbu la Tortue de Pierre qui représente le Nord
- Byakko le Tigre Blanc qui représente l'Ouest
- Seiryu le Dragon Bleu qui représente l'Est
- Suzaku le Phénix Foudroyant qui représente le Sud

Et là où cela diablement malin, c'est que visuellement tout est hommage à la culture vidéoludique. Amis geeks et retrogamers, si vous avez kiffé la grande époque des consoles de 4e génération (Megadrive, Super-Nes, Pc-Engine, Néo-Géo), vous allez tout de suite voir que les adversaires de nos antihéros empruntent leurs capacités et leurs techniques spéciales aux boss de fin niveaux, voire de fin tout court, des beat-them all de cette période. Dès le départ, les premiers visuels et la rose whip de Kurama évoque la saga "Castlevania". (Ah oui, Kurama empreinte aussi au chevalier d'or Aphrodite des poissons : c'est un spécialiste des sortilèges végétaux qui va nous régaler de tomes en tomes de fleurs carnivores et de plantes vampires… ^^).
Et la suite est un feu d'artifice de clins d'oeil !! Et on plus le mangaka joue encore des codes propres au shonen !
On s'attarde ainsi longuement sur le combat en plusieurs étapes entre Kuwabara, le comic relief très drôle certes mais aussi très bien, et Byakko le Tigre Blanc, alors que celui entre Hiei du feu et Seiryu de la glace qui s'annonçait dantesque se termine à la première passe d'armes… ^^
Notons aussi que c'est la première occurrence d'un running gag récurrent appelé à un grand avenir dans la série : « OMG il est mort, je vais le venger !… Ah ben non, finalement il n'est pas mort du tout en fait… ^^

Le tome se termine par un chapitre épilogue où deux démons mineurs se font passer pour nos héros voyous pour leur mettre à dos toutes les bandes de leur partie de Tokyo. En convalescence depuis leurs exploits du Yoma Kai, c'est en béquilles que Yusuke, Kuwabara et leurs potes furyo relèvent le défi de la stomba… pour trouver Kurama et Hiei qui ont fait le ménage à leur place, tout en leur gardant quelques spécimens pour se défouler (on se croirait dans "Astérix" ! ^^)