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sur 901 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Je suis à présent à un âge et dans un état de santé tel que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d'aller me coucher, au cas où une ambulance viendrait me chercher en pleine nuit." C'est par cette confidence pleine de bon sens que s'ouvre ce roman insolite, Sur les ossements des morts, écrit par Olga Tokarczuk, auteure polonaise, dont c'est le premier ouvrage que je lis d'elle.
Janina Doucheyko, la narratrice, est végétarienne. Jadis, ingénieure elle construisait des ponts à travers le monde entier.
Désormais elle est en retraite, son corps se fatigue, elle s'est retirée dans ce hameau perdu au bord d'une forêt immense qui est son havre de paix. En hiver, elle rend quelques services auprès de certains voisins absents jusqu'au printemps, elle surveille leurs maisons en leur absence.
Ici nous sommes au fin fond de la Pologne, dans cette région perdue des Sudètes, près de la frontière avec la République tchèque. Le téléphone portable passe difficilement et à quelques mètres près, le réseau peut basculer sur l'opérateur tchèque, ce qui crée parfois de désagréables surprises dans les factures.
Dans cette région froide et rude de l'hiver, totalement isolée, c'est l'amour de la nature, des chênes et des tourbières qui anime le cœur de Janina Doucheyko, celui des animaux aussi qui peuplent cette forêt primaire toute proche.
La narratrice donne aussi quelques cours d'anglais et de travaux manuels dans une école du village toute proche.
Janina Doucheyko a deux passions : l'astrologie et la poésie de William Blake qu'elle cherche à traduire avec l'aide d'un ancien élève. Des vers du poète britannique d'ailleurs ouvrent chacun des chapitres du roman.
C'est une vie sereine, loin du bruit du monde. Tout semble paisible jusqu'au jour où ses deux chiennes disparaissent.
Puis un de ses voisins est découvert mort chez lui, mystérieusement étouffé par un os de biche. Dès lors les morts vont s'enchaîner.
Il y a des traces d'animaux sur les scènes de crime. Non seulement des traces d'animaux, mais Janina Doucheyko est convaincue par certains indices que des animaux étaient présents non loin des lieux, à chaque fois. Un groupe de biches, un chevreuil, des lièvres, des renards... Un grand nombre de sabots sur la neige, tout près de là...
Et si les animaux avaient un rapport avec ces morts suspectes et brutales ?
La police locale piétine. D'ailleurs, ces victimes ont-elles été assassinées ? La police n'y croit guère par moments.
Janina Doucheyko tente alors de mettre sa passion d'astrologue au service de l'enquête. Elle croit ici à la conjonction des planètes. Dressant le thème astral des victimes, elle voit bien qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
Ainsi, ce roman apparaît à première vue ressembler de très près à un polar. Mais cette histoire est bien autre chose et il serait trop simple de la qualifier ainsi. Et peut-être décevant en définitive, car tous les codes classiques du roman policier ne sont pas forcément ici au rendez-vous...
Il y a en effet quelque chose de tout autre dans ce récit, quelque chose de poétique.
Il y a quelque chose de malicieux aussi. Janina Doucheyko, la narratrice a la réputation d'être un peu originale, excentrique même. Elle pose son regard ironique et lucide sur le monde et ses contemporains. Elle est délicieusement espiègle et désobéissante, mais c'est pour mieux se jouer des mesquineries et de la vacuité de l'ordre établi.
Le roman est prétexte à nous faire goutter l'atmosphère insolite, au travers des yeux de la narratrice, ses états d'âme lorsqu'elle pense au désir, à la mort... Nous côtoyons aussi des personnages pittoresques ou grotesques que la narratrice affuble de sobriquets. Ici viennent se mêler à ce récit étrange quelques touches d'humour. Ainsi j'ai adoré le père Froufrou et ses grandes prêches cynégétiques ! Il y a aussi l'évocation de ces comptes-rendus judiciaires sortis tout droit de l'histoire, lorsque la justice des hommes, ne craignant pas le ridicule, poursuivait parfois avec cruauté des animaux. On apprend ainsi qu'au Moyen-âge un essaim d'abeilles fut condamné à l'ex-communion pour avoir perturbé la quiétude d'un notable. Ici elles s'en sortirent plutôt bien... Ou qu'une poule en 1471 à Bâle fut accusée d'avoir pondu des œufs aux couleurs anormalement vives ! Celle-là fut brûlée vive...
Est-ce un signe, une vengeance des animaux à cause de ce foutu dérèglement climatique ?
Des chasseurs se prennent les pieds dans les propres pièges qu'ils posent.
La police commet des erreurs, tâtonne dans la neige, efface peut-être des traces. Au fond on dirait que l'enquête policière passe presque au second plan.
La forêt est bien présente au coeur du roman, sombre et mystérieuse comme si elle recélait la clef de l'énigme à elle seule. Par moments, au bord de ses ramures indécises, on frôle le fantastique.
Le rythme est prenant, le dénouement est inattendu.
Et si les animaux détenaient ici le rôle principal ?
Le récit tient aussi de l'engagement écologique, sorte de plaidoyer poétique et romanesque pour la cause animale.
C'est pour moi une bien belle découverte.
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C'est une histoire qui commence par vous attraper par les pieds, que tout un chacun se doit de garder propres en cas d'hospitalisation nocturne mais aussi pour entendre finement l'herbe pousser au printemps sous les sabots des biches, ou botter les fesses des malotrus.

On reconnait bien là ce pas de côté pour aborder le monde qui caractérise le regard d'Olga Tokarczuk, et pourtant l'univers de ce roman m'a légèrement moins emportée que les autres oeuvres que j'ai lues d'elle, malgré la convocation dans le récit de l'ouvre de William Blake, absolument fascinante.

Elle est attachante pourtant cette jeune vieille hippie misanthrope et cosmophile, parfaitement à l'aise dans son interprétation décalée du monde, et radicale dans ses moyens mis en oeuvre pour faire adhérer à ses vues ses concitoyens réticents.

Dans ce coin de Pologne épuisé par la rigueur de l'hiver et promis à la disparition, le sang de cette fine foldingue n'en finit pas de bouillonner face à la bêtise et la brutalité des hommes, et la vengeance est un plat qui se mange chaud.

Ce non-polar bourré d'intelligence et de maximes à déguster est une bonne porte d'entrée dans le monde ré-enchanté de cette auteure fort justement nobellisée.
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Il est des endroits où l'on a du mal à se projeter. Un hameau perdu entre Pologne et Tchéquie en plein hiver en fait partie.
C'est dans ce cadre que Grand Pied est retrouvé mort chez lui, un os dans la bouche . Ses deux seuls voisins , Matoga et Janina se rendent sur place. Ce n'est que le début d'une série de meurtres pour lesquels Janina a une explication irrationnelle : Les animaux se vengent.

On a affaire à un policier tout à fait singulier, bercé par le récit de Janina , adepte d'astrologie et fervente défenseure des animaux et de leur cause.
L'énigme policière n'est pas le fil conducteur de ce beau roman , très bien écrit, rendant si bien hommage à la virginité d'une nature où l'homme n'a que peu posé son empreinte. On s'en moque presque du ou des meurtriers. On se demande jusqu'où va aller l'auteur et surtout où elle va nous amener.
Le personnage de Janina est bien sur central et son apparente "folie douce" la rend encore plus attachante. Il n'empêche que ceux qui gravitent autour d'elles sont aussi dignes d'intérêts et dressent un portrait d'une Pologne rurale , adepte des traditions.
Il y a donc une trame policière, avec un véritable suspens, mais la qualité du récit, son hommage vibrant à la nature , ses personnages secondaires attachants, le réquisitoire constant pour les animaux nous en détournent presque .
A titre personnel, peu sensible à l'astrologie, je n'ai pas vraiment apprécié les passages inhérents à ce sujet. mais cela reste personnel et n'enlève rien à la qualité de l’œuvre.
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Quel personnage atypique et original que cette Janina Doucheyko, protagoniste de ce beau roman d'Olga Tokarczuk !
Célibataire, ingénieur civil à la retraite, adepte passionnée d'astrologie, de santé fragile, elle vit isolée dans un hameau des Sudètes polonais, à quelques kilomètres de la Tchéquie.
Elle déteste son nom et renomme systématiquement tous ceux qu'elle côtoie (son voisin - de plusieurs centaines de mètres - est appelé Grand Pied, Świerszczyński devient Matoga, la propriétaire d'une boutique de vêtements est Bonne Nouvelle, le curé est le Père Froufrou...).
Elle est proche de la nature, déteste la chasse et les chasseurs, aime les animaux et regrette ses deux chiennes (« mes Petites Filles »).
Elle donne quelques cours d'anglais et durant l'hiver, où tous les résidents retournent en ville, surveille leur habitation.
Elle est passionnée par l'oeuvre du poète William Blake qu'elle traduit. le titre du roman est tiré d'un vers de Blake : « Conduis ta charrue par-dessus les ossements des morts ».
Tous les chapitres sont d'autre part introduits par un vers de William Blake.

Réveillée une nuit par Matoga qui lui annonce que son voisin Grand Pied est mort, elle part avec lui dans la maison de ce dernier. C'est le début d'une série de morts troublantes.
Elle attribue ces morts à une vengeance des animaux, toutes les personnes décédées étant soit cruelles avec eux ou chasseurs, elle en fait part à de nombreuses reprises à la police qui ne la prend pas au sérieux et la considère comme un peu folle. Elle base ses conclusions sur ses observations d'empreintes à proximité des corps et bien entendu sur l'astrologie.
Cette astrologie prend une place importante dans sa vie - et dans le roman - plusieurs pages sont consacrées au mouvement des planètes et à leur influence, pages parfois un peu trop nombreuses et nébuleuses à mon avis, cartésien que je suis... (Mais ce reproche n'a pas entamé mon plaisir de lecture ! )

Ce roman a l'apparence d'un thriller vu les morts à répétition, la recherche de leur explication mais il est bien plus que cela. Il contient de belles descriptions poétiques de la nature et des animaux. La mort est omniprésente.
Janina est agnostique et ne se prive pas de critiquer la religion catholique polonaise qui place le genre humain au-dessus du genre animal, de critiquer la chasse évidemment et les arguments fallacieux des chasseurs pour justifier leur passion.
Ses lettres à la police sont très divertissantes à lire, les diverses tentatives de traduction d'un poème de Blake également.
Beau moment de lecture, je le relirai très certainement !











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Un conte à la beauté slave, c'est à dire un peu mystérieux et intimidant.
Janina Doucheyko est une vieille illuminée qui vit dans un hameau perdu au fin fond de la Pologne. Ancienne ingénieure, elle enseigne désormais l'Anglais aux écoliers, traduit William Blake, et établit des horoscopes. Mais surtout, elle est une défenseure ardente de la Nature. Aussi, lorsque des braconniers et chasseurs locaux sont retrouvés morts, est-elle persuadée que ce sont les animaux eux-mêmes qui se vengent...

Une telle idée de départ ne pouvait que me séduire, et je n'ai pas été déçue. Tout au long du roman, Janina, qui en est la narratrice, oscille entre raisonnement et excentricité, ce qui la rend à la fois attachante et délirante. Si j'ai parfois regretté que son ésotérisme insensé desserve son propos, j'ai quand même admiré son donquichottisme. Et puis, j'ai craqué sur les autres personnages décalés et touchants qui l'entourent.
J'ai beaucoup aimé aussi la douceur avec laquelle elle parle des animaux et des végétaux, sa façon de renommer les choses et les êtres, de décrire les différentes tonalités du ciel et de la neige. C'est un roman d'une grande poésie, et qui mélange hardiment les genres : philosophique, policier, fantastique -et il y a même de l'humour !
Certes, l'écriture est dense et la lecture exigeante, mais l'ensemble dégage un tel charme, entre délicatesse, colère et grain de folie, qu'on se laisse envoûter en dépit de l'effort requis. Et puis, il serait dommage de s'abaisser au niveau du Ministre de la Culture polonais qui avait admis, narquois, il y a quelques années, n'avoir jamais pu terminer un seul des romans d'Olga Tokarczuk.

C'est donc un roman qui interpelle, bouscule, enjôle, qui fait rêver, réfléchir, et voyager dans la tête à son petit rythme. Et c'est plutôt pas mal.
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Janina Doucheyko, et pas Douchenko hein, est une sorte de gardienne d'un hameau au fin fond des Sudètes, à la frontière tchèque. Sur 9 maisons, seuls trois sont occupées toute l'année. Elle surveille donc, celles désertées durant l'hiver. C'est son domaine.
Quand au milieu de la nuit Matoga vient lui annoncer la mort de leur voisin, Grand Pied, étouffé par un os de biche, suivie bientôt par d'autres morts violentes, la douce folle, élabore une énième théorie pour expliquer ces crimes : les victimes étaient toutes chasseurs, braconniers. Les animaux se vengent.
Le lecteur suit pendant des mois non seulement les élucubrations de Janina, ses enquêtes, lit les lettres qu'elle envoie aux autorités pour les aider et les aiguiller dans leurs recherches, le tout appuyé et confirmé par les astres qui guident toute sa vie jusqu'à la révélation finale.
J'ai beaucoup aimé cette histoire et surtout le personnage de Janina, certes un peu cinglée mais pas tant que ça tout de même. Elle était ingénieure autrefois et si elle a cessé son activité c'est que « ses maux » ne lui permettaient plus d'exercer correctement. J'ai aimé sa générosité à accueillir et à aller vers les autres, sauf ceux qui maltraitent les animaux. J'ai aimé ses délires qui sont ses pensées, les pensées d'une femme intelligente, imaginative et surtout très seule, qui passe de longs mois dans une maison isolée, sans contact avec ses voisins. Il faudra la mort de Grand Pied pour qu'elle se rapproche de Matoga. Elle théorise tout, le temps, les gens, les bêtes, la politique polonaise, la politique polonaise dans l'UE, les Polonais vs les Tchèques. Elle se méfie de la religion. Son regard est aiguisé et lucide et comme elle a du caractère, elle n'y va pas de main morte quand elle doit donner son avis.
C'est, sous couvert d'un roman « policier » une critique sévère de la Pologne d'aujourd'hui. Et c'est très souvent réjouissant.
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Janina Doucheyko, ingénieure à la retraite, vit isolée sur un plateau, au sud de la Pologne, à la frontière Tchéque. Elle occupe son temps à entretenir les quelques maisons secondaires, délaissées l'hiver par leurs propriétaires, à aider Dizyo, un ancien élève dans ses traductions des textes de William Blake et à donner des cours d'anglais aux enfants de la ville la plus proche. Un soir d'hiver, Matoga, un de ses rares voisins lui apprend que Grand-Pied, leur autre voisin est mort - il se serait étouffé lors de son repas, avec un os de biche...Quelques jours plus tard, c'est le Commandant que l'on retrouve, un coup mortel porté à la tête, le corps à moitié enfoncé dans un puits et autour, dans la neige, des empreintes de biches....Il n'en faut pas plus pour que la vieille femme conforte sa théorie selon laquelle il s'agirait de la vengeance des animaux, car il apparaît très vite que les victimes étaient chasseurs ou braconniers. Au redoux, c'est le corps de Glaviot, un homme peu recommandable qui est retrouvé, dévoré par des renards. La vieille femme étaye son investigation par des preuves obtenues par l'étude des thèmes astrologiques des victimes et de la configuration des planètes le jour des meurtres, laissant la police plus que dubitative. L'enquête s'enlise...

La lecture de Sur les ossements des morts est une très belle surprise. Olga Tokarczuk nous emmène sur ce plateau soumis aux vents et aux pluies, faire la connaissance de Janina, une femme retraitée, au caractère bien trempé, convaincue que les animaux se sont ligués pour se venger des hommes et qui, férue d'astrologie, poursuit son investigation d'après l'étude des planètes, sous le regard incrédule des policiers...
Sur les ossements des morts est une sorte de conte philosophique dans lequel les citations de William Blake cohabitent avec les réflexions métaphysiques et ésotériques d'une héroïne pour le moins fantasque qui tente de rallier la police à ses déductions quelques peu irrationnelles. Au delà de l'enquête policière dont l'intrigue n'est pas l'intérêt premier, Olga Tokarczuk propose un véritable plaidoyer pour le respect et la défense de la nature avec une Don Quichotte au féminin qui prend la défense de tous les animaux et de la nature et qui manie intrigue et humour de façon très subtile, un conte dont la construction très intelligente permet un retournement de situation assez surprenant.
Sur les ossements des morts est une fable écologiste cruelle et poétique qui m'a séduite et m'a permis de découvrir la belle plume d'Olga Tokarczuk.
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Janina Doucheyko est une femme âgée vivant seule dans sa maison dans une région forestière entre la Pologne et la République tchèque.
Passionnée d'astrologie, elle analyse beaucoup les personnes au regard de cette science. Ce goût la fait passer pour une personne un peu "originale" pour ne pas dire folle.
La petite communauté dans laquelle Janina habite est perturbée le jour où le cadavre d'un homme est retrouvé. Puis celui d'un autre. Et encore un autre. le point commun de ces hommes est la chasse. Y-aurait-il un lien ?

J'avais hâte de retrouver la plume(-scalpel) si particulière d'Olga Tokarczuk depuis la lecture de son livre, Les enfants verts - sans compter la suggestion enthousiaste de kryzsvanco dont je trouve souvent les avis littéraires très pertinents.
Une fois de plus j'ai aimé l'ambiance très particulière qui se dégage de ce roman et les descriptions de cette communauté si banale et soporifique en apparence. Sans compter ce personnage de Janina si atypique!
La romancière nous décrit beaucoup de scènes du quotidien, bien plus qu'elle ne créée des mises en scène dans lesquelles il y a réellement de "l'action". Parfois, on pourrait penser que cela ralentit le récit ou ne fait pas avancer le récit, mais en bonne enquêtrice de l'âme humaine,Olga Tokarczuk utilise ce procédé afin de mieux gratter ce voile de banalité et créer ce sentiment chez le lecteur qu'il y a "quelque chose de pourri dans (ce) royaume" loin de tout et toute activité citadine.

Beaucoup de passages m'ont plu en plus de ce personnage principal, même si j'avoue que ce roman n'est pas destiné à être lu par tout type de lecteur. Ce roman est aussi déconcertant que passionnant, inclassable, allant du réalisme au fantastique, en passant par les registres poétiques et même légèrement policier par moment.
Pour ma part, je me suis retrouvée en Janina, cette amoureuse de la nature, des animaux et de langue anglaise, aimant les personnes aussi atypiques qu'elle et animée d'un fort sentiment d'injustice face à la bêtise et la cruauté humaine.
Peut-être que le roman ne restera pas longtemps après sa lecture, mais ce personnage m'accompagnera un moment, ça c'est sûr !

De quoi me donner encore plus envie de découvrir l'oeuvre de cette romancière nobelisée !
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L'étiquette "Prix nobel de littérature" me fait toujours un peu peur. Mais ce roman, annoncé comme un polar à la mode polonaise avait tout pour m'attirer : une ambiance forestière aux odeurs de champignons, de brume matinale, de fantômes hantant les sous-bois, une intrigue sur la mort de méchants braconniers et des animaux majestueux, sur la couverture du roman et en personnages principaux du roman.

C'est donc un peu rassurée que j'ai entamé sa lecture un beau soir d'automne à 1500 mètres d'altitude dans un petit village de la Vallée d'Aoste en Italie. Instantanément, j'ai été attirée au coeur de la forêt par la vieille dame qui prend soin des maisons du hameau lorsque ses propriétaires ne sont pas présents, celle qu'on appelle à voix basse "la folle".
Moi, je ne sais pourquoi, j'ai eu envie de lui faire confiance instantanément. Je n'ai pas écouté les ragots au village. J'ai senti qu'elle avait tout à m'apprendre, sur les beautés de la nature, sur les animaux dont la vie vaut autant que celle des hommes, sur les forces du mal toujours à l'oeuvre où que l'on soit, sur les esprits qui hantent nos maisons et nos vies. C'est qu'elle en sait des choses la Vieille. Elle enseigne l'anglais aux petiots, confectionne les soupes les plus délicieuses, manie l'astrologie avec talent et peut ainsi prédire l'avenir. Elle a du respect pour les êtres sans défense, ne supporte par l'injustice et s'engage corps et âme pour dénoncer la barbarie.
Oui, elle me plaît cette femme dont j'ai partagé un coin de chaumière l'espace d'une lecture.
Et puis, j'ai apprécié le talent immense de la romancière Olga Tokarczuk dont on devine l'attachement pour son pays et ses paysages habités par les créatures les plus majestueuses, sauvages, intelligentes et fascinantes.
L'intrigue de son histoire prend racine dans l'humus des Sudètes à la frontière de la Tchéquie et plonge le lecteur dans une forme de mystère contemplatif et de suspense haletant. L'expérience est mystique et nous invite à nous taire, à vénérer l'indicible, à devenir humble.

Je referme ce livre avec le sentiment de rentrer chez moi, après une longue randonnée de plusieurs semaines, éreintée mais heureuse, le sac à dos chargé de rencontres, de nouvelles expériences, l'âme purifiée et la conscience tranquille.
J'ai dansé, j'ai prié, j'ai été émue, j'ai frémi Sur les ossements des morts et, ma foi, je ne suis plus tout à fait la même.
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J'ai découvert la littérature d'Olga Tokarczuk grâce à la Librairie Lucioles à Vienne (38). le libraire m'a proposé de rentrer dans son oeuvre par son livre Sur les Ossements des morts.
C'est un roman qui lorgne vers le polar mais qui en définitif nous entraîne dans une réflexion sur la place de la nature et des animaux dans notre monde.
Pour mener à bien cette enquête-réflexion Olga Tokarczuk nous déniche un personnage haut en couleur.
Il s'agit de Janina , ingénieur à la retraite qui vit seule dans un hameau du sud de la Pologne , à la lisière de la Tchèquie et des Sudètes.
On comprend rapidement que Janina est d'un caractère entier, bourru et qu'il est facile de la prendre pour une excentrique voir une folle.
Comment peut il en être autrement puisque Janina est totalement investie dans l'astrologie et la place des planètes.
Les planètes , les dates , les thèmes astrologiques amène un coté fantasmagorique à la vie de Janina.
Et puis il va y avoir des morts mystérieuses de chasseurs de braconniers. Dans son excentricité Janina va donner un sens à ces meurtres : Ce sont les animaux qui se vengent.
Et nous allons la suivre sur la piste de ces meurtres et de ces animaux.
La résolution de ces meurtres sera effective mais reste une péripétie dans le livre. Assez rapidement la silhouette humaine ou animale du meurtrier s'impose.
Mais là n'est pas le plus important.
Le plus important est dans notre rapport à la nature , aux animaux à l'argent.
Olga Tokarczuk a une écriture ciselée, précise, pleine d'humour. D'un humour noir qui sied merveilleusement à cette histoire. Elle nous raconte aussi une région polonaise aux quatre saisons. C'est précis, détaillé . c'est froid et glacial comme l'hiver, et nous allons de découverte en découverte.
Connaissez vous le cucujus vermillon ?
En tout cas ce livre fut une belle découverte.





Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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