Livre de 403 pages bouclé en deux semaines (fait rare pour moi qui suit d'une lenteur de lecture affligeante).
Je remercie d'ailleurs l'auteur
James Tollum que j'ai eu la chance de croiser à trois reprises (Salon du fantastique de Paris, Cultura Villeneuve-d'Ascq et Festival Troll&Légendes de Mons) et qui ne fut pas avare en conseils d'écriture et en explications sur ses oeuvres.
Je ressors de cette lecture,...comment dire...bouleversé. J'ai pris un grand plaisir à suivre les aventures de Salima et Târan. Au début, j'avais peur d'être entré dans une Fantasy Young adult un peu mielleuse entre deux jeunes de 15 ans mais il n'en est rien, c'est beaucoup plus développé et mature que cela.
Une histoire en deux parties bien distinctes, la 1ère avec l'ébauche et l'enlèvement de la princesse Salima, la seconde avec la quête des pouvoirs magiques des héros.
Je vais développer comme à mon habitude les + et les - de l'histoire (comme toujours, cela reste purement subjectif, tout en essayant d'être un maximum objectif, vous suivez ?) :
Les + :
- La couverture sobre et attirante et une quatrième de couverture alléchante.
- Un univers bien construit avec une Histoire derrière qui rend le tout très crédible et cohérent, des légendes (surtout sur la création de cette univers) qui donnent un plus au sens de tout ceci, des races et des animaux qui changent de ce qu'on a l'habitude de voir, et mention spéciale pour la Guilde des voleurs complexe au premier abord mais qu'on intègre très rapidement grâce aux nombreuses explications de l'auteur.
- Des descriptions qui nous immergent vraiment dans un monde nouveau et exotique tout en nous laissant une petite part d'imagination, que cela soit au niveau des personnages que des décors.
- Un vocabulaire soutenu mais accessible, avec des notes en bas de page pour expliquer l'un ou l'autre mot sortis tout droit de l'univers de l'auteur, ça fait du bien. Car avec le Sentier des Astres de
Stefan Platteau, je me suis retrouvé avec de nombreux mots d'origine indienne et je ne comprenais au final pas grand chose (juste par déduction).
- Une histoire qui gagne en puissance et en maturité, surtout lorsque les protagonistes se rendent compte qu'ils ont perdus leur innocence suite aux événements qu'ils traversent.
- Plusieurs histoires imbriquées les unes dans les autres, qui se rejoignent et se détachent et laissent continuellement le lecteur en alerte.
- Des personnages travaillés, attachants pour les uns, détestables pour les autres, réalistes et convaincants pour la majorité d'entre eux. Mention spéciale à Kesra (un beau salaud), à Darius (pour son rôle "unique" ) et Mataé Doris (ou l'incarnation même de l'insensibilité). N'oublions pas le nabab Narfat le Miséricordieux !
- Des derniers chapitres épiques où tout s'accélère et la bravoure des héros lors de l'ultime bataille était aussi convaincante qu'exceptionnelle. Les dernières pages et l'épilogue sont par contre aussi beaux que tristes, cela change des fins où "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".
- le plus beau reste, à mon sens, le lien se développant entre Târan et Salima, la découverte de leurs origines et puis cette scène finale pour combattre le Djinn...j'en ai eu une larmichette d'émotion.
Les - :
- Une couverture qui, après deux semaines d'utilisation, est en train de me lâcher à petits feux. Dommage car elle mérite un meilleur travail au niveau du film de protection et de l'épaisseur du carton.
- Certaines redondances et certains paragraphes un peu lourds et des chapitres parfois légèrement inégaux en terme de fluidité surtout en première partie. La deuxième rattrape largement en fluidité.
- Certains personnages qui méritaient un peut-être un peu plus de place dans l'histoire comme les généraux de Bardian ou les Cercliis.
- Une princesse un peu trop parfaite (mais pour le coup, ça change des jeunes filles rebelles qui tapent parfois sur les nerfs dans des ouvrages qui tentent de sortir de la masse alors qu'ils ne font que s'enliser dans un nouveau style déjà bien usé).
- le sort de certains personnages un peu "bâclés" (je pense à Merhan ou à la chef des Amazones).
- L'incompétence des membres de la guilde dans leurs tentatives pour retrouver les héros. Pour un réseau tel que celui-ci, j'étais un poil déçu par leur manque de progrès ^^
- Peut-être LE gros problème du livre, c'est son titre. En effet, il est intitulé "Djinn". Hors, le seul vrai Djinn de l'histoire est Isawa qui apparaît par intermittence. Puis y a peut-être deux Djinns inférieurs mais qui font une brève apparition. C'est dommage. le livre aurait pu s'appeler Târan et Salima que ça n'aurait pas fait tâche du tout.
En somme, premier livre que je lis de l'auteur et cela fut une belle et agréable surprise. Une histoire en deux-temps qui monte en puissance au fil des chapitres et nous offre un final de haut niveau. Les complots, les double-jeux, les pouvoirs, les personnages, tout est bien huilé pour nous offrir un récit fluide et attractif. On a du mal à lâcher le livre pour aller dormir et l'univers créé par l'auteur peut sans doute se permettre une ou deux histoires de plus, que cela soit à Obrazim ou ailleurs. Ce livre a également quelques défauts, mais son contenu les dépasse asez largement pour ne pas les retenir une fois la dernière page tournée. Si j'étais réalisateur, j'aimerai que ce livre soit un scénario, et j'aimerai donner vie à la belle aventure de Salima et Târan.